Typologie(s)

usine

Intervenant(s)

INCONNU - ONBEKEND1896

Arthur PLADETarchitecte1919

Edmond DOUAYarchitecte1908

Arthur PLADETarchitecte1912-1915

Arthur PLADETarchitecte1920

Arthur PLADETarchitecte1921

Statut juridique

Inscrit à l’inventaire légal le 19 août 2024

Styles

Éclectisme

Inventaire(s)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2020-2022

id

Urban : 35446
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Description

Ensemble de bâtiments industriels et logements ouvriers de style éclectique, construits en plusieurs phases dès 1896 puis en 1906; architectes Edmond Douay en 1908 et Arthur Pladet en 1912-1915, 1919, 1920 et 1921.


Historique

À la fin du XIXe siècle, les biscuits anglais inondent le continent. En 1896, trois pâtissiers bruxellois, Émile Bossaert, Charles Jeghers et Joseph Carlier, décident de créer leur propre biscuiterie industrielle. Des terrains du plateau de Koekelberg mis en vente depuis 1880 sont disponibles. En 1896, ils achètent un terrain ouvrant aux nos28 et 30 rue De Neck et déposent les statuts de la Manufacture des biscuits et desserts Victoria. Ils font alors construire sur ce terrain «un bâtiment d’usine avec écurie, remise et maison d’habitation». La dénomination Victoria traduit une volonté de rivaliser en qualité avec les produits anglais. Les produits Victoria connaissent un grand succès, y compris à l’exportation. Une usine Victoria est construite en 1904 aux Pays-Bas.
En 1899 et 1907, la société Victoria achète neuf propriétés mitoyennes pour agrandir son usine. En 1908 la biscuiterie devient également chocolaterie. En 1912 et 1914, cinq maisons sont à nouveau démolies pour agrandir l’usine jusqu’à la rue des Archers. Entre 1914 et 1919, alors que l’usine produit pour le compte du Comité national de Secours et d’Alimentation qui assure le ravitaillement des populations civiles, la société achète des terrains, maisons et bâtiments situés cette fois du côté impair de la rue et en intérieur d’ilot, jusqu’à la rue de l’Armistice afin d’y construire une grande chocolaterie sur les plans de l’architecte Arthur Pladet. En 1919 est construit un garage pour abriter la flotte de camions de la firme, ouvrant au n°29 de la rue De Neck (architecte Arthur Pladet). Il permet d’accéder au bâtiment qui sera construit à front de la rue de l’Armistice. En 1920, à la mort d’Émile Bossaert, c’est son fils cadet, Oscar, qui reprend la direction de la société. Tout comme son père, il sera aussi bourgmestre de Koekelberg. En 1921, un immeuble de logements ouvriers (architecte Arthur Pladet) est construit par-dessus l’entrée du garage et jusqu’au n°33. Une passerelle (architecte Arthur Pladet) le relie à la biscuiterie située en face, côté pair. Elle fait également le lien avec la chocolaterie située à front de la rue de l’Armistice et inaugurée en 1921. La chocolaterie est ensuite agrandie à plusieurs reprises.

Rue De Neck 20-26, ancienne Manufacture des biscuits et desserts Victoria, panneau de céramique Helman représentant l’usine en 1896 (photo 2022).

Durant l’entre-deux-guerres, le chocolat Victoria est un des trois grands du chocolat belge (avec Côte d’Or et Jacques). La production freine durant la Seconde Guerre mondiale. Les caves de l’usine sont aménagées en abri antiaérien pour abriter le personnel et les habitants des alentours. Dès la fin du rationnement du chocolat, les affaires reprennent en force. La marque Victoria connait son apogée au début des années 1950. Mais des conflits politiques (la «guerre scolaire») vont entraîner un boycottage de la marque. Paul Bossaert reprend les rênes de la société à la suite du décès de son père en 1956. En 1958, il investit énormément dans le pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. Victoria de l’Exposition universelle, mais l’opération ne rapporte pas suffisamment. En 1964 il cède l’affaire au groupe Unibra, qui la cède ensuite à Gebeco (General Biscuit Compagny). L’usine ferme en 1970. Les installations de l’ancienne chocolaterie à front de la rue de l’Armistice sont alors reprises par Godiva (qui avait ses ateliers rue Antoine Court depuis 1936, voir cette rue) qui y appose un bardage. Les locaux de la biscuiterie rue De Neck sont loués à diverses entreprises entre 1970 et 1995. En 1981, la passerelle, insalubre, est démolie. Entre 2002 et 2006, le site de la rue De Neck est transformé en lofts. Une partie des locaux comprenant les anciens bureaux de la direction et salle Victoria devient propriété communale en 2005. Le Belgian Chocolate Village y ouvre ses portes en 2014. Actuellement la chocolaterie est la propriété du groupe sud-coréen MBK et ne fait plus partie de Godiva.

