Typologie(s)

église/cathédrale/basilique

Intervenant(s)

Jules Jacques VAN YSENDIJCKarchitecte1894-1895

Fernand SYMONSarchitecte1907-1908

Jacques FRANCQUARTarchitecte1621-1642

Julien DE RIDDERarchitecte1934

Statut juridique

Classé depuis le 10 novembre 1955

Styles

Néo-baroque
Baroque

Inventaire(s)

  • Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
  • Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Ixelles (DMS-DML - 2005-2015)
  • Les charpentes dans les églises de la Région de Bruxelles-Capitale 1830-1940 (Urban - 2019)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Scientifique
  • Technique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2005-2007

id

Urban : 16985
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Description

Orientée à l'ouest et située dans la perspective de la rue du Bailli, à cheval sur les communes d'Ixelles et de Saint-Gilles, église de style (néo-)baroque édifiée en deux phases : la première en 1894-1895 d'après les plans de l'architecte Jules Jacques Van Ysendyck, la seconde en 1907-1908 d'après les plans de l'architecte Fernand Symons. Façade du début du XVIIe siècle provenant de l'ancienne église (ou temple) des Augustins.

Église (ou temple) des Augustins. Édifice de style baroque brabançon édifié entre 1621 et 1642 par l'architecte Jacques Francquart (1583-1651) à la demande des Augustins (établis à Bruxelles depuis 1589), et adjoint aux bâtiments claustraux, rue du Fossé-aux-Loups, que ce même architecte avait construits en 1610-1615.

Revenu dans le Brabant en 1608 après un séjour à Rome, Jacques Francquart s'installe à Bruxelles où il entre au service des archiducs Albert et Isabelle et reprend la construction, en 1616, de l'église des Jésuites (détruite en 1812). C'est dans la synthèse entre la forme brabançonne traditionnelle et le baroque italien que réside l'originalité de l'architecte. Cette particularité s'exprime dans la façade de l'église des Augustins par l'introduction d'un attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement., ce qui a pour effet d'en accentuer la verticalité, au détriment des lignes horizontales renaissantes (cordons, moulures).

Plans de l’église des Augustins (DES MAREZ, G., 1921, p. 241) et de l’église de la Sainte-Trinité indiquant les différentes phases de construction (Dessin de l’architecte DE RIDDER, 1972, Archives de la Fabrique d’Église de l’église de la Sainte-Trinité).

Le plan de l'église des Augustins se composait de trois nefs, les collatéraux étant séparés de la nef centrale par des colonnes doriques surmontées d'arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle.. Les collatéraux se terminaient par deux chapelles rectangulaires tandis que la nef centrale aboutissait dans un chœur profond, pourvu d'une abside polygonale à fond plat. L'église était dépourvue de transept.

Fermée par les troupes révolutionnaires en 1796, l'église des Augustins rouvre ses portes en 1805. Devenu temple protestant en 1816 sous la domination hollandaise des Orange-Nassau, l'édifice collectionne les affectations les plus diverses après la révolution brabançonne : salle de spectacle, d'exposition, bureau de poste jusqu'en 1892. C'est à cette époque que se décide, dans le cadre de l'aménagement des grands boulevards du centre, la démolition de l'édifice qui entrave l'aménagement de la place De Brouckère. Le temple est démonté en 1893-1894.

Historique.
Dès l'origine, l'arrêté royal du 20.02.1864 fixant le Plan général d'alignement pour l'ouverture des rues et places sur le territoire compris entre l'avenue du bois de la Cambre et les chaussées de Waterloo et de Charleroi prévoit la construction d'une église catholique au cœur du nouveau quartier Tenbosch. Cette église, prévue sur l'actuelle place Albert Leemans, est finalement édifiée au croisement des rues Franz Merjay et de la Réforme, avec le soutien d'un comité présidé par le baron Victor d'Huart qui signe, le 20.05.1881, une convention avec le banquier Georges Brugmann, propriétaire de plusieurs hectares dans le quartier. Afin d'augmenter la valeur de ses terrains, Georges Brugmann, bien que protestant, participe financièrement à la construction de ce nouveau sanctuaire consacré, comme le suggère le comité, à la sainte Trinité, un dogme que partagent catholiques et protestants.

