Recherches et rédaction

2019

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireÉtablie dans le prolongement de l’avenue Clémenceau, la rue Ropsy Chaudron relie la chaussée de Mons au quai de l’Industrie. Elle rejoint ensuite la rue Léon Delacroix via un pont enjambant le canal de Charleroi. La rue Heyvaert y aboutit côté impair, tandis que la rue Jules Ruhl y débute côté pair.

La prolongation de l’avenue Clémenceau – alors rue d’Allemagne – au-delà de la chaussée de Mons est envisagée dès 1866 sur le Plan d’ensemble pour l’extension et l’embellissement de l’Agglomération bruxelloise dressé par l’inspecteur-voyer Victor Besme. À l’ouest de la rue prolongée, celui-ci projette la création d’une gare de transbordement en bordure du canal, accompagnée de nouvelles rues en damier. En 1877, l’architecte Jean Rosschaert projette à ce même endroit un bassin pour bains publics entouré d’un nouveau quartier, dont la rue d’Allemagne prolongée constituerait l’un des axes. Le projet est toutefois abandonné au profit de l’établissement dans la zone d’un complexe d’abattoirs. En 1887, le Conseil communal d’Anderlecht concède à la future Société Anonyme des Abattoirs et Marchés publics d’Anderlecht-Cureghem un terrain pour l’établissement du complexe en échange de la prolongation de deux artères, validée par l’arrêté royal du 22.05.1888: la rue d’Allemagne et la rue Heyvaert, cette dernière alors encore limitée à la rue de Liverpool.

En septembre de cette année-là est déjà inaugurée, au début de la rue d’Allemagne prolongée, l’École primaire communale no 3 pour garçons (voir no7). Le cours de la Petite Senne, qui longe l’école, est légèrement déplacé vers le nord-ouest à cette époque. La rivière déplacée est franchie par un pont conçu en 1889 pour le compte de la Société des Abattoirs, ouvrage qui fut supprimé suite à l’assèchement du cours d’eau après la Seconde Guerre mondiale. Quant au complexe des abattoirs, occupant la majeure partie de l’îlot côté pair (voir no 24), il est inauguré en 1890. C’est au lendemain de la Première Guerre mondiale, le 16.11.1918, que la rue est rebaptisée Ropsy Chaudron, du nom d’un ingénieur qui fut nommé en 1892 administrateur-délégué de la Société des Abattoirs. Construit en 1930, le pont enjambant le canal fut dynamité par les Alliés en mai 1940. Reconstruit en style Art Déco, il fut inauguré en décembre 1943 (voir notice).

Les premières habitations de la rue, de style néoclassique, s’implantent aux abords de la chaussée de Mons au début des années 1890. L’artère se bâtit ensuite jusqu’au milieu des années 1900, d’habitations de styles néoclassique ou éclectique. La majorité d’entre elles présentaient un rez-de-chaussée commercial, souvent accompagné d’un atelier ou magasin arrière. Outre des cabarets, cafés et salle de fêtes, la plupart des entreprises entretenaient un lien avec les abattoirs. Citons, au no57 (architecte Verdin(?), 1914), une maison avec bâtiment arrière à usage de boyauderie et, au no31, une autre conçue pour l’Association des Charcutiers (architecte E. Dedecker, 1906), avec à l’arrière un complexe d’écuries, magasin et bureaux en U. Au no59, un immeuble à appartements de 1936 (architecte Albert Boon) a été érigé à l’avant d’un atelier de charcuterie conçu l’année précédente (architecte Henri Scheepers). La rue comptait également deux vastes entrepôts frigorifiques érigés dans les années 1920: celui de l’Anglo-Belgian Meat Company (voir no20) et les Frigorifères Evrard et Selleslagh (voir no 25a-25b). Sur le terrain voisin de ce dernier bâtiment (no21), le long de la Petite Senne, avait été érigée, en intérieur d’îlot, l’École Centrale des Arts et Métiers, conçue en 1909 par l’architecte Fr. Van Roelen. Vers 1930, elle fut investie par la société anonyme Les Patrons Charcutiers, qui en transforma les bâtiments. Le seul corps subsistant a été profondément remanié en 2018, avec construction d’un nouveau bâtiment à front de rue. À noter encore qu’en 1909, la rue a été dotée de bains-douches publics, implantés à gauche de l’École no 3 (voir no7b).

Sources

Archives
ACA/Urb. Registre des rues.
ACA/Urb. 21: 12302 (17.09.1909), 24250 (05.02.1932); 31: 11142 (21.12.1906); 57: 14331 (20.10.1914); 59: 27025 (16.04.1935), 28394 (28.07.1936).
AVB/TP 105525 (1889).

Ouvrages
CULOT, M. [dir.], Anderlecht 1. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 81.
HAENEN, J. & J.-C., Anderlecht. Un regard vers le passé. Volume 4: Cureghem, Scheut, Het Streekboek, Anderlecht, 2006, pp. 48-50.
VAN AUDENHOVE, J., Les rues d’Anderlecht, Commémoration du vingtième anniversaire de la fondation d’Anderlechtensia, C.A.F.H.A, 1995, pp. 219-220.

Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Allemagne prolongée (rue d’)», 1891.
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Ropsy Chaudron (rue)», 1920.

Cartes / plans
BESME, V., Plan d’ensemble pour l’extension et l’embellissement de l’Agglomération bruxelloise,1866.
ROSSCHAERT, J., Projet d’un nouveau quartier à Cureghem avec bassin pour bains publics, 01.05.1877.
VAN LINT, Commune de Molenbeek-St-Jean. Plan du prolongement de la rue d’Allemagne entre le Quai de l’Industrie et la rue de Birmingham, 01.03.1896.