Typologie(s)

maison d’habitation
hôtel particulier

Intervenant(s)

Victor HORTAarchitecte1895

Barbara VAN DER WEEarchitecte1988

Victor HORTAarchitecte1899

Victor HORTAarchitecte1901

Statut juridique

Classé depuis le 21 juin 1971, 18 novembre 1976, 29 novembre 2012

Inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco depuis le 30 novembre 2000

Styles

Art nouveau

Inventaire(s)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2006-2008

id

Urban : 18422
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Description

Deux immeubles Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. conçus par l'architecte Victor Horta pour Edmond van Eetvelde (1853-1925), diplomate, secrétaire général de l'État indépendant du Congo, devenu baron en 1897.

Historique

Avenue Palmerston 4, avant la construction des bâtiments voisins (a href='http://www.kikirpa.be'© IRPA-KIK Bruxelles/a).

Au no 4, l'hôtel van Eetvelde, aujourd'hui Maison du Gaz, est conçu en 1895. Horta y effectue plusieurs modifications intérieures dans les années qui suivent la construction. En 1899, l'architecte agrandit l'hôtel d'une travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. vers l'angle de l'avenue, avec bureau d'apparat ouvrant sur le jardin d'hiver de l'habitation.

Avenue Palmerston 2, ancienne annexe du nsupo/sup 4 (photo 2008).

Sur l'angle même, au no 2, il conçoit pour van Eetvelde, selon la même demande de permis, une maison destinée à la location.

Avenue Palmerston 2 (REHME, W., 1902, pl. 38).

En 1901, Horta ajoute une seconde travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. supplémentaire à l'hôtel, de l'autre côté cette fois, sur la moitié d'une parcelle acquise par van Eetvelde, qui revend directement l'autre moitié à son voisin.

Avenue Palmerston 4, annexe de 1901 (photo 2008).

Malgré ces nombreuses modifications, la cohérence de l'ensemble demeure, Horta étant resté le chef de chantier à chacune d'elles.

En 1920, suite au décès de sa femme, Edmond van Eetvelde fait revoir la configuration de son bien par l'architecte Arthur Verhelle. L'annexe de 1899 est séparée de l'hôtel et raccordée au no 2, qui se dote en outre d'un garage, percé dans le soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. côté square Marie-Louise. La même année, l'hôtel est vendu à la famille Pouppez de Kettenis, qui l'occupera pendant près de 30 ans. Elle n'y apportera pas de modifications importantes, outre l'ajout d'un toit mansardé sur l'annexe de 1901 et le percement d'un garage au rez-de-chaussée de celle-ci (architecte J. Hartjens, 1926). En 1950, l'hôtel est vendu à son propriétaire actuel, la Fédération de l'Industrie du Gaz (Figaz), qui y installe des bureaux. En 1965, Figaz fait aménager des bureaux dans le puits de lumière (architecte Roger Ide) afin d'augmenter la superficie de l'hôtel. Ce dernier est classé, avec sa dépendance de 1901, par arrêté royal du 18.11.1976. En 1988, le puits de lumière est rétabli sous la direction des architectes Jean Delhaye et Barbara Van der Wee, qui rendent à ses parois leur aspect initial.

Avenue Palmerston 2, projet resté sans suite d’immeuble à appartements, conçu en 1957 par l’architecte Jean Delhaye en remplacement de la maison conçue par Victor Horta, AVB/TP 64723.

Augmenté de l'ancienne annexe de l'hôtel, le no 2 est quant à lui vendu en 1926 à M. Nicolaïdes-Hoffman. En 1936, Germaine Nicolaïdes introduit une demande auprès de la Ville pour remplacer la maison par un immeuble à appartements de 43,40 mètres de haut (architecte Spinnael). Suite à une vague de protestations et à l'intervention du ministre des Travaux publics, la Ville refuse d'accorder le permis de bâtir. En 1938, la maison, entre-temps revendue à l'architecte Jean Delhaye, fait à nouveau l'objet d'une demande de destruction, au profit d'un immeuble moins élevé, de neuf étages. Elle reste cependant sans suite. Le même architecte revient à la charge en 1957, avec cette fois un projet d'immeuble de six étages. Finalement, en 1958, Jean Delhaye décide plutôt d'apporter des modifications à la maison, pour y installer son bureau et y vivre avec sa famille. La maison est classée par arrêté royal du 21.06.1971, soit cinq ans avant le no 4. Louée par les héritiers Delhaye, elle est ensuite vendue, en 2005, à la Chambre d'Économie de Croatie.

