Typologie(s)

église/cathédrale/basilique

Intervenant(s)

Jean COMBAZarchitecte1925-1928

Statut juridique

Classé depuis le 27 mars 2003, 04 mai 2006

Styles

Art Déco

Inventaire(s)

  • Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
  • Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Schaerbeek (Apeb - 2010-2015)
  • Les charpentes dans les églises de la Région de Bruxelles-Capitale 1830-1940 (Urban - 2019)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Paysager
  • Scientifique
  • Social
  • Technique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2012-2013

id

Urban : 22235
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Description

Orientée nord-ouest – sud-est sur une vaste parcelle occupant le dernier tronçon côté impair de l'avenue des Glycines, église paroissiale de style Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs., conçue de 1925 à 1928 par l'architecte Jean Combaz.

Historique

Louise Thiéry, épouse du Général Maes, perd sa fille Suzanne en 1914 et son mari en 1915. Désirant perpétuer le souvenir de la première par la construction d'une église, elle obtient dès 1916 que soit créée une nouvelle paroisse à Schaerbeek. Celle-ci est officiellement fondée par l'arrêté royal du 10.11.1921. En septembre 1924, une église provisoire est aménagée à l'actuel no714 de la chaussée de Haecht. La générale Maes fournit le terrain, ainsi que les fonds nécessaires à l'érection de l'église définitive et, assistée de son frère, le chanoine Armand Thiéry, s'implique également dans la conception et la mise en œuvre de celle-ci.

Avenue Gustave Latinis 50, église Sainte-Suzanne, avant-projet, © AAM/fonds Jean Combaz.

Des plans sont dressés par l'architecte Jean Combaz dès 1925. Plusieurs avant-projets sont conservés, dont ceux d'une église de plan central couverte d'une coupoleVoûte de plan central. Elle peut être circulaire, ovale, polygonale, à côtes, en plein cintre, surbaissée, surhaussée, etc. et d'une autre de plan basilical. Suite à une demande de permis introduite le 31.07.1925, des modifications sont apportées au projet: l'axe de l'église devra coïncider avec la bissectrice de l'angle formé par les avenues Latinis et des Glycines et un espace suffisant devra être ménagé autour de l'édifice afin d'y faire des plantations propres à assurer le caractère de cité-jardin requis pour le quartier.

Avenue Gustave Latinis 50, église Sainte-Suzanne, élévation avant, © AAM/fonds Jean Combaz.

Le projet final s'inspire de l'église Notre-Dame du Raincy (1922-1923), chef-d'œuvre d'architecture religieuse rationnelle en béton armé, due aux architectes français Auguste et Gustave Perret. Sainte-Suzanne est la première église de Bruxelles à être construite entièrement en béton armé. L'idée est de créer une atmosphère de clarté et de lumière symbolisant «l'Église Triomphante»: l'architecte fait du bâtiment une immense verrière supportée par dix piliersSupport vertical de plan carré. déterminant une croix grecque et supportant une imposante tour.

Les fondations sont entamées en janvier 1926 et la première pierre est posée le 09.05.1926. Placée à l'intérieur de la tour à droite de l'entrée, celle-ci est gravée d'un chronogramme. L'église est ouverte au public le 11.08.1928, jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. de la fête de sainte Suzanne. Le 14.06.1930, la fabrique d'église accepte définitivement la donation du terrain et des constructions. Le parachèvement intérieur se poursuit toutefois jusqu'en 1963 et ce n'est qu'après la mise en place des vitraux actuels que l'église est dédicacée par le cardinal Suenens, le 01.05.1963.

Description

Plan

Devancée d'une allée carrossable et d'un jardinet triangulaire, église sous toitures plates, composée de différents volumes de plan carré: une vaste nef à laquelle sont accolés symétriquement un chœur de même hauteur à l'arrière et une tour à l'avant. Dans les quatre angles, volumes carrés de moindre hauteur, logeant notamment chapelles, autels, sacristie et baptistère. Accessible par des rampes extérieures desservant une cour anglaise, sous-sol prévu pour abriter divers locaux, dont une vaste salle de fêtes, des locaux de patronage, une consultation médicale gratuite et un jardin d'enfants.

Avenue Gustave Latinis 50, église Sainte-Suzanne, plan d'implantation, © AAM/fonds Jean Combaz.

Extérieur

Élévation en grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. d'Andenne et béton, partiellement recouvert de simili-pierreEnduit dont la couleur et la texture imitent la pierre de manière très convaincante, avec généralement des joints factices remplis de mortier gris. de ton rose. SoubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. en marbre Rouge Royal à bossages rustiques. Façade rythmée de pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. rainurés. Vastes baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaires. Façade principale percée de trois portails inscrits chacun dans une arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. chantournée et précédés de rampes et passerelles surplombant la cour anglaise. Réalisées par le ferronnier d'art J. Sillen-Sizaire, portes monumentales en bronze peint, ornées de médaillonsCartouche rond ou ovale. représentant des feuilles de laurier enserrant deux lettres «S» (Sancta Suzanna) et le glaive du martyre. Tour carrée servant de clocher, de quatre niveaux de taille dégressive, les deux derniers à angles coupés, surmontée d'une croix en béton évidée pour pouvoir être éclairée. Claustras en béton, garnissant les fenêtres à vitraux et des garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... d'attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement..

