Recherches et rédaction
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireL’avenue du Roi suit un tracé rectiligne et pentu, de l’avenue Fonsny à la place de Rochefort. Elle relie ainsi le quartier de la gare du Midi à celui du parc de Forest. C’est une double chaussée, séparée par un terre-plein où s’élèvent deux rangées d’arbres. Les maisons du début de l’avenue se situent sur le territoire de Saint-Gilles (nos1 à 79 et 2 à 106). L’avenue croise successivement les rues de Belgrade, de Mérode, Émile Féron et de Serbie sur le territoire de la commune de Saint-Gilles puis, , les rues Fernand Bernier et du Monténégro sur celui de Forest.
Sur les plans historiques des XVIIIe et XIXe siècles, cette zone est répertoriée sous le nom de Champ Saint-Anne ou de Pré Sainte-Anne. Propriété jusqu’à la Révolution française de l’abbaye de Forest, elle est réservée à l’élevage de moutons.
Définie dans l’arrêté royal du 15.03.1876, l’avenue fait partie intégrante du projet du Parc du Midi et le quartier à Villas, dessiné par l’inspecteur voyer Victor Besme, et visant à créer un nouveau quartier résidentiel reliant la gare du Midi au nouveau parc de Forest. Simultanément à l’avenue du Roi sont aménagées l’avenue Guillaume van Haelen et l’avenue du Canada, ainsi que le quartier hippodamien au nord de la rue de Mérode.
Le nom de l’avenue du Roi rend hommage au roi bâtisseur Léopold II, qui a contribué à la création du Projet des Parcs.
L’avenue conserve longtemps un caractère champêtre après sa création. Ce n’est qu’au cours de la dernière décennie du XIXe siècle que les premiers bâtiments sont érigés. Ces habitations se trouvent dans la première moitié de la rue et consistent en de modestes maisons bourgeoises d’inspiration néoclassique. L’ensemble de deux maison au nos18, 20 (1894) et la maison no49 (1897) sont des exemples illustratifs ainsi que la maison no61 (1899) ayant conservé son rez-de-chaussée commercial flanqué de pilastres. À partir de 1900 se dressent de prestigieux hôtels de maître et des immeubles de rapport de style éclectique teintés d’éléments néoclassiques, Beaux-Arts et Art nouveau. Citons en exemple l’enfilade des nos79 à 121 construite entre 1901 et 1909 (à l’exception du no9 qui date de 1928). Des enfilades similaires côté pair de la rue se situent aux nos138 à 142 et 156 à 162. Les immeubles aux angles des rues sont souvent pourvus de rez-de-chaussée commerciaux avec boutique ou café. D’autres maisons abritent une modeste activité industrielle dans un atelier ou un entrepôt en fond de parcelle. Ainsi, le no111 faisait office d’entrepôt de bière, d’étables et de tonnellerie (1911) (voir ce numéro). La maison située au no176-178, qui frappe par sa large façade à éléments néoclassiques, dispose d’un atelier e fond de parcelle (1912).
Au début de la rue se situe le Dépôt des Tramways bruxellois, érigé en 1900 et conçu par Jean et Pierre Carsoel (voir no19).
Les dernières parcelles restées libres de la rue sont bâties lors d’une deuxième vague de construction durant l’entre-deux-guerres. Durant cette phase s’érigent également des maisons de maître et des immeubles à appartements. Les étages qui atteignent jusqu’à six niveaux et les éléments décoratifs de style Art Déco ou moderniste diffèrent de la première période de construction. On peut citer comme exemple les éléments Art Déco au no139 (architecte Remy Leysen, 1927) et l’habitation plus pittoresque au no191 (architecte J. Van Neck, 1924). Les immeubles Art Déco à ateliers en fond de parcelle d’après un projet de l’architecte François Van Meulecom sis aux nos202 et 210-212 (tous deux de 1921; voir ces numéros) frappent par leur qualité architecturale. Parmi les immeubles à appartements, citons l’ensemble formé par les nos125 et 127de 1934 érigés par l’entrepreneur et promoteur Antoine Leroy, particulièrement prolifique dans le quartier. D’autres immeubles à appartements sont plus importants comme celui à maçonnerie de briques aux lignes rigoureuses modernistes sis au no169(architecte Fernand Badoux, 1937), dont les bandeaux de fenêtres allongées et les balcons latéraux rappellent le style paquebot. De même, l’immeuble à appartements au no213, à l’angle de la place de Rochefort et conçu par l’architecte A. Sauvage (1928), attire l’attention par son gabarit (voir no213).
Au no157se dresse un immeuble industriel monumental. À partir de 1910, la parcelle est aménagée en garage pour la Compagnie Générale des Autobus puis s’y ajoute, en 1928, le bâtiment d’usine de l’entreprise pharmaceutique Produit Roche. Aujourd’hui, elle fait office de maison de retraite.
Sources
Archives
ACF/TP45, AR du 08.02.1912 et dossier 49, AR du 06.05.1899.
ACF/Urb. 125: 12438 (1934); 127: 7035 (1920), 8509 (1925), 9556 (1927), 12486 (1934); 138: 6558 (1914), 6894 (1915); 139: 9420 (1927); 140: 4468 (1908), 16263 (1954); 156: 3327 (1904), 19898 (-); 157: 5146 (1910), 9900 (1928), 9967 (1928), 9988 (1928), 10425 (1929), 10667 (1929), 15526 (1949), 17403 (1960), 17866 (1961), 18698 (1965), 18699 (1965), 20705 (1985), 23863 (2010), 24282 (2010), 26222 (2016); 158: 3327 (1903); 160: 4356 (1907); 162: 5534 (1911); 176-178: 6046 (1912); 169: 13457 (1937); 191: 8326 (1924); 213: 9820 (1928).
Publications et études
FRANCIS, J., La chanson des rues de Forest, Louis Musin, Bruxelles, 1976, p. 93.
VERNIERS, L., Histoire de Forest-lez-Bruxelles, A. De Boeck, Bruxelles, 1949.
VOKAER, J.P., Par les rues de Forest. Étude sur la toponymie locale, Bruxelles, 1954, p.60.