Recherches et rédaction
2019
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireL’avenue Clemenceau relie la place Bara à la chaussée de Mons, au-delà de laquelle elle est prolongée par la rue Ropsy Chaudron. Elle croise sur son parcours les rues Brogniez et de la Clinique.
L’artère est percée vers 1865 suivant le plan général d'alignement des nouvelles voiries à ouvrir près de la nouvelle station du Midi, dressé par l’inspecteur-voyer Victor Besme en 1863. Baptisée rue de Prusse, elle reliait la chaussée de Mons au boulevard du Midi (actuelle avenue de la Porte de Hal). Elle croisait sur son parcours la Senne, formant la frontière avec Saint-Gilles, à hauteur de la future place Bara, puis longeait la façade principale de la gare du Midi et la place de la Constitution qui lui faisait face, avant de rejoindre le boulevard. En séance du Conseil communal du 30.03.1874, la partie anderlechtoise de l’artère fut rebaptisée rue d’Allemagne.
Une prolongation de la rue d’Allemagne au-delà de la chaussée de Mons est envisagée dès 1866 sur le Plan d’ensemble pour l’extension et l’embellissement de l’Agglomération bruxelloise dressé par Victor Besme. Le projet sera finalement mis en œuvre en vertu de l’arrêté royal du 22.05.1888, dans le cadre de l’établissement du complexe des abattoirs (voir rue Ropsy Chaudron no 24). Initialement baptisée rue d’Allemagne prolongée, la prolongation devient une part entière de la rue d’Allemagne vers 1896. À cette occasion, la numérotation des bâtiments de l’artère initiale est inversée: la rue ne débute désormais plus chaussée de Mons mais place Bara, pour se terminer quai de l’Industrie, tandis que les côtés pair et impair sont substitués l’un à l’autre. En 1918, l’ancienne rue d’Allemagne prolongée est rebaptisée rue Ropsy Chaudron, la rue d’Allemagne initiale devient l’avenue Clemenceau, en hommage à l’homme d’état français Georges Clemenceau (1841-1929), tandis que sur Saint-Gilles, le tronçon resté rue de Prusse prend le nom de rue de l’Argonne.
L’actuelle avenue Clemenceau se bâtit à partir de 1865 et jusqu’aux environs de 1890, d’habitations pour la plupart de style néoclassique, parfois éclectique pour les plus tardives. Parmi elles, citons les nos 96 (1871), 101 et 103 (1883) ou encore 10 (1875), doté d’un bow-window en 1934 (ingénieur J. Janssen). Plusieurs ont été conçues en ensemble, comme celui de vingt maisons occupant une large part du deuxième tronçon côté pair (voir nos 45, 61 à 65 et 79, 81). Pointons, en face, le no 48, conçu en 1869 en ensemble avec les nos 44 à 52 mais rhabillé de carrelages, sans doute dans les années 1900; son balcon arbore un panneau de céramique figurant un médaillon à tête féminine.
Certaines maisons ont été dotées, dès l’origine ou par la suite, d’un rez-de-chaussée commercial. C’est le cas des nos 95 et 97 (1875), à rez-de-chaussée aujourd’hui modifiés, ou encore du no 28, conçu en ensemble avec le no 30 (1877), qui accueillait jadis le café À la Cour d’Allemagne, éclairé par des arcades. Nombre d’habitations ont été conçues avec un bâtiment arrière, à usage de magasin ou d’atelier. À noter, au no 90, un imposant hôtel particulier vraisemblablement conçu en 1867 pour un fabricant de tissus, qui a conservé son vaste jardin, donnant sur la rue Sergent De Bruyne, jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale. L’ensemble de la parcelle est aujourd’hui bâti. À noter qu’à l’angle de la chaussée de Mons, côté pair, se trouvait l’auberge La Tête de Mouton, remontant au XVIIIe siècle et qui fut démolie vers 1910.
Sources
Archives
ACA/Urb. Registre des rues.
ACA/Urb. 10: 993 (17.06.1875), 26811 (11.12.1934); 28, 30: 1388 (19.04.1877); 44 à 52: 156 (18.10.1869); 90: 572 (10.07.1867); 95, 97: 995 (17.06.1875); 96: 334 (01.12.1871); 101, 103: 2709 (07.04.1883).
AVB/Fonds des rues 3-5 (1874).
Ouvrages
VAN AUDENHOVE, J., Les rues d’Anderlecht, Commémoration du vingtième anniversaire de la fondation d’Anderlechtensia, C.A.F.H.A, 1995, pp. 15-16, 76-77, 210, 236.
Périodiques
Almanachs du Commerce et de l’Industrie, «Allemagne (rue d’)», 1895, 1897, 1900.
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Prusse (rue de)», 1868.
Cartes / plans
Plan de Bruxelles et environs, Établissement géographique P. Vandermaelen, vers 1865.
BESME, V., Plan d’ensemble pour l’extension et l’embellissement de l’Agglomération bruxelloise,1866.
ROSSCHAERT, J., Projet d’un nouveau quartier à Cureghem avec bassin pour bains publics, 01.05.1877.
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1881.
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1893.