Typologie(s)

Prison
maison bourgeoise

Intervenant(s)

L. BOUCKAERTingénieur-architecte1911

Statut juridique

Classé depuis le 23 mars 2017

Styles

Néo-Renaissance flamande

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2014-2016

id

Urban : 36783
voir plus

Description

Remarquable établissement pénitencier et ensemble de trois logements de fonction pour le personnel de prison, de style néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes)., conçus par L. Bouckaert, inspecteur-ingénieur général des constructions pénitentiaires à Bruxelles, 1911.

Prison de Forest, avenue de la Jonction 50A-52, UrbIS ® © – Distribution : CIRB av. des Arts 20, 1000 Bruxelles, 1996.

Historique
La prison de Forest fut construite sur une vaste parcelle située sur l’ancien plateau du Hoeiweg, entre l’avenue de la Jonction, l’avenue Albert et le square Larousse. Projetée dès 1873 en vue du remplacement de la prison des Minimes de Bruxelles ,la prison s’érige vers 1910 dans le cadre du plan d’aménagement du Quartier Sud de Saint-Gilles, dressé dès 1876 par l’inspecteur-voyer Victor Besme et fixé par arrêté royal en 1892.

La prison de Forest constitue l’extension de la prison de Saint-Gilles (1885), à laquelle elle est reliée par un passage souterrain situé sous l’avenue de la Jonction –d’où la dénomination de l’artère. La prison de Saint-Gilles est construite comme établissement pour peines (pour les condamnés), tandis que la prison de Forest est une maison d’arrêt (pour les personnes qui ne sont pas encore condamnées et sont en détention préventive).

Prison de Forest, plan d’implantation (détail), ACF/Urb. 20506 (1982).

Construite vingt-cinq ans après la prison de Saint-Gilles, la prison de Forest en reprend les grands principes de construction basés sur le modèle cellulaire, élaboré par celui qui fut inspecteur général des prisons de 1830 à 1861, Édouard Ducpétiaux. Adepte de l’idée morale d’amendement par l’enfermement et l’isolement total, É. Ducpétiaux trouve une réponse aux nouveaux enjeux pénaux à travers l’architecture cellulaire, qui place le détenu en cellule, de jour comme de nuit. D’un point de vue architectural, les prisons construites selon ce modèle s’organisent sur un plan d’ailes rayonnantes à partir d’un centre depuis lequel s’opère la surveillance, une disposition basée par le principe du panoptique (1791). La prison de Forest est l’un des derniers établissements pénitenciers construits sur ce modèle.

La prison de Forest, toujours en fonction aujourd’hui, a subi au cours du XXe siècle plusieurs adaptations, des travaux d’extension et des travaux de modernisation afin de répondre aux nouvelles exigences en matière de sécurité, d’hygiène, de confort: démolition des préaux individuels pour créer les promenades communes, modernisation des cellules, aménagement d’un nouveau complexe de visite, adjonctions de nouveaux volumes (une buanderie en 1975-1976, une annexe psychiatrique en 1982-1983), etc. Malgré les divers travaux réalisés, la structure et la configuration originelle de la prison ont été relativement bien préservées et sont donc toujours lisibles.

Depuis la construction de la prison de Berkendael conçue 1984-1986 (rue Berkendael nos42-48: voir notice de voirie), avec laquelle elle communique directement, la prison de Forest n’accueille plus de détenus féminins.


Description
Façade principale. À front de l’avenue de la Jonction, façade formée de trois volumes intégrés dans le développement du mur d’enceinte: un pavillon central accueillant le dispositif d’entrée, flanqué de deux volumes d’habitation à l’origine occupés par les sœurs surveillantes (celui de gauche) et le directeur (celui de droite).

Avenue de la Jonction, <a href='/fr/glossary/239' class='info'>pavillon<span>Le toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon.</span></a> d’entrée, élévation, ACF/Urb. 5416 (1911).

Volumes de quatre façades en briques rouges et éléments de pierre blanche, sur soubassement de pierre bleue. Fenêtres à croiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. de pierre, grillées au rez-de-chaussée. Nombreuses ancresPièce métallique apparente ou noyée dans l’enduit de façade, fixée à l’extrémité d’un tirant en fer pour solidariser les murs et les planchers. Il existe des ancres purement décoratives, non reliées à des tirants. métalliques et chaînages d’angle. Toitures et petites lucarnes en pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon..