Rue De Neck 20-26, ancienne Manufacture des biscuits et desserts Victoria, élévation avant agrandissement en 1906, ACK/Urb. rue De Neck 22-32, 1906.

Description

Rue De Neck 20-22-24-28,
bâtiment industriel résultant de l’agrandissement à plusieurs reprises de l’usine primitive d’abord en 1906, puis par les architectes Edmond Douay en 1908 et Arthur Pladet entre 1912 et 1915, puis en 1921.

Malgré les quinze années d’intervention, la façade présente un aspect uniforme.

Élévation de vingt travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. et quatre niveaux parée de briques rouges et rehaussée d’éléments en pierre bleue, décors en briques blanches. Fenêtres (grillées au rez-de-chaussée) sous linteau métalliquePoutrelle métallique de profil en I, utilisée comme linteau, souvent agrémentée de rosettes en tôle découpée. et arc de déchargeArc noyé dans un mur plein, qui surmonte généralement un linteau ou un autre couvrement et sert à le soulager.. Quelques ancres en fleurs de lys. Trois panneaux de carreaux de céramique indiquant: «Biscuits et desserts», «Victoria Société anonyme», «Même usine à Dordrecht (Hollande)». Quatrième travée surmontée d’un pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. flanqué d’amortissements; balcon à garde-corps pansu en ferronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux. au premier étage. En deuxième et quatrième travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., contour de porte en pierre blanche avec les inscriptions «S Ame Victoria – Bureaux» et «S Ame Victoria – Administration». ChâssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. remplacés.

Intérieur. Escalier et sa rampe en ferronnerie conservés. Salle Victoria décorée à l’occasion des vingt ans de la société de deux panneaux de céramique Helman datant de 1916 et représentant l’usine en 1896 et en 1916, ainsi que ses trois fondateurs.
Les bâtiments en intérieur d’îlot ont été transformés en lofts.

Rue De Neck 29-33, ancienne Manufacture des biscuits et desserts Victoria, immeuble de logements ouvriers et garage (photo 2023).

Rue De Neck 29-31-33, immeuble de logements ouvriers (1921) et garage (1919), architecte Arthur Pladet.

Élévation de cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. et quatre niveaux parée de briques rouges et rehaussée d’éléments en pierre bleue et décors en briques blanches. BaiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. sous linteau métallique et arc de déchargeArc noyé dans un mur plein, qui surmonte généralement un linteau ou un autre couvrement et sert à le soulager.. Dernière travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. percée de l’entrée vers le garage en intérieur d’îlot et de tripletsGroupement de trois baies. Les deux latérales, identiques, sont différentes de la baie centrale, d’ordinaire plus vaste. aux étages. Travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. centrale plus haute et portant les traces de la passerelle qui reliait l’immeuble à l’usine située de l’autre côté de la rue (démolie en 1981). La porte de garage du n°27 (conservée) est également ajoutée en 1919 et donne accès aux installations en intérieur d’îlot. ChâssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. remplacés.

Intérieur. Garage sous charpente métallique.


Rue de l’Armistice 5, ancienne chocolaterie Victoria construite en 1920 par l’architecte Arthur Pladet, modifiée à plusieurs reprises, notamment en 1971 lors de la reprise par la société Godiva qui appose un bardage en aluminium sur la façade.



Sources

Archives
ACK/Urb. Nombreux dossiers rangés rue de l’Armistice 5; rue de l’Armistice 5-6-7, rue De Neck 22 à 32; rue De Neck 24 à 32; rue De Neck 27-31; rangés erronément à rue de l’Armistice 27-31.

Ouvrages
CULOT, M. (dir.), Koekelberg. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 20.
PIRLOT, A.-M., Koekelberg à la carte, MRBC, Bruxelles, 2013.
STEPMAN, C., VERNIERS, L., Koekelberg dans le cadre de la région nord-ouest de Bruxelles, De Boeck, Bruxelles, 1966.
SUTTER, D., Koekelberg. Au fil du temps… Au cœur des rues…, Drukker, Paris, 2012.
SUTTER, D., Victoria Biscuits-Chocolat. De la manufacture aux géants de l’agroalimentaire, Drukker, Paris, 2008.
TONDEUR, F., Koekelberg, CFC-Éditions, Bruxelles, 2000.

Périodiques
BAECK, M., «La Maison Helman Céramique: un demi-siècle d’histoire de l’entreprise», Bruxelles Patrimoines, 15-16, 2015, pp. 62-77.