Recherches et rédaction
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L'avenue de Cortenberg et son pendant, l'avenue d'Auderghem, ont été imaginées en 1845 par Félix Dubois et l'ingénieur le Hardy de Beaulieu. Dans leur plan de prolongation de la rue de la Loi au-delà de la vallée du Maelbeek, les deux hommes proposent l'aménagement d'un rond-point à son extrémité, d'où partiraient ces deux axes, l'un, au nord, vers la chaussée de Louvain, l'autre, au sud, vers la chaussée de Wavre. Entre les embranchements doit s'implanter un champ de manœuvres.
Le plan est adopté par le Conseil communal le 08.05.1852 et approuvé par l'arrêté royal du 20.06.1853. Cette année-là sont lancées les expropriations nécessaires à sa mise en œuvre. Les deux voies sont percées entre 1855 et 1857. Dans son plan d'aménagement du quartier Nord-Est approuvé par l'arrêté royal du 20.12.1875, l'architecte Gédéon Bordiau fait de l'avenue la limite sud-est du quartier, contribuant à la forme en losange de celui-ci.
C'est en 1977 qu'est créé le tunnel menant de l'autoroute E40 et passant sous l'avenue de Roodebeek et la place de Jamblinne de Meux pour émerger en une trémie à la fin de l'avenue de Cortenberg.
L'artère porte un nom historique, tout comme la plupart des artères du quartier, baptisées en lien avec l'histoire du jeune État belge ou celle, plus ancienne, des régions dans lesquelles il se situe. La dénomination de l'artère fait référence à une charte signée en 1312 par le duc Jean II de Brabant, qui organise les relations entre le duc et les représentants du peuple.
À l'origine, l'artère est bâtie de maisons et de quelques hôtels de maître avec écuries, de style néoclassique ou éclectique, conçus entre 1863 et 1907. Seule une dizaine d'habitations sont dessinées avant la création du quartier des Squares, principalement entre 1863 et 1865. Côté impair, c'est le premier tronçon qui se bâtit le premier, entre 1871 et 1889. Au-delà du parc du Cinquantenaire, les constructions s'échelonnent surtout entre 1897 et 1902. Côté pair, la majorité du bâti est conçue entre 1890 et 1904.
À l'exception des nos 83, 85, 93, 130 (voir ces numéros) et 132, ces constructions originelles ont entièrement disparu. Si quelques grands immeubles à appartements se sont implantés sur l'avenue dans l'entre-deux-guerres, c'est principalement à partir de 1958 que les habitations ont laissé la place à de vastes immeubles de bureaux ou combinant bureaux et appartements. Plusieurs d'entre eux ont à leur tour été remplacés par de nouveaux complexes dans les années 1990 et 2000. Un certain nombre abrite des services liés à la Communauté européenne.
Parmi les immeubles de l'avenue, le n° 30-36 (bureau d'architecture Stapels sprl, 1992) remplace entre autres sept maisons conçues par l'architecte Henri Van Massenhove pour son propre compte. Le n° 53-65 a été conçu en 1985 par le bureau d'architecture Henri Montois.
Dessiné par les architectes Polak et Stapels en 1989, le n° 74-80 remplace une maison de 1901, dotée d'un oriel de largeur dégressive sous lanternon à toiture en pavillon. Le n° 98-100 est, quant à lui, conçu en 1986 par l'architecte José Vanden Bossche. L'architecte François Schilling est, pour sa part, l'auteur des n°s 107 (1983), 168-170 (1987) et 52 (1990).
Aux n°s 60-64 et avenue Michel-Ange 82-86 s'élève un immeuble de bureaux et de logements imaginé à partir de 1992 par le bureau d'architecture Samyn et Associés et bâti selon un permis de 2004. C'est suivant ce projet que l'avenue Michel-Ange a été aménagée en cul-de-sac. Du côté de cette dernière, le complexe a englobé, en les façadisant, trois habitations (voir avenue Michel-Ange n°s 82 à 86). Les façades des anciens n°s 60 et 62 de l'avenue de Cortenberg (1896) ont quant à elles été remontées rue Stevin, où elles sont intégrées à un complexe d'appartements conçu en 1995 (voir rue Stevin n° 19-23).
