Typologie(s)

église/cathédrale/basilique
monastère/abbaye/couvent

Intervenant(s)

Jean-Baptiste BETHUNEarchitecte1869-1874

M. L. GILDEMYNarchitecte1869-1874

HANSOTTEarchitecte1883

François CORNELISarchitecte1925

Statut juridique

Inscrit à l’inventaire légal le 19 août 2024

Styles

Néogothique

Inventaire(s)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2009-2011

id

Urban : 19734
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Description

Édifice religieux de style néogothiqueLe style néogothique (à partir de 1860 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes ogivales et verticales issues du moyen-âge gothique. Le style néo-Tudor s’inspire plus particulièrement du style gothique teinté de Renaissance qui fleurit en Angleterre sous le règne des Tudors. et bâtiment conventuel, construits respectivement en 1874 et 1884.

Historique
L'église et le couvent ont été construits à l'emplacement de la propriété du lieutenant colonel Charles-Joseph Claret, qui l'avait héritée en 1842 de ses parents, Jean-Joseph Claret et Anne-Marie de Gernier (1809).
Le 17.06.1867, peu après la mort du colonel Claret, son fils aîné Edmond, officier de cavalerie, vend la maison de campagne avec son jardin à mademoiselle de Thomaz qui désire la destiner à une œuvre d'église. Cette œuvre doit consister en la création, dans le quartier Léopold –nouvellement créé et encore isolé–, d'une résidence et d'un lieu d'études pour les religieux de la congrégation des Pères du Saint-Sacrement, fondée à Paris en 1856 par le père Pierre-Julien Eymard.
Le projet de mademoiselle de Thomaz est approuvé le 18.10.1867 par le cardinal Sterckx, archevêque de Malines. En novembre de la même année, la congrégation s'installe dans la propriété et ouvre une chapelle au rez-de-chaussée de l'ancienne maison des Claret. La construction d'une nouvelle église débute durant l'été de 1869, grâce à la générosité de mademoiselle de Thomaz. Les plans sont confiés à l'architecte Jean-Baptiste Bethune, cofondateur de la première école Saint-Luc.

Lors de la construction de la sacristie et de l'église –dont la première pierre est posée le 03.10.1869– les plans de Bethune subissent, à l'insu de ce dernier, des modifications radicales par l'architecte-entrepreneur gantois M. L. Gildemyn. L'édifice est consacré le 03.09.1874. La crypte, alors inachevée, n'est livrée au culte que le 01.05.1875.

À cette époque, l'église présente une disposition très différente de celle qu'elle offre aujourd'hui. Le bâtiment, dépourvu de ses actuels bas-côtés et avant-corps servant d'entrée, superposait deux églises selon un principe qui sera repris ensuite dans d'autres lieux de culte construits par la congrégation: une église supérieure et une église inférieure ou crypte, soit un espace relativement bas et peu éclairé par de petites fenêtres, permettant la pratique du culte les jours1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. où l'on s'occupe notamment de l'entretien de l'église supérieure. L'église supérieure était accessible par une rampe depuis une cour latérale qui la reliait également au couvent provisoire (le niveau de cette église supérieure correspondant à peu près au point d'aboutissement des arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. d'ogives donnant actuellement accès aux bas-côtés).
L'édifice fut positionné non pas à front de chaussée ou de manière totalement parallèle à celle-ci, mais légèrement en diagonal car les pères avaient exigé que l'église soit tournée vers l'Orient.

La transformation de l'église est envisagée à peine sa construction achevée car sa conception intérieure ne séduit et donc n'attire pas les fidèles. Les travaux, qui débutent en mai 1883, sont confiés à l'architecte bruxellois Hansotte qui supprime le sol séparant les deux espaces afin de les unifier en un seul et unique vaisseau. Pour contrebalancer l'important effet de hauteur ainsi créé, il ajoute des bas-côtés et, pour reprendre la fonction initialement dévolue à la crypte, construit, en annexe et sur la droite, une chapelle secondaire (dédiée à Sainte-Madeleine). C'est également lors de ces travaux qu'est construit l'avant-corps servant d'entrée. Les fêtes d'inauguration officielle de la nouvelle église ont lieu du 15 au 22.11.1883 tandis que les travaux s'achèvent durant l'été 1886.

Chaussée de Wavre 203-205, église des Pères du Saint-Sacrement, le jardin du couvent, s.d (Collection de Dexia Banque).

En même temps (1883), la congrégation entame l'édification d'un véritable couvent dans la prolongation de l'église, en remplacement du couvent provisoire qu'elle occupait jusque-là. Le terrain sur lequel prend place le nouvel édifice étant en pente jusqu'à la rue, d'importants travaux de déblais et de terrassements sont réalisés et les terres de déblai utilisées pour combler la pente de terrain et ainsi agrandir le jardin. La construction d'un mur de soutènement vers la rue du Viaduc s'impose mais celui-ci cède rapidement et s'écroule sur la rue. La construction d'un nouveau mur est autorisée en septembre 1885 par la commune qui impose des fondations plus importantes.

