Typologie(s)

établissement scolaire

Intervenant(s)

Théo SERRUREarchitecte1902

Statut juridique

Inscrit à l’inventaire légal le 19 août 2024

Styles

Éclectisme

Inventaire(s)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2006-2008

id

Urban : 18406
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Description

Ancienne école primaire no 19, aujourd'hui annexe fondamentale Émile Jacqmain – Alfred Mabille et annexe du centre pédagogique de Vlaesendael. Établissement de style éclectique, conçu en 1902 par l'architecte Théo Serrure.

Historique

Seconde école communale primaire du quartier, l'école no 19 est édifiée pour désengorger la première, l'école no 9, conçue en 1864 rue des Éburons (voir nos 46, 50). Le besoin d'un nouvel établissement se fait sentir dès le milieu des années 1890. L'îlot désigné est celui formé par les rues Véronèse, Le Corrège et Franklin. En séance du 07.10.1895, le Conseil communal autorise l'acquisition par échange des parcelles constituant la moitié sud de l'îlot, propriété de l'Administration des Hospices. L'idée est d'y ériger une école primaire et un jardin d'enfants. L'échange est approuvé par l'arrêté royal du 12.12.1895 (Bulletin communal, 1901, t. II, p. 62). Chargé de la réalisation des plans, Théo Serrure présente un avant-projet en 1899.

Cependant, bien que la nécessité de dédoubler l'école de la rue des Éburons devienne criante, des réticences se manifestent. Un échevin émet des doutes quant à l'ampleur du développement futur du quartier et des riverains lancent une pétition contre l'implantation de l'école, jugée source de nuisances. L'édification du nouvel établissement est finalement maintenue, mais ses dimensions se voient réduites et l'édification du jardin d'enfants est reportée (JURION-DE WAHA, 1987, p. 2). Le terrain réservé à l'école est amputé de la partie située à front de la rue Franklin. Celle-ci est lotie de parcelles destinées à la construction d'habitations.

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, vue du préau depuis l’escalier menant au premier étage (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Dessinés en 1902, les plans définitifs de l'architecte Serrure sont approuvés l'année suivante. Les travaux commencent en 1904 et l'école ouvre ses portes à la rentrée de l'année 1907. Elle est inaugurée le 13 octobre. Il s'agit du dernier établissement scolaire conçu selon le programme de l'École Modèle, mis au point par la Ligue de l'Enseignement co-fondée par le bourgmestre Charles Buls (1881-1899). Ce programme préconisait entre autres la présence d'un préau et de « locaux spacieux, isolés, abondamment pourvus de lumière et d'air » (JURION-DE WAHA, 1987, p. 2).

Ce n'est qu'en 1948 qu'un jardin d'enfants est adjoint au complexe (JURION-DE WAHA, 1987, p. X). En 1975, l'architecte Hugo De Smedt conçoit une annexe côté rue Véronèse, qui remplace vraisemblablement les bâtiments de 1948. Elle abrite la section prégardienne-jardin d'enfants.

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, plaque commémorative sur le mur nord du préau (photo 2009).

L'école porte entre autres le nom d'Alfred Mabille, qui était Directeur général de l'Instruction publique et des Beaux-ArtsStyle Beaux-Arts (de 1905 à 1930 environ). Courant architectural puisant son inspiration dans les grands styles français du XVIIIe siècle. Riche et ornementé, il se caractérise souvent par des élévations en (simili-)pierre blanche et/ou brique orangée ainsi que par l’usage du fer forgé pour les garde-corps et la porte. de la Ville de Bruxelles à l'époque de l'ouverture de l'école. Une plaque commémorative agrémentée de reliefs lui est dédiée, apposée au mur nord du préau.

Description

De plan rectangulaire, l'école s'implante au centre de l'îlot. Elle est devancée, vers les rues Véronèse et Le Corrège, par une cour de récréation bordée d'un mur de clôture. L'entrée principale s'ouvre à front de la rue Véronèse, dans un volume accolé à l'extrémité gauche du bâtiment.

Rue Véronèse 21, école primaire n[sup]o[/sup] 19 (Collection de Dexia Banque, s.d.).

L'école compte deux façades identiques de treize travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. et trois niveaux. En briques blanches, elles sont rehaussées de minces assisesRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps. de briques vertes. Chaque travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. est comprise en retrait dans un encadrement coiffé d'un jeu de briques en ressautsSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général. successifs. Toutes les deux travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., façades scandées par des pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. colossaux. Fenêtres à meneauÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie. de bois, sous linteau métalliquePoutrelle métallique de profil en I, utilisée comme linteau, souvent agrémentée de rosettes en tôle découpée.. Porte axiale côté rue Le Corrège. AncresPièce métallique apparente ou noyée dans l’enduit de façade, fixée à l’extrémité d’un tirant en fer pour solidariser les murs et les planchers. Il existe des ancres purement décoratives, non reliées à des tirants. décoratives. Bouches d'aération dans les pleins de travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.. Toiture hérissée de nombreuses souches de cheminée. ChâssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. à guillotineUne fenêtre à guillotine est une fenêtre dont l’ouvrant coulisse dans une rainure verticale, évoquant ainsi une guillotine. conservés côté rue Véronèse. Chaque façade est longée par une cour anglaise éclairant le sous-sol, bordée d'une grille.