Parmi les derniers complexes construits sur l'avenue, citons un immeuble dessiné en 2003 par le bureau Archi 2000 (voir n° 172), ainsi qu'un autre, au n° 69-71, construit dans les années 1970 et rhabillé d'une originale façade vitrée incurvée en vague conçue en 2005 par le bureau d'architecture Jaspers & Eyers. Le bâtiment est implanté sur une parcelle formant l'angle avec la rue Rembrandt, occupée au début du XXe du siècle par une habitation bordée d'un grand jardin. En 1929 avait été implanté vers la rue Rembrandt un garage de style Art Déco longé par une serre.
Enfin, un nouvel ensemble occupe tout l'îlot formé par les avenues de Cortenberg, de la Joyeuse Entrée et la rue de la Loi. Conçu par l'Atelier de Genval pour Axa Belgium, il est achevé en 2009. Il remplace divers immeubles de bureaux conçus à partir de 1957 par les architectes Jean et Jean-Luc Hendrickx-van den Bosch et Ch. et J. P. Housiaux à la demande de la société d'assurances La Royale belge, qui fusionnera avec Axa en 1999. Ces bureaux étaient destinés à accueillir les institutions de la CEE, créées l'année même du début des travaux, alors que le siège officiel de cette Europe naissante n'était pas encore défini (DEMEY, 2007, p.193).
Plusieurs bâtiments démolis méritent d'être mentionnés. Sur l'îlot appartenant aujourd'hui à Axa se trouvait à l'origine, au n° 33, l'atelier du sculpteur Guillaume Charlier, conçu par l'architecte Ernest Van Humbeeck en 1885.
D'un seul niveau, le bâtiment comportait, à l'avant, un petit atelier servant également de pièce de réception et, à l'arrière, un grand atelier, plus élevé, éclairé par une verrière. Rehaussée de pierre bleue, la façade avant était parementée de briques roses et de briques brunes vernies. L'entablement était garni de faïence dans les tons vert, orange et noir. En 1897, le sculpteur fait bâtir un autre atelier au fond de sa parcelle, donnant sur l'avenue de la Joyeuse Entrée. En 1930, les constructions laissent place à un « groupe d'immeubles à appartements modernes » conçu et commandité par l'architecte Henri Van Massenhove.
Jusqu'en 1929, l'angle de l'avenue de la Renaissance était occupé par une guinguette de plan en L entourée d'un jardinet, bâtie après 1881. Elle a été remplacée par un immeuble à appartement (voir n°s 43 avenue de Cortenberg et 1 avenue de la Renaissance).
Conçu en 1865 par l'architecte D. Dekeyser, un hôtel particulier était édifié sur une propriété occupant l'angle de la rue Rembrandt, côté pair. Un pavillon de jardin octogonal y est adjoint en 1887. L'habitation est agrandie en 1922. L'ambassade du Luxembourg y installe ses bureaux au plus tard en 1957. Cette même ambassade occupe aujourd'hui l'immeuble de 1994 qui a remplacé l'hôtel (n° 73-77). Dans le même îlot, le n° 89 s'était doté d'une remarquable devanture Art nouveau en 1901, selon un projet attribué à l'architecte L. Lamarche (VANDENBREDEN, et al., 1999, p. 34).
Côté pair, au n° 2, à l'angle du rond point Schuman, se dressait une imposante maison de style néo-Renaissance, dessinée en 1897 par l'architecte Alex Lecloux. Au n° 8, un hôtel de maître conçu en 1891 en style éclectique, peut-être par architectes Constant Bosmans et Henri Vandeveld, était établi en retrait de l'alignement et doté d'écuries. En 1929, l'habitation est agrandie par l'architecte Michel Polak. Elle est démolie en 1974.
Un peu plus loin dans l'îlot, un ensemble de cinq maisons doublé d'un vaste complexe d'écuries arrière avaient été conçus en 1894 par les mêmes Bosmans et Vandeveld pour un certain Mathieu, l'un des plus importants marchands de chevaux de la capitale (DELIENS, 1982, p. 71). En 1902, les architectes avaient déjà dessiné pour ce commanditaire un hôtel de maître attenant, au n° 24. En 1937, les cinq maisons sont remplacées par une poste, conçue par l'architecte Ladon dans un modernisme d'inspiration paquebot.
Après plusieurs projets d'extension, à partir des années 1960, le bâtiment fait place au complexe de bureaux de la Poste de Bruxelles IV, conçu par le bureau d'architecture M. Jaspers dès 1988 et bâti entre 1992 et 1997 (nos 12-16 avenue de Cortenberg et 139-145 rue Stevin).