Pavillon d’entrée d’un niveau alignant trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., l’axiale, d’entrée, en ressaut et coiffée d’un pignon à gradinsPignon dont les rampants sont étagés en escalier, à la manière de gradins. percé d’une fenêtre aveugleUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre.. Porte cochère à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. brisé en tiers-point; au-dessus, cartoucheDécor composé d’une table plane ou bombée, aux contours généralement sinueux, bordée d’un décor sculpté et/ou d’une mouluration, et sur laquelle prend parfois place un blason ou une inscription. Le médaillon est un cartouche rond ou ovale. en pierre aux armoiries de la Belgique. À l’intérieur, de part et d’autre du passage carrossables, loges du portier.

Volumes d’habitation de deux niveaux à élévationsDessin à l'échelle d'une des faces verticales d’un édifice. Par extension, façade d'un bâtiment ou ensemble de ses façades. identiques, organisées selon une composition en miroir. Côté rue, façade alignant six travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., dont deux traitées en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général. et coiffées d’un pignon à gradinsPignon dont les rampants sont étagés en escalier, à la manière de gradins.. LucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. passantes. Façade-pignon latérale gauche de l’ancienne habitation des sœurs percée à l’étage d’une fenêtre gothique. À droite de l’ancienne maison du directeur, volume annexe construit à l’emplacement d’un ancien jardin, servant d’entrée pour les visiteurs (porte piétonne percée dans le mur d’enceinte).

Derrière ce développement à front de rue se trouve la cour principale, elle-même délimitée par les façades des bâtiments administratifs. Les façades de ces bâtiments sont de même hauteur que celles des pavillonsLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. d’habitations à front de rue, et visibles depuis l’espace public. Cette configuration particulière –deux séries de volumes séparés par une cour– empêche les regards extérieurs de percevoir la configuration intérieure de l’établissement et l’agencement des ailes cellulaires.

Prison de Forest, plan du rez-de-chaussée, [i]Bruxelles Patrimoine[/i], 10, 2014, p. 100.

Bâtiments administratifs
Derrière la façade à front de rue, cour principale délimitée par les façades des bâtiments administratifs. Trois volumes contigus de deux niveaux, implantés en U. Façades polychromes de style néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes). similaires à celles des volumes à front de rue. Toitures en pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon..

Ailes cellulaires
Plan en étoile à quatre branches s’organisant autour d’un noyau central: deux petites ailes à l’origine réservées aux femmes (à l’origine 130 cellules), et deux ailes plus grandes pour les hommes (à l’origine 270 cellules). Le poste central depuis lequel s’opère la surveillance et lui-même divisé en deux parties distinctes, intègre aux premier et deuxième étages une chapelle de style néogothiqueLe style néogothique (à partir de 1860 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes ogivales et verticales issues du moyen-âge gothique. Le style néo-Tudor s’inspire plus particulièrement du style gothique teinté de Renaissance qui fleurit en Angleterre sous le règne des Tudors. brabançon, accessible depuis les ailes de détention. Éclairée de grandes fenêtres ogivales, elle adopte également une structure rayonnante.

Prison de Forest, vue intérieure de la chapelle, [i]Bruxelles Patrimoine[/i], 10, 2014, p. 102.

Façades des ailes intérieures en briques rouges sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. garni de moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie., au traitement décoratif plus sobre que celles donnant sur l’espace public. ÉlévationDessin à l'échelle d'une des faces verticales d’un édifice. Par extension, façade d'un bâtiment ou ensemble de ses façades. reprenant trois niveaux de cellules, éclairés par une série de petites fenêtres grillées; partie supérieure en retrait, sous toiture à versants, et percé de fenêtres grillées permettant l’éclairage du couloir central. Façades d’about coiffée d’un pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. au profil d’inspiration médiévale (tourelles et meurtrières) et percées, en partie supérieure, d’une baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. ogivale.

Prison de Forest, aile cellulaire, [i]Bruxelles Patrimoine[/i], 10, 2014, p. 105.

