Kaaitheater, ancien Luna-Theater
Square Sainctelette 18-19-20
Quai des Péniches 2-3
Typologie(s)
immeuble à appartements
café/brasserie/taverne
rez-de-chaussée commercial
Intervenant(s)
Marcel DRIESMANS – architecte – 1929-1931
Hubert DRIESMANS – décorateur – 1929-1931
Statut juridique
Inscrit à l’inventaire légal le 19 août 2024
Styles
Inventaire(s)
Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)
- Artistique La signature d’un bien immeuble (bâtiment) par un architecte de renom ne peut pas être considérée comme un critère absolu. Pour évaluer la place qu’un bien occupe dans l’œuvre d’un architecte, ce critère doit être modulé avec la qualité architecturale (composition et structure interne) du bien, sa mise en œuvre (matériaux, maîtrise technique) et la place qu’il occupe dans l’histoire de l’architecture, ces trois éléments pouvant témoigner d’une phase ou d’un aspect de l’architecture urbaine ou paysagère du passé. Les critères suivants s’appliquent alors pour évaluer l’intérêt artistique : la rareté (typologie, style, utilisation des matériaux, sources), la représentativité (idem) et l’intégrité (idem + qualité d’exécution).
- Esthétique Le bien possède un intérêt esthétique s’il stimule les sens de l’observateur de manière positive (l’expérience de la beauté). Historiquement, cette valeur était utilisée pour désigner des zones naturelles ou semi-naturelles de grande valeur, mais elle peut également s’appliquer à de grands ensembles de bâtiments dans une zone urbaine, avec ou sans éléments naturels, ou à des monuments qui marquent le paysage urbain. D’autres intérêts sont automatiquement pris en considération, l’artistique en premier lieu, mais aussi le paysager (intégration de l’œuvre dans le paysage urbain, points de repère dans la ville) et l’urbanistique (ensembles urbains spontanés ou rationnels). Les critères de sélection suivants lui sont également associés : la représentativité, la valeur d’ensemble et la valeur contextuelle. Ces critères doivent être combinés avec d’autres critères (notamment artistiques).
- Historique Le bien présente un intérêt historique s’il témoigne d’une période particulière de l’histoire de la région ou de la commune, s’il représente un témoignage d’une période particulière du passé et/ou d’une évolution rare pour une période (par exemple, une cité-jardin représentative d’un mode de construction utilisé lors des grandes campagnes d’urbanisation après la Seconde Guerre mondiale, les noyaux villageois illustrant les premiers bâtiments groupés des communes de la Seconde couronne, la Porte de Hal comme vestige de la deuxième enceinte, etc.), s’il témoigne d’un développement urbain (et/ou paysager) particulier de la ville (par exemple, les immeubles des boulevards centraux ou du quartier Léopold), s’il présente un lien avec un personnage historique important, y compris les maisons personnelles d’architectes et les ateliers d’artistes (par exemple, la maison natale de Constantin Meunier, la maison de Magritte), s’il peut être associé à un événement historique important (par exemple, les maisons datant de la reconstruction de Bruxelles suite au bombardement de 1695, la colonne du Congrès), ou s’il possède une représentativité typologique caractéristique d’une activité commerciale ou culturelle (par exemple, les églises, les cinémas, l’architecture industrielle, les pharmacies).
Recherches et rédaction
id
Description
Ensemble moderniste et Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs. d’inspiration PaquebotLe style Paquebot (années 1930) est une esthétique architecturale inspirée de l’architecture navale (fenêtres rondes, balustrade ou balcon arrondi, fluidité des lignes)., composé de deux immeubles, dont un à appartements et à rez-de-chaussée à usage de café, et d’une salle de spectacle, architecte Marcel Driesmans, 1929-1931.
Historique
Le complexe s’implante dans l’îlot compris entre les quais des Péniches et de Willebroeck, qui avait accueilli un éphémère luna-park entre 1913 et le courant de la Première Guerre mondiale. Aux côtés d’attractions telles que des montagnes russes, une rivière mystérieuse ou une chuteBouquet pendant de fleurs ou de fruits. d’eau, le lieu de divertissement avait sa propre salle, d’une capacité de 1.000 places assisesRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps., où se produisirent entre autres les Ballets Russes, avec Nijinski. Les premiers plans pour l’ensemble sont dressés en 1929 pour le compte d’une société baptisée Luna Park, en référence au parc d’attractions disparu, et les travaux de déblai et de fondations sont entamés à la fin de la même année. Ils sont toutefois suspendus pour cause de crise économique. Les plans définitifs sont introduits fin 1931 et, au terme d’une construction en un temps record, le théâtre ouvre ses portes le 07.10.1932. Aménagée par le décorateur Hubert Driesmans, la salle, avec sa vaste scène – la plus grande scène de théâtre de l’époque en Belgique –, son large balcon, son décor dominé par le brun clair et le moka, le bois et ses imitations, ses rangées de sièges à recouvrement aux motifs futuristes et un orgue lumineux, attire les éloges de la presse.
