Recherches et rédaction

2009-2011

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaire
Cette artère pentue est constituée de deux tronçons, l'un situé sur le territoire d'Ixelles (nos1 à 29 et nos2 à 44), l'autre sur celui de Bruxelles Extension Sud.

Située sur la rive ouest des étangs, elle relie l'angle formé par l'avenue du Général de Gaulle et la rue du Lac à l'avenue Louise, en croisant la rue Vilain XIIII et la rue du Buisson. Dans sa partie terminale, elle longe le Jardin du Roi, aménagé en 1876 à l'initiative de Léopold II (voir notice sur le territoire de Bruxelles-Extension Sud).

Son tracé fut ratifié par l'arrêté royal du 22.08.1873 fixant le Plan d'expropriation par zones pour l'aménagement des abords des étangs et pour l'ouverture de plusieurs rues aboutissant à l'avenue Louise, à la chaussée de Boondael, à la place Sainte-Croix et à l'ancienne abbaye de la Cambre (par l'inspecteur voyer des faubourgs de Bruxelles Victor Besme et le directeur des Travaux publics d'Ixelles Louis Coenraets). Les travaux de voirie et d'appropriation des étangs furent exécutés par la Société de l'Avenue Louise –propriétaire des terrains situés en contrebas du rond-point de l'avenue Louise– suite à une convention conclue avec la Ville de Bruxelles et la commune d'Ixelles, à laquelle ressortissait l'essentiel des terrains depuis 1871.

La rue reçoit son nom en séance du Conseil communal de Bruxelles du 23.11.1879. Sa dénomination fait probablement référence à la vallée du Maelbeek, dans laquelle fut aménagé le quartier des Étangs.

À l'instar de l'ensemble des rues du quartier des Étangs d'Ixelles, la rue conserve l'essentiel de son architecture originelle construite aux environs de 1900. Cette architecture consiste en des maisons bourgeoises mitoyennes dont les façades, disposées en enfilade, forment des ensembles remarquables par leur qualité et leur cohérence architecturales (parcelles, gabarits, matériaux). Cette cohérence est d'autant plus forte que, sur le territoire ixellois, la quasi-totalité du bâti fut construit en très peu d'années, soit de 1893 à 1907, et qu'il porte la signature d'un seul et même architecte, celle d'Ernest Delune. L'architecte, qui habitait au n°9 (voir ce numéro), fit d'ailleurs construire la plupart des maisons pour lui-même.

Rue de la Vallée 19, élévation par l’arch. E. Delune (transformée), ACI/Urb. 295-19 (1893).

Ernest Delune entreprend sa promotion immobilière en investissant d'abord le côté impair de la rue (voir du n°1 au n°25, dont le n°19 démoli), de 1893 à 1901, puis le côté pair de 1903 à 1907 (des nos2 à 28 et nos32 et 36). Le groupe construit côté impair est de style éclectique, dominé par la brique rouge et la pierre bleue; les maisons sont de gabarits différents, les plus modestes ayant été construites sur les petites parcelles situées à hauteur de l'angle formé avec la rue du Lac (voir les nos1 à 7). De l'autre côté de la rue, le style éclectique de l'architecte se teinte d'Art nouveau. Les maisons, érigées entre 1903 et 1907 (à l'exception du n°36 de 1901, identique au n°25), sont plus cossues et arborent des façades en pierre ou en briques blanches.
Quelques habitations anciennes ont malheureusement subi des transformations comme le n°15 (arch. E. Delune, 1893), dont la façade fut presque entièrement refaite en 1953 (porte d'entrée d'origine), et le n°21 dont le rez-de-chaussée a été complètement modifié en 1948 par l'ajout d'un garage et d'un parement de pierre bleue. Au n°19, un petit immeuble à appartements moderniste (arch. J. Guiannotte, 1962) a été construit à la place d'une maison d'E. Delune de 1893. Un autre immeuble à appartements s'intègre, côté pair, au bâti originel (Résidence L'Ardèche au n°34, arch. Eddy Truilet, 1953).

Rue de la Vallée 34 (démoli), architecte Ernest Delune ([i]Architektur des Auslandes[/i], s.d., pl. 23).

Au carrefour formé par la rue de la Vallée et la rue Vilain XIIII, deux immeubles à appartements se font face. Ces immeubles résultent de la transformation d'hôtels particuliers initialement dessinés par l'architecte Ernest Delune et l'architecte Ernest Blérot. L'immeuble d'Ernest Delune, conçu en 1903, a été transformé en 1932 par l'architecte André Mineur (voir rue Vilain XIIII n°17A) qui signe également la façade du n°38 en 1935 (voir ce numéro). L'hôtel de Blérot (1903-1904) subit le même sort en 1934 (arch. G. Quertainmont) (voir rue Vilain XIIII n°22, sur le territoire de Bruxelles Extension Sud).

Ernest Blérot est également l'auteur de la remarquable maison sise au n°40 (voir ce numéro), dont la façade en briques blanches émaillées se distingue par le jeu original de ses volumes ainsi que par ses ferronneries et ses sgraffites inspirés du monde végétal.

Comme convenu en 1873 par la convention signée entre la commune d'Ixelles et la Société de l'Avenue Louise, les maisons sont grevées en façade d'une servitude non-aedificandi de huit mètres destinée à l'aménagement d'un jardinet privatif participant à la conception paysagère et pittoresque du quartier. Certains de ces jardinets ont cependant été transformés depuis en place de stationnement ou rampe d'accès aux garages.

Sources

Archives
AVB/PP 2720 (vers 1875).
ACI/TP Historique des rues (1925).
AVB/Bulletin communal de Bruxelles, 1879, II, p. 519.
ACI/TP 295.
ACI/Urb. 15: 295-15; 19: 295-19; 21: 295-21; 34: 295-34.

Ouvrages
DUQUENNE, X., L'avenue Louise à Bruxelles, Xavier Duquenne éd., Bruxelles, 2007.
HAINAUT, M., BOVY, Ph., Ixelles-Village et le quartier des Étangs, Commune d'Ixelles, Bruxelles, 1998 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 3).
Ixelles, Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, ERU, Bruxelles, 1990, pp.81-88.
Le quartier des étangs d'Ixelles, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Service des Monuments et Sites, Bruxelles, 1994 (Bruxelles, Ville d'Art et d'Histoire, 10).

Périodiques
Architektur des Auslandes. Serie I: Belgien und Holland, Leipzig, Wolfrum und Co, s.d., pl. 23
DELABY, E., «Les Delune, architectes ixellois», Mémoire d'Ixelles, 43-44, 1991, pp.34-42.