Avenue Gustave Latinis 50, église Sainte-Suzanne (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Intérieur

Dans le tambourRelié à l’axe du moteur, cylindre rainuré sur lequel s’enroulent et se déroulent les câbles de traction de la cabine et du contrepoids. d'entrée, deux inscriptions commémoratives mentionnant le nom de la donatrice, l'hommage à sa fille et la date de construction de l'église.

Avenue Gustave Latinis 50, église Sainte-Suzanne, vue vers le choeur (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Peint à l'origine en blanc, l'intérieur de l'église fut repeint en rouge-mauve et le plafond en bleu foncé sur les conseils de l'architecte Simon Brigode dans les années 1970. Depuis, les murs ont retrouvé une tonalité claire. Ils sont couverts d'un lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. bas en marbre de Barvaux et le sol est carrelé aux trois couleurs du drapeau belge. Plafond plat à caissons percés chacun d'un lanterneau en croix à claustra. Tour et volumes latéraux occupés par un jubé, surmonté dans la tour par un second, transformé en tribune d'orgue en 1962 (facteur Pels-D'Hondt). Conçus pour accueillir les chœurs masculin et féminin, ces deux jubés étaient à l'origine bordés d'un garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... à claustra. Chœur à chevet ajouré à l'origine d'une grande baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. destinée à opposer aux fidèles un puissant contrejour. Ce dispositif, ainsi que l'éclairage zénithal de l'autel, ont été supprimés dans les années 1950 par les autorités ecclésiastiques qui estimaient que «l'éblouissement des fidèles nuisait au bon déroulement des cérémonies religieuses». Des balcons à garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... à claustra se trouvaient en outre à l'origine de part et d'autre de l'autel. En travertin et marbre noir, ce dernier est de facture tardive. L'originel, surmonté de statues, avait déjà été remplacé en 1937 par un autre, créé par les Ateliers d'Art de l'École des Métiers d'Art de l'Abbaye de Maredsous et complété par un ciborium. Celui-ci fut démoli dans les années 1960; seules ses bases sont conservées, ainsi que sa grande croix, placée au-dessus de l'autel. Flanquant ce dernier, quatre autels secondaires, dont celui de la Vierge à gauche et celui de saint Joseph à droite. Ambons en marbre de 1935 (Ateliers d'Art de Maredsous) de part et d'autre du chœur. Orgue de chœur (Klais, 1930). Confessionnaux en bois de style Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs. le long des murs latéraux de la nef.

Avenue Gustave Latinis 50, église Sainte-Suzanne, vue du choeur dans son état primitif, AVB/CP.

Volume situé à droite de la tour abritant le baptistère à l'origine, transformé en chapelle de semaine en 1975 et séparé de la nef par un vitrail enchâssé dans du béton. Créés par les Ateliers d'Art de Maredsous, fonts baptismaux aujourd'hui placés dans la nef, devant le vitrail. En 1976, volume situé à gauche de la tour aménagé en une salle d'accueil close d'un mur vers la nef.

Avenue Gustave Latinis 50, église Sainte-Suzanne, vitrail représentant la sainte Église (photo 2012).

Église agrémentée dès l'origine de vitraux, figuratifs et non figuratifs, dessinés par le chanoine Armand Thiéry. Ceux-ci furent critiqués non seulement sur le plan esthétique, mais aussi liturgique car ils représentaient trop de personnes récemment décédées. La plupart furent donc retirés. Deux de ces vitraux, figurant l'église Sainte-Suzanne et datés l'un de 1914 et l'autre de 1928, subsistent à gauche et à droite de la tour; deux autres de la même époque éclairent encore le chœur, l'un avec la devise du cardinal Mercier, «Apostolus Jesu Christi», l'autre avec celle du cardinal Van Roey, «In nomine Domini». Quant aux vitraux non figuratifs de Thiéry, composés de simples verres de couleur et réalisés par les ateliers Charlier, leur tonalité fut jugée beaucoup trop vive et ils furent progressivement remplacés à partir de 1945; trois imposantes verrières subsistent toutefois à l'intérieur de la tour. La majorité des grands vitraux actuels furent placés de 1950 à 1956; ils sont dessinés par Simon Steger et réalisés par le maître-verrier Jacques Colpaert. De l'entrée vers le chœur, ils représentent: à gauche, la sainte Trinité, la sainte Église et Notre-Dame; à droite, la Nativité, la Passion et la Dernière Cène. De petits vitraux, également par Simon Steger, ont été réalisés par le maître-verrier Huet de Hoogstraeten pour l'ancien baptistère. Ceux qui surmontent les autels de la Vierge et de saint Joseph, figurant les instruments de la Passion et les plaies du Christ, furent réalisés en 1957.

Classement 27.03.2003.

Sources

Archives
AAM/Fonds Jean Combaz.
ACS/Urb. 127-50.
ACS/Bulletin communal de Schaerbeek, 1925, p. 737; 1928, pp. 152-168, 289-302.

Ouvrages
LAMBRICHS, A., «L'Art Déco religieux», in: L'architecture Art Déco Bruxelles 1920 1930, AAM éditions, 1996, pp.58-59.
SPAPENS, C., L'église Sainte-Suzanne à Schaerbeek, CIDEP, 2003.

Périodiques
FLOUQUET, P.-L., «Églises en béton. Sainte Suzanne à Schaerbeek, archit. Jean Combaz», Bâtir, 40, 1936, pp. 590-591.

Sites internet
Orgues en Région de Bruxelles-Capitale, Orgue moderne de choeur (Klais, 1930)