Typologie(s)

abattoir

Intervenant(s)

Émile TIROUarchitecte1889

Henri RIECKarchitecte1901-1908

THILLY1925

Statut juridique

Classé depuis le 08 août 1988

Styles

Néo-Renaissance flamande

Inventaire(s)

  • Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
  • Inventaire de l'architecture industrielle (AAM - 1980-1982)
  • Inventaire du patrimoine industriel (La Fonderie - 1993-1994)
  • Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
  • Actualisation permanente de l'inventaire régional du patrimoine architectural (DPC-DCE)
  • Inventaire d'urgence du patrimoine architectural de l'agglomération bruxelloise (Sint-Lukasarchief 1979)
  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Anderlecht-Cureghem (Archistory - 2017-2019)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Folklorique
  • Historique
  • Scientifique
  • Social
  • Technique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2019

id

Urban : 39724
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Description

Complexe industriel de style néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes)., conçu par l’architecte Émile Tirou en 1889, inauguré en 1890 puis modifié et complété de 1901 à 1908 par l’architecte Henri Rieck.

Historique

À partir de 1836, la Ville de Bruxelles se construit un abattoir extramuros, près de la porte d’Anderlecht (voir boulevard de l’Abattoir no 50). L’établissement s’inspire du modèle français, institué par Napoléon et basé sur les enseignements de Jean-Nicolas Durand, prônant pour ce type de complexe une implantation hors-ville et une composition orthogonale. Les premiers plans sont signés par l’architecte de la Ville, Antoine Payen, chantre du néoclassicismeLe style néoclassique (de la fin du XVIIIe siècle à 1914 environ) est un courant architectural mû par un idéal d’ordre et de symétrie, caractérisé par des élévations enduites et blanches, uniformisant l’image de la ville. Le style connaît une grande longévité, évoluant dans ses proportions et son ornementation au cours du temps., auquel succède rapidement l’architecte P. Schmit.

Enclavé dans la commune d’Anderlecht, le complexe apporte pas mal de nuisances dans un quartier en pleine urbanisation. En outre, il rencontre rapidement des difficultés, notamment financières. En 1876, le bourgmestre de la Ville, Jules Anspach, propose la création d’un nouveau complexe, cette fois intercommunal, sur le territoire plus éloigné et moins recherché du hameau anderlechtois de Cureghem. Le projet échoue toutefois devant une mésentente sur la répartition des frais et des bénéfices. Bruxelles choisit alors de continuer à développer son propre abattoir. En 1881, l’idée d’un nouveau complexe à Cureghem refait surface et, en 1881-1882, deux groupes de financiers et d’industriels proposent à la Commune d’Anderlecht la création d’un abattoir public avec marché au bétail et aux chevaux. En 1887, un acte de concession pour 50 ans est signé en faveur de l’un d’eux: la société Charlet et Pierret, qui devient l’année suivante la Société Anonyme des Abattoirs et Marchés publics d’Anderlecht-Cureghem. Cette concession se fait en échange de la prolongation par la société de deux artères, validée par l’arrêté royal du 22.05.1888: la rue d’Allemagne, actuelle avenue Clémenceau, et la rue Heyvaert, alors encore limitée à la rue de Liverpool. Le projet de leur architecte, Émile Tirou, est présenté aux autorités en août 1889 et le complexe, bien qu’inachevé, est inauguré un an plus tard, le 24.08.1890. Il sera complété de 1901 à 1908 par l’architecte Henri Rieck.

Suite à un déclin engendré notamment par la Première Guerre mondiale, les installations sont reprises par la Commune, en vertu de l’arrêté royal du 19.12.1920, qui confie leur exploitation à la Régie de l’Abattoir et Marchés. Les années 1950 voient la suppression de la liaison ferroviaire de l’abattoir et l’installation d’une chaîne expérimentale d’abattage pour le gros bétail. Dans les années 1960, plusieurs bâtiments sont démolis, dont la remise à locomotives et des hangars, suivis, en 1981, par le château d’eau. Suite à la cession de l’exploitation du site à la société Abatan en 1983, l’activité d’abattage est concentrée dans un seul bâtiment. Le 08.08.1988, la halle du marché couvert et les deux pavillonsLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. d’entrée sont classés comme monuments. En 1992, les caves du marché couvert, qui servent partiellement de champignonnière, sont restaurées pour accueillir un espace d’exposition et d’événements baptisé «Caves de Cureghem». En 1996, un incendie détruit plusieurs bâtiments anciens, dont les ateliers de découpe et les frigos. En 2008, le marché aux bestiaux est supprimé et, en 2015, le marché aux viandes est remplacé par une halle alimentaire, le Foodmet, sur laquelle s’installe trois ans plus tard une ferme aquaponique, la Ferme Abattoir, gérée par la société BIGH. Suivant un masterplan élaboré à partir de 2009, une refonte urbanistique et architecturale complète du site est prévue dans les années à venir.