Église de la Sainte-Trinité, entrée principale (photo 2007).

Érigée en paroisse par l'arrêté royal du 25.03.1886, l'église ne tarde pas à devenir exiguë face à l'accroissement démographique du quartier (voir rue de la Réforme). Aussi, après de nombreux débats relatifs à l'emplacement que devait recevoir le nouveau sanctuaire, le gouvernement statue sur la question en autorisant l'achat d'un terrain situé dans le prolongement de la rue du Bailli et approuve la proposition du ministre Auguste Beernaerts d'intégrer à la nouvelle église paroissiale la façade de l'ancien temple des Augustins voué à la démolition. Par une convention datée du 06.01.1893, l'État, propriétaire du monument, cède gratuitement la façade du Temple à la fabrique d'église de l'église de la Trinité.

Les plans du nouvel édifice, dont la construction est autorisée par l'arrêté royal du 15.04.1893, sont confiés à l'architecte J. J. Van Ysendyck. Cet élève d'Eugène Viollet-le-Duc, impliqué dans de nombreux projets de restauration, est également le plus important représentant du courant historiciste de la seconde moitié du XIXe siècle à Bruxelles.

La construction de l'église de la Sainte-Trinité se fait en deux temps. La première campagne de construction se déroule entre 1894 et 1895. Les plans de l'architecte J. J. Van Ysendyck prévoient la réutilisation de la façade, la récupération de nombreux éléments en pierre et de monuments funéraires, ainsi que la restitution fidèle du plan baroque du temple des Augustins. Il s'agit de l'un des premiers exemples connus à Bruxelles de démontage et déplacement de parties d'un édifice, avec restitution des volumes et respect de la vocation de l'édifice originel. Lors de l'inauguration, le 30.04.1895, l'église est à moitié achevée car la fabrique d'église se trouve face à des difficultés d'ordre divers, notamment pécuniaires. Derrière la façade de J. Francquart se dresse un corps à trois nefs de quatre travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. ne comportant qu'un chœur provisoire.

L’église de la Sainte-Trinité, depuis la rue du Bailli, avant l’aménagement du parvis, vers 1897 ([i]Mémoire d’Ixelles[/i], 63-64, 1996, p. 43).

La deuxième campagne de construction se déroule entre 1907 et 1908. À la demande, en 1903, du conseil de fabrique d'église, l'architecte Fernand Symons est chargé de l'achèvement de l'église et de l'adaptation des plans initiaux par l'ajout d'un transept.
En 1918, grâce à de nombreuses donations, les façades latérales en briques rouges de l'église sont enduites de simili-pierreEnduit dont la couleur et la texture imitent la pierre de manière très convaincante, avec généralement des joints factices remplis de mortier gris. blanche.
En 1933, l'Association belge des Chevaliers de l'Ordre souverain et militaire de Saint-Jean de Jérusalem (ou Ordre de Malte), présidée par S.A.S. le prince Étienne de Croy, installe officiellement son siège dans l'église. L'ordre y affirme sa présence par le don de remarquables vitraux aux armes des chevaliers (transept et chœur), ainsi que par la construction, en 1934, d'une annexe d'après les plans de l'architecte J. De Ridder. Cette extension, à hauteur du chœur, comprend une sacristie, un baptistère, une salle de catéchisme, une salle d'œuvre et une bibliothèque.
En 1967-1973, restauration de la façade par l'architecte Y. De Ridder et quelques réfections à l'intérieur.
En 1997, la commune d'Ixelles ferme l'église au public. Elle est réouverte et promise à restauration après décembre 2005.

