Typologie(s)
musée
sculpture et monument commémoratif
Intervenant(s)
Gédéon BORDIAU – architecte – 1879-1904
Charles GIRAULT – architecte – 1904-1905
Styles
Inventaire(s)
- Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
- Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
- Inventaire du patrimoine d'ingénierie (2011)
- Le patrimoine monumental de la Belgique. Bruxelles Extension Est (Apeb - 2006-2009)
Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)
- Artistique La signature d’un bien immeuble (bâtiment) par un architecte de renom ne peut pas être considérée comme un critère absolu. Pour évaluer la place qu’un bien occupe dans l’œuvre d’un architecte, ce critère doit être modulé avec la qualité architecturale (composition et structure interne) du bien, sa mise en œuvre (matériaux, maîtrise technique) et la place qu’il occupe dans l’histoire de l’architecture, ces trois éléments pouvant témoigner d’une phase ou d’un aspect de l’architecture urbaine ou paysagère du passé. Les critères suivants s’appliquent alors pour évaluer l’intérêt artistique : la rareté (typologie, style, utilisation des matériaux, sources), la représentativité (idem) et l’intégrité (idem + qualité d’exécution).
- Esthétique Le bien possède un intérêt esthétique s’il stimule les sens de l’observateur de manière positive (l’expérience de la beauté). Historiquement, cette valeur était utilisée pour désigner des zones naturelles ou semi-naturelles de grande valeur, mais elle peut également s’appliquer à de grands ensembles de bâtiments dans une zone urbaine, avec ou sans éléments naturels, ou à des monuments qui marquent le paysage urbain. D’autres intérêts sont automatiquement pris en considération, l’artistique en premier lieu, mais aussi le paysager (intégration de l’œuvre dans le paysage urbain, points de repère dans la ville) et l’urbanistique (ensembles urbains spontanés ou rationnels). Les critères de sélection suivants lui sont également associés : la représentativité, la valeur d’ensemble et la valeur contextuelle. Ces critères doivent être combinés avec d’autres critères (notamment artistiques).
- Historique Le bien présente un intérêt historique s’il témoigne d’une période particulière de l’histoire de la région ou de la commune, s’il représente un témoignage d’une période particulière du passé et/ou d’une évolution rare pour une période (par exemple, une cité-jardin représentative d’un mode de construction utilisé lors des grandes campagnes d’urbanisation après la Seconde Guerre mondiale, les noyaux villageois illustrant les premiers bâtiments groupés des communes de la Seconde couronne, la Porte de Hal comme vestige de la deuxième enceinte, etc.), s’il témoigne d’un développement urbain (et/ou paysager) particulier de la ville (par exemple, les immeubles des boulevards centraux ou du quartier Léopold), s’il présente un lien avec un personnage historique important, y compris les maisons personnelles d’architectes et les ateliers d’artistes (par exemple, la maison natale de Constantin Meunier, la maison de Magritte), s’il peut être associé à un événement historique important (par exemple, les maisons datant de la reconstruction de Bruxelles suite au bombardement de 1695, la colonne du Congrès), ou s’il possède une représentativité typologique caractéristique d’une activité commerciale ou culturelle (par exemple, les églises, les cinémas, l’architecture industrielle, les pharmacies).
- Scientifique Cette valeur est généralement utilisée pour évaluer les zones naturelles ou semi-naturelles et selon leurs qualités botaniques. Dans le cadre d’un bien, il peut s’agir de la présence d’un élément (de construction) (matériau particulier, matériau expérimental, procédé ou élément constructif) ou du témoignage d’un espace spatiostructurel (urbanistique) dont la préservation doit être envisagée à des fins de recherche scientifique.
- Technique Un bien possède un intérêt technique en cas d’utilisation précoce d’un matériau ou d’une technique particulière (ingénierie), ou s’il présente un intérêt constructif ou technologique particulier, une prouesse technique ou une innovation technologique. Il peut également être considéré comme ayant une valeur archéologique industrielle s’il témoigne de méthodes de construction anciennes. Bien entendu, l’intérêt technique est à mettre en relation avec l’intérêt scientifique.
