Typologie(s)

maison d’architecte
immeuble à appartements
immeuble de bureaux

Intervenant(s)

Adrien BLOMMEarchitecte1928

Ossip ZADKINEsculpteur

Statut juridique

Classé depuis le 19 novembre 2009

Styles

Modernisme
Paquebot

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2006-2007

id

Urban : 16132
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Description

Conçu par l'architecte Adrien Blomme en 1928 pour loger sa famille – il est alors âgé de 50 ans et père de six enfants –, le bâtiment, moderniste d'inspiration PaquebotLe style Paquebot (années 1930) est une esthétique architecturale inspirée de l’architecture navale (fenêtres rondes, balustrade ou balcon arrondi, fluidité des lignes)., abrite à l'origine également les bureaux de l'architecte et des appartements indépendants, lui assurant des rentrées financières. Les divisions de l'immeuble sont en outre pensées de façon à répondre aux éventuels besoins familiaux futurs.

Estimant que le modernismeLe modernisme (à partir des années 1920) est un courant international prônant la suprématie de la fonction sur la forme. Il se caractérise par l’emploi de volumes géométriques élémentaires, de la toiture plate, des fenêtres en bandeau et des matériaux modernes comme le béton armé. des façades déprécierait le style de l'avenue des Nations (actuelle avenue Franklin Roosevelt), la Ville de Bruxelles refuse initialement le projet. A. Blomme en appelle alors à ses collègues et anciens maîtres, Georges Hobé et Alexis Dumont, ainsi qu'aux architectes Victor Horta, Fernand Petit et Adolphe Puissant, pour faire pression sur la Ville.

Avenue Franklin Roosevelt 52 - avenue Antoine Depage 1, élévation avant, AVB/TP 35454 (1928).

Ceux-ci envoient des courriers de soutien à Blomme, que l'architecte annexe, ainsi qu'une maquette, à son dossier. Ce dernier est alors approuvé, sans condition.
En 1964, l'Université libre de Bruxelles achète le bâtiment pour y installer le rectorat (actuel bâtiment R) et l'affecte intégralement en bureaux.

Extérieur. Imposant bâtiment implanté en V asymétrique, caractérisé par des lignes horizontales vers l'avenue Franklin Roosevelt et une plus grande verticalité vers l'avenue Antoine Depage. Sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. de pierre bleue, façades crépies, parcimonieusement rehaussées de pierre bleue. Toitures plates. Les façades, de cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. chacune et comptant quatre niveaux côté Roosevelt et six côté Depage, sont reliées par un large pan coupéPan de mur situé de biais sur l’angle d’un bâtiment..
Avenue Depage, la 1re travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., percée de l'entrée d'un garage semi-enterré, suit l'alignement des constructions de l'avenue, les suivantes sont établies en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général.. La 2e travée, en décalage et passant la corniche, est sommée par un bas-relief d'Ossip Zadkine, sculpteur et ami d'Adrien Blomme, représentant deux figures humaines. Elle sert d'accès aux bureaux et aux appartements ; entrée à encadrement en pierre bleue. La dernière travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. est reliée au pan coupéPan de mur situé de biais sur l’angle d’un bâtiment. par un jeu d'arrondis ; elle est marquée par un bow-windowDe l’anglais bow (arc dans le sens d’arqué, courbé) et window (fenêtre). Le bow-window apparaît avec l’Art nouveau. Il s’agit d’un élément en surplomb qui s’intègre par son plan cintré à la façade. Il se différencie de la logette, d’ordinaire de plan rectangulaire et qui paraît appliquée sur la façade. Le bow-window peut occuper plusieurs niveaux. au 3e niveau et terminée en une sorte de rotonde d'inspiration PaquebotLe style Paquebot (années 1930) est une esthétique architecturale inspirée de l’architecture navale (fenêtres rondes, balustrade ou balcon arrondi, fluidité des lignes).. Un avant-corps devance, sur trois niveaux, le pan coupéPan de mur situé de biais sur l’angle d’un bâtiment. ainsi que les trois 1res travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. vers l'avenue Roosevelt ; à la jonction de ces deux façades s'inscrit, sur les deux 1ers niveaux, un retrait de plan triangulaire. Le pan coupéPan de mur situé de biais sur l’angle d’un bâtiment. est encore doté d'un second volume en avancée, abritant l'entrée principale et formant, au 1er étage, une loggiaPetite pièce dans-œuvre, largement ouverte sur l’extérieur par une ou plusieurs larges baies non closes par des menuiseries. dans laquelle s'ouvrent trois portes-fenêtres jumelles à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle., sous terrasse devançant également trois baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement.. L'entrée est flanquée par deux bas-reliefs d'Ossip Zadkine, représentant les attributs de l'architecte : à gauche, té, équerre et papier à dessin ; à droite, maquette, rouleau de calque, main tenant un crayon.

Avenue Franklin Roosevelt 52, bas-relief du sculpteur Ossip ZADKINE, à droite de l'entrée principale (photo 2007).

À la dernière travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. côté Roosevelt, garage transformé en bureau pour les besoins de l'ULB. Au 3e étage, des fenêtres en bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. courent sur la majeure partie de l'élévation. ChâssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. remplacés, grilles de jardins conservées, portes métalliques d'origine, porte de garage, avenue Depage, remplacée.