Description

Avenue Palmerston 4, détail de l’oriel (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

De par sa façade à l'esthétique industrielle, le no 4 contraste avec les deux constructions de 1899, auxquelles Horta a conféré un traitement de façade commun, ainsi qu'avec l'annexe de 1901, qui présentent toutes trois une élévation en pierres blanches d'Euville et de Savonnières, rehaussée de beaux détails sculptés et percée de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. pour la plupart à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. légèrement brisé.

Avenue Palmerston 2, dernier niveau de l’avant-corps de la troisième <a href='/fr/glossary/249' class='info'>travée<span>1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.</span></a> (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

La plupart des fenêtres des deux bâtiments de 1899 étaient dotées, en imposteUn élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie., d'une plaque métallique ornée d'un décor sinueux en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage., masquant un store à lamelles ou un volet. Seule la plaque du rez-de-chaussée de l'ancienne annexe de l'hôtel subsiste aujourd'hui.

Avenue Palmerston 2, élévation, AVB/TP 125 (1899).

Au no 2, élévation ample, de trois niveaux et quatre travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. différenciées, trois vers le square Marie-Louise et une, étroite, vers l'avenue Palmerston. Garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... ou barre d'appuiPetit garde-corps de faible hauteur et non saillant, compris dans l’embrasure d’une fenêtre. en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage. aux étages. Fenêtres du premier à mince encadrement. Côté Marie-Louise, première travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. devancée d'un avant-corps de plan en trapèze, souplement relié à la façade. L'entrée de garage de 1920 remplace une fenêtre dans le soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue.. Au dernier niveau, les pans latéraux se prolongent pour former les jouesLe terme joues désigne les petits côtés d’un balcon, entièrement en pierre ou en maçonnerie. d'une terrasse munie d'une grille. Troisième travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général. et devancée d'un avant-corps de plan triangulaire. Il est percé de deux fenêtres jumelles aux niveaux inférieurs et d'une fenêtre unique de plan en éperon au dernier, ponctuée d'une colonnette en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion., sous un sinueux décor sculpté. Côté Palmerston, travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. d'accès en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., devancée d'un porche signalé par deux piliersSupport vertical de plan carré. à amortissementAmortissement. Élément décoratif placé au sommet d’une élévation.Amorti. Sommé d'un amortissement. profilé. Fenêtre grillagée en dessus de porteUne fenêtre est dite en dessus de porte lorsqu’elle surmonte une porte sans être directement en contact avec elle : la porte est séparée de la fenêtre par un petit pan de mur ou par un entablement ; porte et fenêtre possèdent chacune un encadrement propre.. Sobres grilles de jardinet.

Avenue Palmerston 2, ancienne annexe du n[sup]o[/sup] 4, élévation AVB/TP 125 (1899).

L'annexe de l'hôtel aujourd'hui rattachée au no 2 présente une seule large travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.. Haut soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. devancé d'un avant-corps rectangulaire, raccordé au porche du no 2, percé d'une fenêtre à piédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. incurvés et double meneauÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie. métallique, qui éclairait à l'origine une chambre. L'avant-corps sert d'assiseRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps. à une terrasse à jouesLe terme joues désigne les petits côtés d’un balcon, entièrement en pierre ou en maçonnerie. et grille en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage.. Elle devance une porte-fenêtre éclairant l'ancien bureau de van Eetvelde ; mince encadrement. Au dernier niveau, fenêtre en T, à deux courtes colonnettes en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion., sur allègePartie de mur située sous l’appui de fenêtre. La table d’allège est une table située sous l’appui de fenêtre. percée de trois ouvertures d'aération. Elle éclairait une chambre. Grille de jardinet élégamment différenciée de celle du no 2.

Avenue Palmerston 2, vue du bureau de van Eetvelde (a href='http://www.kikirpa.be'© IRPA-KIK Bruxelles/a).

