Typologie(s)

maison d’architecte

Intervenant(s)

INCONNU - ONBEKEND1895

Antoine POMPEarchitecte1937

Statut juridique

Classé depuis le 05 juin 1997

Styles

Modernisme

Inventaire(s)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2005-2007

id

Urban : 16676
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Description

Maison de style modernisteLe modernisme (à partir des années 1920) est un courant international prônant la suprématie de la fonction sur la forme. Il se caractérise par l’emploi de volumes géométriques élémentaires, de la toiture plate, des fenêtres en bandeau et des matériaux modernes comme le béton armé., conçue en 1937 par l'architecte Antoine Pompe pour lui servir d'habitation et de bureau. Elle résulte de la transformation d'une maison de style néoclassiqueLe style néoclassique (de la fin du XVIIIe siècle à 1914 environ) est un courant architectural mû par un idéal d’ordre et de symétrie, caractérisé par des élévations enduites et blanches, uniformisant l’image de la ville. Le style connaît une grande longévité, évoluant dans ses proportions et son ornementation au cours du temps. de 1895, de composition symétriqueDans l'inventaire, une façade est dite de composition symétrique lorsqu’elle compte trois travées égales. À Bruxelles, ce type de façade s’élève souvent sur trois niveaux de hauteur dégressive. La travée axiale est d’ordinaire mise en évidence par un ressaut, par un ou plusieurs balcons et par un décor plus élaboré., similaire au no 45 (voir ce numéro).

L'architecte occupe la maison, héritée de ses beaux-parents, de 1938 à 1970. N'ayant pas d'enfant, Antoine Pompe vend la maison en viager en 1952. Il meurt en 1980 à l'âge de 107 ans.
L'architecte, qui revoit entièrement le plan intérieur, réalise lui-même une grande partie des travaux en plusieurs années, avec la volonté de récupérer un maximum d'éléments d'origine qu'il démonte, déplace et parfois réutilise à l'envers ou pour tout autre chose. Ses principes d'économie de moyens et de fonctionnalisme se voient pleinement réalisés dans cette maison où l'aspect décoratif n'est cependant pas négligé. Les transformations permettent de façon générale un gain de place et un aménagement adéquat au mode de vie de l'entre-deux-guerres.

Rue du Châtelain 47, <a href='/fr/glossary/43' class='info'>imposte<span>Un élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie.</span></a> décorée de verres plombés martelés, à motif d’équerre et de té, symboles de l’architecture (photo 2005).

La façade,comptant trois niveaux sous mansardeUne toiture est dite mansardée lorsqu'elle présente deux pentes différentes sur le même versant. Le brisis est le pan inférieur de la toiture mansardée. Le pan supérieur se nomme le terrasson. et trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., est couverte de crépiLe crépi est un enduit non lissé de plâtre ou de mortier. Il est rugueux, ce qui le distingue des autres enduits. jaune, sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. en pierre bleue martelée. BaiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaires, celles du rez-de-chaussée ayant leur partie supérieure décorée de verres plombés qui reprennent, à hauteur de la porte d'entrée, le motif de l'équerre et du té, symboles de l'architecture. Le premier étage est marqué, dans l'axe, par un petit bow-windowDe l’anglais bow (arc dans le sens d’arqué, courbé) et window (fenêtre). Le bow-window apparaît avec l’Art nouveau. Il s’agit d’un élément en surplomb qui s’intègre par son plan cintré à la façade. Il se différencie de la logette, d’ordinaire de plan rectangulaire et qui paraît appliquée sur la façade. Le bow-window peut occuper plusieurs niveaux. de plan triangulaire qui remplace le balcon d'origine. Les fenêtres, séparées les unes des autres par des trumeauxPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau. en bois cannelésLes cannelures sont des canaux longs, parallèles et en répétition, ornant des pilastres ou des colonnes. peints en rouge, sont surmontées de trois petites baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. d'imposteUn élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie.. ComblesEspace intérieur de la toiture. éclairés par une imposante lucarneOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres.. Au rez-de-chaussée, garage de plain-pied et garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en pierre bleue protégeant les fenêtres. ChâssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. métalliques conservés.

Intérieur. Certains aménagements intérieurs réalisés par A. Pompe ont un impact sur la façade. Le soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. est exhaussé afin d'aménager un garage de plain-pied. L'architecte récupère l'ancien plancher du sous-sol pour réaliser la porte du garage ; une fosse de graissage et, à l'arrière, une salle de gymnastique sont prévues. À droite, le seuilPièce horizontale inférieure de l'encadrement d'une porte. de la porte d'entrée est rabaissé au niveau du trottoir et remplace les trois marches d'accès d'origine. Le but est de descendre le niveau de l'entrée afin de récupérer la partie supérieure du vaste hall, d'agrandir la surface du rez-de-chaussée et y placer un nouveau plancher. L'imposteUn élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie. de la porte éclaire donc à la fois le hall d'entrée et le rez-de-chaussée.

