Rue de l'Instruction

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue de l’Instruction est une longue artère qui relie le carrefour formé par la chaussée de Mons et la rue Van Lint à la rue de France, à hauteur de la place Victor Horta. Elle croise sur son parcours les rues Chomé-Wyns, des Goujons, Georges Moreau et Auguste Gevaert, puis le boulevard de la Révision et la rue Brogniez, et enfin les rues Eloy et Bara. Ses derniers mètres, aboutissant rue de France, se situent sur le territoire de Saint-Gilles.

L’artère forme la limite sud-ouest du quartier résidentiel imaginé par l’inspecteur-voyer Victor Besme pour Cureghem, dont le projet fut accepté par le Conseil communal en séance du 09.11.1863. Comprise entre la chaussée de Mons au nord-ouest et la nouvelle station du Midi au sud-est, la zone fit l’objet d’un projet définitif, dressé par Besme en décembre 1871 et janvier 1872, approuvé par le Conseil communal en séance du 21.03.1872 puis par l’arrêté royal du 01.05.1872. Quant aux artères qui s’embranchent sur la rue de l’Instruction au sud, elles ne furent ouvertes que dans le cadre du Plan de l’extension du Quartier de Cureghem, concernant le quartier de l’École de Médecine vétérinaire, dressé par le même Besme en 1890 et validé par l’arrêté royal du 01.07.1891.

Large de 18 mètres, la rue fut baptisée en séance du Conseil communal du 30.03.1874. Elle était jadis dotée de deux ponts, franchissant respectivement la branche intermédiaire de la Senne, peu avant la rue Brogniez, et la Senne elle-même, formant, peu après la rue Bara, la frontière avec la commune de Saint-Gilles. Les deux cours d’eau furent asséchés dans les années 1950 et la Senne fut voûtée sous la rue de France. Dans le dernier tronçon de la rue de l’Instruction, le bâti originel a été rasé dans le cadre des plans d'urbanisme qui ont bouleversé la physionomie du quartier de la gare du Midi à partir des années 1960 (voir rue de France).

Outre la Fabrique de Tresses et Lacets Torley (voir n^o 126-126a), qui s’y implante à partir de 1880, et quelques habitations érigées dans le dernier tronçon à la fin de la décennie, l’artère se bâtit essentiellement dans les années 1890 et 1900. Il s’agit de maisons de style néoclassique ou éclectique, parfois conçues en ensembles. Du premier style, citons les n^os21, 23 et 25, 31 à 35 ou encore 39 (1894), dont l’entrée cochère menait jadis à une écurie pour 15 chevaux. De style éclectique, pointons les n^os27 (1893), 90 (1895), avec écurie-remise arrière, 69 (1902), conçu en ensemble avec le n^o 71 et les n^os 15 et 17 rue Georges Moreau, ainsi que le n^o111, érigé avec le n^o 113 (réenduit). Les n^os 96, 98 et 100 ont pour leur part été conçus en 1905-1906 avec les n^os 27 à 35 de la rue Auguste Gevaert, par l’architecte L. Serrure pour l’entrepreneur François Peeters. De nombreuses habitations présentent un rez-de-chaussée commercial, comme les n^os8-10 (1895), 99 (1899), en ensemble avec le n^o 97, 24-26 (1900) et 5 à 11 (1907).

De nombreuses entreprises se sont en outre établies dans l’artère, dans des bâtiments arrière ou à front de rue, comme la fabrique Torley. Dans le premier îlot côté pair (n^o52-56), se trouvait l’usine à vapeur de Jules Leurquin, notamment spécialisé en toiles pour artistes-peintres. Elle avait été conçue en 1894 par l’architecte Hector Gérard, auteur de nombreuses maisons de la rue. Acquis par la Commune à la fin des années 1980, le complexe fut remplacé, avant 1996, par un vaste entrepôt abritant imprimerie, économat et archives.

À l’angle de la chaussée de Mons et de la rue Chomé-Wyns, côté impair, fut inaugurée, en 1906, l’École de Dessin et d’Industrie d’Anderlecht, auparavant implantée dans les locaux d’une école primaire communale au n^o 10 de la rue du Compas. D’inspiration Renaissance flamande, cet imposant établissement fut démoli vers 1971.