Typologie(s)

hôtel particulier

Intervenant(s)

Henri BEYAERTarchitecte1860-1878

W. JANSSENS1860-1878

Louis DE RIJCKERentrepreneur, architecte1900-1908

Styles

Éclectisme
Néo-Renaissance

Inventaire(s)

  • Inventaire du patrimoine monumental de la Belgique. Bruxelles Pentagone (1989-1993)
  • Actualisation permanente de l'inventaire régional du patrimoine architectural (DPC-DCE)
  • Inventaire d'urgence du patrimoine architectural de l'agglomération bruxelloise (Sint-Lukasarchief 1979)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2016

id

Urban : 33309
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Description

Hôtel du Gouverneur de la Banque Nationale, partie subsistante d’un vaste complexe de bâtiments édifiés pour la Banque Nationale, entre 1860 et 1878, sur les plans de l’architecte H. Beyaert, assisté de l’architecte W. Janssens, et complété, entre 1900 et 1908, sur les plans de l’architecte L. De Rycker.

Suite à de nombreuses offres de service, cette entreprise fit l’objet, en 1859, d’un concours auquel prirent part les architectes A. Trappeniers, F. Seghers, L. De Curte, A. Partoes, F. Laureys, H. Raeymakers, F. Pauwels et l’association H. Beyaert - W. Janssens. Malgré le premier prix attribué à F. Seghers, la Banque choisit le projet Beyaert-Janssens dont le plan général, basé sur un rectangle évidé par une cour intérieure, s’articule au départ de deux ailes principales distinctes. Édifiées chacune selon un axe longitudinal parallèle à la rue, elles sont reliées entre elles suivant deux axes perpendiculaires aux premiers. Les deux axes longitudinaux déterminent la répartition des locaux : hôtel du Gouverneur, pièces d’apparat et bureaux de la haute direction dans la partie antérieure longeant la rue, locaux de services bancaires dans la partie postérieure en contrebas. Les deux axes perpendiculaires dans lesquels se trouvent principalement les cages d’escalier en raison de la déclivité du terrain, organisent et hiérarchisent la circulation entre les deux ailes : à gauche, l’entrée du public vers les bureaux, à droite, l’entrée vers les locaux de prestige et l’hôtel particulier du Gouverneur. Après modification du plan présenté, exécution d’une première phase, de 1860 à 1869, parachevée intérieurement jusqu’en 1874 et comprenant les deux ailes parallèles et leur liaison : hôtel du Gouverneur et « Caisse Centrale», aile de bureaux à structure intérieure métallique. Lors d’une deuxième phase entamée avant l’achèvement de la première, extension des locaux, pour les besoins accrus de la Banque, sur les plans du seul architecte H. Beyaert, de 1871 à 1878, comprenant les bureaux de la «Caisse de Recouvrement», une tour cylindrique appelée «Tour Beyaert» — occupée par un escalier à noyau creux, au somment duquel l’architecte s’était représenté contemplant le vide — et des bâtiments de communication, tous vers la rue de Berlaimont ; vers la rue de la Banque, l’Imprimerie et la «Maison du Trésor». La liaison entre les bâtiments de ces deux rues, objet d’une troisième phase connue par des plans de H. Beyaert datés de 1893, peu avant son décès, fut cependant réalisée sur les plans de l’architecte L. De Rycker. Ce dernier conçut en outre deux ailes symétriques longeant la rue du Bois Sauvage, de part et d’autre de l’hôtel du Gouverneur, édifiées de 1900 à 1908 à l’usage de bureaux de direction. À l’exception de l’hôtel et de l’aile contiguë à gauche, ce vaste et imposant ensemble fut démoli pour la construction de nouveaux bâtiments sur les plans de l’architecte M. Van Goethem, de 1947 à 1957 (voir boulevard de Berlaimont, no 1-5).

rue du Bois sauvage 9. Hôtel du Gouverneur de la Banque Nationale (photo 1980).

Le complexe bancaire se présente actuellement sous la forme d’un triangle bordant les rues de la Banque, du Bois Sauvage et de la Collégiale, ainsi que le boulevard de Berlaimont. Il groupe, de ce côté, deux longues ailes rectilignes et parallèles séparées par deux cours intérieures rectangulaires, deux ailes longeant la rue de la Banque avec retour rue du Bois Sauvage et intègre les édifices anciens bordant cette dernière. L’espace intérieur est occupé par des cours séparées par des bâtiments de liaison.

