Typologie(s)

établissement scolaire

Intervenant(s)

L. GÉRARDingénieur-architecte1893-1899

Jules Jacques VAN YSENDIJCKarchitecte1893-1899

Statut juridique

Classé depuis le 25 octobre 1988

Styles

Éclectisme
Art nouveau

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2013

id

Urban : 36937
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Description

Ancien institut universitaire destiné à l’enseignement pratique de la médecine, de style éclectique teinté d’Art nouveau, érigé de 1893 à 1898-1899 d’après les plans de l’architecte Jules-Jacques Van Ysendyck et de l’ingénieur Léon Gérard.

L’édifice est implanté dans la partie basse du parc Léopold, face à l’étang, à l’emplacement de l’ancienne fosse aux éléphants du Jardin zoologique. Il abrite aujourd’hui la section secondaire du Lycée Jacqmain (Ville de Bruxelles), ainsi que le Laboratoire intercommunal de Chimie et Bactériologie (avenue du Maelbeek 3).

Historique
L’Institut d’Anatomie et d’Histologie –ou Institut Warocqué– est l’un des trois premiers instituts universitaires construits de 1892 à 1899 par J.-J. Van Ysendyck et Léon Gérard pour la cité scientifique du parc Léopold. À la suite des Instituts de Physiologie (Instituts universitaire et Solvay, 1892-1894) et de l’Institut d’Hygiène, de Bactériologie et de Thérapeutique (1893-1894, bâtiment démoli et remplacé dès 1933 par l’Institut dentaire Eastman), la nécessité d’un institut d’Anatomie se fait sentir. Les locaux de l’Hôpital Saint-Jean, alors utilisés par les étudiants, ne sont plus adaptés. Sollicité par le professeur Paul Héger, l’industriel Raoul Warocqué intervient financièrement par le biais d’une donation à la Ville de Bruxelles, propriétaire du terrain, pour la construction de cet institut. Son édification est approuvée par le conseil communal du 8.05.1893. Le chantier est lancé et, après de nombreux ajouts au projet initial, le bâtiment est inauguré en 1895 mais réellement achevé en 1898-1899 et mis à la disposition des étudiants en médecine de l’ULB. Finalement, la part financière de la Ville de Bruxelles reste très importante, bien plus que celle du mécénat de Warocqué, dont le bâtiment conserve cependant le nom.

Avec le transfert de l’ULB au campus du Solbosch, les instituts scientifiques du parc Léopold sont abandonnés dès 1920, les bâtiments demeurant propriété de la Ville de Bruxelles. En 1929, l’ancien Institut d’Anatomie est partiellement réaffecté en Laboratoire intercommunal de Chimie et de Bactériologie (projet d’aménagement en 1929, AVB TP 59065). L’aile droite et une partie du pavillon central y sont affectés. En 1941, les collections du Mundaneum (centre de documentation et de communication planétaire), créé par Paul Otlet, alors abritées au Cinquantenaire, sont installées provisoirement dans l’aile droite de l’institut. Cette occupation précaire perdure jusqu’en 1972. De 1972 à 1985, la partie droite du bâtiment reste désaffectée.

Dès 1985, la Ville projette l’installation de la section préparatoire du Lycée Jacqmain - dans l’aile inoccupée de l’Institut Warocqué. Même si les projets d’aménagements de l’architecte Rimanque ne sont pas réalisés, divers travaux (cloisons, faux-plafonds, remplacement des châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre....) ont progressivement modifié l’aile droite du bâtiment, principalement en subdivisant les volumes existants en locaux plus petits. Après avoir accueilli les élèves de l’enseignement primaire, le bâtiment est depuis 2011 destiné aux élèves du secondaire et sert d’annexe au Lycée Jacqmain, installé dans l’ancien Institut de Physiologie. Une partie du pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. central est cependant toujours désaffectée et en mauvais état.

Description
Édifice symétrique de plan en U, comptant trois niveaux et composé de trois unités: un pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. central, encadré d’ailes latérales plus basses, et pavillons d’angle en retour, chaque unité fonctionnant de manière autonome (accès, cage d’escalier, circulations internes et locaux d’études tels laboratoires, auditoires et bureaux). Le pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. central s’avance côté parc par trois travées à pans coupésPan de mur situé de biais sur l’angle d’un bâtiment.. Côté cour, la façade du pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. central est plane et devancée d’un large perronEmmarchement extérieur devançant la porte d’entrée d’un bâtiment., à l’origine sous verrière.

Avenue du Maelbeek 3-13, ancien Institut d’Anatomie et d’Histologie, plan du niveau 1, LAMBERT, C., [i]Étude historique …[/i], Ville de Bruxelles – CPH, 2001, p. 7.

En façades, ordonnance stricte et rythmée: rez-de-chaussée en pierre à bossages traité comme un haut soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue., portant les niveaux supérieurs en brique, larges travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. ouvertes de grandes baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. et séparées par des contreforts de saillie dégressive, se terminant en souche de cheminéePartie du conduit d’une cheminée émergeant du toit.. Cet aspect rigoureux est atténué par une décoration stylisée (menuiserie, appareillage, sgraffites évoquant les donateurs). L’ensemble des décors confère un accent Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. à l’édifice.

