Recherches et rédaction
1989-1994
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireReliant la place de la Justice à la place du Grand Sablon, cette large rue au tracé courbe et en forte pente fut créée au travers des terrains occupés par l’ancien palais de Justice. Son tracé fut approuvé et mis en adjucation en 1891, complété et loti en 1893.
Le premier palais de Justice de Bruxelles fut implanté en 1816-1820 dans l’ancien couvent des Jésuites suivant les plans de l’architecte F. Verly. Établis à cet endroit dès 1589, ces derniers avaient pratiquement acquis, au début du XVIIe siècle, la totalité de l’îlot formé par les rues de Ruysbroeck, d’Or, de la Paille et de Rollebeek. Leur collège fut érigé en 1604 et leur église en 1606-1627/1660 d’après les plans de l’architecte J. Francquart. Après la dissolution de l’ordre en 1773, il servit de collège thérésien de 1779 à 1797, puis d’hôpital militaire jusqu’en 1816. La place de la Justice fut aménagée en 1820-1821 à l’emplacement de l’église démolie en 1812. Les dernières traces de cet ensemble disparurent en 1892.
Tracée en diagonale à travers ces terrains, la rue créa une liaison directe entre la place du Grand Sablon, dans le haut de la ville, et la place Saint-Jean, dans la ville basse. Une ouverture fut ainsi ménagée dans l’angle nord-ouest de la place du Grand Sablon.
L’artère fut baptisée du nom de Joseph Lebeau (1794-1865), ministre d’État et principal auteur de la Constitution belge.
Le côté impair, construit en style éclectique dans les années 1890 et au début du XXe siècle, a conservé son aspect d’origine : enfilade de maisons bourgeoises au rez-de-chaussée surhaussé et d’immeubles de rapport avec devanture commerciale et entresol, scandés d’oriels et de balcons en fer forgé. Les façades présentent un décor essentiellement néo-Renaissance, faisant fréquemment recours à des matériaux aux couleurs contrastées, comme par exemple les no 9-11 (1893), avec une ordonnance de pilastres superposés et une devanture commerciale «classique»; n° 53 (1901), avec un ressaut latéral et une porte à larmier surmontée d’une baie d’imposte. Les façades classiques enduites sont rythmées par les cordons et l’entablement, et présentent un décor sommaire, comme les nos 19-21 (1894), 27 (1894, architecte E. Parys), 29-31 (1894, architecte Ernest Delune), 69-71 (1894) et 73-75 (1893). La «Maison Frison» de l’architecte Victor Horta (voir n° 37) se démarque.
Initialement, le côté pair présentait un alignement similaire, avec entre autres la « Pharmacie Peeters» (architecte Paul Hankar, 1895-1896); l’ensemble fut démoli en 1954 pour la construction du complexe de la RTT qui occupe actuellement tout ce côté de la rue. Aujourd’hui, la rue Lebeau est une artère de liaison très fréquentée, à la circulation dense; elle constitue un des chaînons clés du circuit reliant la rue de la Régence aux boulevards centraux, en passant entre autres par la place du Grand Sablon, les rues de l’Hôpital et du Lombard.
Sources
Archives
AVB/TP 16770 (1891-1893), 2571 (1893), 5982 (1901), 5995 (1894), 5990 (1894), 5976 (1894), 5983 (1894), 5966 (1893), 5975 (1895-1896).
AVB/PP 1508.