Recherches et rédaction

2019

 

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De plan triangulaire, la place Bara articule plusieurs artères: les rues Limnander et de l’Autonomie à son angle nord, les rues de Fiennes et Bara à l’angle ouest et le boulevard Jamar, la rue de l’Argonne et l’avenue Paul-Henri Spaak à l’angle est, ce dernier étant coupé par la frontière avec Saint-Gilles. Quant à l’avenue Clemenceau, elle débute au centre du pan nord-ouest de la place.

L’artère s’inscrit dans le nouveau quartier résidentiel imaginé par l’inspecteur-voyer Victor Besme pour Cureghem, dont le projet fut accepté par le Conseil communal en séance du 09.11.1863. Comprise entre la chaussée de Mons au nord-ouest, la rue de l’Instruction (à créer) au sud-ouest et la nouvelle station du Midi au sud-est, la zone fit l’objet d’un projet définitif, dressé par Besme en décembre 1871 et janvier 1872, approuvé par le Conseil communal en séance du 21.03.1872 puis par l’arrêté royal du 01.05.1872.

Articulant symétriquement les rues de Fiennes et Limnander, la place fut implantée sur le parcours de la rue de Prusse – actuelles avenue Clemenceau sur Anderlecht et rue de l’Argonne sur Saint-Gilles –, de part et d’autre de laquelle elle présentait deux terre-pleins triangulaires. La place enjambait le cours de la Senne, formant la frontière communale; la rivière coupait en deux ses pans sud et est.

Comme la rue du même nom, la place est baptisée en hommage à Jules Bara (1835-1900), avocat qui fut notamment ministre de la Justice de 1865 à 1870 et de 1878 à 1884.

Au nord-est s’étendait l’École de Médecine vétérinaire de l’État, qui fut remplacée, en vertu de l’arrêté royal du 19.10.1909, par un nouveau quartier à vaste îlot triangulaire formé par les rues Limnander, de l’Autonomie et Lambert Crickx.

Entre 1874 et 1884 environ, la place se bâtit de maisons bourgeoises ou de rapport de style néoclassique, certaines à rez-de-chaussée commercial. Plusieurs sont conçues en ensemble, comme les nos 3 à 5a (voir no 4). La plupart ont été transformées au cours du temps, comme les nos8 (1884), 9 et 10 (architecte F. Dumont, 1885), conçus chacun avec un magasin arrière, ou encore le no11, dessiné en 1875 en ensemble avec le no 37 rue Limnander (reconstruit). Le pan oriental ne se bâtit lui, d’immeubles de style éclectique, que dans les années 1910, parallèlement au nouveau quartier qu’il borde.

Dans le cadre de la construction, entre 1939 et 1954, de la nouvelle gare du Midi (voir avenue Fonsny nos 47 à 49), le quartier fait l’objet d’un remodelage complet, inauguré en 1958. La Senne est déplacée et canalisée en sous-sol. Au sud de la place, et au détriment de son bâti, est ouverte la large avenue Paul-Henri Spaak, tandis que le bloc de maisons qui clôturait le boulevard Jamar côté impair est démoli au profit d’un élargissement de l’artère. Les deux terre-pleins triangulaires de la place Bara sont remplacés, en 1958, par un rond-point circulaire de près de cinquante mètres de diamètre, à parterre en étoile. À l’angle du boulevard Jamar, ainsi qu’à l’angle du pan sud subsistant et de l’avenue Paul-Henri Spaak sont érigés des immeubles abritant bureaux et appartements, conçus par l’architecte P. A. Vanbeginne entre 1957 et 1959: les nos17-18 place Bara – boulevard Jamar 53, 20-30 place Bara – avenue Paul-Henri Spaak 1-11, avenue Paul-Henri Spaak 13-23 et 25-31. Ils culminent tous à une hauteur de 26 mètres, conformément au plan particulier d'aménagement (PPA) du quartier de la rue de France, approuvé par l'arrêté royal du 26.11.1964. L’immeuble formant l’angle avec l’avenue (1957) abrite depuis l’origine les Éditions du Lombard, signalées sur le toit par une enseigne d'environ cinq mètres de hauteur figurant les personnages de la bande dessinée d'Hergé, Tintin et Milou. L'enseigne actuelle, en matière synthétique, remplace depuis les années 1990 celle d'origine, alors fort dégradée. Installée en 1958, cette enseigne fut spécialement dessinée par Hergé sur le modèle du logo de l'hebdomadaire Le Journal de Tintin, créé en 1946. Elle était en métal peint, cerclée de néon et pourvue d'un moteur lui permettant de tourner sur elle-même.

En 1999, la place a été à nouveau réaménagée. Implanté à l’emplacement des deux initiaux, un unique terre-plein piéton triangulaire est traversé par un tracé ovale dessiné dans l’axe du boulevard Jamar et de la rue de Fiennes, qui souligne l’important carrefour au sud-est de la place.

Sources

Archives
ACA/Urb. Registre des rues.
ACA/Urb. 8: 2954 (21.05.1884); 9, 10: 3317 (06.11.1885); 11: 1036 (19.07.1875); 17-18: 40047 (09.06.1960); avenue Paul-Henri Spaak 13-23, 25-31: 39928 (05.05.1960), 39708 (10.11.1959).
ACSG/Urb. avenue Paul-Henri Spaak 1-11: 138 (1957).

Ouvrages
JACOBS, M., Anderlecht. Au passé et au présent, Het Streekboek, 1999, pp. 82-83.
VAN AUDENHOVE, J., Les rues d’Anderlecht, Commémoration du vingtième anniversaire de la fondation d’Anderlechtensia, C.A.F.H.A, 1995, p. 32.
VAN DEN BERGHE, G., Anderlecht door de eeuwen heen, Geschied- en Oudheidkundige kring van Westbrabant, Bruxelles, 1938, pp. 206-207.

Cartes / plans
BESME, V., Plan d’ensemble du Quartier de Cureghem, 01.12.1871 et 30.01.1872.