Typologie(s)

sculpture et monument commémoratif

Intervenant(s)

Thomas VINÇOTTEsculpteur1912-1921

Statut juridique

Classé depuis le 18 novembre 1976

Inventaire(s)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2009-2010

id

Urban : 18710
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Description

Situé non loin de l’allée centrale, dans la partie nord-ouest du parc, monument en pierre blanche d’Euville conçu par le sculpteur Thomas Vinçotte, qui signe au bas de l’ensemble « Vinçotte / Sculpt 1921 ».

Envisagé dès 1909, au lendemain du décès du roi Léopold II, le mémorial rend hommage à « l’œuvre civilisatrice » des premiers colons belges au Congo (DE CALLATAY, F., 1996, p. 197). Il célèbre en outre la cession de la colonie à la Belgique en 1908. Un comité national est créé en 1911 pour gérer l’édification du monument, sous le haut patronage du roi Albert Ier. Il est partiellement financé par l’État, par la Ville de Bruxelles, ainsi que par le biais d’une souscription. Vu sa renommée, Thomas Vinçotte est choisi directement, sans recours à un concours. Entièrement créé par le sculpteur, qui sollicite toutefois les conseils techniques de l’architecte Ernest Acker, le mémorial est conçu à partir de 1912 et sculpté sur place. À cause de la Grande Guerre et de la mauvaise santé de Vinçotte, le monument n’est cependant inauguré qu’en 1921.

Implanté sur une estrade accessible par trois marches, l’imposant mémorial présente un plan en arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. de cercle enserrant une vasque ovale. Il est rehaussé de cinq groupes sculptés, accompagnés d’inscriptions bilingues.

Parc du Cinquantenaire, [i]Monument du Congo[/i] : « Le fleuve Congo », par Thomas Vinçotte (photo 2010).

Au centre, à hauteur de la vasque, se détache en haut-relief la représentation allégorique d’un homme alangui accompagné d’un crocodile sur fond végétal : il figure « Le fleuve Congo ». Les extrémités du monument se prolongent chacune en un socleMassif surélevant un support ou une statue. portant un groupe également en haut-relief. À gauche, « L’héroïsme militaire belge / anéantit l’Arabe esclavagiste » illustre la campagne du baron Dhanis contre les marchands d’esclaves. À droite, « Le soldat belge se dévoue / pour son chef blessé à mort » rappelle le sacrifice héroïque du sergent de Bruyne.

À mi-hauteur du mémorial se déroule une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale., en bas-relief cette fois, qui se lit de droite à gauche : elle figure des Africains emmenés par des soldats et des missionnaires vers un personnage officiel barbu, représentation probable de Léopold II. La friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. est titrée « Les explorateurs », « Le missionnaire » et « Les Belges au Congo ».

Le monument est surligné d’un entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. dont la friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. porte l’inscription : « J’ai entrepris l’œuvre du Congo / dans l’intérêt de la civilisation et / pour le bien de la Belgique. Léopold II 3 juin 1906 ». Au-dessus de la corniche, on lit « Monument élevé aux premiers pionniers belges ».

Parc du Cinquantenaire, [i]Monument du Congo[/i] : « La race noire accueillie par la Belgique », par Thomas Vinçotte (photo 2010).

L’ensemble est coiffé d’amortissements d’inspiration végétale teintés d’Art nouveau, interrompus dans l’axe par un dernier groupe allégorique : « La race noire accueillie par la Belgique », une femme assiseRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps. tenant un flambeau, qui ouvre son voile à une Africaine lui présentant son enfant.

Unanimement louée à l’époque de sa création, l’œuvre est aujourd’hui controversée. D’une part, son caractère colonialiste choque les mentalités actuelles. Un parallèle a ainsi été établi entre la procession en bas-relief et une « déportation musclée » (DE CALLATAY, F., 1996, p. 220). D’autre part, dès les années 1980, l’inscription relative à la campagne contre les marchands d’esclaves a fait l’objet de polémiques, renforcées par la proximité de la Grande Mosquée. Suite à une réclamation de la Ligue arabe en 1988, le mot « arabe » et sa traduction ont été officiellement effacés au burin. Les termes furent cependant restaurés en 1992, à la demande du Cercle royal des anciens Officiers des Campagnes d’Afrique. Ils ont aujourd’hui à nouveau été effacés.

Classement 18.11.1976.

Sources

Ouvrages
BOAS, S., CORTEN, I., Inventaire du petit patrimoine du parc du Cinquantenaire, étude inédite réalisée pour la Fondation Roi Baudouin, 2002-2003.
DEROM, P. (dir.), Les sculptures de Bruxelles, Galerie Patrick Derom, Bruxelles, Éditions Pandora, Anvers, 2000, pp. 139-140.
DEROM, P., Les sculptures de Bruxelles. Catalogue raisonné, Galerie Patrick Derom, Bruxelles, 2002, p. 81.
FRANCK, L. (ministre des Colonies), Discours inaugural du monument aux premiers pionniers belges, 11.05.1921, éd. M. Hayez, Bruxelles, [1921].

Périodiques
DE CALLATAY, F., « Le monument du Congo de Thomas Vinçotte », Bulletin des Musées royaux d’Art et d’Histoire, 61, 1996, pp. 197-224.