Recherches et rédaction

2018, 2022

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLe boulevard de Smet de Naeyer est une très longue artère sinueuse et arborée, composée de deux voies séparées par un terre-plein central. Il commence dans le prolongement de l’avenue de Laeken sur le territoire de Jette et aboutit avenue Jean Sobieski sur le territoire de Laeken. De nombreuses rues y débutent, comme l’avenue Firmin Lecharlier et l’avenue Charles Woeste. Le boulevard rencontre également de nombreuses voies, comme la rue Léopold I, la rue Ferdinand Lenoir, la rue Jules Lahaye et l’avenue Houba de Strooper. La ligne de chemin de fer Bruxelles-Termonde croise également ce boulevard. Seule la fin du boulevard de Smet de Naeyer se trouve sur le territoire de Laeken, à partir du carrefour formé par la rue Ernest Salu et la rue Jean Laumans (à partir des nos523 et 498).

L’ouverture du boulevard est prescrite par l’arrêté royal du 28.11. 1895, à l’initiative du roi Léopold II. Cette voie constitue le premier tronçon du boulevard de grande ceinture, qui traverse la partie ouest de la capitale, dont l’origine remonte au Plan d’ensemble pour l’extension et l’embellissement de l’Agglomération bruxelloise proposé par l’inspecteur-voyer Victor Besme en 1866. Le boulevard relie le parc Elisabeth, à Koekelberg, au parc de Laeken.

Son nom d’origine, l’avenue Militaire, a été modifié à la demande du roi, en l’honneur du comte Paul de Smet de Naeyer (Gand, 1843 – Bruxelles, 1913), ministre des Travaux publics de 1899 à 1907 et grand allié du roi dans ses projets de construction d’imposantes artères autour de Bruxelles. L’alignement du boulevard du côté impair a été révisé par l’arrêté royal du 7.12.1906 et comprend désormais une zone de recul, sauf au niveau du dernier tronçon, où commenc l’avenue des Robiniers. La construction du boulevard s’est achevée en 1909 à Laeken et l’année suivante à Jette. Le boulevard comporte un terre-plein central arboré et longé par les voies de tram.

Le pont ferroviaire entre les nos380 et 398, un pont en briques avec arc en pierre bleue et balustrade, date de la création du boulevard de Smet de Naeyer.

Le cimetière de Jette, érigé à la fin du XIXe siècle, se trouve au niveau du carrefour formé par le boulevard, l’avenue Secrétin et la voie ferrée. L’entrée principale du cimetière est située du côté du rond-point entre le boulevard et l’avenue Secrétin et se compose de quatre colonnes en pierre bleue, les deux centrales étant couronnées par des obélisques. Au nord du cimetière, et séparé de celui-ci par la voie ferrée, se trouve le parc de la Jeunesse. Ce parc a vu le jour peu après la Seconde Guerre mondiale, et avec lui plusieurs installations, dont un mini-golf et un terrain de sport. Sous le croisement avec l’avenue Houba de Strooper se trouve la station de métro Stuyvenbergh, qui abrite une œuvre d’art conçue par Yves Bosquet en 1985, composée de plusieurs groupes de statues en terre cuite émaillée représentant notamment la reine Élisabeth et la famille royale.

Le bâti du boulevard peut être divisé en trois grandes phases de construction, la première ayant eu lieu entre 1905 et 1914 et étant principalement constituée de maisons bourgeoises de style éclectique au parement polychrome et à deux étages en moyenne. On en trouve des exemples aux nos206, 208, 210 (1908), 207 (1910), 584 (1913) et 522 (1909 et rénovée en 1964). La maison du no214, dont le rez-de-chaussée a été fortement transformé, présente des tendances Art nouveau. D’autres bâtiments sont de prestigieuses maisons de maître avec porte cochère, comme celle du no209 (1913).

Durant l’entre-deux-guerres, les typologies principales (maisons bourgeoises et petits immeubles à appartements) sont toujours les mêmes, mais leur style a évolué. La plupart des bâtiments présentent un style éclectique tardif, comme les nos34 (1924), 174 (1925), 582 (1921), 587 (1923), 621 et 623 (1925) ou la maison avec commerce au rez-de-chaussée au no192, mais d’autres influences stylistiques apparaissent également à cette époque, comme le style néo-Renaissance des nos22 et 24 (1905), le style amstellodamois ou Art Déco des nos6, 153 (1924), 494 (architecte Julie Roggen, 1932), 555 (1934), 619 (architecte Losange, 1937) ou 607 (architecte Pierre Netels, 1932) et le style moderniste des nos182 (1931) et 232 (voir ce numéro).

Après la guerre, plusieurs autres petits immeubles à appartements sont érigés dans le style moderniste, mais dans des gabarits plus hauts, jusqu’à quatre ou cinq étages, comme les nos269 (architecte Roger Moreau, 1962), 547 (architecte Jo. F. Draps, 1970), 571 (architecte G. Franqui, 1962) et 580 (architecte Henri Van Mingeroet, 1968). D’autres bâtiments de cette période consistent en des immeubles à appartements plus hauts et plus larges, par exemple les nos383 à l’angle avec la rue Guillaume De Greef (par l’architecte Jacques Cuisinier, 1961) et 154 (1969, voir ce numéro). Par ailleurs, deux stations-service ont été construites le long du boulevard, aux nos102 (1955) et 293 (1956), et le Centre Culturel Armillaire, ou Centre Culturel de Jette, a vu le jour au no145-147 en 1981 après des travaux de transformation (architecte Jacques Cuisinier) des bâtiments existants et la construction d’un nouveau bâtiment de style postmoderniste (bureau d’architecture Atelier Arcane, 1992) (voir ce numéro).


Sources

Archives
AVB/PP 3470 (1913).
ACJ/Urb 34: 4161 (1924)?; 102: J1841 (1955)?; 153: 7472 (1924)?; 174: 4223 (1925)?; 182: 6152 (1931)?; 207: 1672 (1910)?; 209: 1660 (1913)?; 210: 1665 (1908)?; 232: 7872 (1935)?; 269: J3361 (1962)?; 293: J2264 (1956)?; 383: J3057 (1961)?; 494: 6491 (1932).
AVB/TP 57110 (1903-1904), 57133 (1910-1922)?;522: Laeken 4021 (1909), 81865 (1964)?;547: 84065 (1970)?; 555: 43040 (1934)?; 571: 84018 (1962)?; 580: 82523 (1968)?; 582: 42305 (1921)?; 584: Laeken 1689 (1913)?; 587: 49476 (1923)?; 607: 40249 (1932)?; 619: 51504 (1937)?; 621, 623: 53703 (1925).

Ouvrages
PAULUS, G., Jette, Guides des communes de la Région Bruxelloise, CFC-éditions, Bruxelles, 2000, p.64.
RANIERI, L., Léopold II urbaniste, Hayez, Bruxelles, 1973, p.73.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, p. 693.


Périodiques
VAN DEN HAUTE, R., «Quand la voie ferrée atteignit Jette et Ganshoren», Comté de Jette, 13, 1977-1978, pp. 8-14.

Cartes/Plans
BESME, V., Plan d’ensemble pour l’extension et l’embellissement de l’Agglomération bruxelloise, 1866.