Voir toutes les notices liées à cet inventaireInventaire des traces coloniales
Introduction
Dans le cadre de la résolution du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale du 17 juillet 2020, Urban a mis sur pied fin 2020 un groupe de travail composé de 16 représentant.es de la vie associative et du monde universitaire et de 4 représentant.es des administrations bruxelloises directement concernées par l’espace public. Ce groupe de travail a reçu pour mission de mettre en œuvre une réflexion sur les symboles liés à la colonisation et à la période coloniale dans l’espace public. À l’issue de plusieurs mois de discussions, le groupe de travail a rendu le 17 février 2022 un rapport contenant des propositions en vue de la décolonisation de l’espace public bruxellois (https://urban.brussels/fr/news/vers-la-decolonisation-de-l-espace-public-en-region-de-bruxelles-capitale).
Urban.brussels a ensuite dressé une liste de propositions pour un plan d’action visant la décolonisation de l’espace public en Région bruxelloise, propositions basées essentiellement sur les recommandations du groupe de travail évoqué plus haut.
Le plan d'action « Vers la décolonisation de l’espace public dans la Région de Bruxelles-Capitale » (http://weblex.brussels/data/annexes/uploads/ms20230602120642actieplan_dekolonisatie_fr_def.pdf_.pdf) se caractérise par un fil conducteur essentiel: les traces ne doivent pas simplement être effacées. L'histoire coloniale doit être consignée et racontée d'un point de vue pluraliste et non unilatéral. Ce plan comprend 14 actions dont l’action 3: «compléter les inventaires du patrimoine mobilier, immobilier et naturel en lien avec la colonisation». L’objectif de cette action est de compléter progressivement les inventaires en ligne du patrimoine mobilier, immobilier et naturel. Mais aussi d’identifier les objets, sites, voiries et arrêts de transport public relevant du patrimoine colonial par le biais d’un «étiquetage» spécifique permettant de mieux les repérer.
Dans le cadre de l’inventaire du patrimoine architectural, l’action se déroule en plusieurs étapes. Dans un premier temps, l’étiquetage «inventaire des traces coloniales» a été créé et lié progressivement à toutes les notices (existantes) de voiries, bâtiments, ensembles et monuments pouvant être considérés comme étant des traces coloniales. Ces traces sont variées: noms de voiries liés à la colonisation, bâtiments liés à l’administration coloniale, lieux de rencontre des colons, lieux de propagande coloniale, bâtiments liés à l’exploitation économique et commerciale de la colonie, monuments et plaques commémoratifs (pour un inventaire complet de ces derniers voir l’inventaire du patrimoine mobilier et son thema «Sur les traces de la colonisation» https://collections.heritage.brussels/fr/themas/Sur_les_traces_de_la_colonisation-12/12/). Une recherche avancée sur notre site permet désormais de sélectionner l’inventaire des traces coloniales et de filtrer par commune.
Dans un second temps, les notices de ces voiries, bâtiments et monuments seront actualisées afin que le lien avec la colonisation y soit clairement identifié.
La toponymie coloniale
En région bruxelloise, un grand nombre de noms de voirie font référence à la période coloniale. «La majorité des dénominations liées à la colonisation du Congo a lieu durant l’entre-deux-guerres, période durant laquelle le désir de promouvoir le projet colonial était vif et corrélé à une urbanisation active dans la plupart des communes» (Chantal Kesteloot, «Toponymie et colonie», Natrimoine, 1, sep-nov. 2022, p.24). Ces dénominations sont souvent des initiatives privées portées par des familles et parfois des cercles coloniaux. Il suffit alors d’un échevin favorable pour que la demande se concrétise.
Les références à la période coloniale dans la toponymie bruxelloise sont multiples: on évoque Léopold II, des explorateurs, des militaires, des diplomates, des industriels, des hommes politiques, des missionnaires et des noms de lieux (villes et régions du Congo).
À ce jour, mis à part le tunnel Léopold II rebaptisé Annie Cordy, aucune voie évoquant la période coloniale n’a été rebaptisée. Néanmoins, de nouvelles voiries ont été créées comme le square Patrice Lumumba (Bruxelles) et la rue Gemba (Koekelberg).
Décoloniser l’inventaire
À l’heure de réaliser l’inventaire des Traces Coloniales en région bruxelloise, un grand nombre de notices (de voiries ou de bâtiments) existantes sont passées en revue. L’inventaire ne s’est pas fait en un jour et certaines notices que l’on peut lire sur notre site remontent aux années 1980. Force est de constater que, parmi ces notices, certaines taisent le lien avec la période coloniale, le minimisent ou l’évoquent en des termes intolérables. Ainsi des expressions telles que «héros de la lutte contre l’esclavagisme» (décrivant les officiers auxquels sont dédiées de nombreuses rues), issues directement de la propagande coloniale, sont présentes dans les textes de l’inventaire. Ces mentions seront progressivement remplacées afin de préciser le rôle de ces soldats. Les textes considérés comme incomplets seront amendés. De nouvelles recherches seront effectuées afin de préciser autant que possible le lien du bien ou du nom de voirie avec la période coloniale. Néanmoins, s’il est possible de décoloniser l’inventaire publié en ligne, ce n’est pas le cas pour les textes les plus anciens qui ont été à l’origine publiés au format papier avant d’être réédités en ligne (Bruxelles-Pentagone, Saint-Josse-ten-Noode et Etterbeek). Parmi ces textes, nous déplorons l’emploi à deux reprises du terme «nègre» pour décrire des représentations de personnages africains stéréotypés en façade de deux immeubles.