Aperçu sommaire du site jusqu’à l’aube des années 1920

Configuré comme une petite ville quadrillée de rues entre une Petite Senne remodelée et le canal de Charleroi, le complexe d’une vingtaine d’hectares, relié au chemin de fer de ceinture, structure le développement d’un nouveau quartier. Bordé par le prolongement de la rue d’Allemagne, il s’ouvre dans l’axe de la longue rue Heyvaert. Derrière ses grilles et son portail montés en 1901, il présente une véritable place publique, pavée, dédiée au marché à ciel ouvert. Au-delà s’étend le marché couvert, de 100 mètres sur 100, accosté à droite, depuis 1903 et 1905, d’échaudoirs à porcs et d’échoppes. À gauche de la place a été érigé peu après 1901, sur un projet de 1899, un marché couvert en bois réservé aux moutons; il sera démoli avant 1930. À droite de la place, un bâtiment d’échoppes de 1890 a été rapidement et partiellement affecté à l’administration; il sera surélevé et modifié en 1925 pour abriter de nouveaux services et le logement du machiniste. En 1903-1905 s’y est greffé, à l’arrière, un corps en angle obtus, servant de moutonnerie et de bergerie.
Reliant le site à la gare de l’Ouest via un pont métallique sur le canal, une voie de chemin de fer pour le transport du bétail se déploie en faisceau aboutissant à la gauche du site. À droite, côté canal, se côtoient une dizaine d’échaudoirs à porcs et bovins. Parallèlement à ce dernier, se serrent en ligne de petits locaux principalement réservés aux triperies. Derrière le grand marché couvert et dans son axe, une voirie dessert des blocs d’étables et de magasins mitoyens, construits entre 1891 et 1914 environ. Le bloc droit est suivi depuis 1901-1902 par divers bâtiments liés à la machinerieSitué dans un espace en partie basse ou en partie haute de l’installation, ensemble comprenant le système d’entraînement et les équipements de commande de l’ascenseur., dont une haute cheminée, et à la réfrigération. À l’extrémité sud du site, se dresse un château d’eau, contigu à une remise à locomotives.

Description des bâtiments originels conservés

Portail et aubettes

Aménagée en 1901 sur les plans de 1899 de l’architecte Henri Rieck, une grille métallique fermait à l’origine tout le site le long de la rue d’Allemagne prolongée. Dotée de barreaux en forme de lance à pointe feuillagée et raidie par des colonnettes de fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion. à chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. à crochets sous amortissement à patères, cette clôture est marquée dans l’axe de la rue Heyvaert par un triple dispositif d’entrée monumental, à retrait aux flancs cintrés et à six piliersSupport vertical de plan carré.. À son extrémité orientale se trouve une entrée secondaire à deux piliersSupport vertical de plan carré.. Ces accès sont traités en briques, pierre et fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion..

Si la grille a progressivement laissé la place à des échoppes dès le début des années 1930, les entrées ont conservé l’essentiel de leur ordonnance. Au portail monumental, l’entrée centrale présentait à l’origine deux grands vantaux accrochés à deux piliersSupport vertical de plan carré. carrés en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion. qui retenaient aussi deux travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de grilles latérales, en partie ouvrantes, ancrées dans les grands piliersSupport vertical de plan carré. de maçonnerie rectangulaires. Ce parti a été modifié dans les années 1920: l’entrée se fait désormais par deux doubles vantauxLe mot vantail désigne le battant d’une porte ou d’une fenêtre. fixés à un pilierSupport vertical de plan carré. de fonte central et, directement, auxdits piliersSupport vertical de plan carré.. Le reste de la composition n’a pas été revue: de chaque côté, trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de grilles en arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. de cercle (une à droite est ouvrante) rejoignent la paire de piliersSupport vertical de plan carré. maçonnés plus petits d’une entrée secondaire à deux vantauxLe mot vantail désigne le battant d’une porte ou d’une fenêtre. moins élevés. Pareille entrée se retrouve à l’extrémité orientale de la clôture, mais elle a perdu ses vantauxLe mot vantail désigne le battant d’une porte ou d’une fenêtre.. L’ensemble est aujourd’hui accompagné par quelques grilles modernes ou de récupération (voir bureaux de l’Administration), sans lien avec le dispositif primitif.

