Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireAxe majeur du quartier Tenbosch, la rue du Bailli relie l'avenue Louise au parvis de la Trinité. Elle est partagée entre les territoires de Bruxelles et d'Ixelles (nos 33 à 97 et 36 à 104). Sur Ixelles, elle croise les rues Faider et Simonis. L'église de la Trinité est bâtie entre 1894 et 1908 dans sa perspective (voir parvis de la Trinité).

Le tracé de la rue est en grande partie fixé par l'arrêté royal du 20.02.1864 qui fixe le Plan général d'alignement pour l'ouverture de rues et places sur le territoire compris entre l'avenue du Bois de la Cambre et les chaussées de Waterloo et de Charleroi, soit le plan du quartier dit Ten Bosch. L'implantation de l'église de la Trinité donne naissance à un nouvel aménagement urbain qui prévoit « le prolongement de la rue du Bailli, entre les rues Simonis et de l'Amazone, la création d'un parvis circulaire devant l'église de la Sainte-Trinité et l'ouverture d'une rue latérale (côté est) », suivant l'arrêté royal du 10.02.1897.

La rue reçoit le nom de rue du Bailli –  tout comme sont alors dénommées les rues du Châtelain, du Page, du Prévôt, du Tabellion et du Magistrat – en souvenir de l'époque où une partie de la commune d'Ixelles formait une châtellenie (terres placées sous la juridiction d'un seigneur châtelain). Le bailli était un agent du duc chargé d'affaires administratives et judiciaires.

L'ensemble du bâti est érigé entre 1889 et 1901 et se compose essentiellement d'immeubles de style éclectique ou d'inspiration néoclassique, cette tendance notamment illustrée par les bâtiments d'angles (voir no 77, presque identique aux immeubles érigés aux autres angles du carrefour (nos 79 et 84), tous vers 1890). La rue a largement conservé sa physionomie ancienne, faite notamment de maisons de composition symétrique. Citons notamment le no 38 (vers 1900), le no 58 (1889), le no 63 (1892), le no 78 (1889), le no 86 (1891). Des maisons de plus petit gabarit, de deux niveaux et deux travées, s'y mêlent comme par exemple les nos 48, 59, 76, 92. Certaines maisons, plus importantes, comptent cinq travées et sont dotées d'une entrée cochère (voir no 52 ; no 62 de 1894). Les enfilades sont interrompues par deux immeubles à appartements, bâtis durant l'entre-deux-guerres : l'un de style Art Déco, conçu par l'architecte Lagache (voir no 29), l'autre de style moderniste, dessiné par l'architecte Jacques Saintenoy (no 44 de 1936). Dès l'origine, la rue répond à une vocation commerciale qui s'amplifie dans les années 1930, durant lesquelles de nombreux rez-de-chaussée sont modifiés en magasin. Bien que la plupart des vitrines aient souvent été remises au goût du jour, quelques devantures anciennes sont conservées. Mentionnons notamment celles des nos 49, 51 (1894), 61 (1896), 63 (1892), 75 (voir ce numéro), 93 (1909), 95 (voir ce numéro) et au no 102 (vers 1890) où la vitrine n'est pas d'origine mais date de 1925 environ.

On remarquera également l'enfilade de style éclectique allant du no 33 (voir ce numéro) au no 43, qui comprend notamment un ensemble de trois maisons analogues, dessinées par l'entrepreneur saint-gillois Gilion Wittebort (no 35 à no 39, 1890). La rue se clôture, du côté impair, par une belle enfilade d'immeubles de rapport de style éclectique – no 91 (vers 1890), no 95 (voir ce numéro), no 97 (1909) – réalisant la transition avec la typologie des immeubles du parvis de la Trinité.

À l'arrière du no 66-68, le cinéma Idéal prend place dès 1910. En 1928, il est rebaptisé Théâtre du Film et la salle est agrandie et dotée d'un balcon. Bien dissimulée aujourd'hui, l'entrée se fait par la droite, dans l'actuelle droguerie. Le cinéma, dénommé Le Mogador après la Seconde Guerre, voit sa fermeture en 1971.
Entre les rues de l'Amazone et Simonis prenait place le manège des tramways bruxellois, un vaste complexe dont la majeure partie avait été conçue en 1881 pour la « Compagnie des petites Voitures de Place ». Vers 1900, lors de l'édification du parvis de la Trinité, une grande partie des bâtiments est démolie, côté rue du Bailli. Ne sont d'origine que les bâtiments de la rue de l'Amazone (voir Inventaire du patrimoine de Saint-Gilles, rue de l'Amazone no 35-51).

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925). ACI/TP 1, 289.
ACI/Urb. 43 : 32-43 ; 58 : 32-58 ; 59 : 32-59 ; 61 : 32-61 ; 62 : 32-62 ; 63 : 32-63 ; 68 : 32-68 ; 75 : 32-75 ; 78 : 32-78 ; 86 : 32-86 ; 97 : 32-97.

Ouvrages
BASTIJNS, C., Ixelles. Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, ERU asbl, Bruxelles, 1990, pp. 139-145.
DEBLIECK, D., VAUTHIER, E., et al., Inventaire des salles de cinéma de la Région de Bruxelles, La rétine de plateau asbl, Bruxelles, 1994, fiche 112.
HAINAUT, M., BOVY, Ph., Le quartier Tenbosch (2), Commune d'Ixelles, Bruxelles, 1999 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 5), pp. 16-17.
Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles. Ixelles, AAM, Bruxelles, 1980-82, fiche 90.
Manège des Tramways bruxellois, La Fonderie ASBL Patrimoine immobilier industriel et social bruxellois, 1992, fiche 95.