Recherches et rédaction
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaire
Reliant le bd Poincaré et la pl. Bara, le bd Jamar porte le nom d'un homme politique libéral, Alexandre Jamar (1821-1888), ministre des Travaux publics de 1868 à 1870 et gouverneur de la Banque nationale de 1882 à 1888.
Cette courte mais fort large artère rectiligne est tracée suivant le plan général d'alignement des nouvelles voiries à ouvrir près de la nouvelle station du Midi (Victor Besme, 1863). Elle relie les boulevards de la petite ceinture à la pl. Bara. En son centre est aménagé un terre-plein sous lequel passent actuellement les tramways qui rejoignent la gare du Midi. Le boulevard est bordé de deux îlots. Le plus petit, situé côté pair, affecte la forme d'un triangle délimité par l'esplanade de l'Europe (anc. la pl. de la Constitution) et la r. de l'Argonne (anc. r. de Prusse). Côté impair, l'îlot était à l'origine coupé en deux par la Senne, marquant la limite avec la commune d'Anderlecht. Dans les années 1950, elle est détournée et canalisée dans un pertuis (voir r. de France) et son ancien lit est comblé.
Comme l'indique le plan cadastral de la Ville de Bruxelles de 1835, se trouvaient autrefois à l'emplacement du boulevard des champs et dépendances attenants à une des nombreuses industries textiles qui bordaient la basse Senne et produisaient de l'indienne. Le propriétaire, l'homme d'affaires Frédéric-Chrétien Basse, met en vente ses terrains en 1839. Dès 1836 cependant, l'École vétérinaire d'Anderlecht, alors connue sous la dénomination École d'économie rurale et vétérinaire, s'installe sur la rive opposée de la Senne, tout en exploitant les terrains jouxtant le boulevard. Rapidement, l'École apparaît comme un obstacle au développement de la zone résidentielle. Elle sera détruite en 1910.
L'aménagement du boulevard a fait l'objet de plusieurs différends entre les communes de Saint-Gilles et d'Anderlecht, relatés en 1908 dans un rapport du Collège au Conseil communal, titré « Affaire du boulevard Jamar ».
Un 1er différend concerne le tracé du boulevard, dans les années 1860, qui coïncide avec la création du quartier voisin, dit « de Cureghem », entre la gare du Midi et la ch. de Mons. En 1864, l'arch. Auguste Payen propose la création d'un large boulevard rectiligne se prolongeant sur le territoire d'Anderlecht. Faute de moyens, l'artère sera limitée au territoire de Saint-Gilles, ce qui lui valut la dénomination de « faux boulevard ». À hauteur de la pl. Bara, celui-ci subit un important rétrécissement côté impair. Sur Anderlecht, de l'autre côté de la place, dans l'axe du boulevard, sera finalement tracée une étroite artère, la r. de Fiennes. Le rétrécissement vers la pl. Bara, qui est encore visible sur le plan de la commune de 1925 mais ne figure plus sur celui de 1958, fut probablement supprimé lors du voûtement de la Senne dans les années 1950.
Un autre différend concerne l'aménagement du terre-plein occupant le centre du boulevard. La commune d'Anderlecht s'opposa au projet de création d'une salle de spectacle sur le terre-plein ainsi qu'à l'installation des cirques et à la tenue des foires, prétextant une incompatibilité urbanistique avec sa maison communale, inaugurée en 1879 et située dans la perspective.
Le bâti, à l'origine essentiellement de style néoclassique, s'élève à partir de 1867. Les commerces, avec une forte proportion de cafés et d'hôtels, se développent rapidement grâce à la présence de la gare du Midi. La proximité de la Senne attire les brasseurs (voir nos 19 et 29). Quelques salles de spectacle ouvrent leurs portes sur le boulevard dans la dernière décennie du XIXe s., dont le Nouvel Eden, le Théâtre du Midi ou encore le Théâtre des Variétés américaines, proposant notamment des combats de lutte. Le boulevard compte également deux cinémas. Fortement modifiés au cours du temps, ils diffusent aujourd'hui des films pornographiques. Le cinéma Orly est conçu en 1952-1953 par l'arch. René Ajoux (voir no 9). Le cinéma Omnia est aménagé en 1909 par l'arch. Henri Pompe à l'arrière d'une parcelle (voir no 21). Il sera rebaptisé Midi-Palace puis Midivox.
Sources
CHDStG
Collection cartes postales Dexia Banque.
Ouvrages
CULOT, M., GÉHOT, H., Bruxelles et la Senne (Catalogue d'exposition), AAM, Bruxelles, 1997, pp. 16-17.
DUBREUCQ, J., Bruxelles 1000, une histoire capitale : 8 sections anciennes de Bruxelles en 9 volumes, Bruxelles, 1996-2000, pp. 85-92.
PASTORET, P.P., MEES, G., MAMMERICKX, M. (dir.), De l'art à la science ou 150 ans de médecine vétérinaire à Cureghem, Edition des Annales de médecine vétérinaire, Bruxelles, 1986, pp. 90-92.
PIERRET, J., Le 7ème Art a cent ans…mais que sont nos cinés saint-gillois devenus, Syndicat d'Initiative de Saint-Gilles ASBL, Cercle d'Histoire et de Documentation Locale, Bruxelles, 1997, fiches 146 et 147.
ACSG/Urb. 1 : voir bd Poincaré 80-81-82 : 3283 (1876) ; 1d-3 : 3710 (1876), 263 (1922), 59 (1941) ; 2 : 7181 (1869) ; 4 : 172 (1881), 127 (1907), 57 (1921), 58 (1934) ; 5 : 6549 (1879), 60 (1939) ; 6, 8, 10 : 1708 (1872) ; 7, 9 : 345 (1882) ; 8 : 137 (1925), 261 (1934) ; 9 : 103 (1952), 37 (1953), 144 (1982) ; 10 : 137 (1921) ; 11 : 2296 (1872), 2052 (1900), 38 (1955), 21 (1957) ; 12 : 6395 (1879), 303 (1936), – (1954) ; 13 : 2294 (1874), 22 (1949) ; 14 : 7180 (1869), 374 (1901) ; 15 : 7855 (1870) ; 16 : 1339 (1871), 197 (1903) ; 18-20 : 162 (1946), voir r. de l'Argonne 4 : 3132 (1875) ; 21 : 7292 (1869), 113 (1909), 27, 104 (1919), 146 (1963) ; 22 : 8192 (1871), 110 (1934), 102 (1949) ; 31 : 7584 (1870) ; 33 : 1931 (1888) ; 35 : 1901 (1888), 59 (1927), 39 (1986) ; 37 : 1237 (1886) ; 39-41 : 7613 (1870), 172 (1952) ; 53 : 82 (1952).