L'intérieur, résultat de la réunion, en 1920, de deux entités distinctes, présente un plan particulièrement complexe. Il a de plus été largement remodelé en 1958 par l'architecte Jean Delhaye. L'ancien bureau de van Eetvelde a gardé son mobilier d'origine en acajou africain. C'est l'un des ameublements conçus par Horta les mieux conservés aujourd'hui. Le manteauManteau de cheminée. Construction d’ordinaire en marbre, renfermant le foyer d’une cheminée. de cheminée masque un ingénieux système de chauffage. Marbre rose, bronze doré et bois s'y combinent. Le panneau surmontant le foyer était jadis orné d'une broderie japonaise, actuellement conservée au Musée Horta. Quelques vestiges du décor initial subsistent ça et là dans la maison, tels des portes et leur quincaillerieEnsemble des éléments métalliques fixés à une menuiserie : gonds, serrures, etc. ou des vitraux, comme celui qui garnit le bow-windowDe l’anglais bow (arc dans le sens d’arqué, courbé) et window (fenêtre). Le bow-window apparaît avec l’Art nouveau. Il s’agit d’un élément en surplomb qui s’intègre par son plan cintré à la façade. Il se différencie de la logette, d’ordinaire de plan rectangulaire et qui paraît appliquée sur la façade. Le bow-window peut occuper plusieurs niveaux. de l'ancien salon, au rez-de-chaussée.

Avenue Palmerston 4 (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Au no 4, élévation de quatre niveaux, dominée par un vaste oriel conçu en poutrelles métalliques rivetées, à la manière d'un mur-rideauParoi extérieure non portante d’un bâtiment d’architecture moderne, le mur-rideau est généralement en grande partie ou entièrement vitré.. Il compte deux niveaux et cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. agencées symétriquement, les latérales et l'axiale plus larges. Soutenu par trois élégantes consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. métalliques, il est garni d'allègesPartie de mur située sous l’appui de fenêtre. La table d’allège est une table située sous l’appui de fenêtre. en mosaïque ornées de lignes sinueuses terminées en coup de fouet. BaiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en anse de panierUn élément est dit en anse de panier lorsqu’il est cintré en demi-ovale. au premier niveau de l'oriel, rectangulaires au second. ChâssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. en chêne à guillotineUne fenêtre à guillotine est une fenêtre dont l’ouvrant coulisse dans une rainure verticale, évoquant ainsi une guillotine. au premier, châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. du second remplacés suivant dessin initial. L'oriel sert d'assiseRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps. à une terrasse ceinte d'un garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage. au dessin serré. Parallèlement à la construction des deux annexes, Horta remplace le parementRevêtement de la face extérieure d’un mur. bicolore originel des rez-de-chaussée et dernier niveau par une alternance de pierres d'Euville et de Savonnières. En outre, il flanque l'élévation de pans de mur en pierre formant, sur l'angle, des piliersSupport vertical de plan carré. à amortissementAmortissement. Élément décoratif placé au sommet d’une élévation.Amorti. Sommé d'un amortissement. rappelant ceux du porche du no 2. Au rez-de-chaussée, fenêtre à deux meneauxÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie. métalliques, étroite fenêtre grillagée et porte à jours1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. grillagés, bordée d'une étroite fenêtre. Au dernier niveau, la terrasse devance deux larges baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. égales à linteau métalliquePoutrelle métallique de profil en I, utilisée comme linteau, souvent agrémentée de rosettes en tôle découpée., munies de deux colonnettes en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion.. PiédroitsLes piédroits sont les éléments verticaux latéraux de l’encadrement d’une baie, portant son couvrement. animés d'un relief végétalisant. Corniche à modillonsÉléments décoratifs de forme quelconque, répétés sous une corniche.. Remarquable grille de jardinet à lignes en coup de fouet.

Avenue Palmerston 4, premier projet pour la seconde annexe, avec indication du nouveau <a href='/fr/glossary/187' class='info'>parement<span>Revêtement de la face extérieure d’un mur.</span></a> prévu pour les premier et dernier niveaux de l’hôtel, AVB/TP 125 (1900).

L'annexe de 1901 présente une élévation d'un Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. déjà assagi. D'une travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. unique, sur trois niveaux, elle abritait salon et chambre. Horta remet plusieurs dessins à la Ville avant de proposer le projet actuel. Rez-de-chaussée percé d'une fenêtre à l'origine, transformée en porte de garage en 1926. Au premier étage, bow-windowDe l’anglais bow (arc dans le sens d’arqué, courbé) et window (fenêtre). Le bow-window apparaît avec l’Art nouveau. Il s’agit d’un élément en surplomb qui s’intègre par son plan cintré à la façade. Il se différencie de la logette, d’ordinaire de plan rectangulaire et qui paraît appliquée sur la façade. Le bow-window peut occuper plusieurs niveaux. trapézoïdal percé de trois fenêtres sous archivolteMouluration disposée sur le front de l’arc. Le corps de moulures qui compose l’archivolte est de faible ampleur, moins complexe que celui de la corniche., sous terrasse à parapetUn parapet en maçonnerie est un muret servant de garde-corps. intégrant une grille en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage.. Brisis et lucarneOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. à frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. de 1926.