Hôtel du Gouverneur. Seul témoin de l’ensemble conçu par Beyaert, aile de deux niveaux à structure en maçonnerie de briques, enduite à l’arrière, revêtue, en façade à rue et dans les vestibule d’entrée et cage d’escalier d’honneur, de pierre blanche d’Euville, Gobertange, Savonnière et Audun. Toiture soutenue par une charpente métallique. Orgueilleusement conçu comme un «monument à la Banque», richement orné et meublé dans ses moindres détails sur les plans de Beyaert lui-même, bâtiment de style éclectique inspiré des conceptions classiques manifestées dans les grands ensembles bruxellois de la fin du XVIIIe siècle et mêlant, intérieurement et extérieurement, des éléments des styles Renaissance italienne et française à des motifs Louis XVILe style néo-Louis XVI se développe à partir de 1910 environ. Il reprend des éléments typiques du néoclassicisme contemporain du règne de Louis XVI : noeud de ruban, médaillons ovales, lauriers, faisceau de licteurs, etc. prônés par l’École des Beaux-ArtsStyle Beaux-Arts (de 1905 à 1930 environ). Courant architectural puisant son inspiration dans les grands styles français du XVIIIe siècle. Riche et ornementé, il se caractérise souvent par des élévations en (simili-)pierre blanche et/ou brique orangée ainsi que par l’usage du fer forgé pour les garde-corps et la porte. et abondamment utilisés à l’époque du Second EmpireStyle Empire (de 1800 à 1850 environ). Tendance particulière du néoclassicisme caractérisée par un décor d’inspiration archéologique (palmettes, sphinx, griffons, etc.), issu de l’Antiquité grecque, romaine ou égyptienne..

Agrémentée d’un décor monumental dû aux sculpteurs E. Mélot, L. Wiener et E. Fiers et de motifs ornementaux par G. Houtstont, façade en pierre d’une symétrie et d’un équilibre parfaits, de deux niveaux et neuf travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.. Matérialisant le départ des axes de circulation, les deux extrêmes, formant avant-corps couronné d’un frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. triangulaire, accueillaient autrefois au rez-de-chaussée, à gauche, l’entrée du public vers un hall et un escalier monumental accédant à l’aile de bureaux en contrebas, à droite, l’entrée particulière de l’hôtel menant à la cour privée du Gouverneur et vers la grande salle des fêtes à l’étage. Entre ces travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. d’honneur se développent sept travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. intermédiaires, en retrait derrière un espace clôturé par une élégante grille ornementale en fer forgé ponctuée de médaillonsCartouche rond ou ovale. au monogramme BN sous les faisceaux d’épis de blé. Sur socleMassif surélevant un support ou une statue. ajouré pour les caves, rez-de-chaussée rythmé par les trumeauxPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau. à refends formant pilastreÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. de part et d’autre des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaires en retrait, sur appuiAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. saillant en larmierMouluration horizontale qui présente un canal creusé dans sa partie inférieure, servant à décrocher les gouttes d’eau afin d’éviter leur ruissellement sur la façade. Le larmier isolé possède un chanfrein comme moulure supérieure. Le larmier constitue l'un des éléments de la corniche. au-dessus des allègesPartie de mur située sous l’appui de fenêtre. La table d’allège est une table située sous l’appui de fenêtre. sculptées d’une épaisse guirlandeLa guirlande est un décor figurant un cordon de fleurs, feuilles ou fruits.. Obturant les jours1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. vitrés, grillage à motifs géométriques orné d’abeilles stylisées. Bordant ce niveau, entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. à médaillonsCartouche rond ou ovale. entourés de guirlandes alternant avec des rosettes à la friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. interrompue par les consoles à volutesOrnement enroulé en spirale que l’on trouve notamment sur les chapiteaux ioniques, les consoles, les ailerons, etc. et gouttes soutenant la large corniche, support du balcon limitant les deux niveaux. Rappelant entre autres celles de la place Royale, balustrade continue ajourée d’oves et rythmée par des vases richement sculptés, au-dessus des désÉléments de pierre de section sensiblement carrée ou rectangulaire, disposés généralement aux angles d’un balcon. panneautés, devant les trumeauxPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau.. BaiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. d’étage à encadrement festonné et sculpté, sous un frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. cintré soutenu par des consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. à palmettes et frappé chacun d’un écu couronné, aux armes d’une province belge. Entablement rythmé, à la friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale., de métopesDans une frise d’entablement, surface nue ou ornementée qui alterne avec les triglyphes. à trophéesDécor composé d’un regroupement d’objets divers, attributs d’un métier ou d’un art. Trophée de musique, de guerre, etc. auxquelles répondent, au-delà de la corniche à mutulesModillons de l’ordre dorique. Éléments décoratifs en forme de dé assez plat, répétés sous une corniche. et denticules, les désÉléments de pierre de section sensiblement carrée ou rectangulaire, disposés généralement aux angles d’un balcon. cannelés de la balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire. de couronnement surmontés de coquillesOrnement symétrique figurant une coquille Saint-Jacques ou un coquillage s’en rapprochant.. Travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. extrêmes en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., d’allure monumentale, conçues selon un rythme vertical contrastant avec l’horizontalité des travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. intermédiaires. Ouvertures axiales : au rez-de-chaussée, porte entourée d’un toreMoulure pleine de profil courbe, en portion de cercle ou d’ovale ou en demi-cœur. feuillagé interrompu, au linteauÉlément rectiligne d’un seul tenant, en pierre, bois, béton ou métal, couvrant une baie., par un large motif décoratif centré sur les emblèmes de Mercure, dieu du commerce : bâton, serpents enroulés, casque ailé. BaieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. d’étage semblable aux précédentes, se démarquant cependant sous le frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. par un double encadrement dont le plus large est constitué d’un linteau soutenu par deux cariatidesStatue féminine jouant le rôle d’une colonne ou d’une console et portant une corniche, un entablement, un chapiteau ou un balcon., œuvres de E. Mélot et L. Wiener. De part et d’autre de ces ouvertures, rez-de-chaussée à refendsLe refend est un canal dans un parement, accusant ou simulant le tracé de joints d'un appareil à bossages. formant pilastres ajourés d’oculus à clé en mascaronDécor sculpté figurant un visage humain ou un masque. flanqué de guirlandes d’abondance, sous le couple de colonnes jumelées à chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. ionique du portique d’étage encadrant la baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. bordée d’une balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire.. Prolongeant celui de la façade, entablement frappé du monogramme royal de Léopold II entre cartouchesDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale. à draperies. Tympans des frontonsCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. suggestivement décorés en demi-ronde-bosse, à gauche d’une proue de navire, à droite d’une ruche. Complétant ce décor symbolisant l’opulence liée à l’essor économique, auquel se rattachent aussi les épis et abeilles des grilles, statues allégoriques couronnant les frontonsCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. au centre de l’attique de couronnement, figurant le commerce et l’industrie, par le sculpteur E. Fiers.