Description.
Façade principale
de style baroque brabançon, principalement en pierre de Grimbergen (certains éléments en pierre de Gobertange). Elle compte deux registresAlignement horizontal de baies sur un pignon. séparés par un entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. et un attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement. ; au premier registreAlignement horizontal de baies sur un pignon., trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. flanquées de pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. et de monumentales colonnes doriques engagées et jumelées, et trois portes sous frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. brisé surmontées chacune d'un oculusJour de forme circulaire, ovale ou polygonale.. Au-dessus de l'entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. régnant sur toute la largeur de la façade, l'attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement. est marqué d'un monumental frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. interrompu par un cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale.. Le deuxième registreAlignement horizontal de baies sur un pignon., accolé de volutesOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc., est marqué d'une baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. axiale sous pseudo-fronton, flanquée de pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. et de monumentales colonnes corinthiennes engagées et jumelées. Troisième registreAlignement horizontal de baies sur un pignon. constitué d'un frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. semi-circulaire interrompu par un édicule rehaussé d'un cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale., à l'arrière duquel se trouve un petit clocher avec abat-son. Les premier et troisième registresAlignement horizontal de baies sur un pignon. sont ornés de monumentales torchères.

Église de la Sainte-Trinité, vue latérale côté sud (photo 2006).

Façades latérales de style néo-baroqueLe style néo-baroque (de 1860 à 1914 environ) se réfère à l’art baroque (XVIIe et 1er quart du XVIIIe siècle) et en reprend certains éléments décoratifs : pignon à volutes, pilastres colossaux, décor emprunt d’une certaine vigueur et d’un fort relief (bossages, harpes, encadrements en saillie)., en briques enduites de simili-pierreEnduit dont la couleur et la texture imitent la pierre de manière très convaincante, avec généralement des joints factices remplis de mortier gris. blanche, avec éléments en pierre (seuils, soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue., etc.). Elles sont percées à hauteur des bas-côtés de cinq baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle., séparées par des pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. ; au registreAlignement horizontal de baies sur un pignon. supérieur, le long de la nef, cinq fenêtres hautes, également à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle.. Le transept sud (rue Africaine) et le transept nord (rue du Tabellion) comptent une travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. percée d'une importante baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. qu'encadrent des pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau.. Les deux transepts sont couronnés d'un entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. et d'un monumental – et aujourd'hui incomplet – frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. orné en son centre d'un oculusJour de forme circulaire, ovale ou polygonale. sous frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. brisé. Toiture, anciennement recouverte d'ardoises naturelles, renouvelée par des ardoises artificielles en 1965.



Côté ouest, monument aux soldats de la paroisse de la Sainte-Trinité morts en 1914-1918. Réalisée par le sculpteur Henri-Joseph Holemans (1894-1973), sculpture en bronze (fonderie Verbeyst) sur socleMassif surélevant un support ou une statue. en petit granit.

Plan en croix latine composé d'une nef principale de cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. et de deux collatéraux se terminant par deux chapelles rectangulaires, tandis que la nef centrale aboutit dans un chœur de deux travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., pourvu d'une abside à fond plat et flanqué de sacristies. L'église, contrairement à celle des Augustins, est pourvue d'un transept accompagné de deux petites chapelles.

Annexe ajoutée en 1934 pour l'Ordre de Malte, à l'angle des rues Africaine et de l'Aqueduc (architecte J. De Ridder). Construction d'inspiration néo-baroqueLe style néo-baroque (de 1860 à 1914 environ) se réfère à l’art baroque (XVIIe et 1er quart du XVIIIe siècle) et en reprend certains éléments décoratifs : pignon à volutes, pilastres colossaux, décor emprunt d’une certaine vigueur et d’un fort relief (bossages, harpes, encadrements en saillie). en pierre de Gobertange, de plan rectangulaire et un niveau, couverte d'une toiture à croupeUne croupe est un versant de toit qui réunit les deux pans principaux d’un toit à leur extrémité. Contrairement à la croupette, la croupe descend aussi bas que les pans principaux. évasée. TourellePetite tour engagée dans un bâtiment, généralement sur un de ses angles. d'escalier polygonale, sous toiture en profil de cloche coiffée d'un lanternonPetite construction de plan centré, située au faîte du toit.. BaiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle. et à encadrement mouluré. ComblesEspace intérieur de la toiture. éclairés par deux grandes lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. passantes à frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. triangulaire.

