Typologie(s)
sculpture et monument commémoratif
fontaine
Intervenant(s)
Henri VAN MASSENHOVE – architecte – 1901
Guillaume LÖW – architecte – 1901
Charles VAN DER STAPPEN – sculpteur – 1900-1903
Statut juridique
Inscrit à l’inventaire légal le 19 août 2024
Styles
Inventaire(s)
- Inventaire d'urgence du patrimoine architectural de l'agglomération bruxelloise (Sint-Lukasarchief 1979)
- Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
- Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
- Le patrimoine monumental de la Belgique. Schaerbeek (Apeb - 2010-2015)
Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)
- Artistique La signature d’un bien immeuble (bâtiment) par un architecte de renom ne peut pas être considérée comme un critère absolu. Pour évaluer la place qu’un bien occupe dans l’œuvre d’un architecte, ce critère doit être modulé avec la qualité architecturale (composition et structure interne) du bien, sa mise en œuvre (matériaux, maîtrise technique) et la place qu’il occupe dans l’histoire de l’architecture, ces trois éléments pouvant témoigner d’une phase ou d’un aspect de l’architecture urbaine ou paysagère du passé. Les critères suivants s’appliquent alors pour évaluer l’intérêt artistique : la rareté (typologie, style, utilisation des matériaux, sources), la représentativité (idem) et l’intégrité (idem + qualité d’exécution).
- Esthétique Le bien possède un intérêt esthétique s’il stimule les sens de l’observateur de manière positive (l’expérience de la beauté). Historiquement, cette valeur était utilisée pour désigner des zones naturelles ou semi-naturelles de grande valeur, mais elle peut également s’appliquer à de grands ensembles de bâtiments dans une zone urbaine, avec ou sans éléments naturels, ou à des monuments qui marquent le paysage urbain. D’autres intérêts sont automatiquement pris en considération, l’artistique en premier lieu, mais aussi le paysager (intégration de l’œuvre dans le paysage urbain, points de repère dans la ville) et l’urbanistique (ensembles urbains spontanés ou rationnels). Les critères de sélection suivants lui sont également associés : la représentativité, la valeur d’ensemble et la valeur contextuelle. Ces critères doivent être combinés avec d’autres critères (notamment artistiques).
- Historique Le bien présente un intérêt historique s’il témoigne d’une période particulière de l’histoire de la région ou de la commune, s’il représente un témoignage d’une période particulière du passé et/ou d’une évolution rare pour une période (par exemple, une cité-jardin représentative d’un mode de construction utilisé lors des grandes campagnes d’urbanisation après la Seconde Guerre mondiale, les noyaux villageois illustrant les premiers bâtiments groupés des communes de la Seconde couronne, la Porte de Hal comme vestige de la deuxième enceinte, etc.), s’il témoigne d’un développement urbain (et/ou paysager) particulier de la ville (par exemple, les immeubles des boulevards centraux ou du quartier Léopold), s’il présente un lien avec un personnage historique important, y compris les maisons personnelles d’architectes et les ateliers d’artistes (par exemple, la maison natale de Constantin Meunier, la maison de Magritte), s’il peut être associé à un événement historique important (par exemple, les maisons datant de la reconstruction de Bruxelles suite au bombardement de 1695, la colonne du Congrès), ou s’il possède une représentativité typologique caractéristique d’une activité commerciale ou culturelle (par exemple, les églises, les cinémas, l’architecture industrielle, les pharmacies).
- Urbanistique Certains biens architecturaux ont joué un rôle prépondérant dans la planification urbaine par le passé. Ils suivent généralement d’autres formes (plans) urbanistiques, entraînant une interaction entre les espaces bâtis et non bâtis (ou ouverts). Cet aménagement comprend également la cohérence entre les différents niveaux d’échelle. Un bien immobilier possède un intérêt urbanistique lorsqu’il joue un rôle dans ce domaine. En voici quelques exemples : les bâtiments d’angle, les places ou les enfilades d’immeubles présentant une certaine cohérence, les tours (immeubles de grande hauteur) habilement implantées et leur relation avec leur environnement qualitatif immédiat, qui peut être cohérent mais aussi contrasté, ainsi que les vestiges de concepts urbanistiques et la manière dont ils sont ou ont été remplis architecturalement (et typologiquement), comme les palais urbains et/ou les maisons de maître éclectiques encore préservés dans le quartier Léopold.
Recherches et rédaction
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Description
Implantée sur une parcelle irrégulière en triangle effilé à l'angle de la rue Verwée, maison de style néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes). construite en ou après 1901, date de vente du terrain par la Commune, avec un projet de façade conçu en 1897 par les architectes Henri Van Massenhove et Guillaume Löw dans le cadre du Concours de façades organisé en 1897 par la Commune de Schaerbeek pour les maisons à ériger face à l'hôtel communal. Pour ce concours, les mêmes architectes conçoivent plusieurs maisons voisines (voir nos1, 2 à 8, 16-18, 17 et 20-22). Le demandeur est le géomètre-expert J. Matheussens, également commanditaire d'un autre angle de la rue Verwée (voir nos22 à 26). Le géomètre avait ses bureaux au no12. Sur l'angle, la façade intègre un monument-fontaine conçu par le sculpteur Charles Van der Stappen en l'honneur du peintre Alfred Verwée, décédé en 1895 dans la commune. Un subside est prévu pour la réalisation de ce monument, en vertu de la délibération du Conseil communal du 13.02.1900. L'œuvre est inaugurée le 17.05.1903.