Les deux grands piliersSupport vertical de plan carré. servent de socleMassif surélevant un support ou une statue. à un taureau de bronze attribué au sculpteur français Isidore Bonheur. Ils abritent une aubette arrière à porche, à laquelle ils offrent une fenêtre. Leur massif présente un socleMassif surélevant un support ou une statue. mouluré, trois bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. et un puissant entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. à modillonsÉléments décoratifs de forme quelconque, répétés sous une corniche., patères et denticules. Leur fenêtre, grillée, est construite comme un édicule: appuiAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. sur consoles, piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. en pilastreÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau., entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. et frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. courbe à éventail et clef à sphère. Les six autres pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. sont plus simples: soubassement biseauté greffé d’un chasse-roue sphérique; deux bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade., le supérieur marqué de deux pointes de diamantBossage comptant plusieurs facettes, comme la pointe d’un diamant.; friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de patères et frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. brisé à amortissement carré à pointes de diamantBossage comptant plusieurs facettes, comme la pointe d’un diamant. et pomme de pin. Le pilierSupport vertical de plan carré. en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion., restant, de l’entrée principale est creusé de deux registresAlignement horizontal de baies sur un pignon. de panneaux et doté d’un chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. d’inspiration corinthienne piqué du support en fer forgé d’un ancien luminaire.
Protégées sur leurs trois faces par une barrière à bétail identique à celle du marché couvert, les deux aubettes sont montées sur un soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. de pierre et raidies par quatre piliersSupport vertical de plan carré. d’angle qui, avec les deux colonnes à haute base du porche, portent une plateforme unique bordée d’une corniche de bois à modillons. Tous ces supports sont en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion. et à chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. corinthien. Le sol du porche est constitué d’une seule dalle de pierre bleue. L’aubette, toute vitrée, présente une porte axiale entre deux guichets; les châssis latéraux, fixes, sont à petits-fers.

Marché couvert

Construite en 1889-1890 sur les plans de l’architecte Émile Tirou, cette imposante halle ouverte, tout en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion., fer et verre, se déploie sur une surface de 10.000 mètres carrés. Au-dessus d’une cave en maçonnerie de briques, elle plante ses minces colonnes baguées en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion., à base et chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre., sur une trame orthogonale de dix mètres, sauf dans la travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. centrale, double en largeur et plus élevée pour ménager des persiennes d’aération en verre. Son ample et souple toiture en cintre surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle. et débordante de toutes parts est donc interrompue par ce surhaussement central, à courbure similaire.
Les 110 supports, de hauteurs progressives et de dix-sept types différents, portent, à l’aide de multiples aisseliersEn menuiserie, pièce de bois disposée de biais, portant le débordant d’un toit ou d’un auvent. En charpenterie, lien disposé en oblique, soulageant une pièce horizontale et portant sur une pièce verticale., des poutres de fer en treillis à lattis, en arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle. complet aux deux façades, en arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. rampantAdjectif indiquant qu’un élément d’élévation n’est ni horizontal ni vertical. Par extension, nom donné aux éléments situés de biais d’un pignon ou d’un fronton. ailleurs, où elles saillent en consolePièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. pour porter les jambes de force du toit central. Le contreventement est notamment assuré par des poutres diagonales à l’arrière des façades.
La couverture, jadis en zinc, aujourd’hui en roofing, fixe son voligeage de planches de bois sur un quadrillage métallique de minces chevrons courbes et de pannes droites, celles-ci en treillis à simples zigzags. On notera qu’à la travée centrale, les poutres maîtresses sont à hauteur variable, entrainant les pannes dans leur évolution. Le profil concave des jambes de force et la courbure des poutres y dessinent de pittoresques arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. outrepassés.
En façades avant et arrière, une immense verrière à structure métallique à meneaux est supportée par neuf arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaissés, en treillis à lattis, sur colonnettes pareilles aux latérales. Au-dessus des colonnes, ce sont des piliers carrés qui raidissent la verrière. Actuellement, les carreaux ont disparu, sauf aux persiennes du toit central.
La halle a conservé la majorité des barrières métalliques à colonnettes des boxes du bétail.

