Recherches et rédaction

2009-2011

 

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Reliant la place Raymond Blyckaerts au cimetière d'Ixelles, l'avenue de la Couronne est rectiligne jusqu'au Y qu'elle forme avec la rue Général Thys, où elle s'incurve pour aboutir au cimetière. De nombreuses voiries débutent ou aboutissent perpendiculairement à cette longue avenue.

Ébauchée dès l'arrêté royal du 20.02.1861, modifiée par celui du 05.08.1862 (concernant l'établissement d'un nouveau quartier dans le prolongement de l'avenue du Trône, entre la chaussée de Wavre et la rue Gray), l'avenue de la Couronne est effectivement créée par l'arrêté royal du 14.06.1864 adoptant les plans d'alignement pour le prolongement de la rue du Trône et expropriant pour cause d'utilité publique les terrains nécessaires à leur exécution. Ces plans, signés par l'inspecteur-voyer Victor Besme, comprennent également l'important ouvrage du viaduc qui enjambera la vallée du Maelbeek. Par l'arrêté royal du 21.10.1871, une partie de la rue du Trône ainsi que son prolongement jusqu'au futur boulevard Général Jacques sont déclarés de grande voirie. Les travaux les concernant devront dès lors être achevés par l'État. L'avenue de la Couronne, alors encore dénommée rue du Trône prolongée, est prolongée jusqu'au Houtweg (avenue Arnaud Fraiteur) par l'arrêté royal du 06.10.1873. L'arrêté royal du 07.06.1890 décrète l'élargissement de la partie comprise entre le viaduc et la rue du Germoir. Celui du 05.03.1895 supprime le dernier tronçon de l'avenue pour créer une nouvelle voie qui sera la rue Général Thys. Le tronçon final adopte alors un tracé courbe pour rejoindre le cimetière d'Ixelles. Le Houtweg, chemin vicinal n°3, est quant à lui élargi. Ce dernier tronçon est encore légèrement modifié par l'arrêté royal du 26.05.1900 et enfin loti par l'arrêté royal du 01.12.1938.

Avenue de la Couronne, à hauteur du n° 130 (à droite), vers 1900 (Collection cartes postales Dexia Banque).
Pendant longtemps dénommée rue du Trône prolongée, l'avenue de la Couronne reçut sa dénomination actuelle vers 1880-1885 (HAINAUT, M., BOVY, Ph., Le quartier du Cygne (1), p.15.). Elle débutait alors place de la Couronne, aujourd'hui place Raymond Blyckaerts, et par la rue du Trône, était en communication directe avec le Palais royal. La partie comprise entre le boulevard Général Jacques et le cimetière d'Ixelles fut d'abord dénommée avenue du Diadème.

Si une trentaine de parcelles sont bâties entre 1871 et 1889, c'est à partir de 1890 que les demandes de permis de bâtir vont affluer à la commune d'Ixelles (les archives de l'urbanisme en conservent une centaine datant de 1890 à 1899). Cette affluence se poursuit jusqu'en 1914. À la veille de la Première Guerre mondiale, la partie de l'avenue comprise entre la place R. Blyckaerts et le boulevard Général Jacques est presque entièrement bâtie. Il s'agit essentiellement de maisons bourgeoises de style éclectique formant de grandes enfilades (voir les nos68 à 90, 83 à 117, 127 à 143, 130 à 170). Le n°170 (architecte Franz Tilley, 1903) a été fortement modifié mais conserve néanmoins un intéressant rez-de-chaussée. Certains immeubles remarquables se démarquent: au n°12-14, ensemble de deux hôtels de maître signé L. De Rycker (1880); au n°27, un hôtel de maître dû à l'entrepreneur Edmond Delune (1902); le n°40, hôtel de maître tirant parti des dénivellations aux abords du viaduc (architecte Bisschops, 1893); les nos88 et 90 de l'architecte Paul Saintenoy (1899); aux nos103 et 107, l'Institut Sainte Trinité, école construite en deux phases (1896 et 1909); l'ensemble des nos130 à 134 (1896) et la maison de style Art nouveau construite par Franz Tilley pour l'ingénieur à l'Administration des mines Victor Watteyne au n°206 (1901) (voir ces numéros).

Avenue de la Couronne 130 à 170, enfilade (photo 2011).

Côté impair, l'avenue est marquée d'une part par le site de l'ancien hôpital militaire (inauguré en 1888 – voir la notice qui lui est consacrée), d'autre part, par la caserne de gendarmerie.
Laissé à l'abandon dès 1974, l'hôpital militaire d'Ixelles a été finalement démoli au profit d'un vaste ensemble de logements et de bureaux aménagé en 1995-2005. Le bâtiment à front de l'avenue est celui affecté aux bureaux (notamment ceux de la police fédérale). De l'hôpital militaire ne subsistent que les deux pavillons d'angle de style néo-Renaissance flamande, à l'origine résidences du médecin-chef et du personnel médical.
La caserne de gendarmerie d'Ixelles fut construite en 1909 à front du boulevard Général Jacques (voir la notice qui lui est consacrée). Son mur d'enceinte longe l'avenue de la Couronne ainsi que des bâtiments plus récents (au n°229, bureaux de l'État major, 1947).
En raison de la proximité de ces installations militaires, l'avenue de la Couronne subit des bombardements durant la Deuxième Guerre mondiale. Dès lors, de nombreuses maisons sont détruites et remplacées par des immeubles à appartements. Dans l'ensemble, l'avenue a néanmoins conservé une grande homogénéité.

Au-delà du boulevard Général Jacques, côté impair, l'avenue se bâtit durant les années 1930 essentiellement de maisons et d'immeubles à appartements (voir le n°389, conçu en ensemble avec les nos383 à 387, architecte Louis Billen, 1934). Côté pair, il s'agit pour la plupart d'immeubles à appartements et de bureaux datant des années 1960.

Avenue de la Couronne 389 à 383 (photo 2011).

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925).
ACI/TP 80, 179, 306.
ACI/Urb. 229: 80-229; 383 à 387: 80-383 à 389.

Ouvrages
GONTHIER, A., Histoire d'Ixelles, Le Folklore Brabançon, Impr. De Smedt, Bruxelles, 1960, pp.150-154.
HAINAUT, M., BOVY, Ph., Le quartier du Cygne (1), Commune d'Ixelles, Bruxelles, 2000 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 6).
HAINAUT, M., BOVY, Ph., Le quartier du Cygne (2), Commune d'Ixelles, Bruxelles, 2000 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 6).
Ixelles, Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, ERU, Bruxelles, 1990, pp.93-98, 105-106.
LE ROY, P., Monographie de la commune d'Ixelles, Imprimerie Générale, Bruxelles, 1885, pp.295-305.