Église de la Sainte-Trinité, vue de la nef centrale (photo 2007).

Aménagement intérieur. Nef centrale et bas-côtés voûtés en ogives, avec arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. doubleaux en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. ; les voûtes se composent d'une ossature en bois couverte de stucLe stuc est un enduit à base de chaux ou de plâtre et de colle, soit poli et imitant le marbre, soit mat, sculpté et mouluré., imitant les voûtes en briques caractéristiques du XVIIe siècle. Nef séparée des bas-côtés par des colonnes dont la base et le tambourRelié à l’axe du moteur, cylindre rainuré sur lequel s’enroulent et se déroulent les câbles de traction de la cabine et du contrepoids., datant de la première phase de construction, sont en pierre de Gobertange et proviennent de l'ancien temple des Augustins. Bases et tamboursMur d'une tour circulaire, ovale ou polygonale, sur lequel repose une coupole. des colonnes appartenant à la deuxième phase de construction en pierre bleue. Ces différents supports ont les mêmes chapiteauxCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. à motif végétal en léger relief. À la croiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. du transept, des piliersSupport vertical de plan carré. composites marquent l'espace ; dans le chœur, pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau.. Murs intérieurs peints, à l'origine, en imitation de maçonnerie de pierre de couleur gris jaune. Sols composés d'un parquet à bâtons rompus, traversés d'allées en pierre bleue.

Mobilier principal. En provenance du temple des Augustins : vingt-deux dalles funéraires dans le transept et les collatéraux ; statues en bois polychrome de sainte Monique et saint Augustin dans la nef centrale (XVIIe siècle ?) ; relief polychrome aux armes de Philippe IV d'Espagne (millésimé 1642), situé au-dessus du buffet d'orgue. Autres éléments d'intérêt : six confessionnaux en chêne, du milieu du XVIIIe siècle, surmontés par un chemin de croix en terre cuite constitué de quatorze hauts-reliefs dans des encadrements néo-RenaissanceLe style néo-Renaissance (de 1860 à 1914 environ) puise son inspiration dans l'architecture de la Renaissance, un courant artistique né en Italie au XVe siècle qui cherchait à ressusciter l’architecture de l'Antiquité gréco-romaine., fin du XIXe siècle ; maître-autel en marbre blanc de Skyros, par le sculpteur J. Devroy, vers 1945 ; grand orgue de style néoclassique, réalisé en 1938 par le facteur Georges Haupt (grand-duché de Luxembourg).
Depuis 2005 (propriété du CPAS de Bruxelles) : exceptionnelle chaire de vérité et autel en chêne, réalisés vers 1845 par le sculpteur anversois Jean-François Van Hool. Ces deux prestigieuses pièces provenaient initialement de la chapelle de l'hôpital Saint-Jean, boulevard du Botanique. Rachetées par le Conseil des Hospices en 1861, elles sont transférées dans la chapelle de l'hôpital Brugmann en 1937.

Église de la Sainte-Trinité, détail de la chaire de vérité (photo 2007).

Vitraux.

-Vitraux des quatre premières travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de la nef
 : réalisés par le maître-verrier L. De Contini et posés en 1895, lors de la première phase de construction de l'église.
Au rez-de-chaussée, médaillonCartouche rond ou ovale. central avec figure de saint en buste, encadrée par un décor architectural à volutesOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc. néo-baroques ; les teintes utilisées sont très claires et peu variées, presque en grisailleDécor monochrome en camaïeu de gris..