Avenue Palmerston 4, coupe, AVB/TP 18579 (1895).

Le plan de l'hôtel est, selon Horta, « le plus audacieux » (HORTA, V., 1985, p. 78) qu'il ait réalisé jusque-là. Sur une parcelle de neuf mètres de large sur environ 32 de long, l'hôtel se compose de deux volumes sous toit en bâtièreToit à deux versants., l'un à l'avant, l'autre à l'arrière, reliés par un espace central, le jardin d'hiver surmonté d'un puits de lumière. Trois entités bien distinctes y cohabitent : les espaces de service, réservés aux domestiques, au rez-de-chaussée (laverie, buanderie, cuisine) et au grenier (chambres) ; l'appartement privé de la famille van Eetvelde, aux deuxième et troisième étages (salon, salle à manger, chambres, salle de bain, cabinet de toilette et dressing-room) ; les espaces de réception, occupant le premier étage.

Avenue Palmerston 4, plan du rez-de-chaussée, AVB/TP 18579 (1895).

Au rez-de-chaussée, de faible hauteur, le hall d'entrée ouvre sur un parloir, à gauche, et mène, dans l'axe, aux espaces de service. Diagonalement, le hall dessert, au-delà d'une porte en verre biseauté, un vestibule de plan polygonal conduisant aux pièces d'apparat. Hall et vestibule, relativement sombres, ont été modifiés par Horta lui-même dans les années qui suivirent la construction : à l'origine, le hall, plus réduit, ouvrait sur un long corridor presque aveugleUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre., qui créait un contraste encore plus fort avec le lumineux jardin d'hiver. L'accès diagonal inaugure une circulation en spirale, autour du jardin d'hiver de plan octogonal.

Avenue Palmerston 4, vue du jardin d’hiver (REHME, W., 1902, pl. 55).

Une première volée d'escalier mène à ce dernier, situé à l'entresol. La seconde emmène au premier étage, desservant, à l'arrière, un hall suivi de la salle à manger. À l'avant, le mouvement de spirale conduit jusqu'au salon. Dans le mur ouest de l'espace central, une large baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. en T, aujourd'hui aveugleUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre., menait entre 1899 et 1920 au bureau de van Eetvelde. Dans le mur est, deux colonnes en marbre blanc soutiennent la large baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. ouvrant sur l'annexe de 1901 (salon à l'avant, salle de billard à l'arrière).

Avenue Palmerston 4, l’escalier menant au deuxième étage, vue ancienne (a href='http://www.kikirpa.be'© IRPA-KIK Bruxelles/a).

Du hall menant à la salle à manger s'élèvent deux cages d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier., éclairées chacune par une baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. percée dans le mur de l'espace central. L'une, ouverte et dotée d'un escalier en acajou, mène aux appartements privés. L'autre, débutant du rez-de-chaussée, renferme l'escalier de service.

Avenue Palmerston 4, vue du vestibule polygonal depuis le hall d’entrée (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Au rez-de-chaussée, hall d'entrée et vestibule présentent un même traitement. Sol en mosaïque de marbres jaune et rouge, murs parementés de bandes de marbres rose et blanc largement veiné de noir. PilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. à base et chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. en métal doré. Corniche en faux marbre. Plafond à caissons en acajou, d'influence japonisante. Le parloir conserve sa cheminée en marbre rouge dans laquelle s'encastre une étagère.

Avenue Palmerston 4, vue du jardin d’hiver vers le salon (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Le jardin d'hiver est coiffé d'une remarquable coupoleVoûte de plan central. Elle peut être circulaire, ovale, polygonale, à côtes, en plein cintre, surbaissée, surhaussée, etc. en vitraux reposant sur 32 nervures et huit piliersSupport vertical de plan carré. métalliques rehaussés de liserés dorés. Écoinçons et clefClaveau central d’un arc ou d’une plate-bande. Il s’agit d’un élément architectonique. Le terme s'utilise également pour des éléments purement décoratifs qui évoquent une clef à rôle structurel. de voûte sont eux aussi réalisés en vitrail. Largement aplatie, la coupoleVoûte de plan central. Elle peut être circulaire, ovale, polygonale, à côtes, en plein cintre, surbaissée, surhaussée, etc. affecte un profil chantournéUn élément est dit chantourné lorsque sa forme alterne courbe et contre-courbe., qui se prolonge dans le couvrement du déambulatoire. Entre les piliersSupport vertical de plan carré. prennent place des garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage. ouvragé.