Les baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. concentrent la majeure partie de l’attention –par leurs dimensions, leur structure et leur décor: les châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. métalliques, ouverts sur les deux étages, ont un rythme tripartite et s’ornent d’arceaux métalliques évoquant l’arc outrepassé. Le linteau métalliquePoutrelle métallique de profil en I, utilisée comme linteau, souvent agrémentée de rosettes en tôle découpée., divisé en compartiments ornés de croix, termine chaque fenêtre. Au-dessus d’une poutrelle ponctuée de rosaces, l’allège devient sgraffiteTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. ou panneau de briques émaillées.

Une large corniche sur aisseliersEn menuiserie, pièce de bois disposée de biais, portant le débordant d’un toit ou d’un auvent. En charpenterie, lien disposé en oblique, soulageant une pièce horizontale et portant sur une pièce verticale. de bois termine l’élévation du pavillon central (consoles pour les pavillonsLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. latéraux) et une verrière (lanterneau vitré à quatre versants) y éclaire l’amphithéâtre supérieur. Ailes basses terminées par un bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de pierre ponctué de denticules, sous un attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement. en brique et couvre-murCouverture, souvent en pierre ou en céramique, disposée au sommet d’un mur pour le protéger de l’eau de pluie. Les pignons et les murs de clôture sont d’ordinaire pourvus d’un couvre-mur. en pierre.

Menuiserie partiellement conservée.

Intérieur. Comme pour les deux autres instituts du parc Léopold érigés à la fin du XIXe siècle, la construction se base sur une structure métallique monumentale autoportante, faite d’éléments préfabriqués. Des fondations en béton portent les charpentes en acier, réunies entre elles par des poutrelles métalliques. Les façades, murs intérieurs et planchers sur voussettes sont soutenus par des poutrelles métalliques. Les cages d’escalier sont également à structure métallique. Les imposantes baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. vitrées mêlent glace (extérieur) et verre (intérieur) pour former des parois vitrées doubles, système de double vitrage mis au point par l’ingénieur Léon Gérard. Sous un allure monumentale plutôt classique se mêlent technicité et innovation.

Destiné à l’enseignement pratique de la médecine, les locaux consistaient principalement en salles de cours, auditoires, salles de dissection, locaux de travaux pratiques, bureaux… Certains auditoires présentent une galerie sur le pourtour, avec des escaliers mobiles qui peuvent être déplacés à divers endroits de la galerie. Compte tenu du coût important de la construction du bâtiment et des suppléments intervenus en cours de chantier, les aménagements intérieurs restent assez simples. Dans le pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. central se trouvent le grand auditoire à gradins, dans l’avant-corps à trois pans, et, sous la verrière centrale, le spectatorium d’anatomie, petit amphithéâtre avec une tablePetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. de dissection au centre(un monte-charge permettait d’y acheminer les cadavres).

Avenue du Maelbeek 3-13, ancien Institut d’Anatomie et d’Histologie, auditoire du dernier niveau (« Théâtre anatomique ») (photo 2015).

Locaux adaptés au cours du XXe siècle en raison des affectations diverses du bâtiment (transformation de menuiseriesÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. intérieures, remplacement des châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre., changement des planchers, placement de cloisons…).





Sources

Archives
AVB/TP 59065; AVB/ Boîtes 14-7, 10, 14, 20 (A-Monument classé).
AVB/Bulletin Communal, 1893, I, pp. 290-294; II, p.737.
AAM /photo de la maquette de l’Institut d’Anatomie, conservée dans la famille Warocqué.

Ouvrages
BRAUMAN, A., CULOT M., MIEROP C., Institut Warocqué. Parc Léopold. Proposition de reconversion en centre d’éducation physique, AAM, Bruxelles, 1982.
BRAUMAN, A., DEMANET, M., Le Parc Léopold 1850-1950. Le zoo, la cité scientifique et la ville, AAM, Bruxelles, 1985.
DESPY-MEYER, A., DEVRIESE, D., Ernest Solvay et son temps, Archives de l’ULB, 1997.
LAMBERT, C., Étude historique de l’Institut d’Anatomie et d’Histologie Warocqué (Ville de Bruxelles – Cellule Patrimoine historique), janvier 2001.
LOURYAN S., VANMUYLDER N., «L’Institut d’Anatomie Raoul Warocqué de l’ULB (1893-1928)», New Yperman, vol. 7, 2006, pp. 3-8.

Periodiques
DESPY-MEYER, A., DEVRIESE, D., «Paul Héger, maître d’œuvre des instituts d’enseignement et de recherche en sciences médicales voulus par Ernest Solvay à Bruxelles (1891-1895)» in PALM, L.-C., VAN LUNTHEREN, F.-H., VAN PAEMEL, G. (red.), De toga om de wetenschap.
Ontwikkelingen in het hoger onderwijs in de geneeskunde, natuurwetenschappen en techniek in Belgïe en Nederland (1850-1940), Themanummer van Gewina, XVI, 1993, 3, pp. 90-103.
VIRÉ, L., «La Cité scientifique du Parc Léopold à Bruxelles. 1890-1920 », Cahiers Bruxellois. Revue d’histoire urbaine, t. XIX, 1974, pp. 86-180.