La congrégation réalise, par la suite, divers travaux. En 1925, elle commande à l'architecte François Cornélis la construction d'une petite chapelle polygonale dédiée à Eymard (à hauteur du transept, sur la droite). En même temps elle fait bâtir, à front de la chaussée de Wavre et dans la prolongation du bas-côté gauche de l'église, une aile en briques rouges de deux niveaux, sous toiture en bâtièreToit à deux versants..

Chaussée de Wavre 203-205, église des Pères du Saint-Sacrement, élévation côté chaussée de Wavre, ACI/Urb. 317-203-205 (1925).

En 1932, un étage supplémentaire est ajouté au bâtiment annexe implanté à l'arrière de l'église et de la chapelle secondaire de Hansotte (architecte A. Dankelman).
En 1976, le volume intérieur de l'église est profondément modifié par la pose d'un faux plafond et d'un mur de séparation raccourcissant le chœur (architecte Georges Pepermans).
En 2003, l'église fait l'objet d'une rénovation (architecte Louis de Beauvoir): démolition du faux plafond et du mur de séparation du chœur qui avaient été ajoutés en 1976; dérochage des murs intérieurs; ravalement des façades extérieures; remise en état du clocher et des cloches; restauration des vitraux, en grande partie d'origine.

Description
Église
Non orientée de plan basilical: nef de trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. longée de part et d'autre de bas-côtés et prolongée, au-delà d'un transept, d'un chœur polygonal. CroiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. du transept surmonté d'une tour. Elle est construite en briques rouges, agrémentée d'un décor simple en pierre bleue.
Corps principal précédé d'un avant-corps à pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. triangulaire recevant une ouverture gothique. Mur du corps principal percé d'une rosace centrale; au-dessus, niche abritant une sculpture du Christ.
Façades latérales offrant une suite de verrières gothiques et de contreforts. À droite est accolée une chapelle, dotée d'un avant-corps percé d'un portail et d'une fenêtre haute à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. d'ogive. Corniche soulignée d'une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. d'arceaux.

Intérieur
On pénètre dans l'église par le porche d'entrée où un vestibule accueille, sur la droite, un escalier en bois menant à la tribune d'orgue; passé le narthex, au sol, inscription en mosaïque «Venite Adoremus».
La nef, très haute, s'élève sur deux niveaux: un niveau d'arcadesBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. ogivales surmonté d'un niveau de fenêtres hautes (lancettes groupées par trois et surmontées d'une rosace dans la nef, groupées par deux dans le chœur). De minces colonnettes reçoivent les nervures des voûtes des différents espaces et des arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. des collatéraux.

Chaussée de Wavre 203-205, église des Pères du Saint-Sacrement, intérieur (vers le chœur).

À hauteur de la croiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit., le bras droit du transept est percé d'une série de trois arcadesBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. menant à la petite chapelle polygonale dédiée au père P.-J. Eymard (1925).

Chaussée de Wavre 203-205, église des Pères du Saint-Sacrement, plan de l’église lors de la construction de la chapelle dédiée au père Eymard, ACI/Urb. 317-203-205 (1925).

La tribune d'orgue, au-dessus de l'entrée, est précédée d'un garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en pierre ajouré d'inspiration gothique et abrite un orgue à consolePièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. de style romantique, daté 1906 (facteurs Friedrich Goll & Cie). Un deuxième orgue sans buffet moderne, de 1992, se situe au-delà du transept, dans une chapelle sur la gauche.

L'église est dépourvue de décor; de l'important mobilier d'origine composé d'autels, d'un banc de communion en marbre, de statues et d'une chaire de vérité, seuls subsistent des vitraux et un confessionnal.

Couvent
Composé de deux corps de bâtiments rectangulaires de quatre niveaux, dont les sobres façades de briques rouges comptent cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.. Toiture en bâtièreToit à deux versants. percée de lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres..

Bâtiments annexes
Dans la prolongation du bras gauche du transept, à front de la chaussée de Wavre, aile en briques rouges de deux niveaux, sous toiture en bâtièreToit à deux versants. (1925). Elle est percée d'une série d'étroites fenêtres ogivales (grillagées) au premier niveau et, au second, d'une série de fenêtres à linteauÉlément rectiligne d’un seul tenant, en pierre, bois, béton ou métal, couvrant une baie. de pierre sur coussinetsPierres de taille formant saillie profilée dans l’embrasure de la baie. Ils sont situés au sommet des piédroits et portent un linteau ou un arc..
À droite de l'église, en intérieur d'îlot, bâtiment rectangulaire fortement modifié et dont le dernier étage fut ajouté en 1932 (architecte A. Dankelman).

Sources

Archives
ACI/Urb. 317-203-205.
ACI/Urb. 306-fonds non classé, dossier avant 1900 (1885).

Périodiques
DUCHESNE, A., «Chaussée de Wavre à Ixelles là où un couvent a remplacé la propriété du colonel Claret», Mémoire d'Ixelles, 23-24, 1986, pp. 4-18.

Sites internet
Pour les orgues
voir : Orgues en Région bruxelloise sur le site http://www.monument.irisnet.be/