Typologie(s)
Intervenant(s)
Léon GUIANNOTTE – architecte – 1932-1935
André WATTEYNE – architecte – 1932-1935
Styles
Inventaire(s)
- Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
- Inventaire du patrimoine d'ingénierie (2011)
- Actualisation permanente de l'inventaire régional du patrimoine architectural (DPC-DCE)
- Les charpentes dans les églises de la Région de Bruxelles-Capitale 1830-1940 (Urban - 2019)
- Le patrimoine monumental de la Belgique. Forest (DPC-DCE - 2014-2020)
Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)
- Artistique La signature d’un bien immeuble (bâtiment) par un architecte de renom ne peut pas être considérée comme un critère absolu. Pour évaluer la place qu’un bien occupe dans l’œuvre d’un architecte, ce critère doit être modulé avec la qualité architecturale (composition et structure interne) du bien, sa mise en œuvre (matériaux, maîtrise technique) et la place qu’il occupe dans l’histoire de l’architecture, ces trois éléments pouvant témoigner d’une phase ou d’un aspect de l’architecture urbaine ou paysagère du passé. Les critères suivants s’appliquent alors pour évaluer l’intérêt artistique : la rareté (typologie, style, utilisation des matériaux, sources), la représentativité (idem) et l’intégrité (idem + qualité d’exécution).
- Esthétique Le bien possède un intérêt esthétique s’il stimule les sens de l’observateur de manière positive (l’expérience de la beauté). Historiquement, cette valeur était utilisée pour désigner des zones naturelles ou semi-naturelles de grande valeur, mais elle peut également s’appliquer à de grands ensembles de bâtiments dans une zone urbaine, avec ou sans éléments naturels, ou à des monuments qui marquent le paysage urbain. D’autres intérêts sont automatiquement pris en considération, l’artistique en premier lieu, mais aussi le paysager (intégration de l’œuvre dans le paysage urbain, points de repère dans la ville) et l’urbanistique (ensembles urbains spontanés ou rationnels). Les critères de sélection suivants lui sont également associés : la représentativité, la valeur d’ensemble et la valeur contextuelle. Ces critères doivent être combinés avec d’autres critères (notamment artistiques).
- Historique Le bien présente un intérêt historique s’il témoigne d’une période particulière de l’histoire de la région ou de la commune, s’il représente un témoignage d’une période particulière du passé et/ou d’une évolution rare pour une période (par exemple, une cité-jardin représentative d’un mode de construction utilisé lors des grandes campagnes d’urbanisation après la Seconde Guerre mondiale, les noyaux villageois illustrant les premiers bâtiments groupés des communes de la Seconde couronne, la Porte de Hal comme vestige de la deuxième enceinte, etc.), s’il témoigne d’un développement urbain (et/ou paysager) particulier de la ville (par exemple, les immeubles des boulevards centraux ou du quartier Léopold), s’il présente un lien avec un personnage historique important, y compris les maisons personnelles d’architectes et les ateliers d’artistes (par exemple, la maison natale de Constantin Meunier, la maison de Magritte), s’il peut être associé à un événement historique important (par exemple, les maisons datant de la reconstruction de Bruxelles suite au bombardement de 1695, la colonne du Congrès), ou s’il possède une représentativité typologique caractéristique d’une activité commerciale ou culturelle (par exemple, les églises, les cinémas, l’architecture industrielle, les pharmacies).
- Scientifique Cette valeur est généralement utilisée pour évaluer les zones naturelles ou semi-naturelles et selon leurs qualités botaniques. Dans le cadre d’un bien, il peut s’agir de la présence d’un élément (de construction) (matériau particulier, matériau expérimental, procédé ou élément constructif) ou du témoignage d’un espace spatiostructurel (urbanistique) dont la préservation doit être envisagée à des fins de recherche scientifique.
- Technique Un bien possède un intérêt technique en cas d’utilisation précoce d’un matériau ou d’une technique particulière (ingénierie), ou s’il présente un intérêt constructif ou technologique particulier, une prouesse technique ou une innovation technologique. Il peut également être considéré comme ayant une valeur archéologique industrielle s’il témoigne de méthodes de construction anciennes. Bien entendu, l’intérêt technique est à mettre en relation avec l’intérêt scientifique.
