Typologie(s)

magasin

Intervenant(s)

Ernest VAN HUMBEEKarchitecte1905

Jules ZONE ingénieur1905

Louis DE WAELEentrepreneur1905

Statut juridique

Inscrit à l’inventaire légal le 19 août 2024

Styles

Éclectisme

Inventaire(s)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2016

id

Urban : 38538
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Description

Vaste complexe de magasins de style éclectique, conçu par l’architecte Ernest Van Humbeek, en collaboration avec l’ingénieur Jules Zone, construit en 1905 par l’entreprise Louis De Waele et agrandi vers l’ouest en 1922.

Perpendiculaire à la rue Picard, l’entrepôt A, également appelé succursale ou magasins, accueille les marchandises en transit. Bordé de quais, il permet le chargement et le déchargement simultanés de quatre trains, ainsi que leur contrôle douanier. Dans ces locaux sont emmagasinés les produits frappés de taxes douanières: vins, tabacs, sucres, tissus, marchandises spéciales. Les caves sont utilisées pour la conservation et la mise en bouteilles des boissons alcoolisées. Ce vaste complexe de magasins présente une superficie d’entreposage de 17.000 m2, divisés en huit compartiments sans support intermédiaire, ce qui facilite le va-et-vient des engins transportant les marchandises. Tournée vers l’hôtel des douanes, l’extrémité sud intègre la maison de direction, qui abrite les bureaux des services de surveillance du site et la lieutenance des douanes. En 1922, l’entrepôt est agrandi à l’ouest par une grande halle surmontant des caves. Le bâtiment accueille aujourd’hui divers événements, ainsi que l’École du Cirque de Bruxelles.

