Recherches et rédaction
1989-1994
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireReliant la rue Royale à la place Surlet de Chokier, la rue relève du plan de restructuration du quartier Notre-Dame-aux-Neiges compris entre la rue de la Sablonnière et la place des Barricades, au Nord, les boulevards Bischoffsheim et du Régent, à l’Est, les rues de Louvain, au Sud, et Royale, à l’Ouest.
Ce quartier à l’origine populeux, parcouru de rues étroites et d’impasses, traversé du Nord au Sud par la rue Notre-Dame-aux-Neiges, fit l’objet, au XIXe siècle, de divers projets d’assainissement, tels ceux des architectes H. Hendrickx et A. Trappeniers (1860), J.-P. Cluysenaar (1860), V. Besme (1862), J. Hoste (1868) et A. Mennessier (1872). Le plan que Mennessier revoit en 1874 l’emporte finalement : il remplace le tissu existant par une urbanisation à la Haussmann, où les rues rectilignes disposées en étoile sont tracées par rapport à un axe directeur, la rue du Congrès, qui part en face de la colonne du Congrès, perpendiculairement à la rue Royale, longe le côté droite de la place de la Liberté et débouche sur la place Surlet de Chokier. La place de la Liberté, rectangulaire et symétrique, est traversée par deux diagonales formées, l’une par les rues de l’Association et de la Presse, l’autre par les rues des Cultes et de l’Enseignement ; celles-ci sont reliées entre elles et à la place des Barricades par un canevas de rues secondaires. L’expropriation du quartier débute en 1875 ; suivent démolitions, terrassements et tracé des rues. Le lotissement et la construction sont financés et contrôlés par la Société anonyme du quartier Notre-Dame-aux-Neiges instituée à cette fin, en 1874, par la Compagnie Immobilière de Belgique fondée en 1863. Les terrains à bâtir sont achetés d’abord par des particuliers et de petits rentiers, ensuite, dès 1878, par des professionnels, entrepreneurs et architectes. À partir de 1879, la mévente des terrains contraint la Société à y construire elle-même des immeubles qui seront ensuite repris par la Ville, ainsi que les terrains non bâtis, après la liquidation de la société en 1886.
La création de toutes pièces de ce nouveau quartier résidentiel et bourgeois fut l’occasion de réaliser un vaste programme économique, social et culturel, prévoyant deux théâtres, un cirque, un établissement de bains et des galeries combinées à un marché couvert, plus un essaim de commerces concentrés notamment dans la rue de la Croix de Fer. Les noms des nouvelles rues commémorent la révolution belge et les libertés garanties par la Constitution (1830-1831). Les constructions de la rue du Congrès datent pour la plupart d’entre 1876 et 1890 et illustrent les styles « néo- » alors en vogue. Elles sont dominées par les maisons bourgeoises de trois niveaux et trois travées, le plus souvent sur caves, parfois bâties à plusieurs, dans la même rue ou dans des rues différentes, sur un même plan-type ayant fait l’objet d’une seule demande de permis de bâtir.
Bien conservées en général, elles présentent des façades enduites d’allure classicisante à côté de façades éclectiques jouant du chromatisme des matériaux. On y voit aussi quelques bâtisses de moindre intérêt, parce que plus simples ou transformées, comme les nos 15 (1886), 38 (1887), 42 (1886), 47 (1886), 51-55 (1886), le n° 51 avec le quatrième niveau et un bow-window ajoutés en 1912. Les points forts de la rue sont les immeubles éclectiques construits aux angles de la rue Royale et de la place de la Liberté, ainsi que l’hôtel néo-Renaissance des nos 33-33A.
Sources
Archives
AVB/TP 9728 (1886), 9744 (1887), 9710 (1886), 9727 (1886), 9717 et 9737 (1886, 1912) ; P.P. 961, 962, 963 et 964.
Ouvrages
Bruxelles, construire et reconstruire, 1979, pp. 64-66 et 104.
Poelaert et son temps, 1980, pp. 57-60.
SINT-LUKASARCHIEF, Quartier Notre-Dame-aux-Neiges, Proposition de classement, rapport dactylographié, 1981.
Pierres et Rues, 1982, pp. 61 et 267.
Périodiques
GOFFAUX, R., À Bruxelles, le quartier de Notre-Dame-aux-Neiges, dans Brabant, n° spécial 150, 1980, pp. 129-133.