La maison clôture une enfilade particulièrement cohérente d'immeubles de même style, débutant au no2.
Façade en briques rouges, rehaussée de pierre bleue et de pierre blanche. SoubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. à taille rustique. Immeuble de trois niveaux sous toiture à croupesUne croupe est un versant de toit qui réunit les deux pans principaux d’un toit à leur extrémité. Contrairement à la croupette, la croupe descend aussi bas que les pans principaux., comptant à l'origine deux travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. inégales de part et d'autre d'une travée biaiseTravée d’angle, située de biais, généralement à quarante-cinq degrés, par rapport au reste de l’élévation.. Le bâtiment était prolongé côté rue Verwée par un volume de deux niveaux, le premier en briques et pierre, le second formant jardin d'hiver en fer et verre. Ce dernier est remplacé par deux étages de même style que l'immeuble en 1946 (architecte Marcel Porto). Porte à piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. en pilastreÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau., sous tympanEspace, décoré ou non, circonscrit par un fronton ou un arc de décharge. portant l'inscription «VERWEE-HVIS» dans un cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale.. Fenêtres pour la plupart à simple ou double croiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit.. AllègesPartie de mur située sous l’appui de fenêtre. La table d’allège est une table située sous l’appui de fenêtre. à balustresPetits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire, constituant une balustrade. au premier étage. Travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. d'entrée de moindre hauteur. Les trois formant l'angle en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., sous entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. à nombreuses consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. qui devaient scander un décor à l'origine. Fenêtres des travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. latérales comprises dans une arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. aux étages; pleins de travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. portant chacun une tablePetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. gravée d'une inscription flamande en l'honneur d'Alfred Verwée. Travée biaiseTravée d’angle, située de biais, généralement à quarante-cinq degrés, par rapport au reste de l’élévation. marquée par une logette en pierre de plan trapézoïdal, sous terrasse à balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire.. Volume côté rue Verwée percé d'une entrée secondaire. Toiture coiffée d'un lanterneau de bois de plan polygonal, sous dômeToit de plan centré à versant continu ou à pans, galbé en quart de cercle ou d'ovale.. Sur l'angle, lucarneOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. de maçonnerie à aileronsÉlément décoratif ordinairement enroulé en S et terminé en volutes, qui s’inscrit dans un angle et forme un adoucissement., frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. et amortissementAmortissement. Élément décoratif placé au sommet d’une élévation.Amorti. Sommé d'un amortissement. en obélisqueÉlément en forme de pyramide élancée et tronquée.. Petites lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. de menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. à pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. à fermette apparente ou toit en éperon. Corniche et porte principale conservées. Porte secondaire et châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. remplacés.
À l'intérieur, cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. centrale à jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. carré. Décor de style néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes). bien conservé: plafonds moulurés, lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. de bois, encadrements de porte à pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. et entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne., etc. Au rez-de-chaussée, pièce d'angle à plafond à gorge et cheminée de bois à colonnes et hotteLa hotte d'une cheminée est le départ de son conduit, au-dessus du manteau. intégrant une tapisserie.
Dans un encadrement en pierre bleue à volutesOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc. et base incurvée, monument-fontaine en pierre blanche, figurant un portrait du peintre de profil, accompagné de sa palette. En-dessous, un bassin semi-circulaire. De part et d'autre, des poissons cracheurs d'eau et des chardons en bas-relief. Au-dessus, femme nue incarnant la Flandre, sur fond de bœuf de profil, sujet de prédilection du peintre. Signature «CH VAN DER STAPPEN» en bas à gauche. Suite à des problèmes d'humidité dans les caves du bâtiment, l'eau du bassin a très rapidement été remplacée par des plantations.
Vers la rue Verwée, étroit jardinet bordé par un mur de clôture percé d'une porte piétonne originelle, qui donnait sur une serreBâtiment indépendant, à parois translucides, où l’on abrite les plantes l’hiver et cultive des végétaux sensibles au froid. Contrairement au jardin d’hiver, la serre ne constitue pas une pièce de vie. cintrée, ainsi que d'une entrée carrossable percée en 1939. Cette dernière mène à un garage établi sous la cour de récréation de l'école adjacente (voir no108 rue Rubens). Le mur du fond du jardin a conservé un abondant décor de rocaillesRocaille. Ornement asymétrique en forme de coquillage déchiqueté, propre à l’architecture des styles rocaille et rococo ainsi qu’aux styles qui s’y réfèrent. La rocaille désigne également des constructions de jardin imitant des rochers ou des assemblages de rondins. Le style rocaille ou style Louis XV désigne l’interprétation française du style rococo..
Sources
ACS/Urb. 50-12.
ACS/Bulletin communal de Schaerbeek, 1897, p. 1012; 1900, pp. 135-138; 1901, pp. 410-411; 1906, pp. 56-57.
DE CROMBRUGGHE, D., L'hôtel communal de Schaerbeek et la place Colignon, Bruxelles, Ville d'Art et d'Histoire, 45, Bruxelles, 2007, pp. 44-46. VAN MASSENHOVE, H., LOW, G., Les Maisons Modernes, Livraison II, éditeur Constant Baune, Bruxelles, 1901, pl. XXXVIII.