Inventaire(s)

  • Inventaire des traces coloniales (DPC-DCE 2024-2025)

Recherches et rédaction

1993-1995

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaire
Reliant la chaussée Saint-Pierre à la place des Acacias, cette longue rue pratiquement parallèle à la rue Antoine Gautier fut tracée à la fin du XIXe siècle à l'emplacement de l'ancienne Vosseweg (voir rue des Cultivateurs). Décrétée en 1871, elle reliait à l'origine la rue Louis Hap à la rue des Champs. En 1897, ce tracé fut élargi et prolongé par le tronçon situé entre la rue Louis Hap et la chaussée Saint-Pierre.
Son nom actuel date de 1933 et lui vient du baron Henri Lambert (Bruxelles, 1887 – Etterbeek, 1933), banquier et philanthrope, fondateur d'une maternité située au no38-40.

La famille Lambert est une famille de banquiers. Samuel Lambert (1806-1875) a fondé la Banque Lambert en 1853. Son fils, Léon Lambert (1851-1919) développe considérablement les activités financières de la famille. Il devient le «banquier du roi» Léopold II et apporte un appui financier décisif à l’État indépendant du Congo. En outre, il est actif dans de nombreuses entreprises coloniales. Il est notamment président de la Compagnie du Lomami, de la Compagnie du Katanga et de la Compagnie du Congo pour le commerce et l’Industrie de même que et vice-président de la Banque du Congo belge. Il est élevé au titre de baron en 1896.

À la mort de son père, Henri Lambert reprend les rênes des affaires familiales et les mandats d’administrateurs dans les sociétés coloniales. Il augmente considérablement le nombre de ses participations dans les entreprises coloniales et intègre le gratin du petit monde colonial belge. En 1924, il tourne au Congo belge un long-métrage intitulé «Un voyage au Congo», film de propagande destiné à rassurer les investisseurs de capital à risque en leur vantant les qualités de la main d'œuvre indigène, les abondantes ressources naturelles de la colonie, les infrastructures de communication et la croissance industrielle.

Après son décès prématuré, c’est son épouse qui reprend la direction de la banque jusqu’à la majorité de leur fils, Léon Lambert (1928-1987). Ce dernier poursuit le développement de l’affaire familiale en Afrique, et ce encore après l’indépendance du Congo en 1960.

En 1970, la Banque Lambert s’unit à la Banque de Bruxelles pour créer la Banque Bruxelles Lambert (BBL), alors deuxième plus grande banque belge. Parallèlement aux activités financières, la famille Lambert investit dans l’art dès la période de la baronne, accumulant une importante collection d’art contemporain.

Ensemble de maisons sobres, de maisons de maître modestes et d'immeubles à appartements construits durant une période relativement longue, à partir de 1890 et principalement dans les années 1920-1930. La plupart des immeubles, de deux ou trois niveaux et de deux travées sous bâtière, sont d'inpiration néoclassique : façades enduites et peintes avec ornements caractéristiques aux nos 1 à 5, 59, 61, 92, 26, 28 ; parements rénovés aux nos 2, 4. S'y ajoute un ensemble de cinq maisons aux nos16 à 24, construites en 1890, de deux niveaux décalés chacune sur caves hautes et de deux travées de largeur inégale.

Parmi les immeubles dont le style est caractéristique du déb. du xxe s.: un ensemble de deux maisons de maître modestes aux nos 31, 33, deux niveaux sur caves hautes et deux travées sous toiture mansardée et un ensemble de trois habitations (1912, de trois niveaux sur caves hautes et deux travées inégales sous bâtière aux nos 96 à 100 ; construction en briques traversée de bandes colorées ; bel étage accentué). On notera une maison au no 55 (1908), deux belles maisons de maître aux nos 67 (1905) et 71 (1906), un immeuble d'angle au no 129 et une maison de maître de style éclectique au no 45 (1912).

On note également une série d'immeubles des années 1920-1930 de deux ou trois niveaux et deux travées sous bâtière ou toiture mansardée ; construction en briques ; bel étage souvent garni d'un bow-window ou d'une logette, tels les nos 44 (1926, arch. E. SIGG), 56 (1924, arch. L. VAN HOOVELD), 78 (1927, arch. V. WERY) et 72 (1928, arch. SADIN). Aux nos 52 (1928) et 70 (1928), deux immeubles de l'arch. W. COSYNS ; au no 70, plaque commémorative de l'artiste peintre Lydia WILS (1924-1982), qui travailla dans cette maison à partir de 1950. Parmi les habitations plus récentes, un immeuble à appartements aux nos 105-107, (1938, arch. A. EVERARTS) ; construction de briques de quatre niveaux, étages précédés d'un oriel sur presque toute la largeur de la façade.

Sources

Archives

ACEtt/TP 177204, 180006 (1890), 14730 (1902), 18176 (1905), 18740 (1906), 744 (1908), 1898, 3618 (1912), 5212 (1924), 7817 (1926), 618/623 (1927), 1958, 1993, 2017 (1928), 88/3138 (1938).
A.R. 06.06.1967, 06.12.1871.
RC 1878, p. 67, 1897, p. 83.
STP, f° 79.

Ouvrages
DUTRIEUE, A.-M., «Lambert Famille», KURGAN-VAN HENTENRYK, G., JAUMAIN, S., et MONTENS, V. (éd.), Dictionnaire des patrons en Belgique. Les hommes, les entreprises, les réseaux, Bruxelles, De Boeck Université, 1996, p. 408?412.
BUELENS, F., Congo 1885-1960. Een financieel-economische geschiedenis, Berchem, EPO, 2007, passim.