En façade arrière subsiste la moitié droite d’une galerie originelle à structure de fer sous un toit en appentisToit à un seul versant. jadis vitré; s’y succèdent des portiques à aisseliersEn menuiserie, pièce de bois disposée de biais, portant le débordant d’un toit ou d’un auvent. En charpenterie, lien disposé en oblique, soulageant une pièce horizontale et portant sur une pièce verticale. en treillis, enserrant des panneaux de métal sous une verrière en persienne (disparue); pareille structure s’allongeait aussi au flanc droit de la halle.

Aujourd’hui accessible par une rampe carrossable et un passage souterrain à l’ouest, ainsi que par des escaliers au nord, la cave a été créée sous la halle en cours de construction, pour résoudre le problème de stabilité d’un sol humide. Ainsi, les fondations en moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie. des colonnes de la halle ont-elles été enserrées, jusqu’à quatre mètres de profondeur, dans des piles en briques plus ou moins amples selon l’importance du support, piles reliées par des arcs sous un voûtement d’arêtes. Débordant du périmètre de la halle, une travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de cinq mètres aux murs cintrés a été ajoutée pour contrer la pression du terrain extérieur.

Ancienne première étable du bloc gauche

Construite en 1889-1890 sur les plans de l’architecte Émile Tirou, avec cinq autres similaires, étable modifiée en vestiaire et réfectoire au milieu du XXe siècle.

De plan rectangulaire, bâtiment d’un niveau en briques et pierre bleue sur soubassement biseauté à taille rustique, couvert d’un toit en bâtièreToit à deux versants. aux versants relevés sur un court brisis et jadis revêtus de zinc, aujourd’hui de tôle ondulée. Façades-pignons aux angles partiellement harpés, à hautes oreilles animées de volutesOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc. et à amortissementAmortissement. Élément décoratif placé au sommet d’une élévation.Amorti. Sommé d'un amortissement. assorti, à ancrePièce métallique apparente ou noyée dans l’enduit de façade, fixée à l’extrémité d’un tirant en fer pour solidariser les murs et les planchers. Il existe des ancres purement décoratives, non reliées à des tirants. et fronton courbe; rampants lisses légèrement cintrés. Entrées axiales pour le bétail (l’occidentale modifiée), à encadrement harpé comme les angles précités et sommé d’un linteauÉlément rectiligne d’un seul tenant, en pierre, bois, béton ou métal, couvrant une baie. sur coussinetsPierres de taille formant saillie profilée dans l’embrasure de la baie. Ils sont situés au sommet des piédroits et portent un linteau ou un arc. à voluteOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc., que décharge un arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. de briques surbaissé à sommiersLes sommiers sont les deux premiers claveaux d’un arc, portant directement sur les piédroits. et clefClaveau central d’un arc ou d’une plate-bande. Il s’agit d’un élément architectonique. Le terme s'utilise également pour des éléments purement décoratifs qui évoquent une clef à rôle structurel. de pierre, celle-ci frappée d’une demi-sphère. En façade ouest, deux fenêtres latérales, à appuiAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. saillant (abaissé) et à linteau biseauté prolongé en bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade.. En façade est, même fenêtre à gauche et même bandeau, surmontant à droite une porte piétonne sans doute originelle. Aux deux pignons, cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale. central muet en forme de cuir découpé et petite fenêtre en demi-lune à appuiAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. en bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade., rehaussée de demi-sphères. Gouttereaux aveuglesUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre. à l’origine, ouverts depuis la réaffectation du bâtiment, de portes ainsi que de fenêtres, à châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. de béton. HuisserieMenuiseries qui s’ouvrent et se ferment, c’est-à-dire les portes et les fenêtres. Par extension, le terme désigne également les fenêtres à châssis dormants. renouvelée.
Sous une charpente métallique, l’intérieur était couvert d’une fausse-voûte en berceau, en treillis plâtré. L’aération de l’étable se faisait via l’espace intermédiaire, ventilé par les demi-lunes des pignonsPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc..