Au n° 116, à l'angle de la rue Véronèse n°58, l'architecte Marcel Uyttenhove avait conçu en 1958 le Centre médical Fulton, un intéressant immeuble démoli en 2009 (voir rue Véronèse).
Sur le dernier tronçon de l'avenue, côté pair, était à l'origine implanté par un orphelinat de filles, dessiné par l'architecte Vanderrit et inauguré en 1874. Il est remplacé par un immeuble de bureaux de 1985 (architectes De Smet et Whalley), portant le n° 211 de la rue du Noyer. Le jardin du home a été transformé en parc (voir rue du Noyer).
Le dernier tronçon côté impair est, lui, toujours occupé par l'École royale militaire. Celle-ci s'installe à l'aube du XXe siècle sur un vaste site bordé par l'avenue de la Renaissance, les rues Léonard de Vinci, du Noyer et Hobbema (voir avenue de la Renaissance n° 27-33). Vers l'avenue de Cortenberg sont édifiés deux bâtiments, qui dépendaient l'un de l'École de Guerre, au n° 115, l'autre de l'École d'Application, portant le n° 11 de la rue Léonard de Vinci. En 1902, l'angle formé par cette rue et l'avenue de Cortenberg avait été amputé afin de former un pan coupé de quinze mètres de long destiné à dégager l'entrée du bâtiment.
Sources
Archives
AVB/TP 26367 (1852-1866); 1-29: 71020 (1957), 69410 (1958), 72814 (1961), 82334 (1961), 87977 (1977), 97939 (1996); 2: 9793 (1897); 8: 9794 (1891), 34731 (1929), 86098 (1974); 12-16 et rue Stevin 139-145: 9797 (1894), 50057 (1937), 96622 (1988), 105479 (1997); 24: 9798 (1902); 33: 9846 (1885), 13112 (1897), 44858 (1930); 30-36: 9804 (1898), 22578 (1900), 97107 (1992); 52 et rue Michel-Ange 83-85: 96654 (1990); 53-65: 90175 (1985); 60-64 et 82-86 avenue Michel-Ange: 93303 (1992), 105560 (1993); 69-71: 36513 (1929), 105913 (1971), 105912 (1972), 105911 (1973); 73-77: 9787 (1865), 9786 (1887), 27659 (1922), 67657 (1957); 74-80: 9817 (1901), 88758 (1989); 89: 9783 (1901); 98-100: 94011 (1986); 107: 92944 (1983); 116 et rue Véronèse 58: 69645 (1958), 91719 (1987); 168-170: 94009 (1987).
AVB/Bulletin communal de Bruxelles, 1877, t. I, p. 316; 1902, t. I, pp. 43 et 126.
Ouvrages
HEYMANS, V., Le quartier des Squares. Marguerite, Ambiorix, Marie-Louise, Gutenberg, coll. Bruxelles, Ville d'Art et d'Histoire, 13, Région de Bruxelles-Capitale, Direction des Monuments et des Sites, Bruxelles, 1995. p. 13.
DELIENS, P., Rond-Point Schuman. Histoire du quartier Nord-Est à Bruxelles, d'Ambiorix à nos jours, Bruxelles, 1982, pp. 55, 70-71.
DEMEY, T., Bruxelles, capitale de l'Europe, Bruxelles, Badeaux, 2007. p. 193.
BERNAERTS, A., KERVYN DE MARCKE TEN DRIESSCHE, R., Les noms de rues à Bruxelles, éd. De Visscher, Bruxelles, 1951. pp. 25-26.
VAN SANTVOORT, L., Het 19de-eeuwse kunstenaarsatelier in Brussel (thèse de doctorat), Vrije Universiteit Brussel, Bruxelles, 1995-1996, corpus deel C, 1885/3.
WAUTERS, A., Histoire des environs de Bruxelles, ou description historique des localités qui formaient autrefois l'ammanie de cette ville [1855], Livre huitième – A, éd. Culture et Civilisation, Bruxelles, 1973, pp. 16-17.
Périodiques
« L'immeuble de la “Royale Belge” », La Maison, 2, 1960, pp. 58-61.
« Atelier de sculpteur, chaussée de Cortenberg 33, Bruxelles », L'Émulation, 1892, col. 191, pl. 37.
Sites internet
www.jaspers-eyers.be