- Urbanistique Certains biens architecturaux ont joué un rôle prépondérant dans la planification urbaine par le passé. Ils suivent généralement d’autres formes (plans) urbanistiques, entraînant une interaction entre les espaces bâtis et non bâtis (ou ouverts). Cet aménagement comprend également la cohérence entre les différents niveaux d’échelle. Un bien immobilier possède un intérêt urbanistique lorsqu’il joue un rôle dans ce domaine. En voici quelques exemples : les bâtiments d’angle, les places ou les enfilades d’immeubles présentant une certaine cohérence, les tours (immeubles de grande hauteur) habilement implantées et leur relation avec leur environnement qualitatif immédiat, qui peut être cohérent mais aussi contrasté, ainsi que les vestiges de concepts urbanistiques et la manière dont ils sont ou ont été remplis architecturalement (et typologiquement), comme les palais urbains et/ou les maisons de maître éclectiques encore préservés dans le quartier Léopold.
Recherches et rédaction
id
Description
Remarquable édifice religieux en béton
de style Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs., édifié en 1932-1935 par les architectes Léon Guiannotte et
André Watteyne qui ont également dessiné, dans le même style, les vitraux et
une grande partie de son aménagement intérieur. Le bâtiment symétrique autour d’une
tour centrale est visible depuis les huit artères débouchant sur la place Altitude
Cent au centre de laquelle elle se dresse. Cette dernière étant par ailleurs le
point culminant de Bruxelles, l’église domine aussi le paysage environnant.
Historique
La construction de l’église Saint-Augustin est intimement liée au
développement urbanistique du quartier environnant tel qu’initié et projeté par
la Société Anonyme des Villas de Forest en 1899. En 1901, la Commune de Forest
approuve le plan définitif du quartier qui est dans la foulée ratifié par l’arrêté
royal du 04.05.1901. Le projet porte sur la création d’un nouveau quartier entre
le parc de Forest, la chaussée d’Alsemberg et la commune déjà urbanisée de Saint-Gilles.
Le fort accroissement de la population qu’entraîne la création du nouveau
quartier implique l’édification d’une nouvelle église paroissiale, à implanter
sur la place Altitude Cent.
En 1900, dans l’attente de la construction du bâtiment définitif, une église provisoire
est construite sur une parcelle située en retrait de l’avenue Saint-Augustin (à
hauteur de l’actuel n°14-16-18) et cédée par le principal fondateur et
actionnaire de la Société Anonyme des Villas, Alexandre Bertrand. Les plans
sont confiés à l’architecte Edouard Ramaekers (1864-1941) qui conçoit une
église néogothiqueLe style néogothique (à partir de 1860 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes ogivales et verticales issues du moyen-âge gothique. Le style néo-Tudor s’inspire plus particulièrement du style gothique teinté de Renaissance qui fleurit en Angleterre sous le règne des Tudors. ainsi qu’une petite école et un presbytère (voir avenue
Saint-Augustin n°12). Guillaume Busselot devient le curé de la nouvelle
paroisse dédiée à saint Augustin. Le nom fait référence à l’église
Saint-Augustin sur la place de Brouckère qui avait été démoli quelques années
auparavant, en 1893. L’emplacement et les plans de la nouvelle église sont
ratifiés par l’arrêté royal du 23.09.1901.
Avec ses quelques 300 places, l’église provisoire devient rapidement trop
petite. La construction d’une église plus spacieuse s’impose donc. À cette fin,
la Société Anonyme des Villas de Forest cède
en 1912, à la Fabrique d’Église, le terrain situé au centre de la place
Altitude Cent. Cette donation est cependant liée à certaines conditions: l’édifice
religieux doit être surmonté d’une coupoleVoûte de plan central. Elle peut être circulaire, ovale, polygonale, à côtes, en plein cintre, surbaissée, surhaussée, etc. ou d’une tour centrale, avoir une
superficie d’au moins 950m² et être entouré d’un jardin. La fabrique de
l’Église ne participera que dans une faible mesure aux frais de construction, l’essentiel
du budget étant financé par la Société des Villas qui espère ainsi renforcer la
mise en valeur du quartier dont elle a initié l’aménagement.
