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La rue Defacqz traverse les territoires de Bruxelles, d'Ixelles et de Saint-Gilles. Rectiligne et perpendiculaire à l'avenue Louise, elle relie celle-ci à la place Paul Janson. Sur Ixelles (nos 5 à 55 et nos 28 à 70), la rue Defacqz croise les rues de Livourne, Veydt et Faider.

Cette rue est tracée en vertu de l'arrêté royal du 20.02.1864 qui fixe le Plan général d'alignement pour l'ouverture de rues et places sur le territoire compris entre l'avenue du Bois de la Cambre et les chaussées de Waterloo et de Charleroi (soit le quartier dit Ten Bosch) dressé par l'inspecteur-voyer Victor Besme.

La rue Defacqz est approximativement établie sur le tracé d'un ancien chemin dénommé Hoeyweg (chemin des Prairies), qui partait de la rue de la Croix, empruntait le tracé de la rue du Beau Site puis, décrivant une courbe, aboutissait rue Defacqz un peu plus loin que la rue Veydt. Ce chemin reliait ainsi deux anciens lieux-dits de l'Arbre Bénit, l'un situé au carrefour des actuelles rues Defacqz et Veydt, l'autre situé au carrefour des rues du Beau Site, de la Vanne, de la Croix et de l'Arbre Bénit.
Le tracé du chemin relatif à la rue Defacqz a ensuite été modifié pour rejoindre l'avenue Louise de façon perpendiculaire.

L'Arbre Bénit situé au croisement des actuelles rues Defacqz et Veydt est mentionné dès le début du XIIIe siècle sous la forme d'Elterken, puis de Lindeken et de Geweyden Boom (XVIIe – XVIIIe siècle). Il s'agissait d'un vieux tilleul, situé sur une hauteur, au centre d'une tradition ancestrale qui lui attribuait des vertus curatives. Après la pluie, on y déposait des personnes fiévreuses sous la ramure, dans l'espoir que les gouttes qui en tombaient guériraient les malades (Guillaume, A., et al., Bruxelles, 2005, pp. 48, 49).

L'Arbre bénit est abattu en 1870, lors des chantiers d'alignement des nouvelles voiries. Le terrain sur lequel s'élevait l'arbre resta libre quelques années, jusqu'à la construction de deux chefs-d'œuvre de l'Art nouveau par l'architecte Paul Hankar : le premier bâti pour le peintre Albert Ciamberlani (voir no 48), le second pour le peintre René Janssens (voir no 50).

En séance du Conseil communal de Bruxelles, le 23.11.1866, la rue est baptisée en l'honneur d'Eugène Defacqz (1797 – 1871), franc-maçon, jurisconsulte, premier président de la Cour de cassation, qui possédait une maison de campagne non loin de là.

Sur Ixelles, les premières constructions s'érigent vers 1870 du côté pair, à l'angle de la rue de Livourne et de la rue Faider. Le style néoclassique, qui donne le ton dominant à la rue, est notamment représenté par un bel hôtel particulier en pierre bleue et blanche au no 52 (voir ce numéro), par l'ensemble nos 7 à 11 (voir ces numéros), par l'enfilade homogène de maisons sise aux nos 58 à 64 édifiées à la fin du XIXe siècle (voir ces numéros). À l'aube du XXe siècle, quelques façades de style éclectique sont bâties dans la rue ; citons en exemple l'ensemble formé par les nos 66 à 70 (voir ces numéros) ainsi que le no 42 (voir ce numéro).

Quelques immeubles de bureaux et de rapport, bâtis à la place de maisons traditionnelles, altèrent la physionomie originelle de la rue.

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925).

Ouvrages
Annuaire de l'Académie royale, 1873-1874, pp. 227-240.
DUQUENNE, X., L'avenue Louise à Bruxelles, Xavier Duquenne éd., Bruxelles, 2007.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., et al., Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles : 15 Ixelles, Bruxelles, 2005, pp. 48-49.
LOYER, F., Paul Hankar. La naissance de l'Art Nouveau, éd. AAM, 1985, pp. 147, 180-185, 246, 256.

Périodiques
DONS, R., « Obbrussel-Saint-Gilles et son réseau de communications. Des origines à 1900 environ », Cahiers bruxellois, t. XXVIII, 1987, pp. 32, 33.
POTVIN, C., « Eugène Defacqz », Revue de Belgique, Bruxelles, t. X, 1872, pp. 118-130.
VAN LOEY, A.C.H., Studie over de Nederlandsche plaatsnamen in de gemeenten Elsenen en Ukkel, De Vlaamsche Drukkerij, Leuven, 1931, pp. 148-150. (Koninklijke Vlaamsche Academie voor Taal-en Letterkunde, reeks vi, 53).

Cartes / plans
VANDERMAELEN, Ph., Carte topographique et hypsométrique de Bruxelles et ses environs, Bruxelles, 1858.