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, vue depuis la rue Le Corrège (© V. Brunetta & M. Eberlin, 2009).

Murs de clôture en briques blanches scandés de pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. ; couvre-mursCouverture, souvent en pierre ou en céramique, disposée au sommet d’un mur pour le protéger de l’eau de pluie. Les pignons et les murs de clôture sont d’ordinaire pourvus d’un couvre-mur. de pierre bleue. Vers chaque rue y sont adossés des sanitaires, qui remplacent ceux établis à l'origine.

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, volume d’entrée (photo 2009).

Vers la rue Véronèse, le volume d'entrée présente une façade principale en pierre blanche et pierre bleue. À gauche, deux étroites fenêtres jumelées, surmontées de trois autres ; piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. en pilastreÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau.. Elles éclairent la conciergerie. À droite, vaste porte d'entrée à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle., également à piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. en pilastreÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau.. Écoinçons ornés, à gauche, d'un cahier, d'une plume et d'un livre et, à droite, d'un nécessaire de couture. L'entrée est marquée par deux pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. cannelés, sous entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. à friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de triglyphes et de besantsOrnement sculpté sphéroïde ou en forme de disque. et corniche à denticules. Muret d'attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement. portant l'inscription « ECOLE PRIMAIRE COMMUNALE / LAGERE GEMEENTESCHOOL / No 19 ». Porte panneautée conservée. Vers la cour, façade similaire à celles du bâtiment principal ; quatre baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement., dont une porte-fenêtre.

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, entrée, écoinçon gauche (photo 2009).

À droite du complexe se dresse l'annexe de 1975, de deux niveaux sous toit plat, en briques rouges et béton. Elle est raccordée au bâtiment principal.

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, façade côté rue Le Corrège (photo 2009).

Vers la rue Le Corrège, la dénivellation a permis l'établissement d'un niveau de soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. sous la cour. Celui-ci est accessible, côté école, par la cour anglaise, ainsi que, côté rue, par une porte percée dans l'axe du mur de clôture. De ce côté, le soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. est en outre éclairé par trois fois trois fenêtres jumelles grillagées. HuisserieMenuiseries qui s’ouvrent et se ferment, c’est-à-dire les portes et les fenêtres. Par extension, le terme désigne également les fenêtres à châssis dormants. conservée.

Rue Véronèse 21, école primaire n[sup]o[/sup] 19, la cheminée vers la rue Le Corrège, élévation, AVB/PP 3135 (1902).

Dans la partie droite de la cour s'élève une haute cheminée en briques rouges servant à l'origine d'évacuation à la chaudière de l'école.

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, vue du préau depuis le palier situé entre les étages (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

À l'intérieur, conformément au programme de l'École Modèle, les classes sont organisées de part et d'autre d'un préau couvert d'une verrière. Celles des étages sont longées par des galeries sur poutrelles métalliques, reposant sur d'élégantes consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage.. Les galeries sont accessibles par des escaliers sur les petits côtés du préau. Au rez-de-chaussée, une volée axiale se dédouble vers le premier étage. De là, deux volées mènent à un palier, suivies de deux autres aboutissant au second étage. Reposant sur de minces piliersSupport vertical de plan carré., les volées sont dotées, tout comme les galeries, d'une rampe en ferronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux. à main-courante de bois. Paliers et galeries recouverts de pierre bleue. Contremarches en métal ajouré.

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, vue de la verrière (photo 2009).

Le préau est couvert dans l'axe par une verrière en bâtièreToit à deux versants. soutenue par une charpente métallique. Cette charpente forme une voûte en berceau habillée de voliges dans sa partie inférieure. Dans ce voligeage s'insèrent des lunettes à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. brisé où s'ouvrent les fenêtres des comblesEspace intérieur de la toiture., à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. et double meneauÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie..

Rue Véronèse 21, ancienne école primaire n[sup]o[/sup] 19, détail de la galerie du premier étage (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Aveugles aux deux premiers niveaux, les petits côtés du préau sont percés de cinq fenêtres jumelles au deuxième étage et d'une large fenêtre en arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle. à quatre meneauxÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie. à hauteur des comblesEspace intérieur de la toiture..
Chaque galerie longe six classes, excepté au second étage, côté rue Véronèse, où est établie la salle de gymnastique. À ce niveau, dans l'axe, un escalier mène aux comblesEspace intérieur de la toiture.. Chaque classe compte vers le préau une porte et une fenêtre, formant tripletGroupement de trois baies. Les deux latérales, identiques, sont différentes de la baie centrale, d’ordinaire plus vaste. ; porte à traverseÉlément horizontal divisant une baie ou pièce horizontale d'une menuiserie. en mitreUn élément est dit en mitre lorsque son tracé se compose de deux droites se rejoignant en pointe.. Sol du préau carrelé.

Sources

Archives
AVB/PP 3135 (1902).
AVB/TP 84774 (1975).
AVB/Bulletin communal de Bruxelles, 1901, t. II, p. 62.

Ouvrages
JURION-DE WAHA, Fr., La mémoire des pierres. Bruxelles Architecture scolaire, Fondation Roi Baudouin, Bruxelles, 1987, pp. X, 2.