La fabrique de l’Église reçoit divers projets de styles néo de la main des
architectes Edmond Serneels, Pieter Langerock, Charles Petein, Joseph Pauwels,
Hubert Marcq et Albert Rosenboom. Après avoir longtemps hésité, elle retient le
23.06.1914 le projet de style néo-romanLe style néo-roman (à partir de 1850 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes inspirées du moyen-âge roman. d’Edmond Serneels pour la simple et
bonne raison que, contrairement à ses concurrents, il respecte le montant
alloué au projet. L’église est mise en chantier dans les plus brefs délais. Or,
lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le prix des matériaux de construction
flambe au point que la Fabrique est contrainte d’arrêter les travaux alors que
l’église n’en est qu’au stade des fondations. Et à l’issue de la Guerre, elle
ne parvient pas à libérer les fonds nécessaires à leur poursuite. En 1928,
Serneels revoit ses plans afin de réduire les coûts, mais cela reste insuffisant.
La Fabrique décide alors de construire une tout autre église en béton armé,
plus économique. Sous l’impulsion de Victor Defays, nouveau président de la
fabrique de l’Église, professeur de génie civil à l’université de Louvain et grand
partisan de l’architectures en béton, les plans du nouvel édifice sont confiés aux
architectes Léon Guiannotte (1891-1976) et André Watteyne. Le premier était
déjà renommé dans les constructions de bâtiment en béton armé, le deuxième (forestois)
bénéficiait de sa position comme stagiaire chez le professeur Defays. L’ingénieur
M. E. Rossbach est désigné comme conseiller technique en matière de béton armé.
L’utilisation de béton pour des édifices religieux, en rupture totale avec les
modèles du passé, influencera tant la forme que la technique de construction de
l’église Saint-Augustin. Guiannotte et Watteyne réalisent une église dans la
lignée des églises en béton armé Notre-Dame de Raincy près de Paris (Auguste et
Gustave Perret, 1923-1924), Sainte-Suzanne à Schaarbeek (Jean Combaz,
1925-1928) et Saint-Jean-Baptiste à Molenbeek (Joseph Diongre, 1931-1933), à
peine achevée.
Les plans de 1928 montrent une église en forme de croix grecque avec, entre les
bras de la croix, quatre volumes arrondis formant les bas-côtés et une tour
monumentale se dressant au centre de la nef. Le projet est approuvé par la
fabrique d’Église, la Commission archiépiscopale, la Commune de Forest et la Commission
royale des Monuments et Sites moyennant quelques adaptations: il y a lieu
de prévoir un chœur circulaire et plus grand afin de renforcer le caractère
monumental du lieu, ainsi qu’une tribune pourvue de hautes fenêtres pour
baigner l’intérieur de lumière. Aux critiques selon lesquelles l’extérieur est
trop sobre et percé de trop peu de fenêtres, il ne sera donné aucune suite.
Le coup d’envoi du chantier est donné en avril 1933. Les travaux sont confiés à
la S.A. Franco-Belge des Travaux à Bruxelles qui a fait l’offre la plus
avantageuse. Cette entreprise jouit d’une solide réputation notamment pour
avoir mené à bien la construction de l’église Saint-Jean-Baptiste à Molenbeek. Cinq
mois plus tard, l’ossature en béton armé et les travaux de maçonnerie sont déjà
terminés. Le lundi de Pâques 1935, la nouvelle église qui compte un millier de
places est inaugurée en grande pompe. L’événement est célébré par une messe et
un cortège solennels. Il faudra cependant encore attendre des années avant que
son intérieur soit entièrement achevé. Dans un premier temps, on l’habillera
avec les meubles et les statues de l’église provisoire. Il faudra aussi attendre
1946 avant que ses murs extérieurs soient intégralement enduits de simili-pierreEnduit dont la couleur et la texture imitent la pierre de manière très convaincante, avec généralement des joints factices remplis de mortier gris..
L’église provisoire située avenue Saint-Augustin est convertie en un local
associatif pour être finalement démolie en 1959 et remplacée par
l’établissement scolaire actuel. Le presbytère qui accompagnait l’édifice a
quant à lui été maintenu (voir avenue Saint-Augustin no12).
