Recherches et rédaction
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue du Tivoli relie la rue Claessens à la place de la Maison Rouge, croisant sur son parcours la rue de Wautier, à partir de laquelle elle oblique vers le nord.
L’artère trouve son origine dans deux anciennes voies figurant déjà sur la carte de J. van Deventer dressée vers 1550: baptisée Tivoli Straet sur le plan de P. C. Popp de 1866, la première débutait au canal de Willebroek, au sud du pont de Laeken, et bifurquait à hauteur de la future rue Claessens pour rejoindre la seconde, dite Hol Straet (rue Creuse), aboutissant au carrefour qui deviendra la place de la Maison Rouge. La rue du Tivoli est redressée par l’arrêté royal du 15.07.1874. C’est peu après, entre 1876 et 1882, qu’elle englobe la rue Creuse, qui devient alors son troisième tronçon.
La rue doit son nom à un cabaret champêtre dénommé Le Tivoli, établi à l’est du premier tronçon de l’artère et qui figure déjà comme tel sur la carte de G. de Wautier gravée en 1810. Cet établissement s’était installé dans un ancien castel seigneurial, dénommé château de Zandberg ou Santberg, déjà représenté sur la carte de J. van Deventer (vers 1550). Celui-ci était notamment doté d’une tour défensive implantée au milieu d’un plan d’eau. Il fut vendu aux Jésuites de Bruxelles en 1605, ce qui lui valut le nom de Château des Jésuites. Reconverti en cabaret au début du XIXe siècle, il fut baptisé d’un nom sans doute emprunté aux Jardins de Tivoli, un parc d’attraction parisien ouvert dans les années 1790.
En 1877, en vue du percement de l’avenue de Tour et Taxis (future avenue du Port) et de la rue de Ribeaucourt (future rue Claessens), le Tivoli fit l’objet d’une procédure d’expropriation par la Commune de Laeken. L’ensemble fut démoli en 1888. Quant au premier tronçon de la rue du Tivoli, entre le canal et la rue Claessens, il fut supprimé par arrêté du Collège du 02.10.1900. En remplacement fut percé un nouveau tronçon, cette fois dans l’axe du second, débutant avenue du Port, par décision du Collège bruxellois du 15.01.1912. Ce court tronçon fut toutefois rebaptisé rue Olivier Brunel le 13.07.1914.
Les deux tronçons que compte aujourd’hui l’artère se bâtissent essentiellement entre 1873 et les années 1900, de maisons pour la plupart de style néoclassique et dotées d’un atelier ou entrepôt arrière. Citons, parmi elles, les nos15, 21 (1892), 42 et 44. À l’angle de la place, deux petites maisons éclectiques (nos52 et place de la Maison Rouge 3) se partagent une parcelle triangulaire (architecte Charles Vosch, 1903). Plusieurs immeubles, sinistrés durant la Seconde Guerre mondiale, ont été restaurés ou reconstruits.
Le premier tronçon de la rue côté pair était autrefois occupé par la résidence Sterckx, du nom du cardinal-archevêque de Malines Englebert Sterckx, qui avait acquis le terrain en 1854. Située à l’angle de la rue de Wautier, la propriété, une maison de campagne avec dépendances, est vendue en 1887 au marbrier Émile Losange puis en 1899 à la SA Canal et Installations maritimes de Bruxelles, avant de devenir propriété de l’État. Dans l’entre-deux-guerres, la demeure, implantée à l’arrière de l’actuel no10, abrite l’École communale primaire no36. En 1920, la Commune de Laeken lance un concours pour la construction d’habitations ouvrières et d’un établissement d’hydrothérapie sur le terrain de l’ancienne propriété. Le projet ne voit toutefois jamais le jour. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une grande partie du terrain est transformée en chantier-dépôt pour la Régie des Télégraphes et Téléphones, qui fait démolir l’ancienne demeure et ériger à front de rue un bâtiment à usage de dépôt de matériel et d’ateliers (no10). Celui-ci est reconverti en logements dans les années 2000. L’angle de la rue de Wautier se bâtit néanmoins, dans les années 1920 et 1930, de quelques maisons Art Déco, ainsi que d’un immeuble de même style (no22-24), conçu en 1929 par l’architecte François Van Stichel pour la Ligue des aviculteurs. En 1936, ce bâtiment, investi par la fabrique de punaises La Belgométallique, est transformé par l’architecte J. Van Camp. Celui-ci perce une porte piétonne à gauche et érige une annexe d’un niveau sur l’angle. Dans les années 1980, le bâtiment, devenu une mosquée, est à nouveau transformé, notamment au rez-de-chaussée, tandis qu’en 1991, l’annexe d’angle est dotée de trois étages.
L’angle de la rue de Wautier se bâtit néanmoins, dans les années 1920 et 1930, de quelques maisons Art Déco, ainsi que d’un immeuble de même style (no22-24), conçu en 1929 par l’architecte François Van Tichel pour la Ligue des aviculteurs.
Notons que le reste de ce vaste îlot, compris entre la rue Dieudonné Lefèvre, la rue Claessens et les rues de Molenbeek et de Wautier, est appelé à accueillir un nouveau quartier durable, baptisé Tivoli GreenCity, dont le chantier a débuté fin 2016 (Association momentanée ADRIANA – bureaux Atlante, CERAU, Atelier 55, YY Architecture, Atelier EOLE paysagistes). Il comptera près de 400 logements, deux crèches et des commerces, répartis autour de nouvelles voiries, dont une place.
Sources
Archives
AVB/Fichier rues.
AVB/IP II D1089 (1924-1933).
AVB/PP 2710 (1868).
AVB/TP 57149 (1873-1874), 53093 (1889-1891), 67134 (1920); 10: 44609 (1930-1933), 58436 (1946-1947); 21: Laeken 932 (1892); 22-24: 40314 (1929), 45204 (1936), 88997 (1981), 88996 (1983), 105635 (1991); 52: Laeken 5673 (1903); rue Creuse: Laeken 2931-2932 (1876).
Ouvrages
CAPRON, V., Les guinguettes de Laeken et leur disparition, janvier 2012, pp. 2-19.
COSYN, A., Laeken Ancien & Moderne, Imprimerie scientifique Charles Bulens, Bruxelles, 1904, pp. 18, 36, 139.
CULOT, M. [dir.], Bruxelles Hors Pentagone. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 48.
TRIBOT, J.-P., Bruxelles (Laeken, Neder-Over-Heembeek, Haeren), Guide des communes de la Région bruxelloise, CFC-Éditions, 2005, p. 18.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., Atlas du sous-sol archéologique de la région de Bruxelles. 24. Laeken, Direction des Monuments et des Sites – Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 2012, pp. 72-73.
PLATTON, R., Laeken. De Nekkersdal – La Vallée des Nutons (Quartier Drootbeek), 1989-1990, pp. 23-26, 43-45.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, pp. 1793-1796.
Périodiques
VAN DER ELST, W., «Tivoli», LACA Tijdingen, 1, année 12, septembre 2000, pp. 2-11.
Cartes / plans
VAN DEVENTER, J., Bruxelles et ses environs, vers 1550.
DE WAUTIER, G., Carte topographique de Bruxelles et de ses Environs, 1810.
POPP, P. C., Atlas cadastral de Belgique, plan parcellaire de la commune de Laeken avec les mutations, 1866.