- Urbanistique Certains biens architecturaux ont joué un rôle prépondérant dans la planification urbaine par le passé. Ils suivent généralement d’autres formes (plans) urbanistiques, entraînant une interaction entre les espaces bâtis et non bâtis (ou ouverts). Cet aménagement comprend également la cohérence entre les différents niveaux d’échelle. Un bien immobilier possède un intérêt urbanistique lorsqu’il joue un rôle dans ce domaine. En voici quelques exemples : les bâtiments d’angle, les places ou les enfilades d’immeubles présentant une certaine cohérence, les tours (immeubles de grande hauteur) habilement implantées et leur relation avec leur environnement qualitatif immédiat, qui peut être cohérent mais aussi contrasté, ainsi que les vestiges de concepts urbanistiques et la manière dont ils sont ou ont été remplis architecturalement (et typologiquement), comme les palais urbains et/ou les maisons de maître éclectiques encore préservés dans le quartier Léopold.
Recherches et rédaction
id
Description
Historique
En 1875, Bordiau dessine pour le futur site du Cinquantenaire, alors encore un champ de manœuvres, un « Palais d’Exposition » d’inspiration classique (AVB/PP 953, 3285) : de plan en H, il se compose d’un arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. de triomphe à trois ouvertures inégales, relié par une colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. à deux vastes pavillonsLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon..
En 1877, en vue de l’Exposition nationale qui doit se tenir sur le site en 1880 à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Indépendance de la Belgique, l’architecte réitère l’idée d’un palais composé d’une arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. et de deux pavillonsLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon., reliés cette fois par une colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. en hémicycle (L’Illustration nationale, 28, 12.09.1880, p. 1). Cette configuration lui est principalement inspirée par le palais Longchamp à Marseille, conçu en 1862 par l’architecte Henry Espérandieu. L’arcade doit couronner la perspective de la rue de la Loi et magnifier l’échappée vers la future avenue de Tervueren. Si Bordiau présente un premier projet à trois arches, Léopold II le convainc toutefois, sous l’influence de son architecte Alphonse Balat, d’opter pour une arche unique. Le monument doit être couronné par un quadrige conduit par Apollon et Mercure, représentant l’Art et l’Industrie. Le projet d’aménagement de Bordiau est approuvé par arrêté royal du 30.05.1879.
Faute de budget, la totalité du projet ne peut cependant être exécutée pour l’événement, qui donnera son nom au parc. Seuls les deux pavillonsLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. et le soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. de l’hémicycle sont construits de manière définitive. Le reste est réalisé en bois, staff et toile peinte. La mise en œuvre d’un fac-similé donnera à Bordiau l’occasion de revoir ses plans en fonction de l’effet d’ensemble. Après 1880, il décidera ainsi d’augmenter les proportions de l’hémicycle afin qu’elles correspondent mieux à l’ampleur du parc (HENNAUT, E., 2003, p. 34).
En 1888, s’ouvre sur le site le Grand Concours internationalLe style international prône la suprématie de la fonction sur la forme. Il se caractérise par l’emploi de volumes géométriques élémentaires, de la toiture plate, du mur-rideau et des matériaux modernes comme le béton armé. Le terme style international est plutôt utilisé pour caractériser le modernisme d'après-guerre. des Sciences et de l’Industrie. Si l’édification du palais avait repris dès 1881, pour ce nouvel événement, seul l’hémicycle est achevé, doté d’une double colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. ouverte. Les fonds nécessaires n’ayant pas été débloqués, malgré l’insistance du roi, l’arcade est quant à elle une nouvelle fois réalisée en matériaux provisoires.
En 1889, Léopold II parvient à faire voter un crédit extraordinaire : l’objectif est de pouvoir inaugurer l’arcade lors de l’Exposition universelle de 1897. Le 21.07.1890, le souverain pose la première pierre du monument. Quatre ans plus tard, ses fondations sont terminées. Cependant, une réduction du budget en 1895 et une grève des carriers l’année suivante rendent impossible l’achèvement du projet dans les délais.