Rue du Châtelain 47, partie supérieure du hall d’entrée aménagée en bibliothèque (photo 2005).

La cuisine est déplacée de l'entresolEntresol ou étage entresolé. Demi-niveau qui surmonte généralement un rez-de-chaussée. au rez-de-chaussée ; elle est également accessible depuis le jardin par une porte-fenêtre. En façade avant, le rez-de-chaussée accueille un petit bureau-bibliothèque à droite – au-dessus du vestibule – et un salon à gauche. Celui-ci s'ouvre sur la salle à manger. Ces trois pièces sont « modernisées » par la transformation ou l'élimination des cheminées et par l'installation de colonnesUne colonne est un support vertical formé d’un fût de plan circulaire ou polygonal et souvent d’un chapiteau et d’une base. Une colonnette désigne une petite colonne. permettant la circulation de l'air. Dans ce sens, les faux plafonds en célotex cachent les moulures néoclassiquesLe style néoclassique (de la fin du XVIIIe siècle à 1914 environ) est un courant architectural mû par un idéal d’ordre et de symétrie, caractérisé par des élévations enduites et blanches, uniformisant l’image de la ville. Le style connaît une grande longévité, évoluant dans ses proportions et son ornementation au cours du temps. et permettent une économie de chauffage. Parquet de chêne à bâtons rompus.
Pour accéder à la vérandaJardin d’hiver ou véranda. Largement vitré, adossé à la façade arrière d’un bâtiment, le jardin d’hiver constitue une pièce d’agrément où l’on profite l’hiver des rayons du soleil dans une atmosphère de plantes vertes. Contrairement à la serre dont il dérive, le jardin d’hiver est une pièce de vie. depuis la salle à manger, on traverseÉlément horizontal divisant une baie ou pièce horizontale d'une menuiserie. une porte-fenêtre vitrée dont le châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. provient de l'ancienne porte-fenêtre s'ouvrant à l'origine vers le balcon. La vérandaJardin d’hiver ou véranda. Largement vitré, adossé à la façade arrière d’un bâtiment, le jardin d’hiver constitue une pièce d’agrément où l’on profite l’hiver des rayons du soleil dans une atmosphère de plantes vertes. Contrairement à la serre dont il dérive, le jardin d’hiver est une pièce de vie. donne accès au jardin par quelques marches en pierre bleue, récupérées de l'entrée principale.
Le premier étage, accueillant trois chambres, est peu modifié. Aménagement d'un coin lavabo dans la chambre arrière et création d'un petit vestibule avant de pénétrer dans la chambre à front de rue à droite.
Avant d'arriver au bureau et à l'atelier de l'architecte, situés dans les comblesEspace intérieur de la toiture., la salle d'attente est accessible par une volée d'escaliers, située plus bas, à hauteur de l'entresolEntresol ou étage entresolé. Demi-niveau qui surmonte généralement un rez-de-chaussée..
A. Pompe crée un escalier escamotable donnant un accès plus aisé au grenier. Un brevet est déposé pour cette invention.
L'aménagement intérieur recèle de nombreuses astuces révélant un souci d'économie. A. Pompe réutilise par exemple toutes les anciennes portes du XIXe siècle qu'il ajoure et vitre partiellement. Les chambranles de porte sont rabotés et remontés à l'envers afin de cacher les moulures classiques. La cuisine a conservé ses armoires et passe-plats conçus par l'architecte qui démontre une fois de plus son sens aigu du fonctionnalisme. Il va jusqu'à récupérer les tringles de rideau pour en faire des rampes d'escalier.

Classement 05.06.1997

Sources

Archives
ACI/Urb. 69-47.
AAM, fonds non classés.

Ouvrages
CULOT, M., TERLINDEN, F., Antoine Pompe et l'effort moderne en Belgique 1890-1940 (catalogue d'exposition), Musée d'Ixelles, Bruxelles, 1969, pp. 18-29.
CULOT, M., DELEVOY, R. L., Antoine Pompe ou l'architecture du sentiment (catalogue d'exposition), AAM, 1975, pp. 5, 6, 13-18.
CULOT, M., VAN LOO, A., Musée des Archives d'Architecture Moderne, AAM, Bruxelles, 1986, pp. 304-317.
Monument et sites protégés, éd. Mardaga, Région de Bruxelles-Capitale, 1999, pp. 165, 166.