-Vitraux de la cinquième travée reprenant ce modèle, réalisés par le maître-verrier Peyes d'Anvers en 1908, lors de l'agrandissement de l'église.
Côté nord ils représentent (de gauche à droite) saint Louis, Vierge à l'enfant, sainte Adèle, saint Félix, sainte Anne ; côté sud (de droite à gauche), saint Hubert, saint Joseph, saint Antoine de Padoue, saint Charles Borromée et sainte Barbe.
À l'étage, vitraux peints en grisailleDécor monochrome en camaïeu de gris. par les ateliers Henri Brigode fils de Bruxelles.

-Vitraux du transept et du chœur. Inaugurés en 1938, ils ont été réalisés par l'atelier bruxellois du maître-verrier Florent Prosper Colpaert, d'après les cartons du peintre Louis Charles Crespin, à la demande de l'Ordre de Malte et d'Albert Michiels, chanoine titulaire de l'église. Vitraux de style néo-baroqueLe style néo-baroque (de 1860 à 1914 environ) se réfère à l’art baroque (XVIIe et 1er quart du XVIIIe siècle) et en reprend certains éléments décoratifs : pignon à volutes, pilastres colossaux, décor emprunt d’une certaine vigueur et d’un fort relief (bossages, harpes, encadrements en saillie). inspirés par les techniques du XVIIe siècle : utilisation abondante d'émaux sur de grandes surfaces de verre et réseau de plomb réduit à sa plus simple expression.

Les vitraux reprennent des scènes bibliques et de saints ; trois d'entre eux se réfèrent en particulier aux familles belges appartenant à l'Ordre de Malte, identifiées par leurs armes.

Église de la Sainte-Trinité, vitrail du transept sud figurant saint Georges (© IRPA-KIK, Bruxelles) (photo 2005).

-vitrail du transept sud : daté 1938 et signé « L. C. Crespin inv. et del. colpaert fec ». Au centre, saint Georges terrassant le dragon incarne l'idéal chevaleresque. Décor héraldique des chevaliers de l'Ordre de Malte.

-vitrail du transept nord : daté 1938 et signé « L. C. Crespin inv. et del. colpaert fec ». Composition semblable à celle du vitrail du transept nord. Groupe central formé par le pape Célestin III imposant la barrette cardinalice à saint Albert de Louvain, évêque de Liège et saint patron du président de l'Association le prince Albert de Ligne, du chanoine titulaire de l'église Albert Michiels et du roi Albert Ier. Décor héraldique des chevaliers de l'Ordre de Malte.

-vitrail du chœur : derrière le maître-autel, dans l'axe de la nef, représentation du baptême du Christ : Jésus au bord du Jourdain se soumet au baptême auquel saint Jean-Baptiste, patron de l'Ordre de Malte, convie la population. Au bas, un cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale. portant l'inscription « d.d. rev canon. Alvertvs michiels. ordin. melitens. capell. convent. ad non. hvjvs ecclesiae pastor. anno dni mcm xxxvii » est appuyé, à gauche, par la croix pleine de l'Ordre, à droite, par l'emblème de la paroisse (sur champ de gueules, la croix de Malte d'argent à huit pointes, chargée de trois meubles symboles de la Trinité un et deux ; en dextre et senestre du chef, respectivement les armes d'Ixelles et de Saint-Gilles).

Classement 10.11.1955

Sources

Archives
Archives de la fabrique d'église de la Sainte-Trinité, fonds non classé.

