Recherches et rédaction

2020-2022

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue de l’Armistice est une voirie rectiligne reliant la chaussée de Jette à la rue de Ganshoren en longeant la ligne de chemin de fer. Elle croise le boulevard Léopold II et le square Félix Vande Sande; la rue des Braves y aboutit.

À la fin des années 1860, les travaux pour la création de la ligne de chemin de fer contournant Bruxelles par l’ouest débutent. En 1871, la halte de Koekelberg est inaugurée (à hauteur de l’actuelle place Eugène Simonis). Certains font alors bâtir des maisons le long de la tranchée sur un chemin qui n’est qu’une impasse. Ce chemin est repris en 1880 sur les plans du Quartier Royal de Koekelberg dus à Victor Besme. Il devient alors une rue qui est ensuite élargie en 1884, mais ne sera néanmoins nivelée et pavée qu’en 1903 alors que plusieurs bâtiments la jouxtent. Un nouveau nivellement du premier tronçon est nécessaire entre 1919 et 1920 lors de la construction de la chocolaterie Victoria (voir n°5).

Elle est d’abord dénommée rue de la Station. Avec le développement du chemin de fer, de nombreuses rues de la Station sont ouvertes dans l’agglomération. Pour éviter la confusion, elle est rebaptisée en 1912 rue Edelmann, en hommage à Max Edelmann, directeur d’origine allemande de la Grande Brasserie de Koekelberg, récemment décédé. En 1918, après la Première Guerre mondiale, la commune modifie à nouveau le nom de la voie pour rue de l’Armistice. Le 17.04.2023, le Conseil Communal de Koekelberg a validé la modification des noms de quatre tronçons de rues en vue de féminiser son espace public. Ainsi, deux tronçons de la rue de l’Armistice sont rebaptisés. Le premier tronçon, du n°1 au n°13, devient rue Gemba, en hommage à cette femme ayant fait partie des 267 Congolais exposés dans des villages reconstitués dans le parc de Tervueren à l’occasion de l’Exposition universelle de 1897. Madame Gemba est décédée durant l’exposition. La nouvelle dénomination du deuxième tronçon rend hommage à Gisèle Halimi (1927 – 2020), avocate et femme politique franco-tunisienne. Figure du féminisme en France, elle a défendu les indépendantistes algériens et a longtemps milité en faveur du droit à l’avortement. En 1974, elle défend deux jeunes Bruxelloises, Anne Tonglet et Aracelli Castellano, victimes d’un viol collectif à Marseille. Le procès aboutit à la condamnation des trois auteurs mais également à une modification du droit français en 1980: le viol y devient un crime puni de quinze ans de réclusion.

Des maisons construites durant les années 1870, aucune ne subsiste. Le bâti actuel de la rue de l’Armistice est composé de maisons datant des années 1880 aux années 1910 mais aussi de bâtiments industriels comme celui de la chocolaterie Victoria (voir n°5) qui occupe une grande partie du premier tronçon. D’autres industries, plus petites, se sont installées le long de la rue. À l’arrière des nos18, 19 et 20 (rue Gisèle Halimi), Antoine Pelsmaekers fait construire un atelier pour la fabrication d’appareils de chauffage dès 1902. Il fait ensuite construire une maison au n°16 (rue Gisèle Halimi - 1906) et quatre maisons à front de la place Eugène Simonis en 1914 (voir nos15 à 21 de la place). Il occupe alors probablement tous les ateliers situés en intérieur d’îlot entre les deux voiries. Au n°36-37 (et 19, 21 rue des Braves) est construite dès 1905 la manufacture de chapeaux de Lucien Mayer. Le bâtiment est agrandi à plusieurs reprises. De la fin des années 1960 à 1980, le bâtiment est occupé par un atelier de confection haute couture de Louis Féraud, célèbre couturier français. Il abrite désormais la communauté catholique Maranatha. Enfin, au n°1 (rue Gemba) se trouve l’ancienne salle des activités du patronage Saint-Joseph construite en 1895. Dès les années 1920 le bâtiment est reconverti en atelier industriel et accueille actuellement une auberge de jeunesse. En 1911, l’architecte Arthur Pladet, particulièrement prolifique à Koekelberg, choisit la rue de l’Armistice pour construire sa première maison personnelle (voir n°22).



Sources

Archives
ACK/Urb. 1: 43 (1895); 16: 428-47 (1906); 18: 20 (1902); 19, 20: 451-70 (1906); 36-37: 372-57 (1905).

Ouvrages
CULOT, M. (dir.), Koekelberg. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiches 6 et 12.
PIRLOT, A.-M., Koekelberg à la carte, MRBC, Bruxelles, 2013.
STEPMAN, C., VERNIERS, L., Koekelberg dans le cadre de la région nord-ouest de Bruxelles, De Boeck, Bruxelles, 1966.
SUTTER, D., Koekelberg. Au fil du temps… Au cœur des rues…, Drukker, Paris, 2012.
TONDEUR, F., Koekelberg, CFC-Éditions, Bruxelles, 2000.