Dans les années 1941-1944, Guiannotte et Watteyne apportent deux modifications au
plan originel de l’église: le chœur est agrandi grâce à la construction
d’une nouvelle sacristie et les bas-côtés arrondis sont percés de 28 baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. en
hauteur. Bien que prévus par Guiannotte, les vitraux de ces baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. ne seront posés
qu’à la fin des années 1990 d’après un projet contemporain.
Dans les années 1960, la structure en béton se dégrade sérieusement. À la suite
d’infiltrations d’eau, l’enduit se fissure et s’écaille, les barres métalliques
du béton se corrodent et les vitraux fortement endommagés.
Le 08.08.1988, l’église Saint-Augustin est classée comme monument, ce qui met
fin aux discussions concernant son éventuelle démolition et son remplacement
par une haute tour administrative ou résidentielle, voire une station de métro.
Dans les années 1996-1998, l’église est restaurée sous la houlette des
architectes Francis Marlière et Roland Cousin (Atelier du Sablon). Les baies
des quatre volumes arrondis et du chœur sont alors pourvues des vitraux initialement
prévus.
Description
Plan
Implantée au centre de la place Altitude Cent, l’église est le point de
convergence des huit artères radiales qui y débouchent. Cette implantation a
déterminé le plan du bâtiment religieux qui s’articule de manière symétrique
autour de sa tour de 54mètres de haut.
Plan d’origine en forme de croix grecque intégrant la nef et le transept,
prolongé au sud par le portail et au nord par le chœur puis par la sacristie
inscrite dans un demi-cercle. Entre les bras de la croix quatre volumes arrondis
formant les bas-côtés. Au centre de la nef, quatre piliersSupport vertical de plan carré. supportent la tour
qui se compose de quatre volumes de taille dégressive superposés: le
premier se recoupe avec la toiture plate, le deuxième est percé de grands
vitraux, le troisième abrite les cloches et le dernier s’ouvre sur l’extérieur.
Le motif de la croix grecque est récurrent puisqu’on le retrouve dans
l’élévation du bâtiment, au sommet de la tour et dans le carrelage.
On pénètre à l’intérieur de l’église par un large portail (sud), sous une
tribune. Le chœur est orienté au nord et flanqué d’une sacristie et deux pièces
attenantes. Sur les bas-côtés: entrées latérales, magasin et baptistère. Partiellement
ajourée, la tour est une source importante de lumière.
La correspondance des architectes révèle qu’ils ont attaché beaucoup
d’importance aux proportions et au symbolisme de l’église Saint-Augustin. Le
plan et l’élévation répondent à un canon mathématique dans lequel carrés,
triangles et cercles forment un ensemble harmonieux. Ce réseau de calculs
s’inspirerait de la coudée sacrée de l’Égypte antique. Mais le bâtiment
symbolise avant tout la mystique chrétienne. Ensemble, les quatre bas-côtés arrondis
évoquent par exemple l’auréole de Jésus-Christ qui éclaire le monde. Et les
différents étages de la tour symbolisent le naturel et le matériel s’élevant
vers le surnaturel et le spirituel.
Extérieur
L’ossature de l’église –construite sur les fondations qui avaient été
entamées par Serneels (et abandonnées en 1924)– est en béton armé: poutres,
linteaux, plafonds et escaliers. On notera que, contrairement à ce qui avait
été mentionné dans le cahier des charges, les murs de la tour, eux aussi en
béton armé, sont enduits d’une épaisse couche de ciment et non revêtus de
pierre marbrière d’Euville reconstituée. Les pierres de couverture, les appuisAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. de
fenêtre et les escaliers en amont de l’entrée sont en petit granit et la
plinthe en moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie..
La physionomie de cet édifice en gradins est dictée par un jeu de lignes
droites et courbes qui lui donne un aspect sobre et rationnel. Hormis les
motifs abstraits et stylisés Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs., le bâtiment est exempt de tout élément
décoratif à l’extérieur. La nef et le transept sont couverts de toitures plates
plus hautes que celles des bas-côtés arrondis. L’entrée principale s’inscrit
sous un auventPetit toit couvrant un espace devant une porte ou une vitrine. rectangulaire en pierre bleue portant l’inscription «Domus
mea domus orationis» («Ma
maison est une maison de prière»). Les bas-côtés, l’entrée principale, le
chœur et la tour sont percés de grands vitraux verticaux. Ceux des volumes en
quart de cercle sont beaucoup plus petits. La tour rectangulaire est sommée
d’une croix et de quatre piliersSupport vertical de plan carré. qui évoquent les quatre évangélistes et le
calvaire.