Ouvrages
ABEELS, G., Démolition du temple des Augustins, la Senne, Ministère de la Communauté française, s.d., pp. 79-82.
ABEELS, G., Les pionniers de la photographie à Bruxelles, bibliothèque européenne, Pays-Bas, 1977, pp. 84-87.
Bruxelles, construire et reconstruire. Architecture et aménagement urbain 1780-1914 (catalogue d'exposition), Crédit Communal de Belgique, Bruxelles, 1979, pp. 117-121.
Bruxelles, Monuments et sites classés, Région de Bruxelles-Capitale, Service des Monuments et Sites, 1994, p. 45.
CAPELLE, P., OSAER, T., VAN INNIS, G. (coll), et al., Les églises à Bruxelles, Mechelen, 1995.
COEKELBERGHS, D., JANSSENS, W., Répertoire photographique du mobilier des sanctuaires de Belgique. Province de Brabant canton d'Ixelles I et II, IRPA, Bruxelles, 1979, pp. 19-21.
DEROM, P., Les sculptures de Bruxelles. Catalogue raisonné, Patrick Derom Gallery, Bruxelles, 2002, p. 109.
DES MAREZ, G., Traité d'architecture dans son application aux monuments de Bruxelles, Touring club de Belgique, Bruxelles, 1921, pp. 151, 233-236, 238.
DES MAREZ, G., Traité d'architecture dans son application aux monuments de Bruxelles, Touring club de Belgique, Bruxelles, 1958, pp. 362, 363.
DUBREUCQ, J., Bruxelles 1000. Une histoire Capitale. Volume 5. Section 5 dite « la section de la Monnoye », 1998, pp. 395, 423, 424.
Inventaire des Orgues en Région Bruxelles-Capitale, Organum Novum asbl, Direction des Monuments et des Sites, Bruxelles, 2005, p. 92.
KATSANOU, V., PEETERSILLE, C., et al., Église de la Sainte-Trinité Ixelles & Saint-Gilles, Sumary of project work. Integrated Project Work, Conservation project for a building and its urban context (Mémoire Centre Raymond Lemaire pour la conservation, KUL), 2004-2005.
PHILIPPOT, P., COECKELBERGHS, D., LOZE, P., VAUTIER, D., L'architecture religieuse et la sculpture baroques dans les Pays-Bas méridionaux et la principauté de Liège 1600-1770, Pierre Mardaga éditeur, Liège, 2003, pp. 59-61.
PLANTENGA, J. H., L'architecture religieuse dans l'ancien duché de Brabant depuis le règne des archiducs jusqu'au gouvernement autrichien (1598-1713), éd. Martinus Nijhoff, Lahaye, 1926, pp. 57-68.
TERLINDEN, Ch., Histoire du temple des Augustins et de l'église de la Sainte-Trinité, Éd. J. Duculot, Gembloux, 1964, pp. 1-47.
VAN HAVERMAET, H., Le temple des Augustins à Bruxelles, Alliance typographique, Bruxelles, 1890.


Périodiques
LOMBAERDE, P., « Projet de l'église de la Trinité », A+, 61, 1979, pp. 17, 18.
DE VOS, T., « Présence à Ixelles de l'ordre des Chevaliers de St Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte », Brabant Toerisme, 1, 1985, pp. 44, 45.
DE VOS, T., « Les vitraux de l'église de la Trinité à Bruxelles se rapportant à l'Ordre Souverain de Malte », Brabant Toerisme, 1, 1987, pp. 44-46.
« Ixelles : Église Sainte-Trinité », Bulletin CRMS, XXXII, 1893, p. 196.
« Ixelles : Église Sainte-Trinité », Bulletin CRMS, XXXV, 1896, p. 43.
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HAINAUT, M., « L'église de la Trinité », Mémoire d'Ixelles, 63-64, 1996, pp. 27-52.
« Église des Augustins », Nouvelle rare de Bruxelles, 1, 1843, pp. 35-37.

Presse
BAUDELOT, M., « Trinité : Ixelles prête à rouvrir l'église, St-Gilles pas… », La Capitale, 09.07.2004.
DUPREZ, M., « L'hôpital Brugmann poursuit sa rénovation. Classée, la chapelle sera restaurée », Le Soir, 19.04.2005.
V. J., « Un opéra à la Trinité ? », La Tribune de Bruxelles, 124, 19.05.2005.

Etudes inédites

Église de la Sainte-Trinité à Bruxelles. Dossier d'expertise et annexe, Bureau Origin Engineering & Architecture, Bruxelles, mai 2004.
Communes d'Ixelles et de Saint-Gilles. Étude pour la conservation des vitraux de la nef et de la façade occidentale de l'église de la Trinité, étude inédite, Bruxelles, Institut Royal du Patrimoine Artistique, s.d. (2005).