Montée sur des caves-hautes à structure de béton armé et nombreux soupiraux, reliées à l’entrepôt B, la partie originelle du complexe déploie 14 shedsCouverture de profil en dents de scie d’un bâtiment industriel, composée d’une succession de petits toits à deux versants d’inclinaison différente. Le versant du toit le plus pentu est d'ordinaire vitré. à charpente métallique touchée par l’Art nouveau, sur des murs de façade et de refendLe refend est un canal dans un parement, accusant ou simulant le tracé de joints d'un appareil à bossages. en briques et pierre bleue de style éclectique. Une même corniche de bois à modillonsÉléments décoratifs de forme quelconque, répétés sous une corniche. ceint l’ensemble. Les toits sont revêtus de zinc, sauf celui du premier shedCouverture de profil en dents de scie d’un bâtiment industriel, composée d’une succession de petits toits à deux versants d’inclinaison différente. Le versant du toit le plus pentu est d'ordinaire vitré., au sud, couvert d’ardoises comme la bâtièreToit à deux versants. à croupeUne croupe est un versant de toit qui réunit les deux pans principaux d’un toit à leur extrémité. Contrairement à la croupette, la croupe descend aussi bas que les pans principaux. de la maison de direction à deux niveaux qu’il enchâsse.
Les shedsCouverture de profil en dents de scie d’un bâtiment industriel, composée d’une succession de petits toits à deux versants d’inclinaison différente. Le versant du toit le plus pentu est d'ordinaire vitré. forment des groupes indépendants, deux groupes de quatre puis de trois partant du sud, qui rétrécissent graduellement à l’est pour permettre l’arrivée de quatre lignes de chemin de fer.
De ce côté, comme de l’autre avant l’agrandissement, s’allonge un quai à soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. à moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie. en opus incertum, desservi par des escaliers et percé de soupiraux à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle., grillés. Le quai oriental est protégé par un appentisToit à un seul versant. aux fermes métalliques portées par des consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. de pierre et par des colonnettes de fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion. à chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. d’inspiration gothique. Le quai ouest primitif était couvert d’un auventPetit toit couvrant un espace devant une porte ou une vitrine. à contre-pente sur mêmes supports mais il était précédé d’une halle métallique à hautes parois vitrées et lanternonsPetite construction de plan centré, située au faîte du toit. pyramidaux. La façade est, comme celle, conservée, de l’ouest, est raidie, notamment, de chaînes harpées à chaque ferme, et percée de deux larges portes par shedCouverture de profil en dents de scie d’un bâtiment industriel, composée d’une succession de petits toits à deux versants d’inclinaison différente. Le versant du toit le plus pentu est d'ordinaire vitré., à vantauxLe mot vantail désigne le battant d’une porte ou d’une fenêtre. métalliques et traverseÉlément horizontal divisant une baie ou pièce horizontale d'une menuiserie. sur coussinetsPierres de taille formant saillie profilée dans l’embrasure de la baie. Ils sont situés au sommet des piédroits et portent un linteau ou un arc.. Les baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. d’imposte à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en anse de panierUn élément est dit en anse de panier lorsqu’il est cintré en demi-ovale. et grillées, s’inscrivent dans une arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. qui, comme une amorce de travée brugeoiseDans l'architecture d'inspiration Renaissance flamande, la travée brugeoise est une travée inscrite sur toute sa hauteur dans un pan de mur en retrait et généralement sommée par un arc aveugle, souvent brisé., s’ouvre jusqu’au faîte du toit, pour encadrer une série de minces pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. de briques sur consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. de pierre.
Au sud, l’élévation de la maison de direction s’intègre à celle des magasins: soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. et chaîne horizontale continus, pareils à ceux des longs côtés. La maison présente cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle., celles du bas à traverseÉlément horizontal divisant une baie ou pièce horizontale d'une menuiserie.. Au centre, deux entrées partagent un perronEmmarchement extérieur devançant la porte d’entrée d’un bâtiment. et une marquiseAuvent métallique vitré., l’un doté d’un garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage., l’autre porté par quatre aisseliersEn menuiserie, pièce de bois disposée de biais, portant le débordant d’un toit ou d’un auvent. En charpenterie, lien disposé en oblique, soulageant une pièce horizontale et portant sur une pièce verticale. suspendus, de même matériau, l’ensemble d’influence Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise.. De part et d’autre, un escalier dessert une large entrée de cave. La façade est encore animée, aux trumeauxPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau. des travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. extrêmes, par deux pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. articulés qui, montant du sommet du rez-de-chaussée, portent une souche de cheminéePartie du conduit d’une cheminée émergeant du toit. à pinacle à 45 degrésAmortissement en forme de petit pilier faisant saillie en éperon, au sommet d'un pignon.. Ils sont reliés par un cordon-larmier qui traverseÉlément horizontal divisant une baie ou pièce horizontale d'une menuiserie. aussi, aux autres trumeauxPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau., de courts pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. en éperon, amortis au-delà de la corniche. Cette dernière est en bois, à modillonsÉléments décoratifs de forme quelconque, répétés sous une corniche.. La façade des magasins compte cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. à gauche et quatre à droite. Les premières jumellent de larges portes pour marchandises, à linteau métalliquePoutrelle métallique de profil en I, utilisée comme linteau, souvent agrémentée de rosettes en tôle découpée. sur piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. de pierre, à l’abri d’une marquiseAuvent métallique vitré. configurée comme celle de la maison mais suivant un dessin différent. Au-dessus se succèdent des groupes de trois petites fenêtres sous arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle., liées par leurs piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement.. Cette enfilade est reprise à droite de la maison, au-dessus d’un mur aveugleUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre. (fenêtres aujourd’hui bouchées).
La façade nord fait écho à la méridionale, alignant onze travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. aux mêmes fenêtres en tripletGroupement de trois baies. Les deux latérales, identiques, sont différentes de la baie centrale, d’ordinaire plus vaste. (bouchées), mais aveugleUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre. pour le reste.
À l’intérieur du premier shedCouverture de profil en dents de scie d’un bâtiment industriel, composée d’une succession de petits toits à deux versants d’inclinaison différente. Le versant du toit le plus pentu est d'ordinaire vitré., la maison de direction présente une façade sans décor, aujourd’hui peinte, percée de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. semblables à celles de l’avant. La charpente des shedsCouverture de profil en dents de scie d’un bâtiment industriel, composée d’une succession de petits toits à deux versants d’inclinaison différente. Le versant du toit le plus pentu est d'ordinaire vitré. n’est supportée, grâce à de nombreux tirants obliques, que par des portiques et des piliersSupport vertical de plan carré. triangulaires métalliques à l’ouest, et des pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. de maçonnerie à l’est; transversalement, elle pose sur les façades et des murs de refendLe refend est un canal dans un parement, accusant ou simulant le tracé de joints d'un appareil à bossages. percés de portes. L’ensemble s’articule sur des rotules pour résister à tout mouvement. Les sous-toitures sont garnies de carreaux de céramique, pour une isolation thermique des entrepôts.