Vestiges d’un groupe de quatre étables (sur six) à l’extrémité du bloc gauche

Construits peu avant 1914, dans le même style que les étables antérieures, ces bâtiments alternaient, à l’avant comme à l’arrière, des façades de deux schémas: l’un flanquait une entrée à bétail de deux légers avant-corps à fenêtre, l’autre faisait saillir l’entrée en portail entre deux fenêtres percées au nu de la façade. L’ensemble, aujourd’hui réuni sous une même toiture plate à lanterneaux, a été amputé de plus de deux unités.
Le front ouest est le mieux conservé. Il présente les vestiges des quatre premières façades, alignées sur les décrochements d’un soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. biseauté, à taille rustique, et dotées de quelques harpesLes harpes sont une superposition d’éléments dont la tête est alternativement courte et longue. d’angle. Tous les avant-corps présentent un pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. débordant à oreilles, gradins, tablettes et ancrePièce métallique apparente ou noyée dans l’enduit de façade, fixée à l’extrémité d’un tirant en fer pour solidariser les murs et les planchers. Il existe des ancres purement décoratives, non reliées à des tirants., sous un petit frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. courbe ou triangulaire.
Les entrées traitées en portail se couvrent d’un arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. de briques et pierre en plein cintre ; leurs sommiersLes sommiers sont les deux premiers claveaux d’un arc, portant directement sur les piédroits. et clefClaveau central d’un arc ou d’une plate-bande. Il s’agit d’un élément architectonique. Le terme s'utilise également pour des éléments purement décoratifs qui évoquent une clef à rôle structurel. sont taillés d’une pointe de diamantBossage comptant plusieurs facettes, comme la pointe d’un diamant., la clef est en outre amortie en pomme de pin. Les fenêtres d’avant-corps sont assorties aux portails mais leur arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. est surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle.. Les baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. au nu des façades sont sommées d’un linteauÉlément rectiligne d’un seul tenant, en pierre, bois, béton ou métal, couvrant une baie. prolongé en bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade., les portes dotées d’un coussinet profilé, les fenêtres d’un appuiAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. saillant. Toutes les entrées étaient jadis accompagnées de chasse-roues.
Le front opposé ne présente plus d’intacts que quatre avant-corps à fenêtres.

Bureaux de l’Administration

Construit en 1889-1890 sur les plans de l’architecte Émile Tirou, ancien corps d’échoppes, rapidement aussi imparti à l’administration puis drastiquement modifié en 1925 par l’architecte Thilly, pour l’accueil de nouveaux bureaux, services et logement.

Le bâtiment originel, en briques et pierre bleue, élevait sur un soubassement biseauté un seul niveau à toit en bâtièreToit à deux versants. entre pignonsPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. débordants; il était divisé en six échoppes et arrière-échoppes identiques, dotées chacune d’une courette arrière avec WC. Protégée par une marquiseAuvent métallique vitré. métallique, la façade avant alignait pour chaque groupe de deux échoppes une composition en miroir de deux portes à baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. d’imposte et deux grandes vitrines. LinteauxÉlément rectiligne d’un seul tenant, en pierre, bois, béton ou métal, couvrant une baie. et traverses s’inscrivaient dans un bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. continuUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées., sous des arcs de déchargeArc noyé dans un mur plein, qui surmonte généralement un linteau ou un autre couvrement et sert à le soulager. en briques, ceux des vitrines marqués d’une demi-sphère à leur clefClaveau central d’un arc ou d’une plate-bande. Il s’agit d’un élément architectonique. Le terme s'utilise également pour des éléments purement décoratifs qui évoquent une clef à rôle structurel. de pierre. Vers la cour, portes et fenêtres se répartissaient aussi en miroir. Les murs-pignons, aveugles, étaient greffés d’un conduit de cheminée sur arcature; leurs rampants à oreille et tablettes étaient ponctués de volutesOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc. et de vases. Le toit d’ardoises était planté de deux lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. de bois à croupeUne croupe est un versant de toit qui réunit les deux pans principaux d’un toit à leur extrémité. Contrairement à la croupette, la croupe descend aussi bas que les pans principaux. par échoppe, une à l’avant, l’autre à l’arrière, dans l’axe des vitrines.

