Recherches et rédaction

1989-1994

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireReliant le Coudenberg à la rue Montagne du Parc, cette large artère descend par une vaste courbe jusqu’au carrefour du Cantersteen et des rues du Cardinal Mercier et des Colonies. Son percement en 1911-1913 fut mené de pair avec l’élargissement du tronçon subsistant de la rue des Douze Apôtres, la prolongation de la rue Montagne du Parc et la jonction avec la rue du Marché au Bois élargie. En 1876, l’architecte H. Maquet avait déjà imaginé le tracé d’un axe reliant le haut et le bas de la ville. Plus tard, ce tracé fut retenu dans les différents stades du projet d’aménagement de la rue Montagne de la Cour. Celui-ci prévoyait en outre un deuxième tronçon courbe menant de la rue du Marché au Bois au croisement des rues de la Montagne et du Marché au Charbon. En 1903, on décida de restructurer la zone comprise entre la cathédrale Saint-Michel, la rue Royale, le Coudenberg, la rue de la Madeleine et la rue de la Montagne afin d’y implanter la future Gare Centrale et le quartier de la Putterie (voir carrefour de l’Europe). Le percement de la rue Ravenstein en constitua la deuxième phase. Il entraîna la démolition des vieux quartiers Isabelle et Terarken comprenant les rues Isabelle, Terarken, des Douze Apôtres, Montagne des Aveugles, des Finances et du Marché au Bois. Ainsi disparurent la «Grote Gulden Hof», champs de tir et maison du Grand Serment des Arbalétriers, la «Synagogue», la maison Teniers, l’hospice Terarken et le steen des Clutinc. Une phase ultérieure anéantit, avec un pâté de maisons de la rue des Sols, les chapelles Salazar et du Saint-Sacrement et le Palais Granvelle occupé par l’Université Libre de Bruxelles tandis qu’on déplaça le «Groote Pollepel» ou «Grande Cuiller à Pot». Enfin, en 1928-1933, l’établissement de la rue du Cardinal Mercier concrétisa le projet précité d’un deuxième tronçon. La rue est aujourd’hui surélevée par une substructure voûtée en béton soutenue par des piliers et des murs de soutènement. La rue Terarken qu’elle enjambe en permet également l’accès. La rencontre avec la rue des Douze Apôtres est marquée par un square triangulaire clôturé par une balustrade en pierre bleue et décoré du groupe monumental en marbre blanc « La Maturité » sculpté par vers Rousseau en 1922.

rue Ravenstein. La Maturité. Square formé avec la rue des Douze Apôtres et la rue Montagne du Parc (photo 1980).


Le long de l’Hôtel Ravenstein, un vestige de l’ancien tracé de la rue mène à la rue Terarken par des escaliers, refaits. Il s’agit du deuxième des quatre escaliers que les Juifs creusèrent aux XIIe et XIIIe siècles dans le flanc Nord de la colline, où ils étaient installés jusqu’à la persécution de 1370. Après eux, l’endroit fut occupé par des familles nobles (voir aussi rue Villa Hermosa). Aux XIVe et XVe siècles, la rue s’appelait ruelle Meldert, à cause de l’hôtel du même nom. Au XVIIe siècle, une ancienne auberge lui donna son nom de rue Saint-Laurent qui fut remplacé en 1851 par l’appellation actuelle.

La rue se dote de constructions en plusieurs phases, à commencer, du côté impair, par les extensions de la Société Générale de Belgique dans les années 1910 et le Palais des Beaux-Arts dans les années 1920. Divers projets furent envisagés pour le bloc compris entre le Cantersteen et la rue des Sols. Projet «Cité Commerciale Montagne du Parc» dessiné en style Art Déco par l’architecte J.M. van Hardeveld en 1927 pour la «Société Immobilière Centrale de Belgique » : complexe de commerces et de bureaux comprenant une rotonde d’angle et une tour de 90 m de haut; projet dessiné par l’architecte V. Horta en 1928-1929 pour la société londonienne «Municipal Developments Limited» : complexe similaire comprenant tour, galerie et école. Des éléments de ces deux projets ont été repris par les immeubles de bureaux «Shell» et «Trieste» construits dans les années 1930 et par la galerie Ravenstein datant des années 1950 (voir galerie Ravenstein). La hauteur de ces bâtiments de grandes proportions, traitant les angles de manière monumentale, est limitée par une servitude destinée à maintenir le panorama de la place des Palais. Leur façade, évoluant du style Beaux-Arts aux styles Art Déco et fonctionnaliste, est parementée de pierre blanche, de pierre bleue ou de marbre, tandis que le rez-de-chaussée est dévolu à la fonction commerciale.
Au n° 29, entre les rues Baron Horta et Montagne du Parc, bâtiment de la Générale de Banque conçu dès 1965 par les architectes H. Van Kuyck, P. Guillissen, C. Housiaux et J. Polak et construit en deux phases de 1968 à 1980, démoli. Remplace un complexe de bâtiments, siège depuis 1823 de la Société Générale, dont le noyau était le refuge néoclassique de l’abbaye d’Averbode (1779-1781, architecte B. Guimard); au cours des XIXe et XXe siècles, agrandissements successifs en style d’imitation ou Beaux-Arts par les architectes A. Trappeniers, G. Ghysels et J. Van Mansfeld ainsi que G. Deru.


Sources

Archives
AVB/TP 31486 et 56466 (1922), 41244 (1927), 41336-41342 (1928-1929).
AA 1911, rep. 8143.
NPP, H 1. 

Ouvrages
DES MAREZ, G., Le Quartier Isabelle et Terarken, Bruxelles, 1927.