Typologie(s)

garage (show room)
garage (réparation)
immeuble de bureaux

Intervenant(s)

Léon STYNENarchitecte1963-1964

Paul DE MEYERarchitecte1963-1964

Styles

Brutalisme

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2025

id

Urban : 41851
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Description

Complexe de bâtiments situé sur une parcelle traversante, comprenant bureaux, showroom et garage dans un style brutaliste, conçu par les architectes Léon Stynen et Paul De Meyer en 1963-1964, et réalisé par l’entrepreneur Van Rijmenant. Peu après son achèvement, le complexe fut agrandi par une construction au n°125, également traversante jusqu’à la rue Saint-Bernard, comprenant un showroom complémentaire et des appartements aux étages. Cette extension fut réalisée pour le même maître d’ouvrage, sur des plans de l’ingénieur-architecte Carl Steyaert datant de 1967.

Façades résolument modernistesLe modernisme (à partir des années 1920) est un courant international prônant la suprématie de la fonction sur la forme. Il se caractérise par l’emploi de volumes géométriques élémentaires, de la toiture plate, des fenêtres en bandeau et des matériaux modernes comme le béton armé. renvoyant, de manière fonctionnelle et répétitive, à une approche rationaliste de la conception et du programme. Celui-ci comprend un showroom sur deux niveaux le long de la chaussée de Charleroi, surmonté de bureaux. Accès aux ateliers situé rue Saint-Bernard. Au rez-de-chaussée de la chaussée de Charleroi, showroom se prolongeant jusqu’à l’atelier sur deux niveaux, à hauteur du premier étage rue Saint-Bernard.

Sur la chaussée de Charleroi, façade de composition symétriqueDans l'inventaire, une façade est dite de composition symétrique lorsqu’elle compte trois travées égales. À Bruxelles, ce type de façade s’élève souvent sur trois niveaux de hauteur dégressive. La travée axiale est d’ordinaire mise en évidence par un ressaut, par un ou plusieurs balcons et par un décor plus élaboré., à rez-de-chaussée entièrement vitré entre deux pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. sur deux niveaux, surmonté d’une marquiseAuvent métallique vitré. continueUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées.. À gauche, porchePorche. Hall d’entrée en avant-corps d’un bâtiment ou espace couvert devançant une porte en renfoncement. Portail. Porte monumentale à embrasure profonde. avec mezzanine donnant accès aux étages supérieurs. Ces derniers comprennent six niveaux, le plus élevé en retrait derrière une balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire. d’attique. Structure de la façade en béton armé, coulé dans un coffrage lisse, reposant sur les lourds pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. du rez-de-chaussée. Elle est constituée d’une trame régulière de neuf travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de largeur, les travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. extérieures occupant la moitié de la largeur. Remplissage formé de fenêtres identiques et répétitives, en miroir par rapport à l’axe central, sur allègePartie de mur située sous l’appui de fenêtre. La table d’allège est une table située sous l’appui de fenêtre..

Rue Saint-Bernard, structure en béton apparent, selon une trame marquée de modules rectangulaires entièrement vitrés. Contrairement à la chaussée de Charleroi, il n’y a pas ici de composition symétriqueDans l'inventaire, une façade est dite de composition symétrique lorsqu’elle compte trois travées égales. À Bruxelles, ce type de façade s’élève souvent sur trois niveaux de hauteur dégressive. La travée axiale est d’ordinaire mise en évidence par un ressaut, par un ou plusieurs balcons et par un décor plus élaboré.. L’accent est mis sur l’articulation horizontale de la trame, dont les ateliers en double hauteur constituent l’élément central. SocleMassif surélevant un support ou une statue. percé par des portes de garage et/ou des vitrines; étages supérieurs ouverts de fenêtres en bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade..

Motivation de la sélection à l'inventaire
Intérêt artistique
Les bâtiments de l’ancien établissement Moorkens sont exemplaires de ce que l’on appelle l’architecture de marque (Brand Architecture) dans le modernismeLe modernisme (à partir des années 1920) est un courant international prônant la suprématie de la fonction sur la forme. Il se caractérise par l’emploi de volumes géométriques élémentaires, de la toiture plate, des fenêtres en bandeau et des matériaux modernes comme le béton armé. d’après-guerre, et ont conservé leur intégritéL’intégrité renvoie au concept « d’intégralité », c’est-à-dire le caractère complet sur le plan physique (état de conservation du bien). Il s’agit d’évaluer si le bien conserve son homogénéité, sa lisibilité et sa cohérence d’un point de vue matériel (conservation des matériaux d’origine, des techniques de construction, de l’aménagement intérieur). Autrement dit c’est l’état d’un bien qui demeure intact, entier, dans son état originel. Un bien peut répondre au critère d’authenticité sans répondre à celui d’intégrité (par exemple un complexe industriel réaffecté conserve son authenticité quand son caractère industriel est toujours lisible mais pas son intégrité si l’intérieur et les menuiseries ont été transformés en vue de la réaffectation). et leur authenticitéL’authenticité d’un bien est évaluée au regard de la conformité de son état actuel par rapport à son état d’origine. Un bien est considéré comme authentique si le plan, la forme, le concept, la fonction, les techniques, les matériaux et la décoration des éléments intérieurs correspondent à un état significatif (ou caractéristique). Même si un bien a subi une dégradation naturelle ou une transformation (par exemple le remplacement des menuiseries, notamment des fenêtres, ou le remplacement des devantures de magasin) il peut toujours être conforme à son état d’origine (la continuité structurelle est préservée). Un bien est authentique si son concept et sa fonction initiale sont toujours lisibles (par exemple un complexe industriel réaffecté). La transformation peut alors être considérée comme un élément de son histoire. Il s’agit dès lors d’évaluer l’éventuelle intégration d’éléments de valeur au cours de l’histoire du bâtiment.. Ils constituent une application remarquable d’un programme commercial ambitieux dans un contexte urbain dense : un showroom en double hauteur sous une marquiseAuvent métallique vitré., implanté sur un axe routier très fréquenté proche de l’avenue Louise ; la combinaison innovante de la vente et de l’entretien automobile pour une nouvelle marque et un nouveau modèle (Isetta) ; ainsi que la location d’espaces de bureaux aux étages. Cette configuration illustre une polyvalence typologique typique de l’époque.