Introduction
Dans le cadre de la résolution du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale du 17 juillet 2020, Urban a mis sur pied fin 2020 un groupe de travail composé de 16 représentant.es de la vie associative et du monde universitaire et de 4 représentant.es des administrations bruxelloises directement concernées par l’espace public. Ce groupe de travail a reçu pour mission de mettre en œuvre une réflexion sur les symboles liés à la colonisation et à la période coloniale dans l’espace public. À l’issue de plusieurs mois de discussions, le groupe de travail a rendu le 17 février 2022 un rapport contenant des propositions en vue de la décolonisation de l’espace public bruxellois (https://urban.brussels/fr/news/vers-la-decolonisation-de-l-espace-public-en-region-de-bruxelles-capitale).
Urban.brussels a ensuite dressé une liste de propositions pour un plan d’action visant la décolonisation de l’espace public en Région bruxelloise, propositions basées essentiellement sur les recommandations du groupe de travail évoqué plus haut.
Le plan d'action « Vers la décolonisation de l’espace public dans la Région de Bruxelles-Capitale » (http://weblex.brussels/data/annexes/uploads/ms20230602120642actieplan_dekolonisatie_fr_def.pdf_.pdf) se caractérise par un fil conducteur essentiel: les traces ne doivent pas simplement être effacées. L'histoire coloniale doit être consignée et racontée d'un point de vue pluraliste et non unilatéral. Ce plan comprend 14 actions dont l’action 3: «compléter les inventaires du patrimoine mobilier, immobilier et naturel en lien avec la colonisation». L’objectif de cette action est de compléter progressivement les inventaires en ligne du patrimoine mobilier, immobilier et naturel. Mais aussi d’identifier les objets, sites, voiries et arrêts de transport public relevant du patrimoine colonial par le biais d’un «étiquetage» spécifique permettant de mieux les repérer.
Dans le cadre de l’inventaire du patrimoine architectural, l’action se déroule en plusieurs étapes. Dans un premier temps, l’étiquetage «inventaire des traces coloniales» a été créé et lié progressivement à toutes les notices (existantes) de voiries, bâtiments, ensembles et monuments pouvant être considérés comme étant des traces coloniales. Ces traces sont variées: noms de voiries liés à la colonisation, bâtiments liés à l’administration coloniale, lieux de rencontre des colons, lieux de propagande coloniale, bâtiments liés à l’exploitation économique et commerciale de la colonie, monuments et plaques commémoratifs (pour un inventaire complet de ces derniers voir l’inventaire du patrimoine mobilier et son thema «Sur les traces de la colonisation» https://collections.heritage.brussels/fr/themas/Sur_les_traces_de_la_colonisation-12/12/). Une recherche avancée sur notre site permet désormais de sélectionner l’inventaire des traces coloniales et de filtrer par commune.
Dans un second temps, les notices de ces voiries, bâtiments et monuments seront actualisées afin que le lien avec la colonisation y soit clairement identifié.
La toponymie coloniale
En région bruxelloise, un grand nombre de noms de voirie font référence à la période coloniale. «La majorité des dénominations liées à la colonisation du Congo a lieu durant l’entre-deux-guerres, période durant laquelle le désir de promouvoir le projet colonial était vif et corrélé à une urbanisation active dans la plupart des communes» (Chantal Kesteloot, «Toponymie et colonie», Natrimoine, 1, sep-nov. 2022, p.24). Ces dénominations sont souvent des initiatives privées portées par des familles et parfois des cercles coloniaux. Il suffit alors d’un échevin favorable pour que la demande se concrétise.
Les références à la période coloniale dans la toponymie bruxelloise sont multiples: on évoque Léopold II, des explorateurs, des militaires, des diplomates, des industriels, des hommes politiques, des missionnaires et des noms de lieux (villes et régions du Congo).
À ce jour, mis à part le tunnel Léopold II rebaptisé Annie Cordy, aucune voie évoquant la période coloniale n’a été rebaptisée. Néanmoins, de nouvelles voiries ont été créées comme le square Patrice Lumumba (Bruxelles) et la rue Gemba (Koekelberg).
Décoloniser l’inventaire
À l’heure de réaliser l’inventaire des Traces Coloniales en région bruxelloise, un grand nombre de notices (de voiries ou de bâtiments) existantes sont passées en revue. L’inventaire ne s’est pas fait en un jour et certaines notices que l’on peut lire sur notre site remontent aux années 1980. Force est de constater que, parmi ces notices, certaines taisent le lien avec la période coloniale, le minimisent ou l’évoquent en des termes intolérables. Ainsi des expressions telles que «héros de la lutte contre l’esclavagisme» (décrivant les officiers auxquels sont dédiées de nombreuses rues), issues directement de la propagande coloniale, sont présentes dans les textes de l’inventaire. Ces mentions seront progressivement remplacées afin de préciser le rôle de ces soldats. Les textes considérés comme incomplets seront amendés. De nouvelles recherches seront effectuées afin de préciser autant que possible le lien du bien ou du nom de voirie avec la période coloniale. Néanmoins, s’il est possible de décoloniser l’inventaire publié en ligne, ce n’est pas le cas pour les textes les plus anciens qui ont été à l’origine publiés au format papier avant d’être réédités en ligne (Bruxelles-Pentagone, Saint-Josse-ten-Noode et Etterbeek). Parmi ces textes, nous déplorons l’emploi à deux reprises du terme «nègre» pour décrire des représentations de personnages africains stéréotypés en façade de deux immeubles.