Avenue Palmerston 4, vue ancienne du jardin d’hiver et du vestibule (a href='http://www.kikirpa.be'© IRPA-KIK Bruxelles/a).

Les parois du jardin d'hiver étaient à l'origine conçues en vitrail, qui dispensait un faible éclairage dans le long corridor d'accès ainsi que dans les espaces de service du rez-de-chaussée. Peu de temps après la construction, Horta les remplaça par des lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. de marbre vert. Il supprima également, au sol, les pavés de verre qui ornaient le centre de l'octogone. Le sol du jardin d'hiver et de son déambulatoire, marches et contre-marches de l'escalier inclues, est parementé de mosaïque verte rehaussée de motifs orangés. Les murs présentent un décor dans les tons bleu pâle, gris, blanc et doré, qui répète partiellement, en deux dimensions, la scansion des piliersSupport vertical de plan carré. du jardin d'hiver.

Avenue Palmerston 4, vue du jardin d’hiver depuis le salon (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Le salon reçoit, par ses vastes fenêtres, un éclairage abondant. Il est doté de lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. en plaques d'onyx vert, relevés d'incrustations en bronze doré. Le plafond se divise en voussettes enduites, peintes d'un motif répétitif. Le parquet en chêne à dessin géométrique est relevé d'un liseré de bois plus foncé. Un châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. métallique enserrant un vitrage biseauté ouvre sur le jardin d'hiver.

Avenue Palmerston 4, salle à manger, portes et <a href='/fr/glossary/149' class='info'>lambris<span>Le lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce.</span></a>, vue vers le jardin d’hiver (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

La salle à manger s'ouvre par une large porte à double battant en acajou, doté de vitraux en verre américain figurant des arbres stylisés. Elle conserve sa tapisserie gaufrée aux tons ocre, vert et brun, figurant des végétaux et animaux stylisés, dont des sortes d'éléphants et des étoiles de mer (peut-être une référence à l'étoile, emblème du Congo). Sur les petits côtés, deux buffets, différents mais jouant de consonances, ont été spécialement créés par Horta pour l'hôtel. Ils furent présentés au salon de la Libre Esthétique de Bruxelles en 1897. Tentaculaires, ces meubles se prolongent dans les lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. et s'accrochent au plafond. Ce dernier, en acajou, est structuré de caissons.

Avenue Palmerston 4, salle à manger, détail de la tapisserie (Photo Ch. Bastin & J. Evrard © MRBC).

Classement : 2 : 21.06.1971, 10.04.2008 ; 4 : 18.11.1976, 10.04.2008.

Sources

Archives
AVB/TP 125 (1899), 28457 (1920) ; 2 : 50069 (1936), 55173 (1938), 64723 (1957), 66311 (1958) ; 4 : 18579 (1895-1902), 31957 (1926), 74789 (1965).

AAM/Fonds Victor Horta.
Archives du Musée Horta (Fondation Jean et Renée Delhaye).
Archives de la Commission royale des Monuments et des Sites, dossiers Bruxelles 2.10 (no 2 avenue Palmerston) et 2.57 (no 4 avenue Palmerston).
Archives de la Direction des Monuments et des Sites, dossier 2043/28 (no 2 avenue Palmerston) et 2043/58 (no 4 avenue Palmerston).
Archives de la Société FIGAZ.

Ouvrages
AUBRY, F., Victor Horta à Bruxelles, Racine, Bruxelles, 1996, pp. 54-71.
AUBRY, F., VANDENBREEDEN, J., Horta, naissance et dépassement de l'Art Nouveau (catalogue d'exposition), Ludion/Flammarion, Gand, 1996, pp. 44-49.
AUBRY, F., Horta ou la passion de l'architecture, Ludion, Gand, 2005, pp. 60-71.
BORSI, F., PORTOGHESI, P., Victor Horta, éd. J.-M. Collet, Braine-l'Alleud, 1996, pp. 74-75, 186-211.
Bruxelles, Monuments et Sites classés, Région de Bruxelles-Capitale, Service des Monuments et Sites, Bruxelles, 1994, p. 109.
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