Le 10.05.1897, s’ouvre l’Exposition universelle, qui se tient simultanément au parc du Cinquantenaire et, pour la section coloniale, au parc de Tervueren. À cette occasion, l’avenue du même nom a été percée, entre 1895 et 1897, afin de relier les deux sites. Au Cinquantenaire, seuls les piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. de l’arcade ont pu être édifiés. Pour la troisième fois, ils sont complétés par un fac-similé, accompagné d’une toile monumentale peinte par Devis et Lynen, figurant le quadrige (Bruxelles Exposition 1897, p. 157). Cette structure provisoire ne sera démontée qu’en 1900.
En vue du 75e anniversaire de l’Indépendance de la Belgique, Léopold II décide de financer lui-même, via la Fondation de la Couronne, l’achèvement de l’arcade. Il fait signer par de « généreux donateurs » – des personnalités jouant prête-noms – une lettre collective offrant au Gouvernement d’achever le monument à leurs frais. Ils s’y engagent en outre à ce que soient mis en œuvre des matériaux exclusivement belges.
Fin 1903, cependant, Bordiau est souffrant et l’architecte Charles Girault, que Léopold II avait rencontré à Paris à l’Exposition universelle de 1900, est appelé pour lui prêter main forte. Plutôt que de compléter l’arcade, l’architecte français revoit entièrement le programme de celle-ci. À la mort de Bordiau, en 1904, il envisage d’abord un projet sans arche, composé de deux piliersSupport vertical de plan carré. monumentaux réutilisant les piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. existants. L’architecte propose toutefois rapidement un monument à trois arches de même dimension.
Aux critiques de la Commission des Monuments et des Sites, partisane d’une seule arche, il défend son projet en argumentant qu’il ne s’agit pas d’un monument de glorification, comme les arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. de triomphe romains, mais bien d’une porte de ville devant s’ouvrir sur la large avenue de Tervueren ; une arche unique créerait selon lui un effet d’étranglement (VANDENBREEDEN, J., 1980, pp. 239-240).
Girault conçoit sa triple arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. en petit granit du Hainaut. Il imagine l’ensemble de son décor, caractérisé par un vocabulaire Beaux-ArtsStyle Beaux-Arts (de 1905 à 1930 environ). Courant architectural puisant son inspiration dans les grands styles français du XVIIIe siècle. Riche et ornementé, il se caractérise souvent par des élévations en (simili-)pierre blanche et/ou brique orangée ainsi que par l’usage du fer forgé pour les garde-corps et la porte., d’inspiration Louis XVILe style néo-Louis XVI se développe à partir de 1910 environ. Il reprend des éléments typiques du néoclassicisme contemporain du règne de Louis XVI : noeud de ruban, médaillons ovales, lauriers, faisceau de licteurs, etc.. Pour les statues, l’architecte fait appel des sculpteurs belges de renom. Comme couronnement à son édifice, il reprend l’idée du quadrige lancée par Bordiau.
L’architecte dispose d’à peine un an et demi pour concevoir ses plans et les exécuter. Il met donc en œuvre un chantier gigantesque, où travaillent 450 ouvriers de jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. comme de nuit. Une génératrice électrique est installée sur le site, qui fournit l’éclairage artificiel. Pour démolir les piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. existants, c’est la technique, inédite en Belgique, du dynamitage qui est utilisée par l’entrepreneur Wouters-Dustin. La construction de l’arcade est en outre facilitée par un ingénieux système de pont roulant muni de treuils électriques, coulissant le long de deux énormes échafaudages de bois. Les pierres sont sculptées sur place, dans la grande halle sud.
La première pierre de l’arcade est posée le 04.01.1905. En mai, le gros-œuvre est terminé. Reste à achever l’important programme sculpté ; pour certaines statues, c’est une version temporaire qui sera mise en place. L’arcade est inaugurée par Léopold II le 27.09.1905, soit moins de neuf mois après le début de son édification.