Intérieur. Malgré la transformation en bureaux de l'ensemble du bâtiment, l'affectation originelle de ses différentes parties est encore lisible aujourd'hui.

Organisation générale. Côté Depage, aux trois 1ers étages, la 1re travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. éclaire un petit appartement indépendant. À chacun des 4e et 5e étages, un appartement plus vaste, organisé autour de la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier., s'étend sur l'ensemble de l'aile. Le reste du 3e étage, éclairé par les baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. en bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade., abrite les bureaux d'architecture, dont un vaste atelier paysager s'étirant dans le pan coupéPan de mur situé de biais sur l’angle d’un bâtiment. et côté Roosevelt. S'y adjoignent, au r.d.ch. côté Depage, le bureau des secrétaires et une salle d'attente pour les clients. Le reste de l'édifice, soit le r.d.ch. et les deux 1ers étages vers l'angle et vers l'avenue Roosevelt ainsi que la majeure partie des 1er et 2e étages avenue Depage, abritent les pièces réservées à la famille Blomme. À l'exception de l'atelier paysager, les pièces, nombreuses et souvent étroites, ne sont pas sans rappeler les cabines d'un paquebotLe style Paquebot (années 1930) est une esthétique architecturale inspirée de l’architecture navale (fenêtres rondes, balustrade ou balcon arrondi, fluidité des lignes)..

Circulations. Un escalier à volées droites et un ascenseur desservent l'ensemble des niveaux avenue Depage, ne donnant accès qu'aux appartements indépendants et au bureau d'architecture. Le départ de la rampe est orné d'un bas-relief métallique traité en repoussé, figurant deux lézards. Dans l'axe du bâtiment, un hall de prestige est flanqué de deux cages d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier.. Celle située côté Depage, d'apparat, relie le hall au 1er étage. Celle située côté Roosevelt, de service, est accessible via un couloir latéral et dessert les trois niveaux de l'habitation des Blomme.
Pièces ayant conservé leur décor d'origine. Le hall d'apparat, de plan circulaire, est pavé de différents marbres roses (Prémeau, Imperor's red) et noir.

Avenue Franklin Roosevelt 52 - avenue Antoine Depage 1, hall d'apparat.

Il était à l'origine orné en son centre d'une petite fontaine. Dans l'axe, une porte mène au jardin. Des appliques lumineuses intégrées aux murs sont protégées par de belles grilles en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage.. Un éclairage indirect s'insère dans la gorge du plafond. Le centre de celui-ci est découpé d'une étoile à six branches. L'escalier d'apparat, de plan octogonal, présente les mêmes matériaux que le hall. Il est bordé de pans de mur étagés en escalier, formant rampe. Remarquable plafonnier en cône octogonal.
Au bel-étage, vaste living éclairé par les trois baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. du pan coupéPan de mur situé de biais sur l’angle d’un bâtiment..

Avenue Franklin Roosevelt 52 - avenue Antoine Depage 1, living ([i]La Technique des Travaux[/i], 8, 1931, p. 479).

Aujourd'hui transformé en bureau du recteur, il a perdu une partie de son décor d'origine. La cheminée et son miroir ainsi que des appliques lumineuses intégrées sont conservées, mais dissimulées derrière une cloison. La pièce communiquait à l'origine, via quelques marches, avec la salle à manger côté Roosevelt, et un petit salon de musique semi-circulaire côté Depage. Le salon de musique ouvrait lui-même sur le bureau de Blomme, qui conserve ses bibliothèques intégrées dans des lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. en palissandre.

État actuel. Avec l'installation du rectorat et d'une partie de l'administration de l'Université libre de Bruxelles, de nombreux changements intérieurs ont été apportés. D'importantes modifications des plans altèrent la perception d'origine de certaines pièces, voire même de niveaux entiers. L'étage dévolu au bureau d'architecture a ainsi été entièrement cloisonné. Par ailleurs, une grande partie du décor a aujourd'hui disparu, à l'exception de celui des quelques pièces mentionnées plus haut. Le mobilier d'origine et les tapis ont complètement été enlevés. En façade arrière, quelques châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. métalliques ont été conservés.

Classement 27.09.2007

Sources

Archives
AVB/TP 35454 (1928), 39748 (1928).

Ouvrages
BLOMME, F., À la rencontre d'Adrien Blomme (1878-1940), CIVA, Bruxelles, 2004, pp. 97-107, 153.
DE HENS, G., MARTINY, V.-G., Une école d'architecture, des tendances 1766-1991, Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, Bruxelles, 1992, p. 81.
Itinéraire de l'Université libre de Bruxelles, coll. Hommes et paysages, 34, Société Royale Belge de Géographie,  Université libre de Bruxelles éd., Bruxelles, 2004, p. 42.

Périodiques
« L'œuvre de l'architecte Adrien Blomme », Le Document, 8, 1933, s.p.
IMBERT, C. « la maison d'un architecte, 52, avenue des Nations, Bruxelles », La Technique des Travaux, 8, 1931, pp. 471-482.