Intérieur
La valeur de cet
intérieur réside en ce qu’il a été conçu comme une œuvre d’art globale en
parfaite harmonie avec le style Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs. du bâtiment. Il est lui aussi le fruit
des architectes Guiannotte et Watteyne qui ont dessiné les cartons des vitraux,
le maître-autel, le Chemin de croix et
les différentes sculptures. Son aménagement, sa décoration et son mobilier
actuels sont en grande partie d’origine (le banc de communion et les autels
latéraux ont été supprimés).
La structure portante se compose de douze colonnes en béton armé se dressant
aux douze angles de la croix grecque. Les quatre piliersSupport vertical de plan carré. massifs du milieu soutiennent
la galerie aveugleUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre. qui se prolonge dans la tour. La sacristie et l’entrée
principale sont surmontées d’une tribune. Les lignes courbes créent un effet de
volume et confèrent à cet intérieur un caractère sacral. Les sols sont en
carreaux de ciment rouge brun, noirs et bleu ciel de 20 cm sur 20 qui forment
les mêmes motifs géométriques qu’à l’extérieur.
Mobilier
Le maître-autel ainsi que
le tabernacle et la croix ont été dessinés par André Watteyne en 1935. La table
et les marches sont en pierre blanche polie. Derrière l’autel se dresse une
tribune cintrée. Datant de la même époque, les quatre confessionnaux en chêne
se marient parfaitement avec l’écriture sobre et stylisée de l’intérieur de
l’église.
Sculptures
Le Chemin de croix est l’une des
œuvres les plus remarquables que compte l’église. Elle se compose d’une série
de larges tablesPetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. en pierre de Brauvillers sculptées, disposées sur tout le
pourtour de l’église. Cette œuvre monumentale a une hauteur d’1,40m et s’élève
à 2,40m du sol. Dessinés par André Watteyne en 1944, les quatorze bas-reliefs,
d’une grande sobriété, s’inspireraient de La
vie de Notre Seigneur Jésus-Christ du peintre français James Tissot
(1836-1902). L’année suivante, Oscar De Clercq et G. Van Goolen sculptent neuf
des bas-reliefs. Le dixième n’est mis en œuvre qu’en 1963 et il faudra attendre
1997 pour que les quatre derniers (les stations six à neuf) réalisés par le
sculpteur René Rosseel viennent flanquer le portail de l’église.
Les sculptures de la Vierge à l’enfant, du Sacré Cœur et de sainte Thérèse qui
trônent de part et d’autre du chœur et dans le bas-côté est de l’église ont été
dessinés par l’architecte Léon Guiannotte et sculptés par J. Boedts dans les
années 1938-1943. Il s’agit de sculptures en pierre naturelle montées sur un
socle de marbre et un fond en bois.
Le bas-relief Saint Augustin et sa mère sainte Monique ornant le bas-côté ouest a été conçu par l’architecte Léon
Guiannotte et réalisé par le sculpteur J. Boedts en 1942. Cette œuvre en pierre
naturelle est entourée d’un cadre de marbre jaune et noir.
Vitraux
Les vitraux des bas-côtés,
de l’entrée principale et de la tour sont prévus dès l’origine. Les cartons
sont conçus par Guiannotte et réalisés en 1935 par le maître-verrier Paul
Steyaert. Ces vitraux se distinguent par leur structure verticale et
représentent des scènes de la bible dans un style figuratif néogothiqueLe style néogothique (à partir de 1860 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes ogivales et verticales issues du moyen-âge gothique. Le style néo-Tudor s’inspire plus particulièrement du style gothique teinté de Renaissance qui fleurit en Angleterre sous le règne des Tudors.. Les
éléments décoratifs en arrière-plan sont, par contre, d’inspiration Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs.. La
lumière dont ils baignent l’intérieur de l’église a une connotation symbolique:
leur partie inférieure est déclinée dans des couleurs froides comme le mauve qui,
en hauteur, se réchauffent graduellement pour passer au jaune, à l’orange et au
rouge. Les vitraux de la tour sont purement décoratifs, et sont dominés par la
couleur jaune.