Le nouveau monument étant plus large que l’originel, Girault fait démolir de chaque côté deux travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de l’hémicycle. Dans le même temps, il fait murer l’entrecolonnement de celui-ci côté Tervueren. S’il prévoit dès l’origine une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. décorative pour la nouvelle paroi (HENNAUT, E., 2003, p. 36), ce n’est que dans l’entre-deux-guerres que l’hémicycle recevra son décor, une mosaïque conçue par des artistes de la Société de l’Art monumental.
Description
Arcade
Large de 60 mètres et haut de plus de 40, le monument est construit en pierre bleue sur fondations de béton. Dénommé « arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. du Cinquantenaire » dans le langage courant, il est en réalité constitué de trois arcadesBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol., des arches en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. de même taille. Celles-ci sont séparées par des colonnes jumelles qui faisaient à l’origine écho au profil de l’avenue de Tervueren, alors divisée en trois voies carrossables bordées d’une double rangée d’arbres (HENNAUT, E., 2003, p. 70).
Le monument présente deux faces identiques. Constitué d’épais bossages rustiques, son soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. s’inscrit dans la continuité de ceux de l’hémicycle et des pavillonsLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. adjacents. Il est surligné d’une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. ornée d’originaux motifs stylisés à volutesOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc.. Au pied de chaque piédroitLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. est accolé un piédestal de plan cintré doté d’une base formant un banc et surmonté d’une sculpture. Ioniques et engagées, les colonnes jumelées sont accompagnées par une troisième sur les piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. extérieurs.
Au-dessus de l’entablement, à friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. ornée du monogramme de Léopold II, s’élève un niveau d’attique abritant des salles sous voûte de briques. Il est rehaussé de guirlandes et scandé de soclesMassif surélevant un support ou une statue. de statues. Entre deux toitures-terrasses se dresse un monumental piédestal portant le quadrige.
Les piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. sont eux-mêmes percés chacun d’une arche, de manière à créer un passage couvert transversal entre les parties nord et sud du complexe. Aux extrémités, une entrée sous vaste médaillonCartouche rond ou ovale. donne accès à un escalier menant au sommet du monument. Les arches transversales sont surmontées d’une guirlandeLa guirlande est un décor figurant un cordon de fleurs, feuilles ou fruits., ainsi que d’une grande tablePetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. qui devait recevoir un bas-relief, jamais réalisé. Les voûtes en berceau formées tant par les grandes arches que par les arches transversales sont structurées de caissons, les premiers octogonaux, les seconds rectangulaires, certains ornés du monogramme du roi.
Avec la participation de vingt artistes au programme sculpté d’inspiration patriotique imaginé par Girault, l’arcade présente un véritable catalogue de la sculpture belge de l’époque. Lors de l’inauguration, toutes les statues sont en place, mais plusieurs sont des versions provisoires en staff patiné. La plupart seront coulées en bronze par la suite.
Sur les piédestaux des piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. prennent place les représentations de huit des provinces belges, le Brabant étant figuré par le quadrige : Flandre orientale et Flandre occidentale par Jef Lambeaux, Anvers et Liège par Charles Van Der Stappen, Hainaut et Limbourg par Albert Desenfans, Namur et Luxembourg par Guillaume De Groot.
Les douze écoinçonsEspace de mur ménagé de part et d’autre d’un arc. sont quant à eux ornés d’allégories des Arts et de l’Industrie : des reliefs en pierre bleue de femmes alanguies, de dos ou de face. Côté ville, on retrouve l’Architecture et la Sculpture par Charles Van der Stappen, la Musique et la Peinture par Égide Rombaux, ainsi que la Gravure et la Poésie par Charles Samuel. Côté Tervueren, sont présentés la Science et l’Industrie par Pierre Braecke, le Commerce et la Marine par Isidore De Rudder, ainsi que deux figures par Victor De Haen.
