Recherches et rédaction
1989-1994
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireReliant actuellement la rue Royale au boulevard du Régent, cette rue fut tracée par B. Guimard dans son projet d’ensemble du Parc et de ses abords (vers le Parc royal) afin de relier la rue Royale à la rue Ducale sur le côté Nord du parc. Ce tronçon s’appelait rue de Brabant à cause du palais qu’il était décidé d’y construire en 1778, dans l’axe de la grande allée Nord-Sud du Parc, pour accueillir les séances du Conseil de Brabant (voir Palais de la Nation). Ses extrémités étaient fermées à l’Ouest par l’impasse du Parc, à l’Est par une grille. Il prend le nom de rue de la Loi en 1797, sous le Régime français. Son prolongement vers l’Est, jusqu’à la deuxième enceinte, qui fera place au boulevard du Régent en 1821-1823, est dénommé Première rue Latérale par rapport aux futures rues Zinner et Lambermont, autres rues latérales créées par Guimard entre la rue Ducale et le rempart. Au-delà, elle sera prolongée, lors de l’aménagement du quartier Léopold à la fin des années 1830, sous le nom de rue de la Société civile, puis en 1853-1855, sous le nom de rue de la Loi, sur le territoire d’Etterbeek, jusqu’à la nouvelle plaine des manœuvres, qui sera transformée à partir de 1876 en parc du Cinquantenaire.
Au bord de la rue, face au parc, s’élèvent, au centre, autour d’une cour d’honneur, le Palais de la Nation et, à gauche et à droite, un ensemble strictement symétrique de façades néoclassiques dans le même esprit que les rues Royale et Ducale.
Du côté opposé, la clôture rectiligne du parc est interrompue par la place qui précède le Théâtre du Parc et le Vauxhall, implantés dans la partie Nord-Est du parc depuis 1782. Le tronçon Est de la rue présente, aux nos 9 et 18, deux bâtiments d’angle symétriques, de même type architectural que ceux de la rue Ducale. À l’angle du boulevard du Régent, il s’achève par des immeubles des années 1950-1960, qui tranchent par leur échelle et leur gabarit.
Nos 2 à 16. De part et d’autre du Palais de la Nation, deux ensembles symétriques d’hôtels de maître reliés par des bâtiments plus bas à portails, érigés en 1782-1785, en style néoclassique, sur les plans de B. Guimard.
Construits à l’origine, comme ceux de la place Royale, par des abbayes et des particuliers, ces immeubles seront progressivement rachetés par l’État, après 1830, pour abriter divers services ministériels. Certains, endommagés en 1830, ont été reconstruits à l’identique quant aux façades principales, mais en modifiant à l’arrière des bâtiments annexes. La plupart de ces extensions seront encore haussées au XXe siècle pour héberger une administration prolifique. Aujourd’hui, le Parlement et les ministères occupent tout l’îlot compris entre les rues de la Loi, Royale, de Louvain, H. Beyaert et Ducale.
Façades enduites et peintes avec éléments décoratifs en pierre bleue, rattrapant habilement, de l’une à l’autre, la dénivellation de plus de six mètres et modulant avec subtilité, deux par deux, caractères communs et variantes de part et d’autre de l’axe de symétrie. Rez-de-chaussée sur plinthe ajourée de soupiraux rectangulaires et animé de refends entre les fenêtres rectangulaires à appui saillant sur consoles sculptées accostant un panneau à boutons.
Pavillons d’angle de trois niveaux de hauteur dégressive. Façade principale de trois travées. Accent mis sur la travée axiale, dont le ressaut se prolonge dans le couronnement et s’achève par une lucarne percée d’un oculus sous larmier cintré, flanqué de pilastres et d’ailerons ; trumeaux animés de panneaux profilés ; bel étage mis en évidence par le balcon Louis XVI en pierre bleue, supporté par des consoles étirées décorées de rosaces et dont la balustrade ajourée d’entrelacs porte des vases ; porte- fenêtre à entablement à motifs stuqués. Architrave à fasces, frise de boulins, corniche sur modillons et consoles jumelées. Aux étages, fenêtres rectangulaires à encadrement à filets et allèges panneautées dans les travées latérales. Au rez-de-chaussée, à gauche et à droite, baies rectangulaires en creux à encadrement mouluré, timbré d’une clé en pointe diamant ; dans l’axe, baie surbaissée à encadrement similaire, inscrite dans une niche cintrée.
Hôtels de maître de sept travées plus larges, mais présentant les mêmes niveaux, traitement de façade, encadrements de fenêtres et décor. Au bel étage, une porte-fenêtre sous entablement dans chaque travée. Fenêtres supérieures frappées d’une clé à feuille d’acanthe. Travée d’accès marquée par un balcon. Couronnement par un attique ajouré Louis XVI.
Bâtiments de liaison d’un seul niveau, ajourés de baies rectangulaires, traversés de passages cochers menant vers les cours intérieures (et autrefois les écuries) et débouchant en façade, soit par deux portails à fronton, entre les pavillons d’angle et les hôtels intermédiaires, soit par un portail unique mais plus monumental, entre ces derniers et le Palais de la Nation. Façades couronnées par un attique, ajouré ou plein, orné de vases. Portails à fronton triangulaire porté par des consoles jumelées frappées d’un mufle de lion ; tympan orné d’une rosace ; porte à encadrement mouluré flanquée de panneaux cannelés. Portails monumentaux constitués par un ordre toscan de deux fois deux colonnes cannelées portant un entablement à architrave, frise de triglyphes et métopes, corniche à denticules et modillons; couronnement par un attique panneauté, animé de cannelures; porte à encadrement mouluré flanquée, entre les colonnes, de panneaux sculptés d’un trophée.