Typologie(s)
Intervenant(s)
Henri JACOBS – architecte – 1905-1911
Styles
Inventaire(s)
- Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
- Actualisation permanente de l'inventaire régional du patrimoine architectural (DPC-DCE)
Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)
- Artistique La signature d’un bien immeuble (bâtiment) par un architecte de renom ne peut pas être considérée comme un critère absolu. Pour évaluer la place qu’un bien occupe dans l’œuvre d’un architecte, ce critère doit être modulé avec la qualité architecturale (composition et structure interne) du bien, sa mise en œuvre (matériaux, maîtrise technique) et la place qu’il occupe dans l’histoire de l’architecture, ces trois éléments pouvant témoigner d’une phase ou d’un aspect de l’architecture urbaine ou paysagère du passé. Les critères suivants s’appliquent alors pour évaluer l’intérêt artistique : la rareté (typologie, style, utilisation des matériaux, sources), la représentativité (idem) et l’intégrité (idem + qualité d’exécution).
- Esthétique Le bien possède un intérêt esthétique s’il stimule les sens de l’observateur de manière positive (l’expérience de la beauté). Historiquement, cette valeur était utilisée pour désigner des zones naturelles ou semi-naturelles de grande valeur, mais elle peut également s’appliquer à de grands ensembles de bâtiments dans une zone urbaine, avec ou sans éléments naturels, ou à des monuments qui marquent le paysage urbain. D’autres intérêts sont automatiquement pris en considération, l’artistique en premier lieu, mais aussi le paysager (intégration de l’œuvre dans le paysage urbain, points de repère dans la ville) et l’urbanistique (ensembles urbains spontanés ou rationnels). Les critères de sélection suivants lui sont également associés : la représentativité, la valeur d’ensemble et la valeur contextuelle. Ces critères doivent être combinés avec d’autres critères (notamment artistiques).
- Historique Le bien présente un intérêt historique s’il témoigne d’une période particulière de l’histoire de la région ou de la commune, s’il représente un témoignage d’une période particulière du passé et/ou d’une évolution rare pour une période (par exemple, une cité-jardin représentative d’un mode de construction utilisé lors des grandes campagnes d’urbanisation après la Seconde Guerre mondiale, les noyaux villageois illustrant les premiers bâtiments groupés des communes de la Seconde couronne, la Porte de Hal comme vestige de la deuxième enceinte, etc.), s’il témoigne d’un développement urbain (et/ou paysager) particulier de la ville (par exemple, les immeubles des boulevards centraux ou du quartier Léopold), s’il présente un lien avec un personnage historique important, y compris les maisons personnelles d’architectes et les ateliers d’artistes (par exemple, la maison natale de Constantin Meunier, la maison de Magritte), s’il peut être associé à un événement historique important (par exemple, les maisons datant de la reconstruction de Bruxelles suite au bombardement de 1695, la colonne du Congrès), ou s’il possède une représentativité typologique caractéristique d’une activité commerciale ou culturelle (par exemple, les églises, les cinémas, l’architecture industrielle, les pharmacies).
- Urbanistique Certains biens architecturaux ont joué un rôle prépondérant dans la planification urbaine par le passé. Ils suivent généralement d’autres formes (plans) urbanistiques, entraînant une interaction entre les espaces bâtis et non bâtis (ou ouverts). Cet aménagement comprend également la cohérence entre les différents niveaux d’échelle. Un bien immobilier possède un intérêt urbanistique lorsqu’il joue un rôle dans ce domaine. En voici quelques exemples : les bâtiments d’angle, les places ou les enfilades d’immeubles présentant une certaine cohérence, les tours (immeubles de grande hauteur) habilement implantées et leur relation avec leur environnement qualitatif immédiat, qui peut être cohérent mais aussi contrasté, ainsi que les vestiges de concepts urbanistiques et la manière dont ils sont ou ont été remplis architecturalement (et typologiquement), comme les palais urbains et/ou les maisons de maître éclectiques encore préservés dans le quartier Léopold.
Recherches et rédaction
id
Description
Historique
Ces bâtiments scolaires ont été construits dans un quartier alors en plein développement, à proximité immédiate des logements sociaux élevés en 1903 par la Société Anonyme des Habitations à Bon Marché de l’Agglomération Bruxelloise (voir les nos14-16-18-20-22, 29-31-33, 27 et 35).
La construction de l’école est décidée en séance du conseil communal du 12.10.1905. Destinée aux filles, l’école doit à l’origine soulager les effectifs de l’école du Parc (avenue Besme, 1887; démolie), qui devient alors une école pour garçons. La Commune confie les plans du futur établissement à l’architecte H. Jacobs, également chargé de la construction de l’école sise boulevard Van Haelen (1904-1909, détruite).
Le plan est conçu selon les prescriptions officielles de l’époque puisqu’il reprend la disposition générale de l’École Modèle, définie en 1875 par la Ligue de l’enseignement: l’entrée occupe un bâtiment sur une parcelle étroite à front de rue (le n°37), tandis que les classes se développent en intérieur d’îlot autour d’un préau central couvert et de cours latérales. À front de rue (n°39) se situe en outre le logement de fonction du directeur.
Œuvre d’art total, l’école communale de la rue Rodenbach est typique de l’architecte H. Jacobs. On y retrouve notamment ce goût pour les matériaux variés et leur polychromie, le traitement très particulier du dispositif d’entrée surligné d’un grand arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné., les motifs stylisés entre les fenêtres de l’étage, la balustrade ajourée, etc.
