Typologie(s)

hôtel de ville/maison communale

Intervenant(s)

Marnix D'HAVELOOSEsculpteur

Victor ROUSSEAUsculpteur

Georges VANDEVOORDEsculpteur

Lucien HOFFMANsculpteur

Jean-Baptiste DEWINarchitecte1935-1939

Jean CANNEELsculpteur

Paul STOFFYNsculpteur

Jacques MARINsculpteur

Maurice WOLFsculpteur

Fernand DEBONNAIRESsculpteur

Antoine VRIENSsculpteur

Joseph WITTERWULGHEsculpteur

Statut juridique

Classé depuis le 22 octobre 1992

Styles

Art Déco

Inventaire(s)

  • Actualisation permanente de l'inventaire régional du patrimoine architectural (DPC-DCE)
  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Forest (DPC-DCE - 2014-2020)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2016-2019

id

Urban : 28985
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Description

Hôtel communal de style Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs., architecte Jean-Baptiste Dewin, 1935-1939.

Historique

Les locaux de l’administration communale de Forest étaient à l’origine situés dans un bâtiment inauguré en 1828, à l’actuelle rue de Barcelone. Ils comprenaient l’école primaire et le logement de l’instituteur, ainsi que la pompe à incendie, le logement du garde champêtre, le corps de garde et une prison provisoire. En 1893, une nouvelle école est bâtie rue du Dries, libérant ainsi des locaux pour les services communaux. Il s’agissait d’un bâtiment de style néoclassique, au rez-de-chaussée à bossages et à l’étage percé de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arc en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. (surhaussé d’un étage durant la deuxième moitié du XIXesiècle).

Chaussée de Bruxelles, ancienne maison communale, Collection Belfius Banque - Académie royale de Belgique ARB-urban.brussels.

Au début du XXesiècle, Forest connait une forte croissance démographique. En 1919, le Conseil communal, à l’étroit dans ses locaux, veut doter la commune d’un édifice adapté à ses besoins. En premier lieu, de grandes annexes arrière sont construites. Ensuite, en 1925, l’architecte Jean-Baptiste Dewin est chargé d’un nouvel agrandissement du bâtiment existant. Dès l’année suivante, le projet évolue vers la reconstruction complète du bâtiment. Mais la Commune, en difficulté financière, ajourne la réalisation du projet. Cette attente aura un effet favorable sur le projet. En effet, durant les années suivantes, le commanditaire précise ses désidérata: notamment un campanile et des sculptures évoquant le passé de la commune. Le plan est réalisé en étroite collaboration avec l’échevin des Travaux publics, Léon Wielemans, et l’ingénieur en chef de la commune, Paul Van Ysendyck. Avec Dewin, ils visitent le palais du Midi à Bruxelles et les maisons communales de Laeken et Schaerbeek. Le cahier des charges est précis: distinction entre salle des mariages et salle du Conseil, dissociation des entrées, nécessité d’une grande salle des guichets, bureaux des échevins à l’étage, etc. De cette étroite collaboration ressort un plan fonctionnel et intelligent.

Hôtel communal de Forest, élévation de la façade principale, CIVA, Fonds Dewin.

L’emplacement du futur hôtel communal est également longuement discuté. Plusieurs lieux sont envisagés mais lors d’une manifestation, la population fait savoir qu’elle souhaite son maintien dans le centre. On démolit alors l’ancienne maison communale ainsi que le presbytère de l’église Saint-Denis voisin. Les services administratifs s’installent temporairement au château Vimenet (voir avenue Zaman).
En 1929, un projet très proche de ce qui sera réalisé est remis par Dewin. En raison de la crise économique, la construction est de nouveau retardée. En 1934, la commune commande à Dewin une maquette de son projet. Le 19.05.1935, la première pierre est posée. Trois ans plus tard, le 09.07.1938, le nouvel hôtel communal est inauguré par le bourgmestre Omer Denis en présence du premier ministre Paul-Henri Spaak et du bourgmestre de Bruxelles Adolphe Max. De nombreux détails décoratifs (les sculptures, les vitraux) ne seront prêts que l’année suivante.
C’est un projet important pour Dewin, forestois d’origine. À l’époque, en dehors des bâtiments privés, il a déjà réalisé plusieurs bâtiments à vocation médicale. Durant cette période, il réalise également l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles. Il est à l’apogée de sa carrière. Conçu dans le style Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs., l’hôtel communal de Forest arbore une évidente filiation avec le palais Stoclet –que Dewin avait visité en 1912– notamment par la tour décentrée, percée de longues baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. verticales et ornée de sculptures. Sa conception de l’hôtel communal est tournée vers la modernité tout en rendant hommage aux prestigieux édifices du passé. Ainsi le choix des matériaux (la brique et la pierre bleue), la haute tour, l’abondance de sculptures évoquent les hôtels communaux médiévaux ou de style néo-renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes).. Mais la couleur des briques, la forme de la tour, l’iconographie renouvelée des sculptures sont, elles, très modernes.
La construction de l’hôtel communal a laissé un important espace non bâti à l’arrière de celui-ci, en contre-bas du chemin de fer. L’idée d’y installer un nouveau commissariat apparaît rapidement. Le 25.04.1967, le Conseil communal approuve la construction d’une annexe. Un bâtiment (rue du Curé 30), sans aucun lien formel avec l’hôtel communal, est construit en 1971 (architectes Van Antwerpen et Vermeulen) pour abriter à l’origine les services communaux de police, des travaux publics et du cadastre, des ateliers et des garages.