Orphelin de son directeur, Ernest Kindermans, décédé peu après l’ouverture, ce lieu dédié à l’opérette flamande cesse toutefois ses activités dès 1934. Il est alors exploité successivement comme théâtre de variété, cinéma et music-hall. En 1938, la salle, baptisée L’Empire, fait l’objet d’une demande de transformation en cynodrome (architecte Joseph Gilson). Cette nouvelle affectation ne survit pas davantage que les précédentes, ni que les spectacles de variété réintroduits durant la Seconde Guerre mondiale. Les appartements situés côté square seront durant quelques temps utilisés par un hôtel. Suite à l’aménagement en 1957-1958 du viaduc Léopold II, passant juste devant ses fenêtres, le bâtiment est laissé à l’abandon. En 1962, la Ville exige d’ailleurs une remise en état de l’enduit de façade et des châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. côté square. En 1968, la salle est réaménagée en magasin de tapis (architecte J. Van Cauwenbergh). Presque entièrement inoccupé par la suite, l’ensemble, fortement dégradé, est rénové en 1992 par l’architecte Philippe De Hullu. Celui-ci fait disparaître les loges et les places assisesRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps. sous le balcon et modifie l’inclinaison de ce dernier, afin d’améliorer le champ de vision, ce qui permet également l’intégration d’un foyer. Le bâtiment redevient le Luna-Theater, qui ouvre ses portes en septembre 1993, avant d’être rebaptisé Kaaitheater en 2001. Les étages du bâtiment sont aujourd’hui occupés par des institutions culturelles.
Description
Implanté sur un terrain en L, ensemble composé de deux immeubles à front de rue, reliés par la salle de spectacle, perpendiculaire au square. À l’origine, l’ensemble comptait 42 appartements. L’immeuble côté square accueille l’entrée du théâtre et un café. Celui côté quai accueillait la sortie du théâtre, une sortie de service et une basserie, ainsi que des salles de réunion et des bureaux.
Au no18-20 square Sainctelette, élévation symétrique de sept travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. et huit niveaux, le dernier en attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement., sous toit plat. Rez-de-chaussée parementé de granit (récent), percé de larges baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. sous jours1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. d’imposte compris, par trois, entre des bandes de béton saillantes formant auventPetit toit couvrant un espace devant une porte ou une vitrine.; jours1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. garnis de briques de verre. Dans l’axe, entrée vers les appartements sous épais auventPetit toit couvrant un espace devant une porte ou une vitrine. de béton. À l’origine, à gauche, café avec porte-fenêtre flanquée de fenêtres; à droite, accès au théâtre avec baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à grilles rétractiles et entrée centrale. Inscriptions «CAFE» et «THEATER» récentes. Aux étages, travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. latérales en briques brunes à joints horizontaux accentuésAppareil de briques à joints horizontaux accentués. Appareil de briques de parement typique des années 1930, dont les joints horizontaux sont larges et en creux, tandis que les joints verticaux sont minces et pleins., dressées aux pleins-de-travées. Travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. centrales enduites et formant, aux six premiers étages, une composition en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., ménageant une terrasse en attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement.: travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. centrale en retrait, percée de doubles fenêtres étroites; de part et d’autre, travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. percées d’une fenêtre et d’un jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. oblong, devancés par un balcon à angle cintré et garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... tubulaire; travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. extrêmes à fenêtres occupant l’angle. EntablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. arborant aujourd’hui l’enseigne lumineuse «KAAITHEATER». Au niveau d’attique, travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. axiale en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., percée de quatre minces jours1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. et dont le couronnement cintré est doublé d’un épais disque évoquant une lune (refait). HuisserieMenuiseries qui s’ouvrent et se ferment, c’est-à-dire les portes et les fenêtres. Par extension, le terme désigne également les fenêtres à châssis dormants. remplacée; châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. latéraux à petits-bois à l’origine.
Au no2 quai des Péniches, élévation symétrique de cinq niveaux sous toit plat et cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.. Travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. axiale d’entrée, percée de fenêtres jumelles. Travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. latérales percées de fenêtres larges, celles des deuxième et quatrième en bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade.. À la première travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., deux portes de largeur inégale, aujourd’hui suivies d’une vitrine. Entrée axiale comprise dans un pan de mur en retrait. Deux dernières travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. percées de larges accès (anciennes sorties de secours du théâtre), aujourd’hui à portes vitrées. Rez-de-chaussée parementé de grandes plaques de pierre bleue. Étages en briques brunes à joints horizontaux accentuésAppareil de briques à joints horizontaux accentués. Appareil de briques de parement typique des années 1930, dont les joints horizontaux sont larges et en creux, tandis que les joints verticaux sont minces et pleins., dressées au-dessus des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement.. AppuisAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. en pierre bleue, continus en travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. latérales, l’axial du dernier niveau de plan cintré. HuisserieMenuiseries qui s’ouvrent et se ferment, c’est-à-dire les portes et les fenêtres. Par extension, le terme désigne également les fenêtres à châssis dormants. remplacée.
En intérieur d’îlot, salle de spectacle à toiture cintrée en berceau, flanquée à l’arrière par un corps de bâtiment plus élevé, aveugleUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre. et sous toit plat, abritant la scène. Entièrement rénovée, la salle conserve toutefois son balcon à allègePartie de mur située sous l’appui de fenêtre. La table d’allège est une table située sous l’appui de fenêtre. ponctuée de demi-cylindres, formant lanterne sur les côtés.
Sources
Archives
AVB/TP 32596 (1912-1916), 48471 (1930), 105784 (1931), 49226-49227 (1938), 74930 (1962), 82118 (1968), 91880 (1969), 105190 (1993).
Ouvrages
CIDEP asbl, Les Boulevards extérieurs, de la porte de Hal à la place Rogier, coll. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 40, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, 2005, pp. 39-41.
HEREMANS, S., Du Luna-park au Kaaitheater (catalogue d’exposition), Kaaitheater vzw, 2004.
Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Sainctelette (square)», 1932, 1933.
VAN DER ELST, W., «Het Luna-park voor, tijdens en na de Eerste Wereldoorlog», Laca Tijdingen, année 25, 2, avril-juin 2014, pp. 4-13.
Sites internet
www.kaaitheater.be.