Les vitraux prévus pour éclairer les bas-côtés arrondis et le chœur ne seront
pas mis en place, et finalement remplacés par de simples vitrages pas du tout
en phase avec l’édifice. Ce n’est que lors des grands travaux de restauration
des années 1996-1998 qu’ils seront remplacés par des vitraux réalisés par les
maîtres-verriers anversois Patrick De Jaeger et Félicien Penders. Ceux des
volumes arrondis ont été réalisés d’après les cartons de Guiannotte tandis que
ceux du chœur sont une interprétation moderne des vitraux déjà en place. Ils
sont tous déclinés dans un langage décoratif.
Orgue de tribune
Construit en 1906 par le
facteur Salomon Van Bever, cet orgue de tribune est installé dans un angle de
la galerie située au-dessus de l’entrée principale. Il s’agit d’un instrument
en chêne dont les tuyaux ne sont pas visibles.
Classement 08.08.1988
Sources
Archives
AAM, fonds Léon Guiannotte, église Saint-Augustin.
ACF, TP 11362 (1931), 14184 (1941), 14189 (1941), 14432 (1943), 19519 (1969).
KIK-IRPA, clichés numéros: E1875, E36795, M59250, M59251, M59252, M59253, M59254, M59255, M59256, M59257, M59258, M59259, M59262, M59263.
Archives de la paroisse Saint-Augustin, Inventaris van de plannen, Sint-Augustinuskerk te Vorst, Hoogte Honderdplein, André Watteyne en Léon Guiannotte, 1929.
Archives de la paroisse Saint-Augustin, Copie des plans conservés chez Mr Watteyne, fils, rue Joseph Bens137, Les architectes Watteine et Guiannotte, le 18-08-1932.
Archives de la paroisse Saint-Augustin, Album classeur Saint-Augustin, vol.1-3.
Ouvrages
COEKELBERGHS, D., Répertoire photographique du mobilier des sanctuaires de Belgique. Province de Brabant. Canton d’Uccle, KIK-IRPA, 1977, pp.19-20.
CORDEIRO, P., L’église Saint-Augustin–proposition de restauration, mémoire de licence, RLICC, UCL, novembre 1992.
CULOT, M., HENNAUT, E., LIESENS, L., Archives d’architecture moderne, Bruxelles, AAM, tome 2, 1999, pp.334-335.
LAMBRICHS, A., «Religieuze Art Deco», Art Deco architectuur. Brussel 1920-1930 (Catalogue d’exposition) , Archives d’Architecture Moderne, Bruxelles, 1996, p.61.
MOREL, A.-F., De architecturale representatie van het katholicisme: interbellumkerken in het Brussels Hoofdstedelijk Gewest, mémoire de licence, Universiteit Gent, 2005.
PIRLOT, A.-M., Le quartier de l’Altitude Cent, SPRB, Bruxelles, 2014 (Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 53), pp.24-35.
REUNIS, R., Inventaire des archives de la paroisse Saint-Augustin à Forest, Paroisse Saint-Augustin, 2006.
VAN DE VOORDE, S., Bouwen in beton in België (1890-1975). Samenspel van kennis, experiment en innovatie, thèse de doctorat, Universiteit Gent, 2010-2011, pp.307-317.
VERNIERS, L., Histoire de Forest les Bruxelles, Bruxelles, A. De Boeck, 1949, p.164.
Périodiques
CORDEIRO, P., «Sacraal beton. De Sint-Augustinuskerk te Vorst», M&L, 13, 3, 1994, pp.41-56.
MOREL, A.-F., VAN DE VOORDE, S., «Rethinking the Twentieth-Century Catholic Church in Belgium: the Inter-Relationship Between Liturgy and Architecture», Architectural History, 55, 2012, pp.269-297.
NICAISE, L., «Va-t-on démolir l’église Saint-Augustin?», Le Soir, 05.12.1974.
QUEILLE, G., «Églises en béton. Église Saint-Augustin, place de l’Altitude 100 à Forest, Architectes L. Guiannotte et Watteyne», Bâtir, 40, 1936, pp.592-593.
VAN LIL, A., «La Paroisse de Saint Augustin à Forest», Le Folklore brabançon, 218, 1978, p.127.
Sites internet
Orgues en Région de Bruxelles-Capitale