Inventaire(s)

  • Inventaire des traces coloniales (DPC-DCE 2024-2025)

Recherches et rédaction

2013-2015

 

La rue Général Thys relie l’avenue de la Couronne à l’avenue Arnaud Fraiteur selon un tracé rectiligne.

Elle est ouverte par l’arrêté royal du 10.03.1928 selon le plan pour la Création d’une voie publique entre l’avenue de la Couronne et l’avenue Maréchal Pétain (actuelle avenue Arnaud Fraiteur).

Cette rue est dédiée au général Albert Thys (Dalhem, 1849 – Bruxelles, 1915). Albert Thys entre au service du roi Léopold II en 1876 en tant que secrétaire chargé des affaires coloniales. Deux ans plus tard, en 1878, il devient l’adjoint de Maximilien Strauch, secrétaire général de l’Association internationale africaine (AIA), une organisation fondée en 1876 par Léopold II, affichant des ambitions humanitaires, mais rapidement orientée vers des objectifs de profit en Afrique. Thys joue un rôle central dans l’organisation des premières expéditions qui mèneront à la création de l’État indépendant du Congo. En 1883, il est nommé officier d’ordonnance du roi, renforçant ainsi sa proximité avec Léopold II.
En parallèle de ses activités au Congo, Thys se distingue comme un propagandiste influent auprès de la population et des milieux financiers belges, initialement peu sensibles aux ambitions coloniales du roi. Il devient l’un des architectes majeurs de l’exploitation économique de l’État indépendant du Congo. Il fonde plusieurs compagnies coloniales, dont la Compagnie du Congo pour le Commerce et l’Industrie et la Compagnie du Chemin de fer du Congo. Il est le promoteur de la ligne de chemin de fer Matadi-Léopoldville, construite entre 1890 et 1898. Cette infrastructure, essentielle à l’exploitation économique du Congo, nécessite d’abord l’expropriation des habitants puis leur exploitation dans des conditions de travail particulièrement inhumaines, causant la mort de centaines d’ouvriers (1 800 travailleurs africains et 132 Européens, selon une inscription visible à la gare centrale de Kinshasa). Thys fait également appel à des travailleurs «recrutés» en Barbade et en Chine pour compléter les effectifs.
De retour en Belgique, Albert Thys poursuit son engagement en contribuant à la création du Cercle africain en 1890. À partir de 1899, il se consacre au développement des sociétés coloniales, assumant leur direction à un niveau élevé. Cette même année, il participe à la fondation de la Banque d’Outremer, où il occupe les fonctions d’administrateur délégué, puis de président. En 1912, il constitue l’Union Coloniale Belge, rassemblant divers cercles coloniaux (voir rue de Stassart 34). En 1926, un monument est érigé en son honneur dans le parc du Cinquantenaire (voir Monument au Général Thys).
Durant l’entre-deux-guerres, le désir de promouvoir le projet colonial était particulièrement intense. La toponymie coloniale s’inscrit parmi les actions de propagande en faveur de la colonisation du Congo.

La rue est en grande partie bâtie durant les années 1930 de maisons et de petits immeubles à appartements de style Art Déco, tels que l’ensemble de cinq immeubles dus à l’architecte Louis Billen aux nos17, 19, 21, 26 et 28 (1935). Les parcelles encore inoccupées, principalement du côté pair, sont comblées durant les années 1940 et 1950, d’immeubles plus imposants, tels que les nos20 (1949) et 22 (1947), identiques (architecte R. Gilliard)

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925).
ACI/TP 147.
ACI/Urb. 17, 19, 21, 26, 28: 147-26-28/147-17-19-21; 20: 147-20; 22: 147-22.

Ouvrages
Ixelles, Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, ERU, Bruxelles, 1990, pp.121-123.

BUELENS, F., Congo 1885-1960. Een financieel-economische geschiedenis, Berchem, EPO, 2007.
GODDEERIS, I., LAURO, A., VANTHEMSCHE, G., (éd.), Le Congo colonial. Une histoire en questions, Waterloo, Renaissance du Livre, 2020.
VANTHEMSCHE, G., La Belgique et le Congo. L’impact de la colonie sur la métropole 1885-1980, Bruxelles, Le Cri, 2010 (Nouvelle histoire de Belgique, 4).

Périodiques
HAINAUT, M., «Une rue d’Ixelles porte leur nom», Mémoire d’Ixelles, 29, 1988, p.40.

Sites internet
Biographie Coloniale Belge, 1955