Typologie(s)

gare
Patrimoine ferroviaire

Intervenant(s)

J. OTTENarchitecte1906

INCONNU - ONBEKEND1880-1890

Edmond FOULONingénieur1902

DUGARDEINingénieur1956-1958

Statut juridique

Classé depuis le 10 décembre 2015

Styles

Néo-Renaissance flamande
Éclectisme

Inventaire(s)

  • Inventaire de l'architecture industrielle (AAM - 1980-1982)
  • Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Ixelles (DMS-DML - 2005-2015)
  • Inventaire des gares bruxelloises (Thierry Demey)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Scientifique
  • Technique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2011-2013

id

Urban : 21294
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Description

La gare d'Etterbeek actuelle est constituée de plusieurs bâtiments construits à diverses époques: un bâtiment de style moderniste (Ir. Dugardein, 1956-1958) à front du boulevard Général Jacques abritant les guichets; à l'arrière, un préau et trois escaliers donnant accès aux quais situés en contrebas, le troisième escalier étant abrité dans une aile de liaison (élément subsistant de la gare construite en 1906); le socleMassif surélevant un support ou une statue. intégrant un pont à deux arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. enjambant les voies; la toute première gare d'Etterbeek datant des environs de 1880 et située sur le quai 4.

Historique

La gare dite d'Etterbeek est située sur le territoire d'Ixelles, en bordure de la frontière communale.

Le petit bâtiment éclectique situé sur le quai 4 est la toute première gare d'Etterbeek, construite à la suite de l'ouverture de la ligne reliant Bruxelles (quartier Léopold) à Tervueren, entre 1877 et 1882. Les plans de la gare sont proposés à Namur le 21 juin 1879 par l'ingénieur chef de service et approuvés le 19 juillet 1879. La gare est ouverte aux voyageurs le 25 septembre 1880 et aux marchandises le 15 octobre 1881. Le Compte-Rendu des Opérations de l'Exercice 1880 – à savoir le rapport annuel présenté aux chambres législatives par le ministre des Travaux publics– mentionne également l'ouverture d'une nouvelle gare à Etterbeek à cette date. L'architecte auteur des plans du bâtiment demeure à ce jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. inconnu.

Cette gare (même modeste) rappelle le rôle joué par les casernes et le champ des manœuvres (actuellement occupé par les campus des universités ULB/VUB) dans le développement de la commune, jadis rurale. La gare d'Etterbeek fonctionne d'ailleurs essentiellement comme gare militaire en permettant le transport des troupes ainsi que le ravitaillement des casernes situées à proximité: des rails (aujourd'hui disparus) menaient jusqu'à l'avenue de la Cavalerie. Il est probable que le rôle militaire autant que l'ouverture de la ligne Bruxelles-Tervueren entre 1877 et 1882, aient motivé la construction du petit bâtiment – antérieurement existait une simple halte à desserte locale.

Boulevard Général Jacques 265, bâtiment de la première gare d'Etterbeek, Archives Infrabel – Bureau de dessin – Ouvrages d’art.

En 1906, cette première gare est «remplacée» par une nouvelle gare dont l'aspect monumental est avant tout destiné à confirmer le caractère prestigieux des nouveaux boulevards de ceinture, dont le tracé définitif fut dressé par l'inspecteur-voyer Victor Besme en 1875.

Elle fut construite sur un socleMassif surélevant un support ou une statue. à deux tunnels et escaliers d'accès conçu en 1902 par l'ingénieur Edmond Foulon (Roux, 1868-Bruxelles, 1944). Cet ouvrage d'art remarquable, qui constitue un élément très marquant de l'ensemble de la gare, résulte en fait de l'extension et de l'aménagement d'un pont-viaduc également dessiné par E. Foulon (plans conservés à Infrabel-Direction Infrastructure) dans le cadre de l'aménagement du boulevard. Ces travaux furent décidés dans le cadre du dédoublement de la ligne Bruxelles-Namur entre Bruxelles Quartier Léopold et Etterbeek, et en prévision de la construction de la nouvelle gare.

E. Foulon contribua largement au développement ferroviaire de la Belgique. On lui doit entre autres le développement du réseau campinois destiné à desservir le nouveau bassin houiller mais aussi le pont Fraiteur (1899), situé dans la perspective de la gare d'Etterbeek, à un peu plus de 500 mètres.

La gare de 1906, dont la mise en service dès 1909 est mentionnée dans un rapport d'inspection de cette époque, est quant à elle réalisée selon les plans de P.J. Otten, l'un des architectes chargés de la construction de nouveaux bâtiments ferroviaires à partir de 1903 et au moins jusqu'en 1914.

Boulevard Général Jacques 265, ancienne gare d'Etterbeek, s.d (Collection Dexia Banque-ARB-RBC).

La nouvelle gare adopte le style néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes)., le style-maison des chemins de fer de l'État belge jusqu'à la Première guerre mondiale. Elle est analogue à celles de Schaerbeek (1887-1913) et de Jette (1889-1892) conçues à la même époque par l'architecte Franz Seulen.

Endommagée par le bombardement de 1943, la gare de 1906 fut toutefois remise en service jusque dans les années 1950. La Compagnie générale d'entreprises électriques et industrielle qui exploite le bâtiment à partir de 1929 décide alors de fermer la station d'Etterbeek et de démolir le bâtiment principal à front du boulevard Général Jacques (la ligne est mise hors service le 31.12.1958, bien qu'une liaison de marchandises soit maintenue jusqu'en 1970). À la fin des années 1950, la SNCB décide de construire à l'emplacement du bâtiment principal de l'ancienne gare, l'actuelle salle des guichets. Certains éléments appartenant à la gare de 1909 sont toutefois conservés: le préau, l'ensemble des ferronneriesÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux. et l'aile de liaison néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes). sur le quai 4.


