Recherches et rédaction
Aménagé sur un talus escarpé sur la rive droite de la Senne, ce parc paysager
de plan elliptique d’une superficie de 2,63 hectares est enclavé entre l’avenue
Besme et l’avenue Gabriel Fauré au nord, l’avenue Jupiter au sud et deux parcs
de plus grande envergure–le parc de Forest et le parc Duden–
à l’est et l’ouest.
La carte de Ferraris (1771-1778) fait état à cet endroit d’une zone boisée dont
la partie haute située au nord est délimitée par le Postweg (l’actuelle avenue Besme) et la partie sud située plus bas
par cet autre axe important qu’était la Galgestraat
(l’actuelle avenue Jupiter). Jusqu’à la fin du XVIIIesiècle,
ces terres appartiennent à l’abbaye de Forest. Dans les années 1800-1830, elles
sont déboisées pour faire place à des pâturages et de petits terrains
agricoles. Sur les cartes du XIXesiècle, la zone est désignée
d’abord sous le nom de Heegde bos,
puis sous celui de Galgeheyde.
Suite au projet du Parc du Midi et le
quartier à Villas ratifié par l’arrêté royal 15.03.1876, il incombe à la Société
anonyme du Parc de Saint-Gilles de
lotir et vendre les terrains situés autour du parc de Forest. L’idée initiale
d’en faire un parc public est rapidement abandonnée. Les terrains situés au
nord de la zone sont en effet vendus à la Société anonyme des habitations
ouvrières dans l’agglomération bruxelloise
qui, en 1880, y crée un quartier
social de quatre-vingt maisons ouvrières réparties en îlots de quatre. En 1887,
la première pierre du bâtiment éclectique de l’École communale no3
– une école maternelle et primaire pour garçons – également connue sous le nom
d’École du parc est posée entre l’avenue Besme et l’avenue Jupiter.
En vertu de l’arrêté royal du 08.02.1912, le parc Jupiter fusionne avec
le parc de Forest et le parc Duden, comme le montre le plan du nouveau quartier
Altitude Cent de 1908. Sur ce plan figure au nord du parc «l’escalier
monumental du belvédère» d’où l’on aurait pour la première fois une vue
panoramique sur Bruxelles. Il faudra cependant attendre 1957 avant que le
projet ne soit mis à exécution sous une forme légèrement modifiée. Pendant ce
temps, dans la partie sud du nouveau parc, la Commune fait aménager des
sentiers qui serpentent à travers bois et petites pelouses. Le quartier ouvrier
et l’école qui se situent au centre et au sud du parc, seront démolis
respectivement en 1937 et 1957.
Dans les années 1960, toute la zone est aménagée en parc public, tel que nous
le connaissons aujourd’hui, avec une pelouse pentue du côté de l’avenue Besme et
une zone boisée sillonnée de sentiers du côté de l’avenue Jupiter. La partie
sud du parc recèle quelques arbres remarquables, dont des frênes, des acacias
et des érables qui émergent du lot, ainsi qu’une plaine de jeu et un terrain de
sport. Au centre du parc, un plateau de plan rectangulaire aux extrémités
chantournées sert de lieu de récréation et de rencontre.
Dans la prolongation de l’avenue Alexandre Bertrand, se trouve une table d’orientation
d’où on a une splendide vue sur Bruxelles. Ce belvédère remonte à 1957 et a été
conçu par le sculpteur Firmin Vandewoude (1907-1994) à la demande de la Commune
de Forest. C’est un modèle réduit du projet initial. La terrasse panoramique
avec table d’orientation figure les principaux repères de Bruxelles.
Mur cintré en moellons de près de 5m de longueur, flanqué de pilastres en
briques et précédé de trois marches. Couvert de dalles de pierre bleue gravées.
Les deux dalles latérales représentent le parc Duden et le palais de justice. Sur
les douze autres figurent les églises Saints-Vincent-et-Paul et Saint-François
d’Anderlecht, la basilique de Koekelberg, les gares de Bruxelles- Midi et
Petite Île, un gazomètre et une usine à Anderlecht, le stade du RSC Anderlecht,
la maison communale d’Anderlecht, la vallée de la Senne, le palais du Heysel et
un marchand de fraises de Schepdaal. Elles comportent aussi les armoiries de
Forest qui font référence au maître d’ouvrage, une rose des vents et
l’inscription«CE POINT DE VUE EST À L’ ALTITUDE 95 M». Sur
les bords, on peut lire le nom de sept communes de Bruxelles – Schepdaal,
Itterbeek, Dilbeek, Asse, Zellik, Wemmel et Laarbeek – accompagné de la
distance qui les sépare du belvédère.
Le long de l’avenue Jupiter se trouve une pelouse ovale contenant le buste en
bronze, sur stèle de marbre noir, du poète, conteur et critique littéraire Armand
Bernier (Braine-l’Alleud, 1902 – Forest, 1969), et habitant Forest depuis 1927,
réalisé par le sculpteur Antoine Vriens. Sur la stèle, plaque en cuivre avec
l’inscription «Par l’oiseau, la forêt
chante. / Par l’oiseau, dansent les eaux. / Tout ce qui chante ou qui danse / a
l’âme d’un oiseau. / Armand Bernier (1902-1969)».
Le parc est classé comme paysage depuis le 26.03.1998.
Sources
Archives
ACF/TP dossier 45, A.R. 08.02.1912 ; dossier 49, A.R. 15.03.1876.
Archives du Cercle d’histoire et du patrimoine de Forest, dossier «École Communale 1 à 5».
Cercle d’histoire et du patrimoine de Forest, «Statues et Plaques».
Ouvrages
DEROM, P., Les sculptures de Bruxelles. Catalogue raisonné, Galerie Patrick Derom, Bruxelles, 2002, p.90.
VERNIERS, L., Histoire de Forest les Bruxelles, A. De Boeck, Bruxelles, 1949, p.268.
VOKAER, J.-P., Par les rues de Forest. Études sur la toponymie locale, Imp. Cantrin, Bruxelles, 1954, p.97.