Boulevard Poincaré

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireParallèle aux boulevards de l’Abattoir et du Midi, et partiellement implanté dans le prolongement du premier au nord et du second au sud, le boulevard Poincaré débute à hauteur de la rue de la Rosée et se termine au boulevard Jamar. Sa dernière portion (n^os 78 à 82), se situe sur le territoire de Saint-Gilles. Le boulevard croise plusieurs artères sur son parcours, dont la chaussée de Mons, la rue Brogniez et le square de l’Aviation.

Comme les autres boulevards de ceinture, l’artère a été percée sur le tracé de la seconde enceinte de Bruxelles (XIV^e siècle), suivant un projet de l’ingénieur J.-B. Vifquain mis en œuvre à partir de 1819. Les travaux d’aménagement de la partie de boulevard reliant la Porte de Hal à la Porte de Ninove furent effectués entre 1832 et 1840 environ. Cette partie reçut trois dénominations distinctes sur Bruxelles: boulevard du Midi entre la Porte de Hal et la ligne de chemin de fer du Midi (actuelle avenue de Stalingrad), boulevard d’Anderlecht jusqu’à la Porte d’Anderlecht et enfin boulevard de l’Abattoir jusqu’à la Porte de Ninove. Le tronçon «boulevard d’Anderlecht» fut assez rapidement rebaptisé boulevard du Midi. Planté de rangées d’arbres, l’artère était limitée à l’ouest par la barrière d’octroi, formant la frontière avec Anderlecht. Un passage était aménagé Porte d’Anderlecht, à hauteur de la chaussée de Mons, via deux pavillons d’octroi conçus en 1833-1836 par l’architecte Auguste Payen. À hauteur de l’actuel boulevard Lemonnier, le cours de la Senne marquait la frontière entre Anderlecht et Saint-Gilles. Sur le boulevard était établie la Grande Écluse, qui contrôlait le débit de la rivière. Juste au nord fut implantée, en 1836, l’École de Médecine vétérinaire de l’État, dans une ancienne manufacture d’indiennes.

Côté Anderlecht, la partie de boulevard comprise entre le site des abattoirs de la Ville de Bruxelles (actuel Institut des Arts et Métiers) et la Senne fut baptisée boulevard extérieur d’Anderlecht. En 1860, l’octroi fut supprimé et, en 1871, les alignements du boulevard extérieur d’Anderlecht et du boulevard du Midi furent revus, suivant un plan de l’architecte Victor Besme. Dans la foulée, la Grande Écluse fut reconstruite à front d’alignement côté anderlechtois (voir n^o 77). C’est aussi à cette époque, et en tout cas avant 1881, que la voirie du boulevard extérieur d’Anderlecht – et non son bâti – fut englobée dans le territoire de Bruxelles. Quant à sa dénomination, elle fut simplifiée, vers 1879, en boulevard d’Anderlecht. Ce dernier et le boulevard du Midi furent désormais séparés par de larges terre-pleins plantés d’arbres. Ceux-ci accueillent chaque année la Foire du Midi, une kermesse créée en 1880, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Indépendance de la Belgique.

En vertu de l’arrêté royal du 19.10.1909, le site de l’École de Médecine vétérinaire, relocalisée rue des Vétérinaires (voir n^o 45-47), céda la place à de nouvelles artères, dont le square de l’Aviation, s’ouvrant largement sur le boulevard.

C’est le 23.01.1923 que ce dernier reçut sa dénomination définitive, rendant hommage à Raymond Poincaré (1860-1934), président de la République française de 1913 à 1920. Dans les années 1950, dans le cadre du voûtement de la Senne sous la petite ceinture, les pavillons d’octroi furent démontés et reconstruits plus écartés l’un de l’autre.

Les premières habitations du boulevard apparaissent aux alentours de 1840, aux abords de la chaussée de Mons. Au début des années 1860, la première moitié de l’artère, jusqu’à la future rue Brogniez, est presque entièrement bâtie. Il s’agit de maisons de style néoclassique dont la façade, généralement très sobre, sera souvent agrémentée de balcons et d’encadrements moulurés dans les dernières décennies du XIX^e siècle. Pointons l’enfilade formée par les n^os 14 (vers 1860), 15 à 17 (voir ces numéros) et 18 (vers 1860), ou encore le n^o38, conçu en ensemble avec le n^o 39 (modifié). Le reste de l’artère se complète dans les années 1870-1880, d’habitations néoclassiques.

Le boulevard comptait jadis plusieurs impasses bâties de maisons ouvrières, comme celles du Soleil et de la Lune (voir n^o 28-31) ou encore la Cité Vanden Eynde, dans l’îlot compris entre la rue Brogniez et le square de l’Aviation.

Nombre d’habitations ont été dotées, dès l’origine ou par la suite, de bâtiments arrière à usage d’atelier ou d’entrepôt. Pointons la fonderie de métaux précieux Pauwels (voir n^o 28-31), l’ancien entrepôt de cuirs et peausseries Tytgat (voir n^o 61) ou encore l’entreprise de machines-outils J. Van Hoff au n^o47 (voir rue Plantin n^o 38). Au n^o 68-69, se trouvait jadis la Maison Blanck Fr., spécialisée en éclairage et chauffage. Fondée en 1895, elle occupait un vaste hôtel particulier à rue et des ateliers arrière.

Au n^o67, furent implantés en 1908 l’École française de Bruxelles et la Chambre de Commerce française, dans d’anciens bâtiments industriels agrandis à cet effet. Placée sous le patronage de la Légation puis de l’Ambassade de France, l’école s’augmenta d’un corps de classes en 1928, conçu par l’architecte Fernand Conard. En 1935, ses installations centrales furent reconstruites par l’architecte Delaunay-Dutillœul, qui y inclut une grande salle de conférence avec scène. En 1967-1968, le site devint une école israélite, l’Athénée Maimonide de Bruxelles. L’ensemble fut presque entièrement rebâti en 1990 par le bureau d’architecture Art & Build, avec maintien notamment des cages d’escalier et de la grande salle (1928 et 1936), toutes d’inspiration Art Déco. Le complexe abrite depuis 2019 le collège jésuite Matteo Ricci.