Description

La première gare

La première gare d'Etterbeek consiste en un petit bâtiment rectangulaire de style éclectique d'inspiration néo-RenaissanceLe style néo-Renaissance (de 1860 à 1914 environ) puise son inspiration dans l'architecture de la Renaissance, un courant artistique né en Italie au XVe siècle qui cherchait à ressusciter l’architecture de l'Antiquité gréco-romaine. conçu en 1880. Il abrite aujourd'hui les bureaux du chef de gare ainsi que des locaux de stockage de matériel.

Boulevard Général Jacques 265, bâtiment de la première gare d'Etterbeek (photo 2012).

Ce bâtiment assez modeste, recouvert d'une toiture en pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon., est réalisé en maçonnerie de briques rouges et de pierres blanches à l'origine apparentes (les trois façades côté quai sont aujourd'hui peintes en blanc uniformément). Il ne compte qu'un seul niveau. La façade vers les quais et la façade arrière comptent chacune cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.. Les trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. centrales, en léger ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., sont accentuées par un attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement. avec friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. d'arceaux interrompue par un cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale. portant le nom «Etterbeek». Les façades latérales ne comptent quant à elles qu'une seule travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., celle côté boulevard Général Jacques étant accolée d'une petite annexe sous toiture plate (peut-être ajoutée à une époque ultérieure, mais avant 1950). Les travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. sont percées de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle., à chaînage en pierres blanches. Des fenêtres jumelées séparées par une colonnette à chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. ionique marquent les axes des quatre façades.

La typologie de cette petite gare correspond à celle des gares de 3e ou de 4e catégorie, non équipées d'un logement de fonction, et réalisées par les chemins de fer de l'État dans les années 1880.

La deuxième gare

Construite à front du boulevard Général Jacques d'après les plans de 1906 signés par l'architecte P.J. Otten, cette gare monumentale est de style néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes)..

Les fondations et dispositifs pour réaliser l'assiette du futur bâtiment ainsi que les terrasses longeant les façades longitudinales furent dessinés par l'ingénieur Edmond Foulon en 1902. Ce socleMassif surélevant un support ou une statue., qui intègre deux tunnels enjambant les voies, est composé de deux travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de voûtes d'arrêtes réalisées en briques et est revêtu d'un parementRevêtement de la face extérieure d’un mur. en pierre blanche de Gobertange et pierre bleue (petit granit). Les deux volées d'escalier droites donnant accès aux quais d'embarquement 1 à 3 ainsi que celle intégrée dans l'aile de liaison sur le quai 4 ont également été conçues par E. Foulon à cette époque. Le jeu d'arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. que présente le socleMassif surélevant un support ou une statue. est d'ailleurs repris dans les structures qui supportent ces deux escaliers.

À l'occasion de la construction de la gare de P.J. Otten, les volées d'escaliers sont dotées de balustradesGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire. en ferronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux. ouvragée et mises sous toiture à charpente métallique reposant sur d'élégantes colonnes en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion.. La couverture du préau surplombant les quais et permettant d'accéder à ces escaliers date également de cette époque. Cette galerie se compose d'une charpente métallique reposant, du côté des quais, sur une colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. et, du côté du boulevard, sur des consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. en béton ancrées dans les murs de la salle des guichets (1956-1958).

Le troisième escalier monumental se trouve dans l'aile de liaison sur le quai 4. Tout comme c'était le cas pour la façade du bâtiment principal donnant autrefois sur le boulevard Général Jacques, l'architecture néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes). de ce bâtiment est marquée par le jeu horizontal des assisesRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps. contrastées de brique et de pierre, composé avec une profusion d'ornements en pierres (cabochons, pierres en taille de diamant, palmettesOrnement symétrique dont la forme est proche de celle d’une palme. La palmette est parfois composée de feuilles d’acanthe., etc.).

Boulevard Général Jacques 265, gare d'Etterbeek, escalier du quai 4 (photo 2013).

La fonction du bâtiment et la présence de l'escalier monumental sont exprimés par la complexité des volumes et des toitures. La présence de l'escalier se traduit aussi en façades par le dessin du socleMassif surélevant un support ou une statue. ainsi que par le jeu de grandes baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. verticales triplées. Cette aile de liaison est désaffectée (pour cause d'instabilité) depuis l'aménagement récent d'une volée d'escaliers métalliques qui mène directement du préau au quai.

La troisième gare

À front du boulevard, un bâtiment de style moderniste (1956-1958), sans grande qualité architecturale, abritant les guichets.
Bâtiment de plain-pied sous toiture à quatre pans à l'élévation en briques et pierre bleue encadrant l'entrée.

Sources

Archives
ACI/Urb. 144-265.
Archives Infrabel – Bureau de dessin – Ouvrages d'art.

Ouvrages
DE BOT, H., Architecture des gares en Belgique, t. 1 – 1935-1914, Brepols, 2002, pp. 49-50.
DEMEY, Th., Les gares bruxelloises. Un patrimoine méconnu, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 1994.
DEMEY, Th., Inventaire des gares bruxelloises, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, s.d.
Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles – Ixelles, AAM, Bruxelles, 1980-1982, fiche 88.
Le chemin de fer Bruxelles-Tervuren, Les Éditions Gérard Blanchart & Cie, s.l., 2002.