Ces bâtiments s’inscrivent pleinement dans l’œuvre de Léon Stynen et Paul De Meyer des années 1960, période durant laquelle ils conçoivent plusieurs bâtiments commerciaux selon le principe de trames en béton. Ce principe structurel occupe une place centrale dans leur approche architecturale. Parmi les exemples notables figurent les succursales belges de C&A à Anvers (1960), Hasselt (1963), Bruxelles (1964), Gand (1965) et Namur (1967), ainsi que le bâtiment du fabricant de meubles Galler à Anvers (1963). La première application documentée d’une telle trame se trouve dans l’immeuble de bureaux de L’Assurance Liégeoise (1960) sur la Frankrijklei à Anvers.

Les deux ailes de l’ensemble, situées respectivement sur la chaussée de Charleroi et la rue Saint-Bernard, présentent des façades d’une expressivité rareLa rareté d’un bien est déterminée à la fois sur le plan qualitatif (le caractère « exceptionnel ») et le plan quantitatif (le caractère unique), en fonction du contexte géographique (local, régional, national), chronologique et historique (la production globale dominante de l’époque : concept, style, matériaux, etc.) ou par rapport à l’ensemble de la production du concepteur, et ce, tant d’un point de vue formel que fonctionnel et constructif. Pour évaluer la rareté d’un bien, il convient de le comparer à d’autres biens appartenant à la même catégorie (typologie, chronologie-âge [datation]/période ou partie de cette période, aspect esthétique et/ou technique, fonction, impact social ou historique).. Très peu d’exemples dans l’œuvre bruxelloise de Stynen et De Meyer atteignent un tel niveau de qualité plastique, à l’exception notable de la succursale C&A rue Neuve à Bruxelles et de l’école Peter Pan à Saint-Gilles.

Enfin, la façade du bâtiment Moorkens se distingue par son traitement brutaliste raffiné, en hommage à Le Corbusier. Conçue comme une enseigne publicitaire, elle articule la trame en béton comme un système modulaire exprimant à la fois la structure et une autonomie plastique forte, typique du langage architectural du duo Stynen-De Meyer dans leurs œuvres tardives.

Intérêt historique
L’entreprise de distribution automobile Moorkens, originaire d’Anvers, occupe une place importante dans l’histoire automobile belge, en tant que l’un des plus grands importateurs du pays. Fondée en 1936 comme importateur de moteurs, l’entreprise a connu une forte croissance. À l’Expo 58, elle présente une chaîne de montage de motos Bella. C’est à cette occasion qu’elle entre en contact avec BMW, ce qui mène au lancement d’une ligne d’assemblage pour cette jeune marque allemande à Kontich. Moorkens devient ainsi le principal vendeur belge de BMW, avec l’Isetta comme modèle phare. C’est dans ce contexte que le showroom et les ateliers sont construits près de l’avenue Louise.
Les bâtiments sont exemplaires de cette branche spécifique de la Brand Architecture d’après-guerre, où la voiture joueLe terme joues désigne les petits côtés d’un balcon, entièrement en pierre ou en maçonnerie. un rôle de plus en plus visible dans le paysage urbain et la mobilité. Ils ont donc une valeur contextuelle clair. Bien que des typologies similaires existent à Bruxelles — pensons au "full service" de Citroën le long du canal —, cet exemple reste rareLa rareté d’un bien est déterminée à la fois sur le plan qualitatif (le caractère « exceptionnel ») et le plan quantitatif (le caractère unique), en fonction du contexte géographique (local, régional, national), chronologique et historique (la production globale dominante de l’époque : concept, style, matériaux, etc.) ou par rapport à l’ensemble de la production du concepteur, et ce, tant d’un point de vue formel que fonctionnel et constructif. Pour évaluer la rareté d’un bien, il convient de le comparer à d’autres biens appartenant à la même catégorie (typologie, chronologie-âge [datation]/période ou partie de cette période, aspect esthétique et/ou technique, fonction, impact social ou historique). dans la région.

Intérêt urbanistique
Le complexe bâti propose une réponse urbanistique à une problématique spécifique de commercialité et de mobilité. Les fonctions commerciales sont installées le long de la chaussée de Charleroi, un axe d’entrée très fréquenté, tandis que l’accès aux ateliers est prévu via une artère secondaire, la rue Saint-Bernard. Cette organisation permet une séparation efficace des fonctions. Cette solution a été rendue possible grâce à la parcelle traversante.

Sources

Archives
ACSG/Urb. 73 (1963), 79 (1967).