Le quadrige représente le Brabant hissant le drapeau national. Le char est l’œuvre de Thomas Vinçotte, tandis que les chevaux sont conçus par Jules Lagae. L’ensemble a été réalisé en pièces détachées à Karlsruhe, par la firme Peter Huckschlag. Sous le quadrige, vers la ville, se trouve un cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale. portant les armes de la Belgique entouré de deux Victoires ailées, conçu par Julien Dillens et achevé par Jules Lagae après la mort de celui-ci. Vers Tervueren, le piédestal porte l’inscription suivante : « Ce monument a été érigé en MDCCCCV à la glorification de l’Indépendance de la Belgique ».
À l’origine seize statues devaient prendre place sur l’attique. Aux angles, sur des piédestaux ornés de têtes de bélier, quatre Renommées ailées sur un globe : deux conçues par Jacques de Lalaing au sud, deux autres par Godefroid De Vreese au nord. Les autres soclesMassif surélevant un support ou une statue. devaient accueillir douze Vertus. Côté ville, la Justice et la Prudence par Henri Boncquet, la Fortune et l’Abondance par Alphonse de Tombay, ainsi que la Force et la Charité par Jacques Marin. Côté Tervueren, la Fécondité et l’Éloquence par Paul Dubois, la Foi et l’Espérance par Jean Hérain, ainsi que la Liberté et la Sagesse par Victor Rousseau. Seules huit Vertus ornent aujourd’hui l’attique. Les Renommées, ainsi que les Vertus de Jacques Marin et Victor Rousseau, situées aux pieds de ces dernières, n’ayant jamais été fondues en bronze, leur version en staff fut retirée en 1910.
En 1956, à l’occasion du 125e anniversaire de la fondation de la dynastie, est apposée dans l’une des arches transversales une plaque commémorative réalisée par Alfred Courtens, figurant le profil des cinq premiers souverains belges (HENNAUT, E., 2003, p. 67).
Hémicycle
L’hémicycle à colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. est conçu par Bordiau en 1879. Si seul son soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. est réalisé pour l’Exposition de 1880, l’ensemble est achevé pour le Concours de 1888. Interrompu par l’arcade, il adopte la forme d’un demi-ovale, à laquelle répond, dans le parc, le tracé des chemins établis dans son axe. Deux galeries métalliques parallèles le bordaient à l’origine au nord et au sud côté Tervueren ; seules les constructions nord subsistent aujourd’hui.
L’édifice est entièrement réalisé en pierre bleue. Vers la ville, il présente un soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. à bossages rustiques, caractéristique commune à la plupart des constructions du site. Un niveau de faible hauteur à appareilOuvrage constitué de pierres plus ou moins taillées ou de briques. lisse le surmonte, percé de fenêtres séparées par de larges pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau.. Ces deux types de parementRevêtement de la face extérieure d’un mur. de pierre se retrouvent dans l’élévation des pavillonsLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. nord et sud adjacents, garantissant l’homogénéité de l’ensemble. Vers Tervueren, le rez-de-chaussée de l’hémicycle est délimité par une colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. dorique dont l’entrecolonnement a été muré ultérieurement, avant 1923. L’espace est aujourd’hui occupé par le Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire au nord et par les Musées royaux d’Art et d’Histoire au sud. À l’origine, ce niveau communiquait, à travers la colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent., avec les deux galeries courbes parallèles.
L’étage de l’hémicycle est constitué, côté ville, par une enfilade de colonnes ioniques qui supportent un entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. surligné d’une balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire. d’attique. Cette dernière est ponctuée de désÉléments de pierre de section sensiblement carrée ou rectangulaire, disposés généralement aux angles d’un balcon. sur lesquels Bordiau avait prévu des statues. Côté Tervueren, se développait à l’origine une colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. identique, l’architecte n’ayant pas encore prévu d’aménagement définitif à l’arrière de l’hémicycle (HENNAUT, E., 2003, p. 36). Son entrecolonnement est muré en pierre d’Euville par Girault en 1905 : sur sa face intérieure, le mur est scandé par les colonnes ioniques désormais engagées, tandis que des pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. sont placés sur sa face extérieure.