À l’intérieur, les cellules de 4 x 2,50 mètres se répartissent sur trois niveaux sur caves, et sont distribuées par un système de coursives métalliques laissant le corridor central libre sur toute la hauteur.

Mur d’enceinte haut de 6 mètres, construit en briques rouges sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. en pierre bleue et rehaussé d’éléments de pierre blanche. Angles garnis de petites tourellesPetite tour engagée dans un bâtiment, généralement sur un de ses angles.. Mur se dédoublant sur tout le pourtour du site, sauf à hauteur des trois bâtiments d’entrée donnant sur l’avenue de la Jonction. Si ce dédoublement contribue à assurer une meilleure sécurité, il permet également d’accueillir dans la première enceinte de la prison le dépôt des voitures cellulaires ainsi que les habitations du directeur et des sœurs surveillantes. Ancienne porte d’accès au jardin de la maison du directeur remplacée par une porte sécurisée.

Anciens logements de fonction du personnel de prison (nos44, 46 et 48)
Les logements de fonction destinés à l’aumônier, au directeur adjoint et au chef surveillant ont été construits à l’extérieur du mur d’enceinte, en mitoyenneté, et sont donc directement accessibles depuis la rue.

Logements de fonction du personnel de prison, avenue de la Jonction 44, 46 et 48, élévation, ACF/Urb. 5416 (1911).

Ensemble de trois maisons bourgeoises de style néo-Renaissance flamandeLe style Renaissance flamande (XVIe s.) mêle des éléments inspirés de la Renaissance italienne à l’héritage architectural médiéval local. Le style néo-Renaissance flamande (de 1860 à 1914 environ) cherche à ressusciter cette architecture, à la faveur de l’émergence du nationalisme belge. Il se caractérise par des élévations en briques et pierres et des formes caractéristiques (pignons, tourelles, logettes)., de composition asymétriqueDans l'inventaire, une façade est dite de composition asymétrique lorsqu’elle compte deux travées inégales. À Bruxelles, ce type de façade s’élève souvent sur trois niveaux. La travée principale est d’ordinaire mise en évidence par un ressaut, par un ou plusieurs balcons et par un décor plus élaboré. Les caves, d’ordinaire à demi enterrées, se marquent en façade par un soubassement élevé., les nos44 et 48 identiques. Façades en briques rouges sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. en pierre bleue, rehaussées et décorées d’éléments en pierre blanche. Fenêtres rectangulaires à croisée(s) de pierre ou simple meneauÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie.. Portes piétonnes sous frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches.. Nombreuses ancres métalliques. Petites lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. sous pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon.. ChâssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. remplacés.

Au n°46, travée principaleTravée la plus large de l’élévation, marquée par un ressaut et une décoration plus abondante. Les façades de composition asymétrique comportent d'ordinaire une travée principale. sous pignon à gradinsPignon dont les rampants sont étagés en escalier, à la manière de gradins. ajouré, percée de fenêtres jumelées par deux.
Aux nos44 et 48, travée principaleTravée la plus large de l’élévation, marquée par un ressaut et une décoration plus abondante. Les façades de composition asymétrique comportent d'ordinaire une travée principale. coiffée d’une lucarne-pignon à gradins.


Sources

Archives
ACF/Urb. 44, 46, 48: 307, 5416 (1911), 12110; 50A-52: 3232, 4760, 5416 (1911), 14361 (1943), 14774 (1946), 18290 (1963), 20213, 20839, 21102, 22111; rue Berkendael 42-48: 3161 (1902-1903), 7786 (1923), 14594 (1946), 14725 (1946), 17269 (1958), 18262 (1962), 18584 (1964), 20506 (1982), 20596 (1984-1986).

Ouvrages
AUTENNE, A., KREUTZ, M.,
Étude historique et patrimoniale des Prisons de Saint-Gilles et Forest, Étude inédite, Direction des Monuments et des Sites-SPRB, Bruxelles, 2011.
KEMPENEERS, J., Histoire d’Obbrussel-Saint-Gilles, Ed. Publimonde, 1962, p.160.

Périodiques
AUTENNE, A., KREUTZ,
 M., «Le patrimoine pénitentiaire. Les prisons cellulaires de Saint-Gilles et Forest», Bruxelles Patrimoines, 10, 2014, pp. 92-107.

Sites internet
Service public fédéral Justice