Chaussée de Bruxelles 59, hôtel communal en cours de construction, 05.08.1935, Collection Robert Spileers.

Le 22.10.1992, l’hôtel communal de Forest est le premier bâtiment de Dewin à être classé. Depuis fin 2013, il subit une restauration qui a débuté par une phase portant sur l’enveloppe extérieure et se poursuit actuellement par la deuxième phase portant sur l’intérieur.

Plan

Plan en H renversé articulé autour de deux fonctions: l’apparat et le service public. À ces deux fonctions correspondent deux entrées distinctes. L’entrée de prestige se situe sur la façade principale, sous la tour, vers la chaussée de Bruxelles et dans l’axe du Monument aux morts de la guerre 1914-1918 du square Omer Denis (voir square Omer Denis). Elle donne accès à la salle des fêtes et des mariages au rez-de-chaussée et, par l’escalier d’honneur, à la salle du Conseil et au bureau du bourgmestre situés à l’étage. Ces espaces, ayant tous vue sur la chaussée de Bruxelles, sont traités dans des matériaux nobles similaires: marbres noirs et blancs, hauts lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. en bois. L’entrée du public se situe sur la façade latérale, dans la rue du Curé. Elle donne accès au grand hall des guichets où sont rassemblés les différents services au public. À l’étage en mezzanine se trouvent les bureaux des échevins. Ces deux entités sont autonomes mais des communications sont possibles entre ces espaces selon la nécessité.

Hôtel communal de Forest, plan du rez-de-chaussée, CIVA, Fonds Dewin.

Description

Élévation de deux niveaux en briques orangées abondamment rehaussée d’éléments en pierre bleue; haute toiture (en pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. sur les ailes latérales) percée de multiples lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. passantes. Les façades sont devancées de cours basses, certaines clôturées de murets et garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en ferronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux..
Façade principale vers la chaussée de Bruxelles composée de sept travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.. La première est percée de l’entrée d’honneur, devancée d’un porche, et est surmontée d’une tour de base carrée. Dernière travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général. surmontée d’une lucarne-pignon. Balcon continuUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées. clos de désÉléments de pierre de section sensiblement carrée ou rectangulaire, disposés généralement aux angles d’un balcon. en pierre enserrant des grilles en ferronnerie.
En façades latérales, avant-corps d’un niveau au centre de la façade. Vers la rue du Curé, entrée du public devancée d’un porche.
En façade arrière, trois avant-corps d’un niveau.
Portes vitrées et châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. métalliques d’origine (restaurés).

Chaussée de Bruxelles 59, hôtel communal de Forest, tour (photo 2016).

Décor sculpté

Onze sculpteurs sont intervenus dans le cadre du programme de sculptures extérieures, qui n’a été mis au point de manière définitive qu’après le début de la construction du bâtiment. Les quatre groupes en bronze doré ornant les angles de la tour sont dus aux sculpteurs Jacques Marin et Marnix d’Haveloose. Ils représentent des guerriers, défenseurs des droits communaux, entourés de figures féminines. Les deux statues en pierre ornant la façade principale et représentant sainte Alène et une allégorie du Droit Communal sont dues au sculpteur Victor Rousseau. Des groupes en haut-relief ornant la balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire. en façade principale sont dus aux sculpteurs Jean Canneel et Lucien Hoffman. Les reliefs des piliersSupport vertical de plan carré. des deux porches sont dus au sculpteur Georges Vandevoorde. Cinq autres sculpteurs se partagent le travail des reliefs ornant les sorties de gouttière et les figures animalières flanquant les lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres.: Paul Stoffyn, Fernand Debonnaires, Maurice Wolf, Antoine Vriens et Joseph Witterwulghe.

Chaussée de Bruxelles 59, hôtel communal de Forest, reliefs de l’entrée principale (photo 2016).

Intérieur

Le mobilier de l’hôtel communal est entièrement conçu par l’atelier Dewin. Tout comme le traitement des sols et des murs, il est très clairement hiérarchisé selon les deux fonctions d’apparat et de service public des divers espaces.
L’ensemble des vitraux de grande qualité est conçu par le peintre Georges Baltus assisté de son fils Ado et réalisé par l’atelier de Florent-Prosper Colpaert et son fils Jacques. Leur iconographie évoque les métiers pratiqués à Forest et le monde forestier.

Classement le 22.10.1992.

Hôtel communal de Forest, grand hall, CIVA, Fonds Dewin.



Sources

Archives

CIVA, fonds Dewin
Rue du Curé 30: ACF/Urb.: 19406 (1969).

Ouvrages
HENNAUT, É. (dir.), Hôtel communal de Forest. Étude historique préalable à la restauration (non publiée), Archives d’Architecture Moderne, Bruxelles, 2006.
DE PANGE, I., Au cœur de Forest, MRBC, Bruxelles, 2008 (Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 47), pp. 32-47.

Périodiques
Bruxelles Patrimoines – Dossier Jean-Baptiste Dewin, n°10, 2014.
MAIRY, C., «La restauration de l’hôtel communal de Forest», Bruxelles Patrimoines, n°18, 2016, pp. 64-77.