Recherches et rédaction

2016

 

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Le square Sainctelette est une place en forme de trapèze allongé formant, avec son pendant molenbeekois au-delà du canal, la place Sainctelette, le lien entre les boulevards d’Anvers et Baudouin à l’est et le boulevard Léopold III à l’ouest. À son extrémité est, la place de l’Yser articule le boulevard de Dixmude et le quai du Commerce, ainsi que le quai de Willebroeck. À l’ouest, le square dessert les boulevards du Neuvième de Ligne et d’Ypres, ainsi que le quai des Péniches.

À l’emplacement du square était jadis implantée la porte du Rivage, remontant au XVIe siècle et marquée par deux pavillons d’octroi conçus en 1833 (architecte A. Payen), qui reliait le canal de Charleroi, via une courbe, à celui de Willebroeck. Juste à l’est, à hauteur de l’actuelle place de l’Yser, se trouvait le pont Léopold, qui marquait la jonction entre le bassin du Commerce au sud et le canal de Willebroeck au nord.

Dans les années 1900, les deux canaux furent reliés en droite ligne par le déplacement du canal de Willebroeck vers l’ouest et la création des bassins Béco et Vergote. Les portions de canal devenues inutiles et les anciens bassins, dont celui du Commerce et de la Voirie, furent remblayés en 1910-1911. À leur emplacement fut projeté en 1911 un nouveau quartier, baptisé quartier Maritime. Celui-ci se composait, dans l’axe du boulevard d’Anvers, de la future place de l’Yser, suivie par le square Sainctelette. De part et d’autre, les îlots devaient être divisés, l’un par deux artères diagonales – les boulevards d’Ypres et de Dixmude –, l’autre par une voie diagonale symétrique à cette dernière, qui ne vit toutefois jamais le jour.

Le square Sainctelette reçut sa dénomination par arrêté du Collège de la Ville de Bruxelles du 18.10.1912, en même temps que le pont du même nom au-dessus du canal. Elle reprend le nom de la place créée à la fin du XIXe siècle de l’autre côté du pont, rendant hommage à l’avocat Charles-Xavier Sainctelette (1825-1898), qui fut notamment ministre des Travaux publics.

Aménagé à la veille de la Première Guerre mondiale, le square ne se bâtira qu’à partir des années 1920. En 1912, l’îlot compris entre le quai des Péniches et le quai de Willebroeck est donné en location par la Ville à un dénommé Marquet, qui y ouvre un luna-park. Celui-ci comprenait notamment une entrée monumentale et une vaste salle de fêtes de style Beaux-Arts, conçue en 1913 et où se produisirent entre autres les Ballets Russes, avec Nijinski. Durant la guerre, le luna-park est fermé et occupé par les Allemands. En 1925, le projet de rue coupant diagonalement l’îlot est abandonné. Le pan nord du square aligne aujourd’hui un immeuble de bureaux de style Beaux-Arts conçu en 1928 (voir no17), l’immeuble de l’ancien Luna-Theater, d’inspiration Paquebot (voir no18-20), ainsi que l’ancien showroom moderniste de la firme Citroën (voir no21), qui occupe la majeure partie de l’îlot.

À l’origine, le centre du square avait été aménagé en un terre-plein triangulaire, dominé par le Monument aux morts du génie (1914-1918), conçu par le sculpteur Charles Samuel et l’architecte Joseph Van Neck et inauguré le 02.12.1928. Celui-ci fut déplacé en 1957 au square Vergote. Cette année-là en effet, dans le cadre du réaménagement de la petite ceinture de Bruxelles en vue de l’Expo 58, le square fut traversé par un viaduc autoroutier, le viaduc Léopold II, débutant à hauteur du futur boulevard Roi Albert II. L’ouvrage fut démoli en 1984 au profit d’un tunnel et une pelouse centrale fut réaménagée au square. Quant au pont enjambant le canal, refait en style Art Déco en 1934 (voir place Sainctelette), il fut transformé en deux ponts distincts dans les années 1980.

Sources

Archives
AVB/AR rues, boite 16–19, cote 18, no9 (18.10.1912).
AVB/TP 31398-31411 (1911-1917), 32596 (1912-1916), 38580 (1926-1928).

Ouvrages

Bruxelles Port de Mer, Société anonyme du Canal et des Installations maritimes de Bruxelles,Éditions illustrées du «Soir», 1922, pp. 20-24, 56.
DEROM, P., Les sculptures de Bruxelles. Catalogue raisonné, Galerie Patrick Derom, Bruxelles, 2002, p. 119.
Le Patrimoine monumental de la Belgique, Bruxelles, Pentagone A-D, 1A, Pierre Mardaga, Liège, 1989, p. 306, 379.