Recherches et rédaction
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue De Wand est une longue artère sinueuse qui relie l’extrémité de l’avenue des Croix du Feu et l’accès à la bretelle d’échangeur de l’autoroute A12, à la chaussée Romaine. Elle croise sur son parcours l’avenue des Pagodes, les avenues de la Brise et de Busleyden, ainsi que l’avenue Wannecouter, avec laquelle elle forme un rond-point.
L’artère était jadis un chemin irrégulier qui débutait au carrefour du Gros Tilleul, dans le prolongement de la route dite du Palais Royal, remplacée en 1877 par l’avenue du Parc Royal. Jusqu’en 1897, la rue formait la frontière entre Laeken et Neder-Over-Heembeek. Sa dénomination, diversement orthographiée au cours du temps – rue Want, Dewant, Dewand ou Dewandt – a la même origine que celle de l’avenue Wannecouter. En ancien néerlandais, le terme «wan» pouvait signifier vide ou non bâti, comme le lieu-dit Wannekouter, une vaste zone de terrains s’étendant sur Laeken, Neder-Over-Heembeek et Strombeek, qui resta longtemps en friche. L’artère fut élargie vers 1910.
Située dans le quartier du Mutsaert, la rue est une artère commerçante à la physionomie très variée. Essentiellement localisées du côté impair, dans la partie centrale et à l’extrémité nord, les premières habitations remontent à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Il s’agit de maisons ouvrières néoclassiques et de maisons bourgeoises ou de rapport de style éclectique, tel le no134 (années 1900). Dotées dès l’origine ou par la suite d’un rez-de-chaussée commercial, elles sont pour la plupart fort modifiées aujourd’hui. Notons qu’entre les nos219-227 et 231-235 s’ouvre une ruelle menant à la Petite chaussée Romaine, impasse perpendiculaire à la chaussée du même nom, bâtie de maisons ouvrières. Au no22-24 s’est ouvert, vers 1925, le Jardin d’enfants no22, dans l’ancienne Laiterie du Château Bon Air, édifiée avant 1905. Le complexe accueille aujourd’hui l’École primaire Reine Astrid.
Au début de la rue côté impair s’était implanté L.J. Draps-Dom, dont le Grand Établissement d’Horticulture se trouvait drève Saint-Anne. Entre 1902 et 1910, il y fit construire une maison, des serres et une orangerie. Sa propriété disparut lors du percement des premiers tronçons de l’avenue des Pagodes, dont l’alignement fut validé en 1913.
Après la Première Guerre mondiale, l’artère se complète de bâtiments d’inspirations Beaux-Arts ou Art Déco puis, après-guerre, d’immeubles à appartements modernistes. Parmi les habitations Art Déco, pointons les nos70b (vers 1930), 148 (architecte Jean Kiekens, 1934) ou encore 162, un immeuble à appartements à rez-de-chaussée à usage d’épicerie conçu en 1931 par la société coopérative Maison du Peuple (architecte J. Mouton). Au no211-213, la fabrique de produits pharmaceutiques Galen, conçue en 1934 par l’architecte Eugène Dhuicque, a été reconvertie en maison de repos en 2014. À noter, au no271-273, un immeuble à usage de magasin au rez-de-chaussée et bureau aux étages, dont la façade entièrement vitrée présente des retraits et ressauts anguleux (architecte Ward De Neys, 1971).
Le premier tronçon de rue côté impair et les premières maisons situées de part et d’autre du deuxième tronçon sont devancées par une zone de recul à usage de jardinet. Pointons, côté pair, une série de villas à trois façades remontant à l’entre-deux-guerres, parmi lesquelles figure le no14 (architecte N. Bruylant, 1931), dont la façade rattrape l’alignement à front de rue. En face, à l’angle de l’avenue des Pagodes, une imposante villa conçue en 1916 par l’architecte Félix Van Meir (no15) fut démolie en 1956 au profit d’un immeuble à appartements. La moitié nord des îlots du troisième tronçon de la rue, bordant l’avenue Wannecouter, est occupée par deux ensembles sociaux conçus pour le Foyer Laekenois, une cité-jardin côté pair (voir nos72 à 102) et un complexe moderniste côté impair (voir no145-149).
Quant au premier tronçon côté pair, il fut aménagé en square triangulaire après 1933, orné d’une sculpture en son centre après la Seconde Guerre mondiale. En vue de l’Expo 58, l’îlot fut creusé pour accueillir la station De Wand, desservie par la ligne de tram passant avenue des Croix du Feu puis en tranchée le long de l’avenue de Meysse. La ligne de tramways qui empruntait la rue De Wand depuis 1889, d’abord à vapeur puis électrifiée à partir de 1909, fut déviée pour descendre dans la tranchée; la ligne a été remplacée par des bus en 1978. En 2007, les murs de la station ont été décorés de graffitis par 30 artistes, formant la plus grande fresque de ce type en Belgique.
Sources
Archives
AEB/T 16,
dossier 945 (1913).
AVB/PP 3404 (1933).
AVB/TP Laeken 5617 (1902), Laeken 1333 (1904), Laeken 6206 (1910), 57105
(1906-1912), 65911 (1957); 14:
39422 (1931); 15: Laeken
PV Reg. 167 (14.07.1916), 65879 (1956); 148: 43038 (1934); 162:
39048 (1931); 211-213: 43579
(1933-1934); 271-273:
88080 (1971).
Ouvrages
VAN KRIEKINGE, D., Essai de
toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Échos du Lycée Maria Assumpta. La
Villa “No Gayole”,
ouvrage inédit, 1983, p. 10.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie
van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL,
Louvain-la-Neuve, 1998, pp.
1884-1886.
VERHAEGHE, L., 8 x Mutsaard-Laken,
Gemeenschapscentrum Heembeek-Mutsaard, Bruxelles, 2006, pp. 74-84.
Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Dewant (rue)», 1905, 1914.
Almanach du Commerce et de l’Industrie,
«Dewand (rue)», 1925.
CANDAU, L.,
«Verhalen achter Lakense straatnaamborden. Wannekouterlaan – De
Wandstraat», LACA Tijdingen, 3,
année 13, mars-mai 2002, pp. 15-18.
VANHUYSE, A., «De Mutsaard: van grenzen gesproken», LACA Tijdingen, 1, année 13, septembre
2001, pp. 3-10.