Recherches et rédaction

2020-2022

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa chaussée de Jette est une longue voirie débutant à la rue Saint-Julien, traversant le boulevard Léopold II, formant ensuite la limite entre les territoires des communes de Jette et de Koekelberg, pour traverser ensuite la commune de Jette et aboutir à la place Reine Astrid. Son parcours rencontre de nombreuses voiries.

En 1760, les religieux de l’abbaye de Dieleghem font aménager et paver la très ancienne chaussée de Jette-Merchtem afin de faciliter les échanges entre l’abbaye et Bruxelles. La population de Koekelberg va se concentrer le long de cette chaussée et plus particulièrement au croisement de celle-ci avec la future rue de l’Église Sainte-Anne. Ce croisement est le lieu-dit «Le Sabot». Sur la carte de Ferraris datant de 1777, on constate que la chaussée de Jette est déjà bâtie sur près de la moitié de son tracé koekelbergeois. Sur la carte de Vandermaelen (1846-1854) et le plan parcellaire de Popp (1866), ce sont les trois-quarts du tracé qui sont bâtis. Deux auberges marquent l’entrée dans Koekelberg depuis Bruxelles, À l’Empereur et Prinsenhof, au carrefour de la chaussée avec les actuelles rues Saint-Julien et Deschampheleer. L’alignement de la chaussée est redressé à la fin du XIXesiècle. On repère encore aujourd’hui quelques maisons construites avant ce redressement, comme les nos107, 183, 185 et 187 (voir ces numéros).

À hauteur de l’actuelle rue Léon Fourez se trouvait autrefois un chemin menant à deux prestigieuses propriétés. La première est un domaine constitué dès 1747. Vers 1753, les propriétaires y font construire leur maison. Le domaine change ensuite à plusieurs reprises de propriétaires pour devenir le Pensionnat Goussaert, un pensionnat pour jeunes filles de bonnes familles. La grande demeure était établie sur l’actuel tracé du boulevard Léopold II. Elle est démolie en 1888 au profit des maisons des nos276 à 288 boulevard Léopold II (voir cette adresse). Les terrains sont, eux, acquis par le curé de Westerlo qui y fera édifier le futur Institut des Ursulines (voir boulevard Léopold II n°266-270 et rue Herkoliers n°65 à 69-71). La seconde propriété, édifiée sur une partie du terrain du premier domaine, est celle du sculpteur Eugène Simonis (Liège, 1810 – Koekelberg, 1882) qui s’y installe en 1843. Elle comprend une maison, de grands ateliers et un parc. Cette propriété est amputée à deux reprises: d’abord par la tranchée du chemin de fer en 1865, puis par le percement du boulevard Léopold II. Durant les années 1920, l’ancienne propriété Simonis est démantelée et les bâtiments détruits au profit du percement de la rue Léon Fourez (voir cette rue).

Chaussée de Jette, s.d, Collection Belfius Banque-Académie royale de Belgique © ARB – urban.brussels.

Le bâti de la chaussée de Jette est très hétéroclite: d’anciennes maisons côtoient des immeubles des années 1960-1970 et des maisons unifamiliales voisinent de petites cités d’ateliers industriels. Si quelques maisons antérieures à 1860 demeurent, elles ont pour la plupart subi de nombreuses transformations. Le bâti ancien le mieux conservé date de la fin du XIXesiècle et du début du XXesiècle et se situe dans la dernière partie de la chaussée, au-delà de la ligne de chemin de fer. Il s’agit souvent de maisons de rapport à rez-de-chaussée commercial comme les nos324 (1906), 340 (1898), 350 (1897), 352 (1895) et 354 (1904), et parfois de maisons unifamiliales comme les nos370 (1894), 386 et 388 (voir ces numéros).
Le bas de la chaussée est la partie la plus populaire mais aussi celle qui connait le plus de démolitions et reconstructions au fil du temps. Parmi le bâti ancien notons, en plus des maisons hors alignement précédemment citées, le n°310 avec ses écuries à l’arrière (1878), le n°184 (architecte Hilaire Schoeps, 1906) et l’ancien cabaret à l’arrière du n°123 (1898). Le bâti actuel date en majorité des années 1910 à 1970. On y trouve beaucoup d’immeubles de rapport à rez-de-chaussée commercial. Ces commerces sont à l’origine, dans cinquante pourcents des cas, des cafés-estaminets. Parmi ces immeubles notons la petite cité d’ateliers industriels due à l’architecte Jos. Costermans (voir n°117-119), les nos137 (voir ce numéro), 122-124 et 126 (1910), 139, 141 (1913) et 143 (1914). Quelques immeubles sont ensuite construits dans l’entre-deux-guerres, tantôt de style moderniste comme le no149 (voir ce numéro), tantôt d’inspiration Art Déco, comme les nos222 (architecte Louis Cardon, 1928), 252 (architecte Arthur de Meulemester, 1943), 264B (architecte Jean Janssens, 1932, avec deux commerces au rez-de-chaussée, dont les vitrines sont encadrées de carreaux de céramique), 272 (années 1930, avec vitraux conservés). Enfin, après-guerre, quelques immeubles sont construits lors de campagnes d’assainissement et afin de pourvoir au besoin de logements sociaux, comme au n°190, immeuble construit en 1954 pour le Foyer koekelbergeois (voir rue de la Sécurité).


Sources

Archives
ACK/Urb. 123: 62 (1898); 122-124 et 126: 723 (1910); 141: 936-17 (1913); 143: 998-17 (1914); 184: 482-51 (1906); 190: 4033-60 (1954); 222: 1998-92 (1928); 252: 3422-31 (1943); 264B: 2554-114 (1932); 310: 37 (1878); 324: 429-48 (1906); 340: 10 (1898); 350: 25 (1897); 352: 56 (1895); 354: 2 (1904); 370: 45 (1894);.

Ouvrages
CULOT, M. (dir.), Koekelberg. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980.
PIRLOT, A.-M., Koekelberg à la carte, MRBC, Bruxelles, 2013.
STEPMAN, C., VERNIERS, L., Koekelberg dans le cadre de la région nord-ouest de Bruxelles, De Boeck, Bruxelles, 1966.
SUTTER, D., Koekelberg. Au fil du temps… Au cœur des rues…, Drukker, Paris, 2012.
TONDEUR, F., Koekelberg, CFC-Éditions, Bruxelles, 2000.