Modifications de 1925 importantes mais mimétiques : la marquiseAuvent métallique vitré. est supprimée et un étage de bureaux est ajouté sous un même type de toit, entrainant la reconstruction des murs-pignons, tandis que des extensions d’un niveau ou deux sous plateforme sont établies au détriment des courettes. Quatre petites échoppes se côtoient à présent au mur-pignon gauche, suivies en retour côté façade par trois plus étroites encore, aboutissant au vestibule d’entrée des bureaux; l’espace des trois échoppes droites n’est pas modifié. Ledit vestibule mène aux bureaux arrière et à une cage d’escalier pour le nouvel étage, empiétant sur une ancienne courette.
Au rez-de-chaussée de la façade avant, quelques baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. sont modifiées pour les nouvelles affectations. À l’étage, six paires de fenêtres s’alignent avec symétrie entre deux bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade.. Les nouveaux murs-pignons, striés de bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade., se garnissent du même décor que les anciens (quelques récupérations). Au mur-pignon gauche et dans son extension, s’alignent les baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. des quatre nouvelles échoppes, trois jumelant porte et vitrine sous un même linteauÉlément rectiligne d’un seul tenant, en pierre, bois, béton ou métal, couvrant une baie.; à l’étage, trois larges fenêtres du type de celles de l’avant, encadrent le nouveau conduit de cheminée. Le mur-pignon opposé et une extension semblable sont plus simples: trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de fenêtres pareilles accompagnent ici le conduit de cheminée, les baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. inférieures plus courtes. Le nouveau toit, couvert d’ardoises également, porte des lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. pareilles aux originelles, six à l’avant, cinq à l’arrière.

Dans l’angle avant gauche du bâtiment s’ancre un des piliersSupport vertical de plan carré. de fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion. de l’ancienne grille d’entrée du quartier des échaudoirs. Un second pilierSupport vertical de plan carré. a été, semble-t-il, remployé dans une grille récente attachée à l’ancienne entrée secondaire, orientale, des abattoirs.

Accroché en oblique à l’angle arrière gauche des bureaux de l’Administration, subsiste, assorti à ces derniers, le pan de façade d’un ancien pendoir à moutons (1905). Une porte centrale à traverseÉlément horizontal divisant une baie ou pièce horizontale d'une menuiserie. s’y flanque de deux tripletsGroupement de trois baies. Les deux latérales, identiques, sont différentes de la baie centrale, d’ordinaire plus vaste..

Sources

Archives
ACA/Propriétés communales.
ACA/Urb. 4613 (31.12.1890), 4961 (19.12.1891), 5309 (31.12.1892), 5793 (27.01.1894), 6962 (06.01.1897), 7482 (05.08.1898), 7916 (04.07.1899), 8727 (06.12.1901), 9223 (09.01.1903), 10384 (30.06.1905), 11592 (20.12.1907), 17171 (13.11.1923), 18624 (20.04.1925), 45840bis (1965), 45839bis (19.01.1972).
AVB/NPP M8 (1937, 1943, 1944).
AVB/TP 105525 (1889-1890).
KBR/CP III 3485.

Ouvrages
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BIGH, Dossier de Presse, 23.04.2018.
CULOT, M. [dir.], Anderlecht 1. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 45.
LOMBA, F., GRANVILLE, A., «L’abattoir d’Anderlecht», in De l’art à la science ou 150 ans de médecine vétérinaire à Cureghem. 1836-1986, Édition des Annales de médecine vétérinaire, Bruxelles, 1986, pp. 541-544.
SCHOONBROODT, B., Anderlecht, coll. Guide des communes de Bruxelles, CFC-Éditions, 1998, pp. 70-74.
SCHOONBROODT, B., Anderlecht. Les Chemins du Patrimoine, Centre Culturel d’Anderlecht, s.d., pp. 37-42.
SÉNÉCHAL, C., L’abattoir illustré. Un abattoir : une histoire de ville, d’humains et d’animaux, Forum Abattoir, 2016.
VANDEMEULEBROEK, M., L’abattoir d’Anderlecht (Mémoire), La Cambre, 1984.

Périodiques
«Abattoirs et Marchés d’Anderlecht-Cureghem», Le Patriote Illustré, 25.03.1894, p. 179.
«La viande tranche de ville mode de vie», Les Cahiers de la Fonderie, 20, 1996.
SÉNÉCHAL, C., «L’abattoir d’Anderlecht: les trois vies d’une exception urbaine», Uzance, 4, 2015, pp. 52-62.
STEVENS, T., PATRICIO, T., «Le Marché couvert d’Anderlecht. Étude préalable à la restauration», Bruxelles Patrimoines, 8, 2013, pp. 20-39.
«Un abattoir en ville», Bruxelles en mouvement, 256-257, mai 2012.
VAN AUDENHOVE, J., «Les abattoirs et marchés de Cureghem», Anderlechtensia, 36, juin 1985, pp. 33-47.
VAN DAMME, D., «Notes sur les abattoirs d’Anderlecht», Anderlechtensia, 67, 1993, pp. 13-19.