L’agrandissement de 1922 le long de la façade ouest s’est accommodé de l’espace encore disponible en coupant son angle sud et en opérant un retrait à pan oblique au niveau des derniers shedsCouverture de profil en dents de scie d’un bâtiment industriel, composée d’une succession de petits toits à deux versants d’inclinaison différente. Le versant du toit le plus pentu est d'ordinaire vitré.. Il consiste en un entrepôt aux murs de briques rouges et de pierre bleue, principalement couvert d’un toit en bâtièreToit à deux versants. aplatie puis en demi-bâtière, à charpente métallique ménageant une verrière faîtière. Ce toit est relié à l’ancienne façade par une plateforme. Le nouveau bâtiment est précédé, dans sa partie la plus large seulement, d’une halle pareille à la primitive et l’ensemble est bordé de quais couverts comme dans la première configuration. On notera que l’essentiel des structures primitives – maçonnerie et métal – a été récupéré dans l’opération. Les lanternonsPetite construction de plan centré, située au faîte du toit. pyramidaux qui s’égrenaient sur la plateforme de liaison et sur la halle ont été supprimés à la fin XXe siècle.
La nouvelle façade ouest a repris, à peine simplifiée, la composition de l’ancienne, augmentée de grandes fenêtres-hautes à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. dans son pan oblique et sa partie gauche. Ces baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement., comme les impostesUn élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie. des portes, ont été obturées. La façade sud et le pan coupéPan de mur situé de biais sur l’angle d’un bâtiment. prolongent l’élévation voisine de la succursale, baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. d’embarquement et verrière comprises.

L’agrandissement était prolongé au nord par un petit hangar de réexpédition, préexistant, en maçonnerie assortie, qui suivait la courbe d’arrivée d’une ligne le desservant à l’est. Il a disparu après 2012.

Sources

Archives
Archives de la Fondation CIVA.

Ouvrages
ATTAS, D., PROVOST, M., Bruxelles, sur les traces des ingénieurs bâtisseurs, Éditions CIVA, Bruxelles, 2011, p. 71.
CULOT, M. [dir.], Bruxelles Hors Pentagone. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 3.
KERREMANS, R., Tour et Taxis, coll. 
Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 55, Bruxelles Développement urbain, Bruxelles, 2017, pp. 32-33.
VANDERHULST, G., Tour et Taxis. Un quartier en mouvement? A district in motion. Een wijk in beweging, Project T&T, 2005, pp. 47-51.
VANDERHULST, G., Relevé de l’état physique et de la valeur patrimoniale d’immeubles situés sur le site de Tour & Taxis et ses alentours – Rapport, mars 2011.

Périodiques
SOARES, P. V., «La “succursale” ou “entrepôt A” de Tour et Taxis. Témoignage illustré d’une construction», Les Cahiers de la Fonderie, 19, 1995, pp. 50-53.