C’est en 1912 que le peintre Jean Delville imagine un décor de mosaïque pour la face intérieure de la colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent.. Encouragé par Girault, le projet est finalement pris en charge par six peintres-décorateurs de la Société de l’Art monumental, créée en 1920. Outre Delville, il s’agit d’Omer Alphonse Dierickx, Albert Ciamberlani, Émile Vloors, Constant Montald et Émile Fabry. Patronné par le roi Albert Ier, le projet est en outre rendu possible par le recours à une souscription nationale. Conçue entre 1921 et 1926, la mosaïque est mise en œuvre par Jean Lahaye et Émile Van Asbroeck de la firme A. Godchoul. Elle est achevée en 1932.
Chaque artiste dessine six panneaux de trois mètres de haut qui, alignés dans la partie supérieure du mur, totalisent 120 mètres de long. Réalisées en cubes de grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. cérame, les différentes scènes sont régies par des règles de composition communes, telles qu’une même ligne d’horizon, une même échelle et des tonalités semblables.
À gauche de l’arcade est développé le thème de la Belgique pacifique, avec les œuvres de Fabry, Vloors et Montald, figurant respectivement la Vie matérielle, la Vie intellectuelle et la Vie morale. À droite est illustré le thème de la Belgique héroïque, avec les œuvres de Delville, Ciamberlani et Dierickx, traitant respectivement de la Victoire, de l’Hommage aux héros et de la Guerre.
Classement 29.06.1984.
Sources
Archives
Archives d’Architecture moderne.
Archives de Charles Girault, Musée royal de l’Afrique centrale.
Archives nationales de France.
AGR/Ministère des Travaux publics, Administration des Bâtiments, Cartes et plans des Bâtiments d’État, 27-40.
AVB/PP 408 (1879), 953 (1875), 3285 (1975).
Ouvrages
Album commémoratif de l’Exposition nationale, 1830-1880.
DELTOUR-LEVIE, C., HANOSSET, Y., Le Cinquantenaire et son site, coll. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 1, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Service des Monuments et Sites, Bruxelles, 1993.
HENNAUT, E. (dir.), Parc du Cinquantenaire, le complexe architectural dans ses relations avec le parc, étude réalisée pour la Fondation Roi Baudouin, Archives d’Architecture moderne, 2003.
Le Cinquantenaire, chronique d’un parc, 1880-1980, Fondation Roi Baudouin, Bruxelles, 1980.
RANIERI, L., Léopold II urbaniste, Hayez, Bruxelles, 1973, pp. 123-140.
Périodiques
VAN DER STRATEN, J., « Le site du Cinquantenaire. Constructions et sculptures dont “Les Renommées” », Brabant Tourisme, 5, 1989, pp. 34-40.
REISS, M., « La mosaïque de l’hémicycle du Cinquantenaire. Jean Delville ou la recherche d’un nouveau souffle dans l’art monumental », Brabant Tourisme, 1, 1992, pp. 3-5.
Bruxelles Exposition 1897, organe officiel de l’Exposition internationale, Rossel, Bruxelles, 1897.
VANDENBREEDEN, J., « Le centenaire du Cinquantenaire. Le Palais des Arts Industriels de G. Bordiau », Crédit communal de Belgique, Bulletin trimestriel, 134, 1980, pp. 231-250.
« Fêtes de 1880 – Le Palais d’Exposition des Arts industriels », L’Émulation, 1879, col. 25-29.
« Exposition nationale de 1880 », L’Émulation, 1881, col. 23, pl. 1-12.
« L’arcade monumentale du Parc du Cinquantenaire », L’Émulation, 1896, col. 59.
DE BERTRANGE, L., « L’arcade du Cinquantenaire », Ligue des Architectes, 6, 1909, pp. 82-88.
L’Illustration nationale des Fêtes et Cérémonies du 50e Anniversaire de l’Indépendance de la Belgique, Bruxelles, 1880.
Arbres remarquables à proximité