Description
Bâtiment d’entrée (n°37):
Sobre façade de deux niveaux parée de pierre blanche (Euville), sur un soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. de pierre bleue. Au rez-de-chaussée, dispositif d’entrée typique de l’architecte: porte piétonne axiale (d’origine) sous fenêtre d’imposte à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle. flanquée de deux panneaux creux reprenant la forme de l’arc surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle., l’ensemble inscrit dans un grand arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. aux extrémités en volutesOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc. et à clé ornée (armes de la commune de Forest). De part et d’autres de la porte, fenêtres rectangulaires à linteau denticulé, celle de gauche éclairant la loge du concierge, celle de droite une salle d’attente. Au premier étage, fenêtres jumelées par quatre, séparées les unes des autres par de petits motifs géométriques et éclairant, à l’origine, la bibliothèque. Au-dessus de l’entablement portant l’inscription «Ecole communale Gemeenteschool», corniche à consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. et balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire. d’attique ajourée, agrémentée de ferronneries. MenuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. d’origine.
Intérieur. Hall d’entrée décoré au plafond d’une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de briques polychromes et, aux murs, de bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. en pierre bleue, d’un parementRevêtement de la face extérieure d’un mur. en briques polychromes et d’une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de sgraffitesTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. à thème bucolique (motifs floraux, oiseaux). Sol carrelé de motifs de losange. Sur la gauche, porte à encadrement en pierre bleue à montants harpés surmonté d’un cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale. portant l’inscription «concierge». Sur la droite, niche aveugle (brique blanche et pierre bleue). En face de la porte d’entrée, fenêtre obturée donnant accès à l’ancien bureau du directeur.
À l’arrière, depuis le hall d’entrée, long couloir d’accès au préau couvert distribuant les classes du rez-de-chaussée et de l’étage; décor similaire à celui du hall d’entrée, mais plus sobre.
Préau couvert et salles de classe (n°41):
Situé en intérieur d’îlot et orienté parallèlement à la rue, préau couvert sur lequel s’ouvrent deux ailes accueillant les classes distribuées sur deux niveaux à l’ouest, sur un seul niveau à l’est. Les façades extérieures sont bordées d’une cour de récréation.
Côté préau, façades des ailes en briques rouges percées de grandes fenêtres, soit en anse de panierUn élément est dit en anse de panier lorsqu’il est cintré en demi-ovale., soit rectangulaires sous linteau métalliquePoutrelle métallique de profil en I, utilisée comme linteau, souvent agrémentée de rosettes en tôle découpée.; classes accessibles via des portes. Au sud, une large baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en anse de panierUn élément est dit en anse de panier lorsqu’il est cintré en demi-ovale., de deux niveaux, éclaire le préau. Deux cages d’escaliers (escalier métallique, à marches et mains courante en bois) desservent les classes à l’étage. Sols couvert de carreaux losangés. Préau couvert d’un plafond courbe mouluré peint en blanc, parallèlement à la baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. en anse de panierUn élément est dit en anse de panier lorsqu’il est cintré en demi-ovale. (sud). À l’opposé, un plafond couvrant un espace plus bas est composé de briques polychromes similaires à celles du couloir et de l’entrée (n°37).
Côté cour, façade de l’aile est ajourée de dix travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaires, celles des entrées étant plus étroites. Décoration très sobre, comprenant une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de motifs carrés imitant les trous de boulins, et des trous d’aération aux grilles Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise..
Côté cour, façade de l’aile ouest alignant dix travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaires au rez-de-chaussée, sommées d’une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de motifs carrés en pierre, et huit travées de fenêtres en anse de panierUn élément est dit en anse de panier lorsqu’il est cintré en demi-ovale. à l’étage.
Ancien logement du directeur (n°39):
Façade de deux niveaux sur soubassement en pierre bleue, le reste de l’élévation en briques rouges et rehaussé d’éléments en pierre blanche (Euville). Au rez-de-chaussée, trois baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arc en anse de panierUn élément est dit en anse de panier lorsqu’il est cintré en demi-ovale., dont les écoinçonsEspace de mur ménagé de part et d’autre d’un arc. sont ornés de sgraffitesTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur.. À l’étage, triplet (linteaux denticulés) dont la porte-fenêtre axiale est devancée d’un balcon de plan trapézoïdal fermé d’un garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en ferronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux. à motif végétal Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise.. Au-dessus, lucarneOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. axiale interrompant la corniche, devancée d’un balconnet à garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... similaire à celui de l’étage.
Façade latérale (gauche) sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. en pierre bleue, le reste de l’élévation en briques blanches et éléments de pierre blanche (Euville). Elle est ajourée d’une travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de fenêtres: celle du rez-de-chaussée à garde-corps remplacé, celle de l’étage en tripletGroupement de trois baies. Les deux latérales, identiques, sont différentes de la baie centrale, d’ordinaire plus vaste.. Couronnement sous la forme d’une balustrade, flanquée de deux cheminées.
Classement 12.02.1998
Sources
Archives
ACF/Urb.
19896 (1972-1974), 21646 (1994), 24034 (2007).
Ouvrages
DEMEY, Th., Histoire des écoles
bruxelloises, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 2005
(Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 39), pp. 22-24.
Périodiques
CREPLET, N., «L’École en
couleurs, restauration des façades et des toitures», Bruxelles Patrimoines, 1, Ministère de la Région de
Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 2011, pp. 53-63.
JURION-DE WAHA, Fr., Le petit monde de l’architecte Henri Jacobs
1846-1935. Au cœur de l’Art nouveau à Bruxelles, Annales de la société
royale d’Archéologie de Bruxelles, t. 71, Bruxelles, 2012-2013, pp. 178-180.
JURION-DE WAHA, Fr., «Henri Jacobs,
bâtisseur d’écoles», Bruxelles Patrimoines, 1, Ministère de la Région de
Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 2011, pp. 27-35.