rue du Bois sauvage 9. Hôtel du Gouverneur de la Banque Nationale (photo 1980).

Intégralement conservés, décor intérieur et mobilier somptueux, en style Napoléon III, entièrement dessinés par H. Beyaert et W. Janssens : entre autres escalier monumental à niches garnies de statues par Schoonjans, E. Fiers, G. De Groot et G. Houtstont, salle des fêtes sur plan en croix, couverte de voûtes en berceau et d’une coupoleVoûte de plan central. Elle peut être circulaire, ovale, polygonale, à côtes, en plein cintre, surbaissée, surhaussée, etc. centrale, ornées de peintures par J. Stallaert, dessus de portes par L. Tinant, sculptures par E. Fiers ; salle du conseil avec tapisseries (cartons de F.-A. Bossuet, par Braquenie de Malines) ; bureau du gouverneur, salles de réunion et salons lambrissés, parquets marquetés et plafonds richement ornés et peints. Mobilier réalisé par Wallaert, lustres et appliques par la Compagnie des Bronzes.

La conception et la réalisation de ce programme qui fit école témoignent de la diversité des connaissances et des conceptions architecturales de Beyaert. Le plan général en quadrilatère, l’organisation de la façade à rue, les décors intérieurs et extérieurs de l’hôtel attestent la prédominance de l’influence française. Inspirée des nouvelles techniques en faveur dans les pays anglosaxons, la structure intérieure à ossature métallique de la «Caisse Centrale» avec balcons et galerie contraste avec la structure maçonnée traditionnelle de l’hôtel. Ces éléments révèlent un esprit novateur cependant empreint de traditions, soucieux d’adapter les solutions techniques et l’emploi des matériaux à la fonction des édifices.

Anciens bureaux de direction, édifiés de 1900 à 1908 sur les plans de l’architecte L. De Rycker. S’harmonisant avec celle de l’hôtel contigu dont elle reprend les rythmes, façade de trois niveaux sur caves hautesSous-sol à demi enterré, surélevant le rez-de-chaussée. suivant la déclivité du terrain. Cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. rythmées par des pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. colossaux cannelés, entre les larges baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaires vitrées, en retrait et séparées par des allèges sculptées. EntablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. classique à consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console., corniche à mutulesModillons de l’ordre dorique. Éléments décoratifs en forme de dé assez plat, répétés sous une corniche. et balustrade de couronnement.


Sources

Ouvrages
KAUCH P., Les bâtiments de la Banque Nationale de Belgique à Bruxelles, Bruxelles, 1964.

Périodiques
VICTOIR J., "Les bâtiments de la Banque Nationale à Bruxelles. L’hôtel du Gouverneur", dans La Maison d'hier et d’aujourd'hui, 48, déc. 1980, pp. 18-39.