Rue Vilain XIIII

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireSituée sur la rive ouest des étangs d'Ixelles et partagée entre les territoires d'Ixelles (n^os1 à 19 et n^os20 à 34) et de Bruxelles Extension Sud, la rue Vilain XIIII est une artère rectiligne et pentue qui relie l'avenue Louise à l'avenue du Général de Gaulle. Elle croise les rues de la Vallée et du Lac.

Son tracé fut ratifié par l'arrêté royal du 22.08.1873 fixant le Plan d'expropriation par zones pour l'aménagement des abords des étangs et pour l'ouverture de plusieurs rues aboutissant à l'avenue Louise, à la chaussée de Boondael, à la place Sainte-Croix et à l'ancienne abbaye de la Cambre (par l'inspecteur voyer des faubourgs de Bruxelles Victor Besme et le directeur des Travaux publics d'Ixelles Louis Coenraets). Les travaux de voirie et d'appropriation des étangs furent exécutés par la Société de l'Avenue Louise –propriétaire des terrains situés en contrebas du rond-point de l'avenue Louise– suite à une convention conclue avec la Ville de Bruxelles et la commune d'Ixelles, à laquelle ressortissait l'essentiel des terrains depuis 1871.

La rue, qui reçoit son nom en séance du Conseil communal de Bruxelles du 23.11.1879, rend hommage au comte Charles Vilain XIIII (1803-1878), membre du Congrès National, président de la Chambre des Représentants, ministre des Affaires Étrangères, puis ministre d'État. Plusieurs hypothèses ont été formulées sur l'origine du chiffre XIIII. L'une d'entre elles pourrait être la similitude du mot veertien avec verdien (servir), ce qui le rapprocherait de la devise de nombreuses familles nobles.



Sur le territoire ixellois, entre l'avenue du Général de Gaulle et la rue de la Vallée, la rue conserve son architecture originelle formée de maisons bourgeoises construites entre 1887-1888 (côté pair) et le début des années 1900 (côté impair).
Du côté impair se dresse une remarquable enfilade de façades mêlant éclectisme et Art nouveau (voir du n°5 au n°13). Certaines d'entre elles sont de la main d'architectes de renom comme Franz Tilley (voir n°7), Léon Delune (n°15, de 1893: façade endommagée durant la Seconde guerre mondiale, reconstruite en 1946 par l'architecte Jean van Halle) et Ernest Blérot qui conçoit deux maisons contigües (voir n^os9, 11). C'est à deux pas de celles-ci, à l'angle de l'avenue du Général de Gaulle, que Blérot avait édifié sa maison personnelle, adjointe d'un atelier (1901–1908). Cette remarquable demeure Art nouveau, considérée comme étant l'œuvre la plus symbolique de l'architecte, a malheureusement été détruite au début des années 1960.



À l'angle de la rue de la Vallée se dressait autrefois un hôtel particulier de style Art nouveau dessiné en 1903 par l'architecte Ernest Delune, frère de Léon. Cet hôtel ne subsiste qu'en partie puisqu'en 1932, il se voit transformé en immeuble à appartements (voir n°17A). La maison bourgeoise par l'architecte Ernest Blérot (1903-1904), qui se trouvait sur l'angle d'en face, subit le même sort en 1934 (architecte G. Quertainmont) (voir rue Vilain XIIII n°22, sur le territoire de Bruxelles Extension Sud).



Le côté pair de la rue débute avec un vaste immeuble de style Beaux-Arts (voir n°2-4), autrefois habité par Émile Vandervelde (1866-1938), l'une des figures marquantes du socialisme en Belgique.
Au n°14, un immeuble à appartements construit en 1972 par l'architecte Jacques Cuisinier, interrompt par son gabarit et son style moderniste l'homogénéité du bâti ancien.