Rue Bara

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue Bara est une longue artère qui relie la place Bara et la rue de Fiennes à la rue des Deux Gares. Elle croise sur son parcours la rue Ernest Blerot, qui la longe un temps sur son côté pair, la rue Rossini puis les rues de l’Instruction et Eloy, la rue Charles Parenté et enfin celle des Vétérinaires.

L’artère s’inscrit dans le nouveau quartier résidentiel imaginé par l’inspecteur-voyer Victor Besme pour Cureghem, dont le projet fut accepté par le Conseil communal en séance du 09.11.1863. Comprise entre la chaussée de Mons au nord-ouest, la rue de l’Instruction (à créer) au sud-ouest et la nouvelle station du Midi au sud-est, la zone fit l’objet d’un projet définitif, dressé par Besme en décembre 1871 et janvier 1872, approuvé par le Conseil communal en séance du 21.03.1872 puis par l’arrêté royal du 01.05.1872. Large de dix-huit mètres, l’artère court parallèlement à la rue de France, dont elle est alors séparée par la Senne. Entre les rues Rossini et de l’Instruction, elle enjambe via un pont la dérivation de la rivière, une voie d’eau redressée dans le cadre du même plan. Prévue pour s’étendre au-delà de cette dernière artère, en vertu de l’arrêté royal du 02.05.1884, la rue Bara aboutit dans un premier temps aux champs. Ce n’est que dans le cadre du Plan de l’extension du Quartier de Cureghem, concernant le quartier de l’École de Médecine vétérinaire, dressé par Besme en 1890 et validé par l’arrêté royal du 01.07.1891, que l’artère fut progressivement prolongée jusqu’à hauteur de la future rue Docteur Kuborn, avant de rejoindre la rue des Deux Gares, ouverte à la veille de la Première Guerre mondiale.

L’artère est baptisée en séance du Conseil communal du 30.03.1874, en hommage à Jules Bara (1835-1900), avocat qui fut notamment ministre de la Justice de 1865 à 1870 et de 1878 à 1884.

La rue se bâtit progressivement, entre le milieu des années 1870 et la veille de la Première Guerre mondiale. Il s’agit principalement d’habitations, le plus souvent de style néoclassique pour les premières, tel le n^o13 (architecte L. Crickx, 1880), doté d’un atelier arrière, de style éclectique pour les suivantes, comme les n^os31 (architecte G. Le Comte, 1890), avec magasin arrière, 146 (1910) ou encore 218 (architecte Léon Lemal, 1914). Le n^o150 (architecte F. Desteinbachberick, 1897) a été transformé au rez-de-chaussée mais conserve ses étages, le second percé de baies à arc outrepassé. Plusieurs maisons de rapport présentent un rez-de-chaussée commercial, comme aux n^os123 (1897) et 67 (1900).

De nombreuses entreprises – atelier et usines – se sont en outre établies dans l’artère, proche de la gare du Midi et jadis longée par la Senne dans ses premiers îlots côté pair. Parmi ces sociétés, les Ateliers de Constructions Mécaniques Ch. Danckaert (voir n^o 173-177), à l’angle de la rue des Vétérinaires, dont les bâtiments ont été reconvertis en centre d’entreprises. Citons également les Usines de Constructions Métalliques V. Bertaux & C^ie, qui avaient établi leurs installations de part et d’autre de la rue – aux n^os 103 et 114 – en 1907-1909. En 1970, le n^o 103 accueillit l’école de danse Mudra et la compagnie des Ballets du XX^e siècle. Les deux complexes furent démolis, vers 1980 pour celui côté pair et après la fermeture de l’école en 1988 pour l’impair. L’artère fut le théâtre de nombreuses autres destructions, concernant principalement les îlots bordant la gare du Midi. L’actuel deuxième îlot côté pair fut ainsi rasé en 1996, dans le cadre de l’extension de la gare du Midi pour le terminal du TGV, et doublé par la nouvelle rue Ernest Blerot au début des années 2000. Dans cet îlot s’étaient établies, à partir de 1906, les chocolateries Bieswal et Michiels, dans les bâtiments de l’ancienne meunerie Moulart. Baptisée Alimenta, l’entreprise lança en 1911 le célèbre paquet de tablettes de chocolat Côte d’Or.